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Il ne manque, au sentiment de cette nécessité, que de
pouvoir se préciser et de trouver la réforme qui lui don-
nera la plus complète satisfaction. .
,T’ai déjà vu au lendemain de nos révolutions, les vain-
queurs du jour hésiter devant les réformes les plus néces-
saires et ne trouvant rien de mieux à faire que de finir par
rebâtir, avec de vieux matériaux, l’édifice qu'ils avaient
renversé la veille, et cela, faute de préparation suffisante.
Je voudrais que nos législateurs qui vont avoir à reconsti-
tuer non pas seulement un gouvernement, mais une société,
fussent mieux préparés à cette grande œuvre de réorga-
nisation judiciaire devenue nécessaire ; c’est pour cela que
j’ai cru qu’il était opportun de formuler ces projets de
réforme. , .
Une autre considération ma décide. Je connais mon
pays ; il a ses moments de léthargie, mais, lorsqu’il s’éveille
il va vite en besogne. L’opinion qui dormait la veille s’agite
tout à coup ; elle ne marche pas, elle se précipite. C’est
ainsi qu’on l’a vue passer, brusquement et sans transition,
des réformes les plus insignifiantes aux réformes les plus
radicales, des incompatibilités relatives aux incompatibili-
tés les plus absolues, de l’innocente adjonction des capacités
au suffrage universel direct. Je redoute, je l’avfme, que
dans la réorganisation de notre ordre judiciaire, l’opinion
populaire ne se laisse emporter, par un de ces élans irré-
fléchis, bien au-delà du but qu’il est utile d’atteindre. Je
redoute qu’on ne tombe dans la même faute qui a été com-
mise en 1791, et que, par amour de la logique, on pousse
jusqu’à l’absurde, c’est-à-dire qu’on ne verse encore une
fois dans l’élection des juges par le peuple, ce qui serait la
combinaison la plus contraire à l’indépendance du juge, et,
par conséquent, à toute bonne justice.
Malgré l'irritation qu’a laissée dans les esprits le souve-
nir de ces luttes ardentes, dans lesquelles la magistrature
sous l’Empire a été si malheureusement compromise, je
crois qu’il est encore temps d’éviter que la réaction nous
entraîne jusqu’à cette extrême conséquence du principe
démocratique ; mais il n’y a pas un moment à perdre : il
faut se hâter de profiter de la circonstance heureuse qui a
mis le pouvoir entre les mains de libéraux raisonnables et
pratiques. Reprenons donc courageusement cette question
dont les hommes les plus éminents de notre pays, les
Duport, les Barnaye et autres, ont pris l’initiative en
1791, que le sage Cambacérès reprenait en l’an ÏII, et qu’en
1849 mes amis et moi, Tocqueville, Dufaure, Gustave de
Beaumont et autres, nous remettions en discussion dans la
commission chargée de donner une constitution à la France.
Noas étions parvenus à ce moment à faire consacrer, dans
le premier projet de cette Constitution,le principe de Tin-
production successive du jury en matière civile, et si, dans
* fa rédaction définitive, cette consécration constitution-
nelle a fait place à une simple promesse d’avenir, c’est
par suite de circonstances purement accidentelles et pas-
sagères.
C’est cette promesse qu’il s’agit enfin de réaliser. Reve-
nons-y vingt fois s’il le faut, jusqu’à ee que l’entreprise soit
conduite à bonne fin. Les obstacles à surmonter sont
grands, nous ne devons pas nous le dissimuler. Mais, après
tout, il ne s’agit que de'rendre à notre magistrature ce qui
est de son essence, à savoir l’interprétation arbitraire du
fait. En d’autres termes, il s’agit de retrancher de ses attri-
butions celles qui l’égarent et la compromettent, pour lui
rendre, dans toute leur plénitude, celles qui constituent au
contraire sa force et son honneur. Il nous reste à démontrer
que la chose est, non-seulement désirable, mais possible.
Commerce, marine, etc.
Les steamers de la ligne de la Côte-Ferme (Sainte Marthe,
Savanille, Colon, Curaçao, Porte-Cabello, Laguayra et
Trinidad) à Hambourg, qui précédemment faisaient escale
à Plymouth et au Havre, ne toucheront plus, au retour, à
ce dernier port, par suite des difficultés qui leur sont sus-
citées par le service sanitaire du port. Ils retourneront à
leur ancienne escale à Southampton.
» Les six victimes sortirent de leurs cellules : M. Bonjean
voulut rentrer dans la sienne, Ramain le lui défendit.bru-
talement en s’écriant : <■ Pour ce qu’on Veut Vous faire,
vous êtes bien comme vous êtqs! * Un autre ne sortait pas
assez vite, Ramain lui dit : * Fàüt-il que j’aille vous cher-
cher? * ' .
* Quand les six victimes furent réunies, Ramain les con-
duisit lüi-méme par un petit escalier de service dans l’es-
' ' ’ " ’ " parait que
en descen-
Actes officiels.
Ordre judiciaire.—Par arrêté royal, le sieur J. Detroz,
substitut du procureur général près la cour d’appel séant
à Liège, est nommé avocat général à la même- cour, en
remplacement du sieur Marcotty, décédé, et le sieur J.
Rouvez, procureur du roi près le tribunal de première
instance séant à Dinant, est nommé substitut du procureur
général près la cour d’appel séant à Liège.
— Administration de l’enregistrement et des domai-
nes. — Par arrêté royal, le sieur H. Le Cat, receveur de
l’enregistrement des actes civils et du droit de succession
à Mons, est admis, sur sa demande, à faire valoir ses
droits à la pension de retraite.
NOUVELLESJTRANGÈRES
FRANCE.
*' conseil de guerre de Versailles.
ASSASSINAT DE L’ARCHEVEQUE DE PARIS ET DE CINQ AUTRES
Otages de la roquette. — 29 accusés.
Audience du 8 janvier.
Il ne fallait rien moins que le souvenir, encore présent à
la mémoire de tous, de l’horrible attentat dont la prison de
la Roquette a été le théâtre sanglant dans la nuit du 24
mai dernier, pour faire reprendre au public le chemin de
la salle du Manége, quelque peu désertée depuis le procès
des assassins des généraux Lecomte et Clément Thomas
Il est vrai que les hommes qui comparaissent aujourd’hui
devant la justice militaire ne sont pas moins coupables que
ceux qui leur ont ouvert, rue des Rosiers, le chemin du
crime. Peut-etre même le sont-ils davantage- car à la
Roquette ce ne sont pas des soldats habitués à voir la mort
en face qui sont tombés sous leurs coups, mais un magis-
trat, des pretres, qu’ils ont tués de sang-froid, sans ayoir
même cette excuse à donner à leur forfait, qu’ils y ont été
poussés par la colère de la foule, par les grondements de
I émeute,
A midi, le conseil entre en séance M. le commandant
Rastant occupe le siège du ministère public, assisté de M
le lieutenant Guinez, du 96* de ligne. Au banc de la défense
sont Mes Richer, Georges Lachaud, Maisonnade, La Violette
et une demi-douzakie d’avocats, nommés d’office pour la
plupart. '
M. le colonel Delaporte annonce que l’audience est ou-
verte et ordonne d introduire les accusés. Mais le public
ordinaire des conseils de guerre a vu défiler devant lui
tant de communards de toutes sortes depuis six mois qu’il
commence à se blaser un peu, et l’entrée des vingt-trois
accusés ne cause qu’une médiocre émotion.
Il est vrai que nul d’entre eux n’attire particulièrement
l&ttention.
François, le plus compromis et celui qui s’assied, à la
première place, est un homme d’une trentaine d’annéeg à
la physionomie dure. Sa forte moustache noire lui donne
1 air dun sous-officier. Il semble préoccupé, et lorsque
son nom sera prononcé par M, le greffier Duplan.soit dans
la lecture du rapport general.soit dans celle des actes d’ac-
cusation particulière, nous le verrons souvent nàlir et,
baisser la tête. 1
Les autres accusés ont tous la tournure d’ouvriers En
costume de travail, ils passeraient peut-être inaperçus •
mais leur tenue plus soignée que d’habitude, ces vêtements
du dimanche qu ils ont revêtus pour paraître devant la
justice permettent de lire plus facilement sur leurs vi-
sages, et 1 on y reconnaît aisément ces mauvais instincts
qui les ont entraînés, à travers les crimes de la Commune’
jusque sur Les bancs de l'accusation.
Deux d’entre eux sont tout jeunes encore : et, parmi ceux
qui prennent place les derniers devant le conseil on re-
connait Pigerre l’ex-çhef de bataillon de l’insurrection,
déjà condamne à la déportation dans une enceinte forti-
fiée. Auprès de lui s est assis un homme d’une quarantaine
d années, d’une physionomie atroce, dont les traits rap
pellent à s v méprendre, le trop célèbre Dumollard l’as
sassin des bonnes. Enfin, dernier détail physiologique
quatre des accusés sont borgnes, v compris la femme
Grandel, la maîtresse de François, affreuse mégère grosse
de sept ou huit mois ; ce qui promet un digne rejeton à
l ex-directeur de la prison de la Roquette.
L autre accusée, femme Marguerite Gaindaire, est mieux
Elle est vetue de noir, en chapeau et paraît parfaitement
rassurée sur sa situation. Les débats établiront pour quelle
part de complicité elle est comprise dans l’accusation
\ oici les noms de vingt-trois accusés,
^e^vmgt-quatrième est en fuite et sera jugé par confu-
quette re François’57 ans> directeur de la prison de la Ro-
Ramain, Antoine, gardien chef de la prison
Picon, Jean, gardien de la Roquette.
Langbein, Jean-Baptiste, gardien.
Genton, Gustave, sculpteur sur bois.
Girardot, Prosper, fondeur en cuivre.
Grangeaud. tailleur de pierre.
Latour, palefrenier.
Levin, serrurier,
Giraut, marchand de couronnes.
Basile Hur, employé de commerce.
Poidevin, maçon.
Hérault, peintre en voitures.
Larmeron, journalier.
Lesenéchal, peintre en bâtiments.
Fortin, feuillagiste.
Marault, chaudronnier.
Denain, menuisier.
Péchin, marchand des quatre saisons.
Vattier, plombier.
Pigerre, journalier.
Zéïie Grandel, maîtresse de François.
Marguerite Gaindaire, dite La Chaise.
Après les constatations d’identité, M. le Greffier donne
lecture du rapport général, qui débute en ces termes :
» Un grand crime, dont le souvenir fait encore tressaillir
tous les cœurs honnêtes, a été commis le 21 mai au fond
d une prison de Paris.
- Six vrietimeaf, choisies parmi les hommes les plus con-
sidérables et les plus vertueux de la magistrature et du
crime, sont entre les mains de la justice. Une instruction,
difficile sur les détails des faits, a constaté que le drame
du 24 mai s’était accompli en vertu d’un jugement dérisoire
rendu par une cour martiale improvisée à la mairie du
XVIIIe arrondissement, où ceux des membres de la Com-
mune qui n’avaient pas pris la fuite s’étalent réfugiés de-
puis le matin. » , _ , , „
Là se trouvaient, au boulevard Voltaire, Delesd'.îSe-, . . „
Ranvier Ferré et autres. Voyant qu’ils étaient perdus-, que paee libre qui se trouve au bas de 1 infirmerie. Il
les gardés nationaux criaient à la trahison, ils Ordonnèrent ] Ifftfédérés se disposaient a les fusiller la, mais
le massacre des otages. C’étaient, une manière do calmer , dant ils trouvèrent la grille fermée, Pendant que dcflflhard
les défiances qui déjà grondaient menaçantes autour d’eux i essayait de l'ouvrir, t erig remarqua que Tort sebàrtdrop en
et en même temps do satisfaire les instincts de vengeance ! vue. ^ ’• .
qui les animaient. Ce fut alors qu un simulacre de cour » Cependantle.pel’ôlon était pret; quand.les y.iS.times I
martiale fut institué par Genton ; lTiômme de confiance dé ’ ’ ***'“ ‘ ” " -
Ranvier en fut nommé président. A côté de lui prirent place
un sergent de fédérés et un vieux garde national. La con-
damnation des otages fut prononcée : l’execùtioiuteVait être
faite immédiatement : elle l’a été. Un peloton [iris parmi
les fédérés se rendit à la prison et les victimes lui lurent
livrées par François, le gardien de la prison, le premier
des accusés, et par Ramain, assis à côté de lui.
Le rapport, reprenant les faits de plus haut, rappelle les
arrestations qui se sont faites le 18 mars. „ ,
« Celles-ci pouvaient peut-être,dit-il, paraître logiques a
ceux qui les faisaient ; mais il n’en pouvait être de meme
de l’arrestation de Mgr Darboy, le 21 mars, de celle du
président Bonjean, le 4 avril, arrachés de. leur domicile,
écroués sans motifs, sans mandat, sans droit. >>
Le 5 avril, intervient" l’inique décret qui dit que toute
personne complice avec Versailles serait gardée comme
otage par le peuple, soumise à un jury et fusillée dans cer-
tains cas prevus.
», a peine ce décret est publié, poursuit le rapport, que
les arrestations, les perquisitions suivies de pillage ne s ar-
rêtèrent plus : les édifices consacrés au culte, les presby-
tères et quantité d’habitations privées furent brutalement
envahis, dévalisés, profanés. '
» A certains jours les perquisitions dans les églises
ont été faites pendant la célébration des offices afin dy
trouver plus sûrement les vases sacrés.
» Enfin la cupidité impie de ces hommes de la Commune
ne s’est même pas arrêtée devant la violation des sépultures;
elle a fouillé jusque dans la tombe. Au lendemain de ces
hideux sacrilèges, des affiches annonçaient à la population
que les dèpouilles exhumées étaient celles des victimes as-
sasslnées par les prêtres; on voulait par là fournir un pré-
texte pour s’emparer des biens et des personnes du cierge.
Le 3 avril, la Commune prononça la confiscation de toutes
les valeurs mobilières et immobilières appartenant aux con-
grégations religieuses. Dès le 4 on commence l’exécution de
ce decret par le pillage de l’archevêché, de l’établissement
des Jésuites et on arrête un grand nombre de religieux.
Le lendemain, c’était le tour de l’abbé Deguerry, cure de
la Madeleine, de l’abbé Allard, arrêté en revenant des rem-
parts, où il avait porté des secours aux blessés.
Le rapport signale ce trait de cruauté préméditée.
Quand on transfère las otages-à Mazas, on les entasse
deux par deux dans des compartiments de voiture cellu-
laire où un seul eût été déjà gêné. Ce trajet fut pour eux
une torture. ,
Chaque jour, dans les séances de l’Hôtel-do-Ville, dans
les journaux exaltés, dans les clubs, on demandait la mort
des otages. .
En vain les otages demandaient des juges,on leur répon-
dait : - La Commune ne fait pas de la justice, elle fait ne la
révolution. »
Des députations de la populace venaient s’assurer au
greffe qu’aucun des otages ne manquait à l’appel ; et pen-
dant ces journées terribles, cos courageux citoyens écri-
vaient, les sublimes lettres que l’on connaît aujourd’hui.
Malgré de sinistres pressentiments, les otages ne per-
daient ni leur calme ni leur sérénité : ils prévoyaient un dé-
nouement terrible et s’y préparaient. Bientôt, en effet, la
Commune allait être renversée. Le 21 mai, les troupes ré-
gulières entrèrent dans Paris; dès le 12 mai, les otages
subirent un nouveau transfèrement; on les conduisit.a la
Roquette. Ce furent R. Rigauit, G. Dacosta et un sieur Gar-
raud qui présidèrent à 1 opération. Ils firent monter l’ar-
chevêque, le président Bonjean, MM. Deguerry, Surrat et
divers autres dans une première voiture; une tapissière
ouverte ; une deuxième voiture suivait avec d’autres pri-
sonniers; à leur départ, la foule se montra menaçante, et
quand on se mit en route ee, fut comme une explosion de
fureur. Une populace en délire vomissait entre les mal-
heureux otages le blasphème et l’injure.
Ce long martyre ne cessa qu’en entrant à la Raquette,où
il fallait attendre que des cellules fùssent évacuées.
Dès ce jour, le crime qui s’est commis était évidemment
prévu. Ceux qui devaient y procéder commençaient leurs
préparatifs; ils firent établir sur la plaee et devant le poste
ae la Roquette un piquet de fédérés, composé de six com-
pagnies tirées des plus mauvais bataillons de ce quartier,
les 180® et 206e. Ce piquet resta là du 22 au ‘27 mai. Il était
commandé par un ignoble ivrogne nommé Verig, capitaine
non élu, mais choisi par Ranvier tout exprès, sans doute
pour prêter main forte au besoin, lors de 1 assassinat. C’est
ce Verig qui a recruté des hommes dans sa troupe et qui a
commandé le feu. il ne donnait jamais des ordres que le
pistolet au poing et la menace à la bouche.
11 paraît que Verig, ne trouvant pas un assez grand nombre
de volontaires, en référa à Genton, qui s'adressa aux Ven-
geurs de Flourens, aux Lascars, aux Fils du Pére-Du-
chesne, tous ces hideux comparses des premiers rôles de
la Commune.
Pour enrayer la défiance qui commençait à gagner ces
hommes souillés de vices et capables de tous les forfaits,
il n’y avait que deux moyens : frapper un grand coup pour
prouver qu’on ne fuyait pas la responsabilité, ou bien se
faire tuer sur les barricades.
Mais pour ce dernier parti il fallait du courage. Or,presqr •
tous ces hommes étaient lâches. »
S’ils avaient réussi jusque-là à faire croire à leur bra-
voure, c’était en assistant de très-loin aux combats ou bien
abrités derrière des tas de pierres comme des reptiles.
Mais, le jour venu où l’on rencontrait l’adversaire face à
face et où il fallait se montrer à découvert, on les vit aban-
donner lâchement la défense de leurs barricades à des mi-
sérables subalternes improvisés colonels, tandis qu’eux-
mêmes sauvaient honteusement leurs personnes.
Ils choisirent donc le premier moyen, l’assassinat. Ce fut
ainsi qu’ils formèrent une cour martiale dans l’intérieur de
la mairie. Genton en fut le président. Un sergent, qui ne le
quittait pas et un vieillard sordide, dit-on, tous deux restés
inconnus, en furent les juges ; les membres de la Commune
et ceux des deux comités formaient le public.
Ce fut ce tribunal, à la fois sinistre et grotesque, qui ren-
dit la sentence de mort des illustres victimes. Bien entendu,
les accusés ne comparurent pas. Le jugement fut écrit de la
main du vieux juge.
Entre quatre et cinq heures, Genton, ayant recruté assez
d'hommes du 66e pour former le peloton d’exécution et les
ayant dirigés sur la Roquette en les suivant à distance, a
rencontré près de cette prison la femme Prévost, dite La
Chaise, qu’il connaissait beaucoup ainsi que son mari, le
sieur La Chaise, son gmant. 11 leur dit Cè qu’il venait de
faire et ce qu’il allait entreprendre. 'Cette femme entra
alors avec lui dans la prison. Elle était cantiniêre au 66e
et ne voulait pas que le peloton fût composé exclusivement
d’hommes de ee bataillon. « Ils avaient déjà fusillé le
matin un officier fédéré, c’était trop de responsabilité, di-
sait-elle, * A l’aide de eette raison discal ée avec Verig, qui
avait déjà pris le commandement des exécuteurs, elle réus-
sit à en faire sortir de la prison un grand nombre et elle
sortit elle-même.
Mais cette affaire avait attiré aux portes de la Roquette
une troupe considérable de gardes nationaux, et, il régnait
tout autour un mouvement, une confusion indescriptible.
On avait distribué la solde à la plupart des bataillons ; les
femmes, selon leur habitude avaient pris part à la distribu-
tion ; tout ce monde est allé boire ; en sorte que bientôt la
foule était ivre.
Vers 7 heures, on vit arriver à la Roquette une cinquan-
taine d’hommes en armes avec trois délégués de la Com-
mune, que l’on distinguait à leurs écharpes rouges. Deux
officiers les commandaient. L’un d’eux a été reconnu par le
témoin : c’est le nommé Pigerre, eommandant du 35° ba-
taillon. En le voyant passer, chacun comprenaitjque c’était
cette fois le véritable peloton d’exécution.En effet,aussitôt
qu’ils furent entrés, la prison se referma sur eux ; les sol-
dats chargèrent leurs armes dans la première cour, et les
chefs entrèrent au greffe.
Le signalement de tous ces hommes n’a été bien retenu
par aucun de* témoins de leur entrée ou de leurpassage.
Ils étaient pour la plupart très-jeunes et revêtus d’unifor-
mes très-variés, sans numéros à leurs coiffures. On suppose
que beaucoup d’entre eux ont dû être fusillés en même
temps que le nommé Verig qui en avait pris le comman-
dement.
Quelques-uns cependant doivent se trouver parmi les in-
culpés et les débats pourront les faire reconnaître. Pigerre
seul est signalé par Latour. Ramain, Picon et Vattier.
Les voici donc entrés à la Roquette et prêts à consom-
mer leur crime. -
A dater de ce moment, les détails significatifs se multi-
plient avec une telle simultanéité qu’ils sont parfois ra-
contés diversement par les témoins. Cependant, il demeure
acquis à l’instruction que les victimes ont été désignées,
appelées, conduites et frappées comme il va être expliqué.
Genton avait apporté un premier ordre à François dans la
.journée. Cet ordre n’indiquait que les trois noms de Mgr
Darboy, Bonjean et l’abbé Deguerry, mais il ajoutait : Plus
trois autres au choix. François eut des seupules ; il n’a pas
voulu écrire de sa main ni peut-être désigner les trois autres
noms. Genton a remporté Tordre pour le faire compléter.
Le soir même Tordre incomplet fut rapporté par les délé-
gués.
, On demanda à François son registre d’écrou ; il fut forcé
d’avouer que les otage n’y étaient pas inscrits, et qu’il ne
gardait à leur égard que les listes de transfèrement ou les
ordres d’arrestation, c’ost-à-dire les feuilles volantes dont
nul ne prenait soin, après que les prisonniers ôtaient enfer-
més ; et c’était littéralement vrai. Des infortunés étaient
amenés là quelquefois par le eapriced’un fédéré ivre, et ils
perdaient les individualités ; on ne les connaissait plus que
sous le numéro de la cellule ou du dortoir. « Quand il fallut
donc, poursuit le rapport, représenter les listes envoyées à
Mazas avec les otages, François ne les trouva pas. Ce pre-
mier incident provoqua la colère des délégués, puis des offi-
ciers du peloton. A la fin, ou les découvrit. Lrun des délé-
gués y prit trois noms au hasard, dans Tordre d’inscription
peut-etre, et la liste des victimes, désormais complète, fut
rejoignirent 'ôh lés outragea, ôn leur adressa des injures
obscènes, puis les bourreaux les poussèrent brutalement
vers le chemin de ronde extérieur.
•» M. Darboy, M. Bonjean et l’abbé Allard, avant de s’en-
gager dahs cê chemin, essayèrent de prononcer quelques
paroles : ils ne réussirent qu’à faire redoubler les injures,
a ce point que l’un des fédérés intervint pour faire taire ses
compagnons, en leur disant ;
>< Vous ne savez pas ce qui petit Vôùs arriver demain. »
- Cette scène atroce se termina enfin. Mgr Darboy se mit
à genoux, fit une courte prière, se releva, donna une der-
nière bénédiction à ses amis agenouillés autour de lui,
puis le funèbre cortège se mit en marche.
- Ces six chrétiens s’étaient relevés plus confiants et plus
résignés à envisager avec calme cette horrible mort qui
s’annonçait si certaine et si proche.
>» L’abbé Allard marchait en tète et chantait à mi-voix
les prières des agonissants. Il était précédé du brigadier
Ramain, qui marchait les deux mains dans ses porties et
l’air iusoueiant, comme s’il accomplissait Une besogne
ordinaire. .
>» Derrière M. Allard suivaient MM. Darboy et Bonjean,
puis venaient MM. Deguerry, Clerc et Ducoudray.
» Les fédérés entouraient leurs victimes et marchaient
sans ordre : le surveillant Jeannard suivait par derrière,
plus mort que vif.
•» Tous ces détails étaient vus des fenêtres des cellules de
la T’e section où se trouvaient d’autres otages réservés,
a-t-on dit, pour une autre fournée.
•» A la hauteur de la cellule n° 8, M. Gard, séminariste,
vit un individu donner à un officier des fédérés un sabre et
une épée à poignée d’or, et l’instruction a cônstaté que dans
l’un des jours qui ont suivi le é’rime, l’inculpé Fortin avait
dit à son beau-frère Berger qu’il avait été obligé de prêter
son sabre à l’officier du peloton d’exécution pour comman-
der le feu.
>» Le rapprochement à faire entre les deux témoignages
de personnes si éloignées Tune de l’autre, ne laisse pas de
doute sur la réalité du fait et, par suite, sur la présence de
Fortin parmi les assassins.
» Au hout de ce premier chemin de ronde intérieur, que
le cortège a suivi, en marchant du sud au nord, so trouve
une grille communiquant avec le 2e chemin de ronde exté-
rieur. Elle était fermée, il fallait sonner et attendre que le
gardien eût apporte la clef. On fit une nouvelle halte, Mgr
Darboy essaya do prononcer encore quelques paroles; les
fédérés lui répondirent, toujours par des injures, et Ton passa
enfin dans le second chemin de ronde, en marchant alors
du nord au Sud.
« Au passage de la grille, le surveillant Jeannard tendit
furtivement la main aux victimes, qui la lui pressèrent en
lui donnant leur bénédiction. Cet homme en fut ému au
point d’être obligé de s’asseoir un instant ; il laissa filer les
derniers hommes du peloton et s’enfuit.
» Ramain continuait s’avancerjusqu’aumilieu du chemin
de ronde et vint le rejoindre au greffe.
•> ?A partir de ce moment, l’instruction n’a plus aucun té-
moignage à citer de la part des assistants, *
Les accusés sont très-attentifs à la lecture de l’acte d’ac-
cusation,
Le public est peu empressé à ce procès, qui ne promet
pas d’intéressantes révélations et qui a beaucoup île rap-
port avec les précédentes affaires que l’on juge depuis plus
de six mois. Il durera une quinzaine de jours; il y a plus
de cent témoins à entendre.
Les interrogatoires commencent par celui de François,
Cet accusé était un agent actif des sociétés secrètes. U
avait été condamné une première fois, le 14 mai 1857, pour
coups.
Tombé en faillite en 1869, il avait été condamné de nou-
veau, le 11 mai 1870, pour effenses envers le chef de l’Etat.
C’est par le Comité central, et grâce à la protection de
Ranvier, que l’emballeur François avait été nommé direc-
teur de la Grande-Roquette.
11 nie avoir pris part à l’exécution des otages et avoir
procédé au partage des dépouilles.
D. Le 24 mai,, jour de l'exécution, avec qui avez-vous
déjeuné?
François. — Avec le greffier.
D. Et aussi avec Ferre.
François. — Ferré n’est pas venu le -24.
D. Qui donc vous a apporté Tordre d’exécution? — R.
Quoiqu’un que je ne connaissais pas.
D. A quelle heure est arrivé le peloton d’exécution ?
R. A six heures.
D. Se connaissiez-voüs pas les officiers de ce peloton ?
R. Non.
D. Le bibliothécaire Jacob dit que le 27 vous déjeuniez
avec un des chefs de ce jieloton ? — R. C’est, faux. ’
D. Costa dit que vous étiez complètement ivre au moment
de l’exécution des otages — ce qui vous arrivait souvent —
et quo vous l’avez menacé de votre revolver ! — R. Je n’ai
jamais menacé personne.
L’accusé nie être ailé dans les cellules après Texécution.
M. le président. — Des témoins diront qu’il a été volé
dans les cellules des valeurs Représentant environ 25,000 fr.,
plus la choix pastorale de Tàrclievêque, qui était d’une
grande valeur. — R. Ce n’est pas vrai ; le greffier v est allé
mais pas moi,
D. Un témoin, pariant de vous, dira que vous êtes allé
« tout barboter.—R. Les effets des victimes ont été brûlés.
M. le président. — Oui, les soutanes, mais les bijoux?
Vous êtes resté à la prison jusqu’au 27. Or, le 25, il y a eu
d’autres exécutions. Vous les avez vues et vous én êtes
complice.
M. le commissaire du gouvernement fait remarquer ce
fait, que l’accusé n’avait fait figurer le nom des otages sur
aucun registre.
L'accusé. — C’est une négligence du greffier.
D. Vous ne le surveilliez donc pas ? C’est là une coïnci-
dence fâcheuse pour les otages, tandis que vous n’omettiez
l’inscription d’aucun autre détenu vulgaire.
L’accusé. — Cette omisiôn n’était point intentionnelle.
Je ne savais pas ce qu’on devait faire des otages. Et d’ail-
leurs, je n’étais pas en mesure de résister.
On interroge Ramain.
Il dit qu’il n’a agi que sous l’influence de la peur et des
menaces. La résistance lui était impossible.
M. le président. — Ce qui ne vous était pas impossible,
c’était d’être moins brutal que vous ne Tétiez avec les déte-
nus, je veux dire avec les otages. Dans vos propos cyniques
on trouve la trace de vos sentiments.
Ramain. — Je n’avais pasà être brutal; je ne le suis avec
personne.
D. Vous étiez cynique dans vos propos ; les témoins en
déposeront. Vous avez mis un soldat au cachot.
Ramain. — Non, je n’ai mis au cachot qu’un seul indi-
vidu qui voulait m assassiner. Après ça on a trouvé des
bombes Orsini dans les cours et cette découverte a motivé
plusieurs mises au cachot.
D. Votre dévouement pour la Commune étaitsans limite.
Ramain pour so disculper charge son coaccusé François
dont il était, dit-il, le subordonne.
D. Vous avez dit avoir porté chez le directeur les porte-
monnaie et les effets trouvés chez les victimes. — R. C’est
vrai, je lui airemis tout ce qui provenait de la fouille des
cadavres.
M. lu commissaire du gouvernement. — On a trouvé chez
Langbein jusqu’à sept montres qui sont ici et qui ont ap-
partenu aux victimes.
Ramain désigne parmi ses co-accusés Pigère comme
étant l’un des officiers qui ont commandé le peloton d’exé-
cution.
M. le commissaire du gouvernement. — Quels étaient
vos rapporte avec François, le directeur ?
Ramain. — Il était très bien, très doux. Je n’ai pas eu à
me plaindre de lui.
D. Pourquoi avoir dit le contraire ?
Ramain. — Ah! pex-mettez. Dans les derniers jours il
menaçait de fusiller tous ceux qui lui résisteraient. ’
M« Richer. — Ramain pense-t-il que ces menaces étaient
sérieuses.
Ramain. — Je ne puis savoir au juste. Si j’ai été faire
l’appel des condamnés, c’est que Pigère m’a menacé de son
sabre. En tout, j’ai agi sous l’impression de la peur.
D. D’après vous, ce n’est que la menace qui vous faisait
agir ainsi, seulement, il faut bien que vous sachiez que
vous êtes en cela en contradiction formelle avec deux dé-
positions que le conseil entendra.
Ramain se défend d’avoir accompagné le peloton (Texé-
cution jusqu’au bout.
M. le commissaire \du gouvernement. — Vous recevrez
sur ce point un démenti des témoins et même des coaccu-
sés qui étaient alors vos subordonnés.
Demain les interrogatoires continueront.
Audience du 9 janvier.
On tient Pigerre loin de ses camarades ; il a le teint fort
pâle; on voit que l’insomnie lui creuse les yeux et les joues ;
il se tient penché commo pour se jeter sur celui qui l’ac-
cusera. On a placé à ses côtés deux gardiens de la paix des
plus vigoureux.
Picort, le second des brigadiers nommés par l’influence
de François, allait être interrogé, lorsque Me Richer, défen-
seur de Françoiâ', a dit qu’il protestait contre le passage de
l’acte d’accusation qui le présentait comme ayant fait par-
tie de sociétés secrètes.
M. le président. — Mais cela n’est ni dans l’acte d'accu-
sation du capitaine rapporteur, ni dans les conclusions de
M. le commissaire du gouvernement. Si c’est ailleurs, nous
n’avons pas à nous en occuper.
Picon, levez-vous. Vous êtes accusé de complicité d’as-
sassinat, d’usurpation de fonctions et de vol commis la nuit,
greffier et lé Ôâpitaine Verig visitaient les cellules vides,
lié mettaient les objets dans une couverture étendue de-
vant la porte.
D. Et Ramain n’était-il pas présent? — R. Pardon, il était
là ; il regardait comme moi, mais il ne s’est mêlé de rien.
L’accusé est également resté étranger à tout ce quia
précédé et suivi les assassinats. J’ai été, dit-il,.for,t impres-
sionné lorsqu’un fédéré du peloton M'a dit : ftdris venons
fusiller l’archevêque. Toits’6'és nommes avaient l’air de
brigands et. 'd’être choisis exprès pour cela.
M. le commissaire du gouvernement. — Oh
ça, vous no vous trompez pas.
* On [lasse- ensuite à l'interrogatoire do Langbein, gardien
le la Hoquette. Cet accuséj ancien militaire et fils, du mili-
tair o, a une attitude calme et digne ; cependant il est incul-
pé d’avoir détourné une foule d’objets ayantappai tenu aux
victimes. Les pièces à conviction ont été trouvées à son
domicile. Il y avait des bréviaires, des portefeuilles; des
porte-monnhie garnis* .. . •
11 avoue qu’il a Ouvert les cellules ues.ôtages.maiéc’était
par ordre de l’officier qui commandait les fédérés.
Quant, aux objets trouvés dans la perquisition faite chez
lui, ils lui avaient été remis par les otages.
M. le président. — Mais aucun de cos objets n’avait d’éti-
quettes. — R. C’est parce que j’avais reçu ces articles avec
la précipitation du moment.
BELGIQUE
i\.Ta VERS, lO Janvier.
Concours de bestiaux gras. — La pesée officielle
des bestiaux présentés au concours par les bouchers
de cette ville, aura lieu le vendredi 19 de ce mois, à K»
heures du matin, Canal au Beurre pour les porcs, et à
2 heures après-dîner, à la Grand’PIacé pour les bœufs.
Il sera procédé le mercredi 24, à 2 heures de relevée,
et le lendemain jeudi, à 9 heures du matin, au local
Le RenaYd, Grand’piace, à l’expertise des diverses
espèces de viandes grasses.
Le jury sera présidé par un membre de l'adminis-
tration communale, et composé de MM. S. Ceulemans,
F. Delaet, P. De Bêche, .1. Van Dyck, F. Didenhoven,
T. Yseboot. J. Van Baelen, J. Soetewey et H. Villers.
pièce dont M. Mengal, par des saillies variées et heu-
reuses, a sauvé en partie le côté passablement en-
nuyeux. Le mot est dit,-nous ne le retirons pas,
Oui, malgré, les beaux décors, les ballets, les chinois
et les chinoises, les magots .et les, princesses^ Malgré
de jolis détails d’drdlieStràtiofl et la grâce de qiièTtjù1*
passages, malgré les"roulades applaudies de Mlle Sfr/
gelée et son costume vert pailleté, malgré le cheval,
'volant, la pièce est ennuyeuse. On a tout fait pour la
! c’était bien sauver de oet écueil , et si la réussite n’est que par-
! tielle, il ne» faut s’en prendre qu’à l’œuvre elle-meme
t
Chronique judiciaire.
Après des débats très-animés, la cour d’assises du Bra-
bain a tçnffiné.l’affaire de meiirtre pdrtée à charge du
iioilifiié Pierre-François Vart GauiVenberg, né.àTliielt, âgé
de 24 ans, domestique, demeurant à Werchtér) Te jtity
a déclaré l’accusé coupable d'avoir infligé une blessure au
nommé Louis Vandenbroeck, blessure faite sans intention
de donner la mort, mais qui cependant l’a causée.
La cour a condamné l’accusé à 8 années do réclusion et
aux frais du procès.
^léeroïogïe.
Le Daitÿ TeVeg'rAvh anböfice la Mort d'îifi, dos pliis gtefids
industriels de l’Angleterre et du monde, M. Joseph Gillott,
['inventeur de la fabrication mécanique des plumes métal-
liques. ■ ■
Joseph Gillott débuta commo simple ouvrier : bientôt il
devint fabricant d’outils. Son attention fut ensuite attirée
sur les plumes métalliques, qu’on fabriquait alors à la main
et. qui sa vendaient de 30 à 60 centimes pièce.
Il y appliqua la mécanique et Ton est arrivé aujourd'hui
. 3 fr, 7o la grosse. .
La réputation de Joseph Gillott est devenue universelle
et des centaines de millions de contrefaçons de ses plumes
se débitent dans toutes les parties du monde.
•Joseph Gillott laisse à sa famille une fortune considé-
rable et une galerie de tableaux éVahiée 2;5OÔ;O0O francs.
Un accident qui eût pu occasionner mort d’homme,
est arrivé ce matin à 11 heures dans notre quartier
maritime. Des waggons chargés de poutrelles de fer
et de briques réfractaires devaient traverser le pont
du bassin de jonction. Par suite d’une négligence ou
d’une méprise, l’enquête nous l’apprendra, les waggons
furent poussés en avant tandis que le pont était encore
ouvert. Trois waggons chargés de poutrelles et de
briques furent précipités dans le bassin. Un quatrième
chargé de caisses d’étoffes resta suspendu. De toutes
parts on accourut. Il y avait en ce moment un bateau
d’intérieur dans le bassin et le batelier et ses aides s’y
trouvaient. Les waggons sont tombés sur la chaloupé
du bateau qu’ils ont rasé sans causer d’avarie notable.
Par bonheur personne n’a été atteint.
— Hier soir, un individu pris de boisson a voulu se
pendre à un des arbustes qui se trouvent derrière le
nouveau palais de justice. Des passants l’ont détaché ;
il avait déjà perdu connaissance, mais lës soins qui lui
furent donnés le rappelèrent à la vie.
— Lundi soir, un attroupement s’est formé devant
la guérite du garde-barrière de faction à la coupure du
pont St-Jean ; trois individus se battaient à outrance
dans ce petit réduit mesurant environ un mètre carré ;
pendant ce temps les convois circulaient ; heureuse-
ment sauf les contusions que les batailleurs se sont
faites on n’a eu aucun accident à déplorer-.
F'JLITS DIVERS.
On nous écrit d’Ostende, le 9 juillet :
Dimanctie soir, vers 11 heures,ffon a retiré du quaides
pécheurs le cadavre du nommé Dudne, matelot à bord des
malles-postes. On suppose que cette mort est dùe à un
crime ; la police fait des investigations actives pour con-
naître la cause vraie de ce fait entouré jusqu'à présent- de
mystère.
— On annonce que M. le Comte d’Aspremont-Lymieii, mi-
nistre des affaires étrangères-, Se prépose dé donner un
grand bal, le Î9jaiiviër, Pldsieurs centaines d’invitations
sont iànèéeSi
— ôn écrit de Liège ;
-Un accjdent qui aurait pu avoir des suitos terribles s’il
n’avait été produit par un train de marchandises, a eu lieu
dans la station de Chênée, pendant la nuit du 5 au 6 courant.
” On se souvient que pendant cette nuit un violent, ou-
ragan s’est déchaîne sur notre ville et ses environs ; or, un
waggpn, qui avait été poussé par le vent sur une des voies
affectées à la circulation des trains, a été renêontré par un
convoi de marchandises et a causé le déraillement de celui-
ci: là locomotive; lë föiirgon du chef de train et d’autres
waggons roulèrent pèle-mèle dans le remblai de Taeeote-
ffient. Quand on accourut sur les lieux'de l’accident, on re-
trouva les waggons pulvérisés, le fourgon détruit et. la
locomotive fortement endommagée; heureusement, per-
sonne n’était blessé ; il est extraordinaire qu’on n’ait eu
que des pertes matérielles à constater, car à voir les lieux
du sinistre on se demande comment cet accident n’a pas
tourné au drame,
» Qui doit-on accuser dans cette affaire? c’est ce que l’en-
quête apprendra ; ce qu’on peut assurer dès à présent, c’est
que la fatalité y est pour une grande part, car le chef de la
gare de Chênée passe pour un des hommes les plus vigi-
lants de la ligne. •>
— Grève de Vezin. — On lit dans le Journal de
Liège :
“ On nous apprend de Vezin, que hier lundi, un grand
nombre d’ouvriers ont repris leur travail. Iis avaient, pour
la plupart, cédé à contrercœur aux menaees des grévistes. »
— La Pall-Mall Gazette a, découvert le paradis terrestre.
Le duché d’Anhalt ne taxe ses habitants que de ls. 6d.
d'impôts en tout et pour tout et dans une dizaine d’années,
chaque habitant recevra probablement pareille somme du
gouvernement au lieu de la lui payer. Il faut ajouter à Cela
une réforme parlementaire démocratique qui a exclu les
nobles, comme classes du parlement annaltois.
Le brillant résultat financier dont nous venons de parler
est dû aux mines de sel de Léopoldshall, dont le gouverne-
ment vient de refuser la concession à des spéculateurs.
d^roraM^c^^WT,ten2nK2î?^?WparKi“e poignée portée aügardien B.eausset, avec ordre de faire appêuià
a -s.,Ier?ces et û agents subalternes, obéissant aux quatrième section,
dèi^ existences, vomies fon- - Au greffe, on vociférait contre la lenteur de Beausset,
YW1®03®11* au bIe.n> oni etc sacrifiées par çes révoltes en a ce point que Pigerre sortit brandissant son sabre sur
é ^uiourd^D^îMB^Îfiî1* nU,tP0UI'la haina,et le,mal- | Ramain et l’envoya vers les otages. Ramain y monta, prit
» Aujourd hui, 24 individus, auteurs ou complices de ce 1 la liste des mains de Beausset et fit l’appel.
Picon. — Je ne me suis occupé de rien. Tout ce qui s’est
passé venait d’ordres supérieurs et je n’ai donné aucun
ordre.
D. Il parait que vous avez été dur pour les prisonniers.
— R. Ils étaient au contraire fort contents de mes rapports
avec eux. Ils disaient même qu’il valait mieux que ce fût
moi qu’un autre, parce que je suis convenable.
D. Vous avez participé au pillage des cellules à onze
heures du soir ? — R, Mais, pas du tout, je n’ai mis la main
a rien ni sur rien. Jte suis resté à la porte pendant que le
Théâtre ïtoyal d’Anvers.
Ne médisons plus des Chinois. Ils savent ce qu’ils
iont, et lorsque nous avons peine à les comprendre
c est nous qui avons tort. S’ils n’ont pas la pierre plit-
losophale, ils ont du moins le secret d’adoucir les as-
pérités de la nature et de combattre par des moyens
victorieux la laideur ou la misère humaine. Ainsi, en
Chinoises, nos plus jolies artistes ne perdent rien de
leur beauté, et les plus mal partagées de nos choristes
deviennent des jeunes filles fort présentables. Pour
celles-ci le troisième acte du Cheval de Bronze hier
soir a été évidemment de trop, Quelle chute en dé-
posant le costume chinois ! On souriait de cette méta-
morphosenéfaste,leslorgnettesindiscrètes et railleuses
passaient en revue les étoiles de second ordre gravi-
tant autour de Stella, et les tcouvaient bien inférieures
aux paysannes gouvernées par Tsing-Sing. Pauvre
Tsing-ising, il n’avait pas été de cet avis, et, transformé
en magot de bois, il avait dû renoncer, pour toujours
peut-etre, aux douceurs que lui ménageait, malgré ses
soixante ans, la loi chinoise sur le mariage. Use mais
n abuse pas. La Chine abonde en sages pensées, et l’ap-
plication confirme souvent la règle. Connaissez-vous
un autre peuple aussi raisonnable pour avoir établi
1 usage de ne payer le médecin que tant que dure la
santé, et de permettre à chacun de pratiquer Tart
d Hinpocrate sauf, le cas échéant, à payer de sa tète le
résultat de son incapacité. Ce n’est pas en Chine
qu homœopathes et allopathes auraient à se livrer à
un pugilat scientifique. Place à tout le monde, mes-
sieurs; le champ est libre pour les patients et pour les
apotres-i.ourreaux de la guérison; à chacun suivant
Sies,,®im’es- brave Peki du Cheval de Bronze fait
de 1 homœopathie en grand ; princes, mandarins, pav-
sans, arrivés dans Pile enchantée surledosdu monstre
d airain, ont été bien vite frappés des flèches du Cupi-
don de ces lieux; Peki place en face de Stella son
semblable, et ce moyen de salut réussit aussitôt. A
Peki le bracelet magique! Tels les Anglais, expédiant
en bloc dans leurs colonies pénitentiaires des bandes
de vauriens, réussirent à en faire de très-honnétes
patriarches. Homœopathie Sociale, homœopathie mo-
rale, tu n’as pas dit ton dernier mot; on te retrouve au
haut et air bas de l’échelle humaine.
Le Cheval de bronze a été repris avec un grand
luxe de mise en scène, luxe qui n’a pas exclu le bon
DERNIERES NOUVELLES.
AGENCE HAVAS-BULLIER-REUTER.
Lille, 9 janvier. I
Résultat définitif des élections : MM. Dupont et
Bergerot sont élus.
Les réputoliCftiüa ont échoué à 27 voifc près;
Paris, 10 janvier.
I.a correspondance versaillaise du Journal des
Débats dit que l'impression produite par les élections
est encore incomplète.
La Gazette des Tribunaux annonce que le général
Cremer n’ayant pas comparu devant le juge d’instruc-
tion de Beaune, a été arrêté. Il est parti hier soir
pour Beaune sous la conduite d’un agent.
Versailles., g janvier.
L’Assemblée a approuvé la convention addition-
nelle avec l’Allemagne.
Elle a ensuite commencé la discussion du projet de
loi relatif à L’Impôt sur Las valeurs, mobilières; M.
Pouyor-Qùertier a signalé L’iirgèiiçs d’üfle décision;
Paris, 9 janviéil
M. Buisson lira seulement demain, dans la commis-
sion d’initiative, le rapport sur les propositions rela-
tives au retour de l’Ass«mblée à Paris.
Les élections, en Corse, auront probablement lieu le ,
4 février.
Hier, dans une réunion du centre gauche, M. Picard
a engagé lë cëntfe gdiielie à pfefidfe TitiitLàtive. d’.wqs
proposition tendant à sortir du provisoire et à consti-
tuer un gouvernement.
M. de Persigny est actuellement malade à Nice.
Vienne, 9 janvier.
L’Empereur a reçu, lee janvier, à midi, en audience
solennelle, l’ambassadeur de la Grande-Bretagne,-sir
Andrew Buchanan, lequel a remis à Sa Majesté ses
lettres de créance.
Les équipages de la cour sont allés chercher l’am-
bassadeur et" toute sa suite à l’hôtel de l’ambassade ;
après avoir remis ses lettres de créance, l'ambassa-
deur d’Angifetetrô à jirèSGflté à l’Empereur tout, le per-
sonnel de fambassade.
Vienne, 9 janvier.
La commission de la banque nationale a approuvé
le bilan pour 1871 et a fixé le dividende à 33 florins.
ÖEIkreiSilKK IlKIJEtIC.
Versailles, 10 janvier.
Le comte d’A mini, en remettant ses lettres de
créance à eu hier un long entretien particulier avec
M. Thiers, qui a été très cordial.
Londres, 10 janvier.
Hier à l’occasion de la réunion de l’association con-
servatrice des ouvriers à Liverpool, M. Berly à pro-
noncé un discours attaquant le gouvernement et dé-
nonçant lesjprojets Scott Russell relatifs à l’amélio-
ration delà situation des ouvriers.,
Le bruit du naufrage de YAlgenu est'controuve.
Athènes, 10 janvier.
Une ordonnance royale dissout la Chambre des
Députés.
New-York, 9 janvier.
Les nouvelles du Mexique disent que les insurgés
sont battus. _
Bulletin des Bourses.
- Les fonds hollandais sont sans vana-
1/8 à 1/4. Les fonds Espagnols se maintiennent gans variations.
Les Autrichiens.quoique recherchés pouiÇTextérieur.ont fléchi de
1/4. Les Russes sont très fermos ; les affaires dans le nouvel em-
prunt du chemin de fer ont de nouveau été très suivies à 10/0 de
prime. Les Egyptiens sont en baisse de 1/20/0.
punis. 9 janv. — Les affaires continuent à être languissantes,-
le 3 0/0 s’est traité de 56-05 à 55-91}, et le 5 0/0 de’ 9J-9uà 90-80 à
terme. Les transactions étant si peu actives sur dos fonds, publics,
ne sont pas naturellement plus animées sur les autres valeurs; Le
Crédit foncier est calme à 927-50; la Société générale se tient de
590 à 587.50 et le Gaz parisien de 665 à (362-50. Les Chemins de fer
francais conservent la fermeté qu'ils montraient hier. Le Lyon
fait 875, l'Orléans 845etle NOrd 980 fr. Parmi les obligations,"les
foncières 4 0/0 se maintiennent 4 447-50, et H y a de bonnes de-
mandes sur les Ville 1869 à 283-75; les Marchés de Naples cou
servent le cours de 150: les Nord sont fermes a 298.50, ainsi que
les Orléans à 296 fr. Un peu faible au début, à 68.80, le 5 0/0 italien
s'est relevé par la suite à 69.10. Il y a eu une reprise assez Se»
sible sur le Dollar, qui est remonté de 106 7/8 A 107 3 4 ; le Hon-
duras est tenu très fermement à 181.25, et le50/0 turc se maintient
au-dessus de 51 fr. Le Crédit foncier autrichien fait 9.35. et les
Domaniales d'Autriche se négocient facilement de 259 à 270 fr.
Trois heures. — Marché calme pendant la dernières heure
les cours de clôture sont, pour la plupart, un peu inférieures à
deux d’hier. .. . .
tondues, 9 janvier. — Nous remarquons aujourd hui une nou-
velle tendance à la hausse sur les fonds anglais. Les Consolidés
valent 92 7/8 à 93 au comptant et 93 sur terme. I,es3p.c. nouveau
et réduit ont été payés 92 3/4 à 03. Lès fonds étrangers n’offrent
pas de variations à signaler.
Dépêches télégrapliifities.
BRUXELLES, 10 janvier.
(Cours d’ouverture)
Métalliques....
Bons Amér. 1882.
Piastres.......
Empr. Morgan..
Turcs..........
Emprunt 1871...
Rente........... .
Ville de Paris 000.
PARIS, 10 janvier.
56 05
VIENNE, 9 janvier.
(Cours de clôture!.
Crédit mob. Aut.l 389 30
Lots de 1858.-..... ! 189 50
105 -
144 50
Ant. rente pap... I 63 60
Emprunt 1871,..,1 — —
■ (Cours d’ouverture).
Rente 3 0/0 à terme
Crédit mob. franç.-----
Crédit mob. espag.-----
Emprunt italien.. 68 70
Morgan................./
Cohsol. Turcs 5 0/0 51 »0
Ch. de fer Autrich. 880 —
Lots Turcs........ ....
LONDRES, lOjanvi
Consolidés angl.. 927/8 à 93 ^Français 1870.60/Oj — — i
5/20 b. Amér. 1882. 92 - » 921,4 Emp. franç. 18/1. /1 2
r.h for Tïh’n ao.t ---*» — —sPrtlwk......... — — 1
311/2 » 313/4! Chemins de fer :
52 — » 52 LJjArwers-Rotterd.. |---
-----— —{Namur-Liége______________
32 — » 32f/4|Luxembôurg..... - —
671/4! Lombards.....! 185/8
Dh.de fer Lomb...
6 0/0 Amér. 1882....
Créd.foncier franç.
Ville de Paris, 1871
Société générale...
Emprunt 1871.....
— [Cours d’ouverture
480 -
Ch.de fer IHin.act.
« Erie »
Empr. Turc 5 0/0.
- Ottom. 1869
Espagnols 3 0/0... i 32
Italiens 5 0/0-- .1 67
Nouv. Amér, 911/2 à 913/4.
FRANCFORT, 10 janvier,
g.. [ 651/16
Autr. rente arg..| 051/b
Lotsd’Auti-.F^"'
921/8
1864..
- (Cours d’ouverture). Ferme.
ICréd.mobil.Autr. I 346 —
Bons Amér. 1882.1 961/4
Ch.de fer Autr... I 4041/4
Lombards............! 2181/4
Etat-Civil d’Anvers.
Déclarations de décès du 8 janvier 1872.
SEXE MASCULIN.
., T ,, -----—7------- --r— clu le bon r Ont batelier 48 ans, époux de D. De Joughe, Canal aux
goût. Les décors du second acte surtout sont chai- Charbons. — J.Sinoorènberg,cigarier, 28ans, à Dordrecht. — A.
mants, et les chœurs dansés, après quelques repét’l v,au der Hey*den,7ia“^^R°[uL„!irechtsé’rue'Dambrùgge - o.
bus, jardinier, 52 ans, veuf de M. De Tocht, rue Léopold.
2 enfanta au-dessous do 7 ans, 0 mort-ne.
fions encore,ferontbonne figure et seront intéressants.
Le rule de Tao-Jin, tenu par Mma Marie Clément, de-
mande aussi une étude [dus complète ; cette artiste,dont
îa voix a de l’agrément, n’a pas réut si dans son début
a hier soir avec le même bonheur qu’à la représentation
de Galathée. Ce n’est pas à la voix qu’il faut s’en
prendre, c’est au travail, à l’étudeet malheureusement
aussi à ce que rien au monde ne peut remplacer, l’ab-
sence de vrai sentiment artistique. L’expression nous t
la trouvons, au contraire, chez M119 Dartaux, dans ce
qü on peut désirer deplus vif et de plus intelligent. Elle
a soutenu, avecM. Jourdan, le poids artistiqiqo de la
SEXE FÉMININ.
A. Olons, ,16ans, nie.Basse. — A. Van Ur
_____ relinghe, 50 ans,
énnntu* /le G Van der Pluym, Fossé au Bourg. — M. Vau Buyn-
der- n 28 ans , épouse da R. Meulders, rue des Fagots.
» *>1 T-1 “SS»»
*ï*aasff*- 3 8 11»**
MARIAGES.
P Thybaerf a réftC. Rogier, |