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Le Prfîc&ergcîïr,
Ferpignan le 26 décembre, à midi, pour se rendre à Port-Vendres, o
il s’est embarqué le même jour à b heures du soir, à bord d’un bâti-
ment à vapeur de la marine royale pour le transporter à sa destination
èn Afrique. Une escorte brillante d’officiers-généraux et d’ofïiciers su-
périeurs l’a accompagné sur sa route.
; Le générai Bugeaud. — On écrit d’Oran au Journal des Débats :
Le général Bugeaud vient de nous quitter, et au moment où nous écri-
vons il a peut-être repris sa place à la Chambre des députés. Le départ
du général laisse à Oran d’unanimes regrets. La province n’oubliera
pas qu’elle lui doit la sécurité dont elle jouit. La paix commence à
porter ses fruits malgré tantdesinistres prédictions. Il était nécessaire
d’essayer de la paix, ne fùt-ce que pour aborder la guerre plus fran-
chement , quand on aurait satisfait à la juste préoccupation de beau-
coup d’esprit sages. La guerre redevenant imminente, la France se-
rait aujourd’hui plus que jamais en mesure déjà bien faire; et c’est
au traité du général Bugeaud qu’elle le devrait.
On assure ici qu’il y a un an déjà le gouvernement aurait offert au
général le commandement de l’expédition de Constantine ; mais alors
il s’agissait seulement de faire une pointe sur Ghelma, à l’appui des
propositions qui seraient portées à Achmet. Le général n’aurait pas cru
devoir accepter, d’un côté parce qu’un traité paraissait plus probable
qu’un siège, et de l’autre parce qu’il eût craint par-là de nuire à la lé-
gitime considération d’un compagnon d’armes.
Le général Bugeaud emporte avec lui l’espérance que la paix ne
sera point troublée. Mais s’il devait en être autrement, le gouverne-
ment ne confierait pas sans doute à un autre le soin d’achever son
œuvre, et la division d’Oran reverrait avec joie à sa tête le général qui
une fois déjà l’a menée à la victoire.
tableau dk la princesse marie. — La princesse Marie, aujourd’hui
duchesse de Wurtemberg, a envoyé à son frère le duc le Nemours un
tableau qui représente le jeune prince sous les murs de Constantine.
La duchesse de Wurtemberg s’était procurée , dit-on, un plan de la
ville et des données capables de l'aider dans l’exécution de son tableau.
BELGIQUE.
ANVERS , 6 JANVIER.
Le collège électoral se réunira à i’Ilôtel-de-Ville, ie lundi 18 de ce
mois, à dix heures précises du matin, pour procéder à l’élection de
trois conseillers communaux en remplacement de M. De Kinder-Thcu-
nissens, qui n’a pas accepté son mandat, de M. Ogez, décédé, et de
M. Gislain, démissionnaire.
— Nous apprenons avec peine que M. Lauwers, curé et doyen de la
cathédrale a dùêtre administré aujourd’hui.
La chambre des représenlans a terminé hier les deux objets
à l’ordre du jour, savoir le second vote du budget de la guerre , et le
budget des voies et moyens. Elle s’est ensuite ajournée jusqu’au pre-
mier mardi de février.
Malgré les efforts de M. le ministre de la guerre, toutes les réduc-
tions adoptées lors du premier vole ont été maintenues ; la chambre a
seulement consenti à allouer le crédit de 98,000 francs demandé,dans
la séance d’avant-hier, pour la location de bàtimens pour l’école annexe
de l’école militaire, pour construction de barraques aux camps de
Brasschaet et de Bcverloo et pour construction d’une chapelle.
Le budget des voies et moyens a donné lieu à de longues discus-
sions. Les 8 centimes additionnels extraordinaires, réduits ensuite à
2 par le ministre sur le foncier, le personnel et les patentes, ont ren-
contré une vive opposition et ont été rejetés par 84 voix contre 28. M.
le ministre avait demandé que l’on s’occupât de la discussion du pro-
jet de loi relatif à l’abonnement des débiteurs de boissons distillées ;
la Chambre a ajourné ce projet et a également ajourné les 900.000 fr.
qui figuraient au budget comme produit présumé de cette loi, sauf à
s’en occuper lors de sa prochaine réunion, et à voter un budget sup-
plémentaire des voies et moyens.
Le budget fixé à 98,871,670 francs, a ensuite été adopté à l’unani-
mité des 69 membres présens.
Avant de séparer la chambre a mis à l'ordre du jour de sa première
séance le projet de loi modificatif du tarif des douanes.
Dans la séance da 5 à la chambre des pairs M. Montalembert avait
demandé qu’on insérât un mot en faveur de la Pologne et avait aussi
demandé quelques explications sur le Grünenwald.
Voici les explications, assez peu claires, données par le président du
eonseil des ministres.
M. Molé. Je viens maintenant à la forêt de Grünenwald, dont l’ho-
norable orateur a dit quelques mots, et dont le public s’est beaucoup
occupé dans ces derniers temps. Cette forêt est silueé dans un rayon
stratégique de la place de Luxembourg. L’administration eu a été
laissée à la Belgique, par la convention du mois de mai 1853. Une fois
la Belgique eut l’idée d’exploiter la forêt. Comme la propriété de cette
forêt tenait aux questions que celle convention provisoire avait résolu
délaisser en suspens, on dit à la Belgique qu’elle n’avait pas le droit
d’exploiter.
Maintenant le roi des Pays-Bas a renouvelé, à son profit, la même
tentative. li a voulu exploiter cette forêt ; il s’est adressé à la diète ,
attendu qu’il prétend la posséder comme roi-grand-duc, c’esl-à dire
sérénité parfaite qui proclamait l'innocence de Rosine.ll pensa que Jérôme l’a-
vait impudemment calomniée, et il était sur le point d aller lui demander grâ-
ce. mais il s’arrêta court et s'appuya contre un arbre en pâlissant. Rosine no
pouvait plus se justifier : un homme venait d’entrer dans le parc. La comtes-
se en l’apercevant laissa échapper un petit cri de suprise, vint à sa rencontre
et lui tendit la main.L'êtranger monta icsdégrés et embrassa Rosine au front.
Les deux battans se renfermèrent sur eux.
» Le comte se précipita vers le pavillon, brisa la porte et fit feu des deux
mains à la fois. Rosine fut seule atteinte et tomba sur le parquet sans proférer
une parole. Mais un gémissement sourd s’exhala de la poitrine de l’inconnu-
« Cette union devait être malheureuse, murmura t-il d'une voix creuse. Dieu
ne l’avait pas bénie. O ciel ! point de pitié pour lui 1 le misérable a assassiné
ma fille ! »
» Quand on accourut au bruit avec des flambeaux, on vit Rosine renversée
ur ie parquet toute sanglante,et le duc de Lailly priant sur son corps. Quant
u comte de Marné, cette épreuve éiaitau-dessus de ses forces : il n’avait pu
: apporter le spectacie de sa vengeance accomplie : on le trouva étendu sans
nnaissance au bas de l’escalier du pavillon. Le duc, déjà brisé par les an-
vr-s,était trop faible pour un coup si violent: une attaque d’apoplexie l’cnle-
ia nuit. Sa dernière parole fut le pardon de Rosine et la malédiction
« ?*£<}. »
! : te. docteur Gt une pause. Le malencontreux duo Dunquo in son était de
suspendu : les deux artistes devaient en vouloir au comte de Marné.
; ! tem- ne put s’empêcher de rire de leur dépit, et après avoir puisé dans
itère une seconde prise, il continua ainsi sa narration :
- comtesse fut plusieurs jours entre la vie et la mort. Elle avait été bles-
• partie droite de la poitrine, au-dessous de ia clavicule, entre la pre-
i ' ::!. la deuxième côte. Il fallait un miracle du ciel pour la sauver, et ce
eut lieu. L’opération eut un succès que j'étais loin d’espérer. Pendant
/! pi» réjouissais de ce résultat, la santé d Alfred m'inspirait de graves in-
■. •Tifti -es : l'émotion cruelle sous laquelle son imagination se débattait avec
•v - avait jeté dans son cerveau les germes d'une maladie morale d’autant
V - '•ayante, qu’elle était plus calme et plus réfléchie. Le délire brûlant de
e avait fait, place à un délire à froid, raisonné, sans remède. Le nom
" • éosine l'arrachait à cctle torpeur de l'âme et des sens, et alors le mal-
: se tordait dans de longues el affreuses convulsions; et si. pour ie con-
je lui disais que Rosine était sauvée, qu'il allait la revoir, et qu’ils re-
' “ ’sraient bientôt cette vie de bonheur et d’amour qui n’était qu’iuter-
lime regardait fixement, serrait mes mains dansles siennes el me
i t :« Pauvre Rosine, je l’aimais tant ! Penser qu’elle est morte, c’est
; rrt Pie 1 mais il le fallait, el Dieu ne peut m’en vouloir, n'cst-ce pas ? j’ai
5 P-:,i iastice ! »
Ese
comrrfe membre de la confédération. Des représentations à ce sujet
ont été faites par la France et l’Angleterre. Il était évident que la
question de propriété n’était pas décidée, et que l’administration pro-
visoire de la forêt de Grünenwald avait été laissée à la Belgique.
Cela a «té reconnu plus tard, et a amené la solution de la question ;
mais je n’admets pas, avec l’orateur, que celte solution ait été due à
des démonstrations belliqueuses que nous aurions faites. Toujours ,
messieurs, nous nous tiendrons prêts et en mesure à tout événement ;
il y va do l’honneur et de la dignité de la France. Mais l’orateur, et je
suis bien aise ici de relever ce qu’il a dit à cet égard, a attribué à une
puissance une influence contraire qu’elle n’a pas eue. Je veux parler de
la Prusse, dont la politique, aussi sage qu’éclairée, n’a cessé, en toute
occasion, de coopérer au maintien de la paix.
-- I i. ——fr——....——
Nouvelles diverses.
On écrit de Liège, 8 janvier.
Le chevalier Ozerski, capitaine du génie des mines en Rassie, vient
d’arriver dans notre ville pour y étudier l’industrie. Il a visité hier les
ateliers de Seraing. Il ira sous peu habiter l’Angleterre pendant un an.
Le gouvernement russe charge fréquemment ses ingénieurs de mis-
sions industrielles dans tous les pays civilisés.
— La nouvelle fabrique de zinc qu’on construit à Angleur et qui
est un des plus beaux établissemens connus en ce genre, est sur le
point d’être achevée.
— On lit dans le Courrier de la Meuse:
Nous avons reproduit, dans notre n° du 2 de ce mois, quelques li-
gnes extraites d’un journal de cette ville touchant la saisie faite pré-
tenduement par la police prussienne, de gravures et d’une lettre portant
pour suscription: Aux nobles de la Belgique. Avant de répéter cette
nouvelle, nous étions allés aux renseignements ; mais la personne en
position de nous en fournir était absente pour le moment. Aujourd’hui
nous avons eu occasion de la voir, et voici ce que nous en avons appris:
Il y a quelques jours, un paquet faisant partie des objets transportés
par la diligence d’Aix-la-Chapelle à Liège, attira l’attention des em-
ployés de la douance au bureau de Henri-Chapelle où la diligence
s’était arrêtée. Le paquet fut ouvert et on y découvrit une quantité de
lettres cachetées, adressées à différentes personnes nobles du pays et
entre autres à des personnes de Liège. Avec ces lettres se trouvaient
des livraisons de l’Armorial des Pays-Bas.
Comme on voit, ce n’est pas la police prussienne qui a fait la saisie,
mais bien les douaniers belges. La saisie n’a été opérée que parce que
les lettres que renfermaient le paquet constituaient un délit de fraude
au préjudice de l’administration de la poste belge.
Il n’y a dans cette affaire aucune menée politique. Le paquet saisi
vient de la Hollande et était destiné à une personne d’Anvers, chargée
vraisemblablement de remettre les lettres à leurs adresses , accompa-
gnées de livraisons de l’Armorial des Pays-Bas. On suppose que ces
lettres qui ont été transmises à la direction générale des postes à
Bruxelles , sont tout simplement des circulaires envoyées aux sous-
cripteurs de ! 'Armorial.
— On écrit de Maldeghcm, 3 janvier :
D’après les renseignements parvenus ici du pays de Cadzand, il est
certain que quelques troupes hollandaises, débarquées ces jours der-
niers à Breskens, sont venues renforcer les détachements qui se trou-
vent dans plusieurs endroits de cette partie de la Zélande, tels que
l’Ecluse, Oostbourg, Ardenbourg. Un détachement a même été établi
à Eede, sur l’extrêine frontière, où il n’y a pas eu de troupes jusqu’ici.
Ce qui parait avoir donné lieu à l’établissement de ce dernier poste ,
c’est l’affaire qui a eu lieu le 9 décembre dernier, entre les frères De
Lille de cette commune et quatre douaniers hollandais, au sujet d’une
saisie de grains.
- Pour le surplus tout est tranquille sur la frontière, et rien n’indique
que cette tranquillité soit menacée en quelque point.
— Nous lisons dans l’Eclaireur de Namur : Ainsi que les nouvelles
de la frontière beige-française ne permettaient pas d’en douter, le mou-
vement de concentration des troupes françaises à Metz ne discontinue
pas. Metz est une position admirable pour surveiller le Luxembourg et
observer les provinces rhénanes aussi bien de la Prusse que de la Ba-
vière. Les populations brùlentde prendre une revanche contre les Prus-
siens, et déjà les émissaires libéraux et catholiques des mécontents de
Trêves, etc. , sont arrivés à Metz, et annoncent des mouvements qui,
peut-être, ont déjà éclaté.
— On signe à Nantes une pétition à la chambre des députés , pour
! demander le dégrèvement sur tous les sucres qui seront, importés en
\ France par bàtimens nationaux.
I — M. Fleury, contre-amiral honeraire, fils du célèbre acteur Fleury,
■ est mort à Toulon, où il jouissait d’une considération bien méritée et
! de l’estime générale. Ses obsèques ont eu lieu le 28 décembre avec
| beaucoup de pompe,
j — On écrit de Berlin, 28 décembre :
J Un meurtre brutal a été commis sur la voie publique à Berlin. Un
garçon serrurier a assommé une laitière avec son propre vase à lait ,
sans qu’aucun des nombreux spectateurs osât arrêter le meurtrier dont
l’extérieur féroce et sauvage les effrayait. Ce fut un soldat qui y par-
vint en le terrassant avee la crosse de son fusil : la malheureuse ex-
pira une heure après.
— On lit dans le Courrier du Bas-Rhin , sous la date du 1er jan-
» Dès lors je dus interdire toute communication entre Alfred et Rosine. L»
comtesse conçut aussitôt un soupçon horrible qu’elle me supplia de détruire
ou de confirmer d’un seul mot : « Alfred est mort I s’écria-t-elle avec angois-
se. Ob 1 ne me le cachez pas ! — Mort? lui répondis-je ; cela vaudrait peut-
être mieux madame : il est fou ! »
» Je laissai Rosine à Vareuil et emmenai Alfred â ma campagne du Mont
d’Or. La, éloignant de son esprit et de sa vue tout ce qui pouvait envenimer
les plaies vives de son âme,je m’appliquai à dompter l’exaltation de son intelli-
gence par la fatigue du corps. Il eut bientôt contracté lo goût de la chasse et
de tous les plaisirs bruyans et animés. Je ne voulais lui donner le temps ni
dé penser ni de faire un retour sur lui-mème. Ce traitement sembla réussir.
» Je recevais fréquemment des lettres de Rosine, mais je me gardais bien
de les lui montrer. Au fond de sa retraite, Rosine se mourait de tristesse; elle
ne concevait pas que sa présence pût cire nuisible au bien être d’Alfred. J’a-
vais toutes ies peines du monde à lui faire entendre que, si elle le renvoyait
trop tôt, son amour, tout admirable et dévoué qu’il fût, ne ferait que tuer le
malade, en rouvrant la blessure à peine cicatrisée de son coeur. La raison de
l’amour se rendit enfin à la raison de la science. Rosine ne me demanda plus à
venir au Mont-d'Or: Elle se contenta de lire mes lettres et de prier Dieu.
» Cependant la santé du comté se rétablissait à vue d’œil. J’avais réussi à
élever entresa vie passée et sa vieprésenteun mur impénétrable d’insouciance
et d’oubli. Il s’agissait maintenant de frapper le dernier coup, de soumettre à
une épreuve définitive cette cure si heureusement ébauchée ; en un mot, de
réunir Alfred et Rosine. Je m'occupai des préparatifs d’une soirée où je vou-
lais que l'expérience eût lieu. J’y invitai quelques personnes que le comte de
Marné avait fréquentées avant son mariage, afin de lui faire d’abord renouve-
ler connaissance avec elles, d'éclairer peu à peu son intelligence el de le pré-
parer ainsi à l’émotion décisive dont te résultat serait irrévocable. Le dirai-je?
je reculais moi-même devant cette heure suprême, car la convalescence d’Al-
fred pouvait bien n’être qu'une léthargie trompeuse.C’était peut-être lui ouvrir
trop tôt les yeux. Mais que faire ? (Jn an s’était déjà écoulé. Rosine sc désolait
de cette attente sans fin et me suppliait d'avoir pitié d’elle. Je n’eus pas la force
de résister davantage: je fixai le jour. Rosine fut la première au rendez-vous.
On ne saurait rien imaginer de plus louchant que les prévenances_ délicates
dont tous les assistons, hommes et femmes, entourèrent la comtesse à son arri-
vée nu Mont-d'Or. Je n’ai vu nulle part d’héroine plus fêtée. Je lafis asseoir
sur le fauteuil le plus éloigné de la porte d’entrée. Sa main était froide ; elle
respirait et se soutenait à peine ; elle jeta un regard furtif sur cetfé foule qui
la contemplait avidement, et elle lut dans tous les yeux ce mot magique : Es-
pérez i Elle aurait voulu remercier, mais son cœur était plein, sa poitrine op-
pressée. « Du courage ! » murmurai-je en la quittant. Elle me répondit avec
un sourire apgéiique : « Je n'en ai pas manqué pour la souffrance : j’en aurai
vier : Le 14® léger, le 16° et 46° de ligne fournissent chacun un ba-
taillon de départ de 780 hommes; les deux premiers, commandés par
le colonel Rostolau, du 16e de ligne, sont partis ce matin à sept heures;
ils prennent par Wasselone où ils coucheront cette nuit ; le bataillon
du 46e forme une seconde colonne qui a pris la roule de Bitsche ; le 3
et 4 janvier, partiront 4 batteries d’artillerie. Tous ces détachemens se
réuniront à Metz, qui est désigné comme lieu de rassemblement.
L’artillerie a de plus reçu l’ordre d’acheter immédiatement 300
chevaux. Hier , à deux heures de l’après-midi, le lieutenant-général
commandant la division a fait sur la place d’armes l’inspection des
troupes qui nous ont quitté ce matin. Tous les officiers et soldats en
congés ont été immédiatement rappelés.
CHâMBBÉ 1ÏIS3 KEî'HÏ’.Sy.KIXAÏSS. — Séance du 5janvier.
(Présidence de M. Raikem.)
La séance est ouverte à 11 heures et demie.
Ordre du jour. — Second vote du budget de la guerre.
Articles amendés. Chap. Il, art. 2. sect. Irc. — Indemnités de représenta-
tion. — M. le ministre a demandé 86.300 fr. La chambre a alloué 66,300 fr.
h. f. de mérode se rasseoit et déclare qu’il ne parlera pas si on ne veut pas
l’entendre.
m. de mérode explique le sentiment qui lui fait demander l’indemnité de
représentation pétitionnée par le ministre. 11 ne s’inquiète pas de savoir si ies
généraux ont le nombre de chevaux voulu, il ne s’informe pas de la cuisine,
ne va pas découvrir les marmites de qui que ce soit, il n’est ni sommelier ni
visiteur de cuves. (Rire général.)
m. le ministre de la guerre. Les colonels français, tout compte fait, ont
500 francs de plus que les colonels belges.
m. brabant regrette qu’on veuille établir incessamment une comparaison
entre les officiers français et les nôtres, Or, pièces en main, le traitement en
France n'estpas plus élevé. La solde de présence est de 5,000 fr., l’indemnité
de logement, 600fr.; celle d'ameublement 200 fr.; frais de bureau de tour-
nées, etc,, 1,800 fr, Total, 7,600 fr. Or, nos colonels ont de fixe 7,400 fr. et
300 florins de frais de bureau, conséquemment nos colonels sont aussi bien
payés.
Le chiffre de 66 300 fr. primitivement demandé par M. le ministre de la
guerre est rejeté; celui de 66,300 fr. est mis aux voix, après deux épreuves
douteuses, la chambre recourt à l’appel nominal.
Résultat : votants 77; pour 39. contre 38.
Le chiffre de 86,300 fr. est définitivement adopté.
Art. 5. Etat-major particulier de l'artillerie, 247,306 fr. —1
Section IL Soldes des troupes.
Art. 1. Infanterie. — M. le ministre demande 11,403,668 fr. 14 c.
La chambre a alloué 10,737,194 fr. 39 c.
m. le ministre de la GUERRE ne peut se rallier à la réduction admise aa
l'r vole. H maintient la nécessité d'appeler tous les ans pendant 10 jours la
réserve toute entière. Quant à la solde de l’infanterie, retrancher 3,000 hom-
mes, c'est remettre la Belgique dans l’état d'où on a voulu la tirer l’an der-
nier. Enfin il reproduit tous les arguments qu’il a présentés lors du premier
vote. 11 consent à laisser réduire le chiffre de la solde revenant à 1,050 hom-
mes considérés comme devant être absents des corps, soit comme permission-
naires, détenus ou déserteurs.
»i. de püïdt pense que la sécurité du pays et la responsabilité de la cham-
bre exigent une force capable de soutenir le premier choc de l’armée hollan-
daise en cas d’attaque reconnue possible par tout le monde. Pour sa part fl
votera le chiffre entier, et ne voudra pas s’associer aux éventualités d'un vote
de réduction
m. desmaizières rapporteur, établit que la sécurité du pays ne dépend nul-
lement de l’augmentation de 3,000 hommes, si le pays était menacé nousréu-
nirons encore environ 100,000 hommes et cette armée serait plus que suffi-
sante pour défendre la Belgique.
m. d’hoffschmidt s’étonne que l’on croie si facilement aujourd’hui à la
guerre. A-t-on donc si peur de l’armée hollandaise, armée qui monte à 40,000
hommes à peine. 11 votera pour la réduction.
m. le ministre de la güerre rappelle qu'apres le vote de la chambre, voté
contraire à sa demande, la responsabilité ne reste plus sur lui, elle est dépla-
cée, et repose sur la chambre. (Réclamations de divers côtés).
M. le ministre entre dans de nouveaux détails sur la nécessité devoter l’ef-
fectif qu’il demande. Il revient sur les griefs articulés dans la discussion géné-
rale au Dr vote eten prouve l’inexactitude
L’appel nominal est demandé sur le vote du chiffre de 11,136,104 fr. 04 c.,
auquel a consenti M. le ministre
Résultat: 82votants, 40 pour; 42 contre. Le chiffre est rejeté.
Le chiffre de la section centrale est adopté sans opposition.
Les autres articles de la section 2 et de la section 3 sont successivement
adoptés tels qu’ils ont été votés au premier vote.
Chapitre 3. Service de santé. — 460,174 fr. 65 c. — Adopté,
Chapitre 4. Ecole militaire.
Une somme de 40.0Ô0 fr. a été mise à la disposition du ministre pour le
premier trimestre de 1838, en attendant le vote définitif de la loi sur l'écol#
militaire.
m. verdussen demande que le chiffre de 160,000 fr. soit maintenu.
m. de puydt parle dans le même sens et vote pour la somme entière.
La chambre passe au vote par appel nominal sur le maintien du chiffre de
40,000 fr.; elle décide à la majorité de 39 contre 36 que le crédit provisoire
de 40,000 fr. et maintenu
Chap. V. Matérie! de l’artillerie êt du génie.
m. desmet présente quelques observations sur le danger de laisser des ar-
mes aux soldats hors le temps de service.
m. dumortier annonce qu’il présentera une loi spéciale à cet effet.
L’art. 1er. Matériel de l’artillerie est adopté sans opposition.
Art. 2. Matériel du génie. _ •
La chambre a admis 3.435,530 fr.
m. le ministre demande une augmentation de 95,000 fr.
m. desmaizières donne connaissance du travail fait dans le sein de la sec-
tion centrale sur les travaux de constructions faits pour le ministère de la
guerre frais de location,etc. Il conclut au maintien du chiffre de 3,403,530 fr.
et par conséquent au rejet de l'amendement de M. le ministre.
pour le bonheur.
» Je sortis du salon en promettant de revenir immédiatement avec le ma-
lade. Dès ce moment une anxiété dévorante pesa sur toutes les pensées. Cha-
lcun resta muet et retint son haleine. On attendait.
» Le comte de Marné parut. Un frémissement imperceptible parcourut
l’assemblée. Je lui présentai deux ou trois de ses anciens amis. Il les reconnut
parfaitement et causa avec infiniment d’aisance et d’esprit. Sa conversation
nette et lucide accusait une justesse et une précision de mémoire vraiment
mermeilleuses. Le joie brillait sur tous les fronts.
» Alfred fit quelques tours au milieu du cercle. Des causeries particulières
parurent s’engager, mais en réalité toute l’attention se portait mystérieuse-
ment sur lui. Je me retirai dans d'embarasure d'une fenêtre pour mieux l’ob-
server. Il se promena long-temsdo l’air le plus calme et le plus indifférent, et
feudieta ensuite les albums et ies partitions qui se trouvaient sur la table. En-
fin son œil se posa nonchalamment sur Rosine. .
» Alors fl sembla livré à une préoccupation pénible. Il se leva silencieuse-
men> et alla s’asseoir juste en face d’elle. _
» Rosine fit un léger mouvement pour s’élancer vers lui!; mais elle rencon-
tra son regard froid et sévère, et elle baissa les yeux.
» Un indicible effroi se peignit sur tous ies visages. On crut qu’Alfred mé-
ditait une vengeance Rosine seule demeura calme, immobile et résignée.
» Mes craintes étaient fondées. Le mal du comte avait dégénéré en mono-
manie. Rosine, blanche et froide comme le marbre, les mains jointes par une
contraction nerveuse, n’osait plus lever la tète de peur de retrouver encoro
devant elle cet œil sec et hagard qui la faisait mourir. A tout prix, il fallait
l’arracher à ce supplice, la soustraire â cette fascination. Je lis apporter des
tables de jeu. je heurtai bruyamment des chaises et priai une dame de prélu-
der fortement sur le piano. Ce bruit soudain produisit l’effet que j’en espérais.
Alfred se dirigea à grands pas de mon côté et me montrant avec un tremble-
ment convulsif la comtesse de Marné:
» Celte femme est bien belle! me dit-il. Ne trouvez vous pas qu elle ressem-
ble à ma pauvre Rosine ? Ob 1 son n*m, docteur, dites-moi son nom !»
» La vérité l’eût tué, sans doute. Il me vint une inspiration d’en haut et jé
lui répondis à tout hasard:
« Son nom ?..... Henriette de LuzvaL »
» Il écrivit sur son portefeuille : Henriette de Luttai, et disparut.
» Nous nous empressâmes autour de la comtesse : elle était, évanouie, et ses
iévres violettes n'articulaient plus que des plaintes vagues et des gemissemen*
confus. En rouvrant ses paupières, elle adressa aux femmes qui la soutenaient
un regard éteint et désespéré qui voulait dire Merci ! Puis posant la main sur
sa cicatrice ; |