chantant la chanson de l’été triomphal, éclatant — et déjà c’est l’automne. » Elle s'annonce avec prudence et sureté, en trotte-menue frileuse, soignée, coquette, élégante, après les jours longs et chauds. Aïnsi apparaissent au seuil des maisons familiales, aux lendemains de bonheur, sans bruit et calmes, les bonnes tantes, vieilles filles aux charmes évanouis avec la jeunesse, mais dont le sourire, tout de tendresse, atténue les amertumes. L’automne ne s'impose pas tout à coup, comme l’été. Elle n'intime pas d'ordres impératifs, elle s’insinue ; elle ourdit un habile plan de campagne; elle tend autour du puissant soleil les brouillards d’ouate argentée, elle sème sur les fleurs une rosée plus serrée, elle excite les-vents frisquets.Elle s’infiltre dans les forêts, entre les cimes espacées, s'accroche avec art aux broussailles. Les fronts des arbres se dorent bientôt, les bois se bordent de royales passementeries, les brindilles se recroque- villent en dentelles ingénieuses. Les vents devien- nent plus tenaces, s'ouvrent des passages dans les fourrés, s’engouffrent et secouent feuilles et bran- ches, les futailles se dépouillent, les fleurs se fanent, les feuilles jonchent le sol de leurs ors éteints. Cette bataille dure un mois. Mais que de beaux jours avant l’engourdissement final et les grands froids d'hiver! Ah! si le soleil voulait; mais il est fatigué de ses exploits estivaux ; nonchalant, il se