AUX SOURCES DU NIL. 153 à ces animaux pour combattre Pun contre l'au- tre. Que le défaut de nourriture, ou le cha- grin d'être interrompus dans leurs habitudes, puille engager deux animaux égaux en force à fe battre & à chercher à s'entre-détruire, cela neft pas douteux. Nous favons que les Romains faifoient combattre dans leurs jeux publics l'élé- phant contre le rhinocéros: mais ce n'étoit point la nature, c'étoit ladreffe de Fhomme quì excitoit ces animaux à fe faire la guerre. L'on peut donc donner de meilleures raifons d'une conformation fi extraordinaire. Placés par la nature dans d'immenfes forêts & au milieu des déferts, où ils fe cachent toujours dans les endroits les plus inacceffibles, ils trouvent fans ceffe de quoi fe nourrir abondamment. Ni Fun nì Tautre ne font carnivores, ni rivaux en amour: quel motif pourroit donc leur inf pirer Péternelle fureur de fe battre ? Fai déjà dit que le rhinocéros ne fe nour- riffoit point d'herbe, mais qu'il broutoit les arbres. Il n'épargne pas même les plus épineux; il femble au contraire les préférer, & il ne sen tient pas aux petites branches, tout eft bon pour fatisfaire fa faim. De tous les animaux que jai vus, ceft celui dont la machoire eft