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I,E FRECTTRSEiyn, Lundi » Jdnvler I8JÎ2.
longitude occidentale dn méridien de Paris; elles sont tontes d’origine
volcanique et très élevées; elles peuvent être aperçues, par un beau
temps, de quinze et vingt lieues de distance. Celle haute élévation au-
dessus du niveau de la mer rend le climat de ces îles très sain et leur
assure une température moyenne beaucoup plus basse qu’on ne devrait
le supposer dans une latitude si voisine de l’Equateur.
Quoique ces îles forment deux groupes, si l’on considère cependant
les distances relatives des terres qui en fonL partie, la langue, les mœurs
et le caractère des peuples qui les habitent, on ne peut s’empêcher de
les réunir en un seul archipel qui. à raison de la priorité de découverte,
doit prendre ie nom de Marquises de Mendoca. C’est le nom que leur
donna, en 1595, lenavigaleur espagnol qui les aperçut le premier, Men-
dana. en l'honneur du vice-roi qui gouvernait alors le Pérou et avait
ordonné cetle expédition.
Le groupe du Sud fut découvert le premier; il se compose de cinq îles
qui sont, en commençant par la plus méridionale: Madalena ou Falu-
Hiva, Christina ou Ta’huata, San Pedro ou O Nateaya, Dominica ou O
Hivaoa, et Hood ou Fétou-Hougou. Lors de la découverte de ce groupe,
File Hood n’avait pas élé aperçue.elle le fut plus tard, en 1774.par Cook;
il lui donna le nom ne Hood,d’après celui du midshipman qui la signala
le premier et qui depuis est devenu lord Hood, amiral et ministre de la
marine en Angleterre. Les îles ou plutôt les îlots San Pedro et Hood ne
sont pas habités; la Madalena contient de 2 à 3.000 habitants; la Domini-
ca un peu plus de G.000. Christina 1,000 ou 1,200.
Le groupe du N.-O.se compose de six Iles: Roa-Poua Roa-Houga.Nu-
ku-Hiva ou Marchand.Chanal, Masse, et enfin la petite île d’Hergest; les
trois premières sont seules habitées.Nuku-Hiva est la plus considérable
etla plusconnuedu groupe,mais sa population n’est pas aussi nombreuse
que celle de la Dominica,qui compte de 4 à 5000 âmes. Les îles de Roa-
Poua et Roa-Houga n’ont guère que 2 à 3.000 habitants chacune.
Ainsi la population entière des îles Marquises ne s’élève pas aujourd’hui
à plus de 20 ou 25,000 âmes.
Le groupe du N.-O.ne fut découvert que bien des années après celui
du S.E, ce fut seulement le 12 juin 1791 .c’est-à-dire presque deux cents
ans plus tard, qu’il fut aperçu pour la première fois par Marchand, ca-
pitaine du commerce, parti de Marseille sur le navire le Solide, pour al-
ler faire le commerce sur la côte de N.-O.de l’Amérique.Marchand don-
na à ce groupe le nom d’iles de la Révolution, en mémoire des événe-
ments qui s’accomplissaient alors en France. Cependant la priorité de
découverte est cou testée au navigateur français par un capitaine Ingra-
ham.de Boston.qui prétendit avoir eu connaissance de ces îlesquelques
mois avant notre compatriote.Mais ces prétentions n’onl jamais étéjus-
tifiées par aucune publication, ni sous aucun prétexte raisonnable. On
sait d’ailleurs de quoi est capable la vanité américaine N'avons-nous
pas vu.il y a quelques semaines.un capitaine delà marine militaire des
Etats-Unis traduit devant un conseil de guerre, et accusé d’avoir fait
des faux sur les registres de bord afin d’essayer de prouver au monde
qu’il avait aperçu la terre Adélie quelques heures avant l’amiral d’Ur-
ville?
Après les navigateurs que nousavons déjà cités, on peut encore nom-
mer, parmiceux qui visitèrentces îles, le lieutenant de la marine royale
d’Angleterre, Hergest, qui en fit l’hydrographie en 1792, et le capitaine
Wilson, qui vint en 1797 y déposer des missionnaires protestants, les-
quels ne restèrent que fort peu de temps dans l’archipel, quoiqu’il ne
paraisse pas qu’ils y aient été mal accueillis. L un d’eux, nommé Harris,
fut même pris en affection par le roi, et d’une façon si particulière,, que
partant pour une expédition, le bon prinçelui délégua, pendant son ab-
sence, tous ses droits de mari sur la reine sa femme. C’est la coutume
du pays; et le facile monarque ne se doutait pas des embarras où son
excessive générosité allait jeter le malheureux missionnaire. Un mis-
sionnaire devenir l'allumeur du feu du roi ! comme on dit aux îles Mar-
quises. La princesse, étonnée de la réserve de celui qu’il était de son
honneur de traiter comme un époux, se désole d’abord, puis conçoit
des doutes étranges, et finit par se persuader que cette inexplicable
froideur ne peut s’attribuera autre chose qu’à un cas de force majeure.
Par une belle nuit où Harris dormaitdu sommeil de l’innocence, il sent
des mains qui se promènent sur son corps ; il s’éveille, et se voit entou-
ré d’une troupe de femmes qui procédaient sur sa personne à la plus
singulière vérification. Epouvanté d’une pareille tentative, le malheu-
reux missionnaire s’enfuit dans les bois, et au point du jour regagne à
la nage le bâtiment qui l'avait apporté.
Depuis, d’autres missionnaires ont succédé à Harris. mais il ne pa-
raît pas que leurs travaux aient obtenu plus de succès. En 1838, M Du-
petit-Thouars qui y conduisait lui-même deux missionnaires catholi-
ques, MM. Devaux et Borgella qui paraissent a voir élé plus heureux que
leurs devanciers, trouva, établi dans l’ile Christina, un M. Sluiworthy,
envoyé par la société de Londres. Habitant le pays depuis une dixaine
d’années, il occupait une jolie maison de bois, la seule dans toute file
qui méritât ce nom. Ce gentleman accueillit fort bien les officiers de la
Vénus, et leur avoua sincèrement que. malgré son long séjour et les
peines qu il avait prises, les résultats de sa mission étaient complète-
ment nuis. Pendant quelque temps, il avait eu pour coadjuteur un au-
tre missionnaire marié; mais la euriosilé des naturels, à l’égard desa
femme, devenant inquiétante pour sou repos, il avaitété forcé d’aban-
donner l’archipel.
En 1804, M. de Krusentern trouva un Français établi dans file de
Nouka-Hiva. C'était un matelot de Bordeaux, nommé Joseph Kabris,
qui, fait prisonnier pendant la guerre, et ensuite embarqué sur un ba-
leinier anglais, était venu se perdre avec son navire sur les côtes de file.
Selon ce qu’il racontait de son histoire, il allait, après son naufrage,
être mangé comme ses compagnons par les naturels (car les habitants
des Marquises sont encore anthropophages), lorsque la fille du roi, la
belle Valmiki, demanda sa grâce et l’épousa. Depuis lors Kabris avait
vécu à la mode du pays; il s’était fait tatouer et passaiL pour un grand
guerrier. Ramené en Europe par M. de Krusenstern, il rentra en France
en 1817, fut présenté à Louis XVIII et au roi de Prusse, puis finit par
se montrer pour de l’argenL dans le Cabinet îles Illusions, h Paris. Lors-
que la curiosité de la capitale fut satisfaite, Kabris courut les foires, et
c’est ainsi qu’il arriva en 1822 à Valenciennes où il mourut. La commis-
sion du Musée de Douai ayant ouï dire qu’un homme parfaitement ta-
toué était mort à Valenciennes, fit des démarches pour obtenir le corps
de Kabris, afin de le faire préparer et d’en orner son Musée; mais elle
s’y prit trop tard, les restes mortels du gendre du roi de Nouka-Hiva ne
furent pas exhumés , et reposent encore dans le cimetière de Valen-
ciennes.
Après M. de Krusenstern, presque tous les navigateurs qui ont fait
des voyages autour du globe ont touché aux Marquises, mais sans que
de leurs visites il soit résulté rien de bien curieux. En 1812, le capitaine
Porter, commandant la frégate américaine l’Essex, prit.au nom des
Etats-Unis, possession decesîles; mais la petite garnison qu'il y avait
laissée fut, au bout de quelques jours, attaquée par les indigènes, et
forcée de se rembarquer. Depuis, le gouvernement de l’Union n’a pris
aucune mesure poursoutenir les prétentions du capitaine Porter,et en
1838, lors du passage de la t énus, les habitants vivaient encore dans
l’état d’indépendance où Mendanales avait trouvés en 1595. divisés par
des discordes' intestines, se faisant toujours la guerre d’île à île. de tribu
à tribu, dans l’intérieur de la mêmeîle, et n’ayant pas encore renoncé à
l’affreuse pratique de l’anthropophagie.
Les îles Marquises, bien qu’elles soient de formation volcanique, ne
renferment aucun volcan en activité, et ne paraissent point exposées
aux tremblements de terre qui désolent quelques-uns des archipels voi-
sins. Les vieillards n’ont souvenir d’aucune commolion decegenre;ce
qui, joint à la fertilité du sol, tend à prouver qu’elles sont d’une origine
déjà très reculée.
Les habitants ne connaissentaucune forme de gouvernement; lestri-
bus vivent indépendantes les unes desautres.et suivent la loi naturelle,
c’est-à-dire la loi du plus fort. Le seul titre de distinction, au point de
vue civil, est celui d'ariki, que l’on traduit ordinairement par chef ou
roi.mais quicependanl ne semble désigner qu’une personne possédant
des terres. Toutefois, parmi celles-ci. il y en a qui, par leurs qualités
personnelles ou leurs succès à la guerre, obtiennent une supériorité
réelle; on les désigne alors sons le litre d'ariki-noui, grand chef.
Les naturels de ces îles paraissent n’avoir aucune religion et ne pra-
tiquer aucun culte. Cependant on remarque dans leurs fêtes certains
individus qui prennent des costumes étranges, ont l’air d’inspirés, pa-
raissent s’adresser au ciel en exécutant des danses accompagnées de
gestes qui ressemblent à des invocations. Ces espèces de prêtres ou de
sorciers exercent une grande influence, et prononcent les tabous, tout
comme si la nécessité leur en avait été révélée. Les tabous prononcés
sont ordinairement respectésjc’est la seule loi en quelque sorte d’insti-
tution divine qui soit connue etobéie. Si les tabous sont violés, c’est à
Dieu seul qu’on laisse le soin de punir les coupables.L’opinion générale
est qu’ils seront frappés de mort ou atteints du kooi, maladie affreuse
qui tient de la lèpre ou de l’éléphantiasis.Letaàoupeut s’élendreà tou-
tes sortes de choses;c’est une défense rigoureuse de faire tel ou tel acte,
de manger tels ou tels aliments, de toucher à tel ou tel objet, etc.
Le mariage n’existe pointcomme institution religieuse ou civile;c’est
toutau plus une coutume II ne dépend d’ailleurs que du consentement
mutuel,et n’oblige point à la constance,encore moins à la fidélité; il se
rompt comme il se ferme,sans aucune formalité, d’un commun accord,
ou même souvent par la volonté d’un seul.Quelques hommes onl plu-
sieurs femmes qui vivent ensemble; mais ces exemples sont rares.
Quelquefois les jeunes filles n’attendent même pas qu’elles soient nu-
biles pour quitter la case maternelle; maîtresses d’elles-mêmes, elles
vont vivre à leur guise, mènent la vie la plus licencieuse qu’on puisse
imaginer, jusqu’à ce qu’enfin elles s’attachent à quelqu'un qui, ayant
obtenu une préférence sur leur cœur, veut bien devenir leur mari. Les
habitants des îles Marquises se livrent au plaisir avec fureur; ils ont de
nombreuses fêtes dont il est difficile de connaître l’origine; ilsse réu-
nissent alors par bandes de cinquante ou soixante <|ans des maisons
tabouées, où les membres de leur société sont seuls admis. D’autrefois
ces sociétés s’embarquent et vont passer le temps de leurs orgies sur les
îles inhabitées de l’archipel. Les femmes choisies poùr assister à ces fê-
tes tirent une grande vanité de la préférence quelles ont obtenue;
c’est un honneur dont elles sont fort jalouses : un général d’armée qui
a gagné une bataille n’est pas plus fier qu’une femmequi revient d’une
de ces fêtes sans nom.
La nourriture principale des habitants des îles Marquises se compose
de popoï (préparation fermentée de l’arbre à pain), de taro. de patates
douces, de poisson tout vivant au sortir de l’eau; ils commencent par
la tête, et tout y passe. On trouve dans ces îles un grand nombre de
cochons; ils sont libres dans les inontagnesoù ils multiplient beaucoup.
On les garde pour les jours de fête et on les faitcuirepar le procédé or-
dinaire dans toutes les îles de la Polynésie. Un trou creusé en terre et
garni de pierres rougies au feu, puis recouvert deterre, sort de four.
Les viandes cuites de celle façon ont. dit-on une saveur délicieuse. Le
mets que les indigènes estiment par-dessus tout c’est la chair humaine;
ils font bien plus de cas. comme manger, des Indiens que des blancs,
dont la chair leur paraît fade et désagréable.
Le peu d’étendue superficielle des terres de cet archipel fait que sans
doute il ne pourra jamais devenir un lieu de production important; mais
il est admirablement situé comme poinL de relâche pour les bâtiments
qui vont à la côte N.-O. de l’Amérique , pour ceux qui en reviennent,
pour ceux qui vont du Pérou ou du Chili à la côte d'Asie, et enfin pour
les baleiniers de toutes les nations. Voilà ce qu’il est déjà, mais c’est peu
de chose encore comparativement à ce que l’avenir, et un avenir pro-
chain, lui réserve. Lorsque ce monde nouveau, qui naît dans l’Austra-
lie et la Polynésie, et qui marche à pas de géant, aura pris de la consis-
tance, quand l’Isthme de Panama aura été conquis, par l’activité com-
merciale de l’Europe, sur findolenceespagnole.il n’y a pas de doute
que la grande route entre l’Europe et tous les archipels de la Mer du
Sud ne s’établisse sur celle direction. Or, dans ce cas. les iles Marquises,
situées à l’extrépiilé nord est de tous ces archipels, et la première terri*
qu’on rencontre en arrivant de Panama , deviennent nécessairement
une des stations les plus fréquentées de la roule. Il y a quelques semai-
nes, les journaux anglais nous apprenaient qu’on cherchait à former à
Londres une Compagnie pour l'établissement d’un service de bateaux
à vapeur qui, partant de Panama, toucheraient aux Marquises, à Ota-
hiti. à la Nouvelle-Zélande et à la Nouvelle-Hollande, puis de là iraient
se rattacher au service déjà établi entre l’Inde et l’Europe, par la Mer
Rouge. La réalisation de ce plan aurait pour résultat de compléter, sur
toute la circonférence du globe, un système de communications auquel
la vapeur donnerait la double garantie de sa régularité et de sa rapidité.
Ce qu’on regarde comme possible aujourd’hui, n’eût-il point passé, il y
a dix ans, il y a cinq ans peut-être, pour le rêve d’une imagination en
délire!
BEIÆÏQEE.
ANVERS , S JANVIER.
Le public qui cherche depuis plusieurs jours dans le Moniteur l’ar-
rêté royal pour la nomination des Bourgmestres, s’est trouvé jusqu’ici
trompé dans son atttente; la feuille' officielle est restée muette. On sait
cependant que les magistrats de toutes les grandes villes seront conti-
nués dans leurs fonctions, à l’exception des bourgmestres de Liège et
de Louvain. — On nous assure que les nominations officielles seront
publiées avant jeudi.
— Le roi de Hanovre vient de décerner au violoniste Ernst la mé-
daille d’honneur, en or, pour les beaux-arts et les sciences.
— On écrit de Hanovre. 26 décembre :
On vient, dit-on, de découvrir et d’arrêter, en partie, une bande de
faux monnayeurs qui se livrait sur les frontièresàla fabrication de faux
thalers de Prusse.
— On écrit de Stockholm, 20 décembre :
Tous les officiers du vaisseau de ligne russe Ingermanland, qui a
échoué sur les côtes de la Norwége, ont été cassés ou dégradés , à l’ex-
ception du chef qui a été acquitté, parce qu’il a été prouvé que.au
moment de la catastrophe, il a été jeté à la mer par la chule d’une ver-
gue.
— On écrit de Vienne. 24 décembre :
Une ordonnance impériale d’avant-hier donne à la société du chemin
de fer lombardo-vénilien l’assurance que si ses moyens ne lui permet-
tent pas d’en achever la construction, le gouvernement s’en chargera
pour son propre compte. Si une fois le chemin est entièrement achevé
depuis Venise jusqu’à „Milan, la sociétéaura durant deux années le droit
dele céder à l'Etat qui lui paiera en rentes 4 0|o l’intégralité du capital
des actions. Celte résolution a électrisé notre bourse, et les actions du
chemin de fer de Milan ont immédiatement monté de 88 à 91 1| >.
— La fabrique de sucre située à Stoekach dont nous annoncions hier
l’incendie, était assurée à quatre compagnies différentes pour 183,000
florins, dont 75.000 à la compagnie française du Phénix.
— ose terreur panique. — On écrit de Galvvay (Irlande), le 25 décem-
bre :
ii Ce matin, il y avait un grand nombre de fidèles à la messe dans l’é-
glise paroissiale; la galerie était surtout encombrée de monde : un cra-
quement se fuit entendre; on crie aussitôt que la galerie cède au poids
de la foule, et que tout est perdu. Aussitôt la panique s’empare de la
multitude, on se précipite vers les portes. Les conséquences de ce te
panique sont effroyables. Déjà l’on comptait 30 personnes étouffées ou
écrasées. Une autre version estime à 25 le nombre des morts foulés aux
pieds parla raultitudeépouvanlée qui cherchait les issues.
On pensait qu'il y aurait bien 10 ou 15 victimes de plus. Il y a beau-
coup de blessés. La galerie est solidement bâtie, elle pouvait supporter
un poids quatre fois plusconsidérable. 11 y avait4 à5,000 personnes dans
l’église au moment où l’on a commencé à crier que la galerie craquait,
et la messe n’élait pas encore commencée. Le sieur Gray, qui a donné
des soins aux blessés, a constaté 98 décès. 11 pense que le nombre est
bien plus considérable, beaucoup de familles ayant transporté leurs
blessés dans leurs maisons. La ville est plongée dans la consternation. »
— Ui« débiteer récalcitrant. — On écrit de Jassy (Valachie), 8 dé-
cembre :
Un noble, propriétaire foncier, avait des dettes; ses créanciers se
plaignirent au gouvernement, qui l’invita à les satisfaire. 11 répondit,
ce qui n’est malheureusement que trop vrai, qu’il était d’usage de ne
pas contraindre les nobles à payer, qu’il y avait des dettes bien plus
anciennes que les siennes, et qu’on laissait même impunis des crimes
commis par des gens comme il faut (enlr’autres l’assassinat d’un
changeur qui était porteur de 2000ducats), qu’il ne se croyait donc pas
obligé, tant qu’il en serait ainsi, de eommeneerune réforme et de payer
ses dettes. Le gouvernement ne goûta pas ces raisons et donna l’ordre
à l’ispragnik de district dans lequel est située la terre de ce noble, de
l’arrêter et de le réléguer dans un cloître pour un temps indéterminé.
Le noble se barricada dans sa terre et résista à l'ispravnik qui était venu
avec 400 hommes pour mettre à exécution l’ordre qu’il avait reçu et
qui fut contraint de s’en retourner sans avoir pu y parvenir. Jusqu’à
ce jour, les choses en sont restées là, ce qui témoigne de la grande fai-
blesse du gouvernement.
Hier soir, à l’occasion delà nouvelle année, les salons du gouverneur
n’ont pas désempli depuis huit jusqu’à dix heures. On y trouvait l’amé-
nité qui distingue les personnages faisant l’objet de cette visite, et la
plus franche cordialité régnait entre tous les visitants.
On écrit de Bruxelles, le 20 décembre, au Correspondant de Nurem-
berg :
Les feuilles allemandes se sont laissé tromper parles clameurs du Han-
delsblad d'Amsterdam en rapportant que : tandis que la presse belge se
montrait généralement favorable au traité final avec la Hollande, les
feuilles hollandaises, au contraire, se montraient de plus en plus oppo-
sées à ce traité. En effet, le journalisme n’avait pas fourni depuis long-
temps d'exemple d’une comédie semblable à celle que jouent en ce mo-
ment, à l’égard de la Belgique, les feuilles hollandaises, et particulière-
ment le Handelshlad. En Hollande, non-seulement on est content du
traité, mais on n’a pas de désir plus ardent que de voir les chambres
belges le ratifier le plus tôt possible.
La diplomatie hollandaise a fait preuve dans cette affaire de bien plus
d’habileté et de connaissance que la diplomatie belge qui n’était étayée
ni par l’expérience ni parla capacité quecelle-làpossèdecomme un bien
héréditaire. On sait bien à La Haye que rien ne serait plus propreà ren-
dre douteuse la ratification des Chambres belges, que de pousser pré-
maturément des cris de triomphe. Le Handelsblad — l’organe du gou-
vernement!— a donc reçu la mission de faire de l'opposition contre le
traité conclu par ses propres patrons. Mais on n’a pas tardé ici à décou-
vrir cette ruse de guerre, et le traité, bien éloigné de voir sa ratifica-
tion prochaine comme le désire le ministère, aura un rude assaut à
soutenir, non-seulement à la Chambre des Représentants, mais aussi
dans le sein du Sénat.
A5 Juins «Se .B. EySiessai.
Nous sommes un peu en retard pour rendre compte d’un album ly-
rique que vient de publier M.Eykens. mais nous tenions à juger chacun
des morceaux qui s’y trouvent renfermés et dont aucun ne se ressem-
ble. Le résultat de notre appréciation est on en saurait plus favorable à
l’auleur, et nous autorise à engager les amateurs à ne pas laisser échap-
per l’occasion de faire connaissance avec les nouvelles productions de
l’artiste anversois.
TW*»tr«» SSoyaï.
L’année théâtrale se complique par toutes sortes de fâcheux incidents:
hier soir encore, le spectacle a été interrompu après la première pièce.
Voici le fait :
La position de plusieurs des artistes vis-à-vis de M. Froncis-Cornu,
leur directeur, commence à devenir insoutenable. En effet, M. Franeis-
Cornu ne faisant pas honneur aux engagements qu’il a contractés en-
vers eux. c’est-à-dire que ces artistes sont loin d’être régulièrement
payés, il devenait difficile pour ces messieurs et ces dames de faire hon-
neur, à leur tour.aux obligations que nécessitaient et leur séjour parmi
nous et leurdevoir d’artiste qui les impose à de grands frais de costu-
mes. Aussi ces messieurs ont cru devoir en arriver à d’au tres moyens pour
ni* pas compromettre leur réputation d’honnêtes gens vis-à-vis de la
ville d’Anvers. Ils n’onl donc pas reculé devant cette double proposition:
l’une de résilier leur engagement, l’autre du refus de jouer jusqu’à ce
que complète satisfaction leur soit, donnée par l’administration.
M. Francis-Cornu ayant repoussé cette ouverture, les artistes de l'o-
péra se sont rend us dans l’après-midi de samedi dernier chez M. le bour-
gmestre pour lui exposer leurs griefs, en lui notifiant en même temps
qu’ils se refusaientà paraître le lendemain dans Lucrèce Borgia Pareille
notification a été faite à M. Francis-Cornu.
Cependant ce dernier n’a pas tenu compte de l’avis et laissant le pu-
blic dans l’ignorance de ce qui devait se passer dans la soirée du di-
manche. il a laissé subsister l’annonce du spectacle qui se composait de
la première représentation du Voyage à Pontoise, jolie comédie de M.
Gustave Vaëz, et de l’opéra de Lucrèce Borgia.
Donc, le spectacle a commencé hier soir et l’on a joué l’œuvre de no-
tre compatriote qui a été fortement applaudie Après cela, le régisseur
est venu annoncer qu’il était impossible de continuer la soirée, parce
que MM. et Mesd. tels et tels ne s’étaient pas rendus à leurs devoirs.
D’énergiques interpellations sont parties de tous les coins de la salle, et
ont mis l’administration en demeuredes’expliquer sursa conduiteen-
vers le public,puisqu'elle avait été informée dès la veille de la résolution
desartistesde l’opéra et que nonobstant cettecirconstanceelleavait in-
duit le public en erreur en ne lui indiquant pas plutôt les changements
survenus. L’administration qui n’est jamais très explicite, a balbutiéquel-
quesparoles vagues, etla toile ayant été baissée.on a eu le bon esprit
de rendre l’argentà la porte, ce qui a un peu tranquillisé la plupart des
spectateurs qui avaient assisté de cette manière à une représentation
gratuite du Forage à Pontoise.
Maintenant l'es artistes de l’opéra ont-ils bien ou mal agi en refusant
leur concours à l’administrationi’Quoiqu’ils aient procédé illégalement,
nous n’hésitons pas à déclarer que nous approuvons leur conduite,
par la raison fort simple que nulle puissance au monde ne saurait
vous contraindre à prodiguer vos travaux sans espoir d’une rémunéra-
tion quelconque. Les artistes se trouvaient dans une position trop déli-
cate pour ne pas chercher par tous les moyens à se dégager d’un embar-
ras pareil.Ils en ont voulu sortir d’une manière violente,et le public qui
est assez au courant de leur situation vis-à-vis de M. F’rancis-Cornu, ne
saurait avoir un mol de blâtne pour la résolution qu’ils ont embrassée.
Comme cette affaire aura naturellement des suites, nous tiendrons
nos lecteurs an courant de tout ce qui se passera. En attendant, nous
dirons qu’il fût à désirer que M. Francis-Cornu apprît une fois pour tou-
tes, ce qu’il en coûte de vouloir endoctriner à la fois et ses artistes et
le public dont il relève. H. de B.
Slocliholin. — Fers, hais et eommeree en «énéral.
D’après des renseignements transmis à la date du 11 octobre dernier,
on s’accordait généralement à regarder les résultats de la campagne
1842 comme peu avantageux. Les fers, cette branche si importante du
commerce de la Suède avec l’étranger, n’ont pas été aussi demandés
que les années précédentes. II en est sorti de l’entrepôt de Stockholm
environ 30.000 skeppunds (environ 4 millions de kilogrammes) de moins
qu’en 1841; et. d’après des calculs exagérés peut-être, on estime que
l’exportation de cet article par les divers ports de la Suède, en 1842,
sera inférieure de 13,600,000 kilogrammes à celle de 1841. Les prix n’ont
pas été non plus aussi favorables pour les producteurs qu’on l’avait es-
péré; ils n’ont pas dépassé 27 francs 62 centimes par 100 kilogrammes,
rendus à bord du navire, dans le port de Stockholm.
L’exportation des planches et autres bois de construction s’est res-
sentie de la pénurie dans laquelle se sont trouvés les chantiers et. entre-
pôts pendant la plus grande partie de l’été. Les ports du golfe de Both-
nie, qui étaient eux-mêmes sans approvisionnements à la suite d’un hi-
ver trop doux qui n’avait pas permis d’effectuer les transports par la
voie du traînage, n’ont remédié à cette disette que dans une faible pro-
portion.
Le fait le plus caractéristique des transations commerciales de cetle
année a été l’exportation considérable du numéraire. On assigne plu-
sieurs causes à cette exportation extraordinaire d'argent suédois.Eu pre-
mière ligne, il faut placer la mesure parlaquelle le gouvernement russe
a interdit, sous de peines sévères, la circulation en Finlande du papier
suédois.On porte à plus de 3 millions de francs la valeur du papier ren-
tré à la banque par suite de cette mesure.
Vient ensuite la spéculation sur les produits étrangers, sur les den-
rées coloniales principalement, qui a provoqué une importation qu’on
croit de beaucoup supérieure aux besoins connus du pays. Le gouver-
nement suédois, pour encourager les raffineries, accorde depuis long-
temps une prime à l’exportation des sucres raffinés. Cette prime permet
de réaliser de beaux bénéfices; aussi le raffinage esl-il dans une voie de
prospérité qui a ouvert un large champ à la spéculation. Elle s’est exer-
cée en effet sur une assez grande échelle pour que les gens prudents,
ceux qui ont une intelligence plus sûre des affaires, aient lieu d’appré-
hender, à la suite de ces transactions une crise assez sérieuse.
Une antre cause de l’accroissement de sortie du numéraire de Suède
esl l’espèce de perturbation survenue dans les transactions commer-
ciales de ce pays, par suite de l’incendie de Hambourg.Cette importante
place est depuis long-temps l’intermédiaire obligé des relations d’af-
faires entre la Péninsule Scandinave et les pays étrangers; c’est à Ham-
bourg que les négociants suédois demandent et trouvent le plus facile-
ment crédit.
Stockholm s’est donc ressentie dece désastre, mais surtout Gothem-
bourgoù la gène du commerce a été assez sérieuse pour déterminer le
gouvernement à y porter quelque remède, dans la crainte de voir le
mais’aggraver d’une manière fâcheuse.
Une ordonnance royale du7avril 1841 a imposé aux villes dites d’étape
(Stockholm exceptée), commeeondition des privilégesqui leursontcon-
cédés. l’obligation d’importer annuellement, sous pavillon suédois et
par navires appartenantau commerce dechacunede ces villes, unecer-
taine quantité de sel montant à 64.256 2i5tunnor(110.155 hectolitres) en
minimum pour toutes ensemble. Le rapport adressé dernièrement an
roi et publié par la Gazette o/ftcielle fait connaître les résultats produits
par cette mesure pendant la première année de sa mise à excution. I[
appert de ce rapport que, du D mai 1842, il a été importé par les villes
dites d'étape une quantité de 157,191 tunnor de sel, c’est-à-dire 72,954
tunnor de plus que le minimum fixé, el que les six villes d’étape aux-
quelles a été imposée l’obligation de tenir une certaine quantité de sel
en entrepôt ont rempli cette obligation.
Kotiee Sisi* SisrSuasio.
Zurbano, autrement nommé Varia, estnédansun village delaRioja.
Son pèretenait une auberge d’où il sortait de temps en temps pourar-
rêter les voyageurs. Son fils aîné,Martin Zurbano. le favori d'Espartero,
exerça un moment la même profession; mais ii l’abandonna bientôt
pour embrasser la profession plus lucrativede contrebandierjil la conti-
nua pendant plusieurs années,faisant en outre.quand l’occasion se pré-
senlait.des excursions sur les routes royales.En l’année 1850,ayant atta-
qué et forcé.en compagnie de quelques mauvais sujets du pays, la mai-
son d’un curé qui passait pour riche, il s’y appropria une somme de
douze mille piastres.Mais la justice étant intervenue, Zurbano fut con-
damné.par sentence de la cour royale de Valladolid.à la peine de mort.
Il avait été assez heureux pour se dérober aux poursuites de la juslice.
Il se réfugia en Portugal. Il y était enrore lorsque la division comman-
dée par le général Rodil entra dans ce royaume pouren taire sortir don
Carlos.
Zurbano trouva à ce qu’il paraît,l’occasion derendre quelque service
aux troupes de la reine, ce qui lui valut, lorsque le général rentra en
Espagne, d’être recommandé par lui à la clémence royale, et quelque
temps après le gouverneur civil de Logrono,don Pio PitaPizarro, lui fit
obtenir sa grâce. Zurbano s’étant placé bientôt après à la tête d’une
troupe de partisans, se mit à la disposition des généraux de l’armée du
Nord.et en toutes circonstances il nesignala pas sa cruauté etses excès
mais il n’avait été revêtu d’aucun grade militaire, jusqu'au moment où
Esparlero eût résolu de s’en faire un instrument pour ses desseins ul-
térieurs. Zurbano avait pris part ouvertement aux scènes sanglantes
dans lesquelles le général Mendivil périt en 1858. à Victoria. Mais au
moment où la justice commençait à informer contre lui, l’intervention
d’Espartero arrêta les poursuites,et Zurbano continua à obtenir la con-
fiance du général en chef. Depuis lors il n’a cessé de témoigner sa re-
connaissance au régent; l’on sait les preuves qu’il en a données, d’a-
bord dans les affaires de Bilbao, au mois d’octobre 1840, et dans les der-
niers événements de Barcelone. |