LE BRABANT. 29 somnambulisme; et le césarisme omnipotent de celui qui s'appelait le maitre du monde achève de désagréger ce qu “] Jui reste de sa forte individualité ancienne. Traitée en pays conquis, elle qui, à travers les régimes les plus rigoureux, avait su garder son autonomie,# elle devient, aux mains du roi des rois, une machine à produire l'or et le sang: nécessaires aux ambitions colossales qui ébranlaient les empires; des fournées humaines, le meilleur de sa chair, sen vont s'anéantir au gouffre des défaites et des victoires ; entrée dans l'engrenage aux dents de fer qui se nomme la conscription, les réquisitions, les impôts, le tribut en argent et en nature, comme un bétail dont le AU nl Gt sl Fil nn nn Lu nu Ho L LR TE oi PALAIS DU ROI. lait et la viande, de tout temps réconfortants pour les déspotenee continuent à nourrir les appétits insatiables du conquérant, elle finit par nêtre plus qu'une marqueterie géographique effacée, sur laquelle se projette l'ombre d'une civilisation de fer et de feu. Elle perd même, dans son indignité, le droit de s'enorgueillir de ses collections d'art ; ses chefs-d'œuvres, héritage « d'un passé merveilleux, vont s'ajouter dans les musées de Paris, comme un fond de gloire ancienne, à l'apothéose du jeune empire, lequel, pour la dédommager du butin spolié, des vexations subies, de sa large collaboration jamais marchandée aux pompes funèbres de la conquête, la gratifie en retour d'une législation régulière, d'instituts et de fondations importantes. Un instant, la nation incorporée put se croire assurée contre les changements ; l'habitude, qui désalourdit les chaines les plus pesantes, avait mêlé de päles douceurs à son infortune ;