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1.VTERS , Vendredi 5 JAV IER
(Troisième Aiië)
ON S’ABONNE
A Anvers, au bureau du
Précurseur, rue des l-'agots,
n. 1093, où se trouve une
{jolte aux lettres et où doi-
vent •’adresser tousîesavis.
•JSu Belgique et âl'etran-
ger, chez tous les directeurs
des postes.
Pour toute la Hollande
eb« 2 'J h. Lejeune Libraire
Editeur à laHaye.
A Paris , à Poffice-Cor-
ce-pondance de Lepelletici-
Bourgoin etcompag*, rue
Notre-Dame des Victoires,
N, id, ou on reçoit aussi les
annonces.
FAIX.
3OTJIBSMJEI
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
AfcONWlSWŒKT.
Par aît . . . UOtiv
» ”6 mois . . 30
» 3 » 15^
POUR LA BELGIQUE-
Par 3 mois . • 18
pour l’étranger.
Par 3 mpis . 20 fr.
AWMO^TCjSS.X
25 centimes la ligne.
LÀ quatrième page cor.» ,
•«crée aux annonces , ea
affichée èla bourse d’Anvt-f
et à la bourse des prinrt -
paie? ville» de comnicf» /
AVIS.
L’irrégularité que le service des postes met, dans cette saison , à
nous faire parvenir notre correspondance et nos journaux français,
ne nous permettant pas actuellement d’atteindre le but que nous nous
sommes proposé, en publiant une édition du matin , nous croyons
devoir suspendre la publication de cette édition, sauf à la reprendre
lorsque le service des postes sera fait d’une manière plus régulière.
Dans tous les cas, lorsque le courrier de Paris arrivera le soir à
Anvers, et qu’il y aura des nouvelles intéressantes, nous aurons le
soin de publier un supplément qui sera distribué le lendemain ma-
tin à tous nos abonnés.
Les personnes qui recevaient l’édition du matin recevront doré-
navant l’édition du soir.
5 Janvier.
DES FABRIQUES DE SUCRE DE BETTERAVE
K A BELGIQUE.
BE BEDE ÏMS’IiUENCE ET 2ÎE tSOB AVESIB,
(3mo ARTICLE )
Il nous reste à démontrer que la fabrication du sucre de betterave
u’a pas d’avenir en Belgique; ce u’est pas une tâche bien difficile.
En effet, quelque riche que soit la Belgique, quelque abondante
qu’y soit la consommation des produits de toute espèce, il y a un
point que ne saurait dépasser aucune industrie dès l’instant qu elle
n’a d’autre débouché que le marché intérieur , c’est la limite de ce
même marché. Or, le marché intérieur esl un cercle si étroit qu’il
ne peut alimenter unegrande industrie. Que l’on examine individuel-
lement toutes les branches de l’industrie belge, on n’en trouvera pas
une seule peut-être, parmi celles qui ont de l’importance, capable de
prospérer, si elle était réduite à mesurer ses travaux sur la consom-
mation intérieure. L’industrie linière, l’industrie contonnière, l’in-
dustrie métallurgique, celle des mines, la fabrication destoiles,des
draps, des armes, des verres de tout genre, en un mot, tout ce
qui constitue la richesse industrielle de la Belgique, n’a d’éléments
et de résultats prospères, qu’autant que les marchés étrangers faci-
litent l’écoulement des produits: parmi les branches d’industrie à
qui cette ressource manque, nous défierons que i’on en citât une seule
qui eût un grande importance.
Eh bien, la fabrication du sucre de betterave, non seulement ne
peut prétendre à rivaliser avec la Hollande et l’Angleterre sur les
marchés,étrangers, mais elle ne peut même aspirer, quelque bon-
nes conditions qui lui soient faites, à l’absolue domination du mar-
ché intérieur. La fraude hollandaise alimentera toujours une partie
plus ou moins grande du pays; il y aura d’un autre côté toujours
en Belgique deux classes qui répudieront le sucre indigène, l’une
parce qu’il est dans ses habitudes , de rechercher en toute chose,
quelqu’en soit le prix , les qualités supérieures ; l’autre, parce que
condamnée et accoutumée à faire usage des qualités inférieures, elle
ne rencontrera pas dans le sucre indigène ce qu’elle trouvait dans le
sucre exotique. L’expérience a été faite à cet égard, et partout la
répugnance a été la même. Les fabriques de sucre de betterave ne
peuvent d’ailleurs s’abstenir elles-mêmes d’employer le sucre des
colonies, pour le mélanger avec le leur et rendre ainsi moins répul-
sive la consommation de quelques uns de leurs produits.
Ainsi, quand bien même la fabrication du sucre de betterave au-
rait l’absolue domination du marché intérieur , elle ne constituerait
pas, pour cela, une grande industrie, parce que les bornes de ce
marché sont trop étroites, et que d’ailleurs il n’y a de grande indus-
trie que celle qui peut travailler, de manière à ce que 1 excédant de
ses produits, déduction faite de la consommation locale, fournisse
une matière échangeable contre les produits des climats étrangers.
A plus forte raison en est-il ainsi, à plus forte raison cette industrie
EiIBKSLTÈ.
PROGRÈS.
FEUILLETON.
LE BIVOUAC ET LES MARAUDEURS.
(suite et fin.)
Chaque capitaine avait un homme comme Dieu-donné ; chacun de ces lu-
rons était le chef de trois ou quatre autres qui marchaient avec lui. Pour
exercer ce genre d’industrie, il fallait être infatigable, car après avoir marché
tout un jour avec le régiment, les maraudeurs couraient toute la nuit ; arri-
vant le matin au camp, ils en repartaient avec nous, et ne se reposaient pres-
que jamais.
— Mon lieutenant, me disait un de ces gaillards-là, j'ai du vin fameux, du
vin en caisse ; j’en ai mis quelques bouteilles de côté pour les officiers de la
compagnie. Nous l’avous goûté, je vous assure qu’on ne peut rien boire de
meilleur ; pour tout dire enfin, vous saurez que c'est du vin de Posa-Piano,
le mauraudeur avait pris l'étiquette de l’emballage pour le nom du pays qui
produisait ce vin. Autant que je puis m’en souvenir, le Posa-Pianu fut trouvé
délicieux par un jury dégustateur.
Quelques jours avant la bataille de Friedland, nous étions à peu près
50,000 hommes réunis dans la plaine de Guttstadt. Chacun avait fait ses pré-
paratifs pour passer la nuit le moins mal possible, lorsque des coups de fusil
partent d’un petit bois voisin ; des cris aux armes! se font entendre, on se
croit attaqué par l’ennemi. Sur-le-champ, les marmites sont renversées ; la
viande, qui cuisait depuis deux heures, est liée sur les sacs, les régiments se
forment en bataille ; dans un instant, chacun est à son poste.
On s’attendait à voir déboucher quelque colonne russe: bah I los Russes
avaient bieu autre chose à faire : ils dînaient, et nous venions de nous ôter la
possibilité d'en faire autant. Un énorme taureau, qu’on venait de manquer à
la boucherie, causait ce remue-ménage ; furieux, il renversait tout ce qu’il
rencontrait sur sa route; il culbutait des pelotons entiers qui voulaient l’ar-
rêter la baïonnette croisée ; à la fin cependant, il tomba percé de coups. Les
soldats recommencèrent à faire leur soupe ; mais leur viande, déjà presque
cuite, avait perdu la moitié de son jus , et ne donna plus qu’un bouillon fort
léger sans osmazône. Long-temps après, lorsque leur soupe était mauvaise,
nous avons entendu les soldats répéter qu’eile ressemblait à celle du taureau
de Guttstadt.
Ceci se passait près du champ de bataille d’Eylau que nous traversâmes le
lendemain ; chacun reconnaissait la position qu’il avait occupée quatre mois
auparavant, et celle de l’ennemi. Semblables aux Troycnsaprès la retraite des
Grecs, nos soldats se plaisaient à parcourir les lieux témoins de leurs hauts
faits et de leurs dangers.
est-elle sans avenir en Belgique, lorsqu’elle ne peut même prétendre
à occuper le marché intérieur, lorsque c’est être libéral envers elle
que de lui accorder les deux tiers de ce marché.
Nous savons que l’on nous dira : — Vous prétendez que la fabri-
cation du sucre de betterave n’a pas d’avenir en Belgique, quelle ne
prendra jamais raug parmi les industries capitales; mais voyez ce
qui se passe. La création de la première fabrique de sucre indigène,
en Belgique ne date pas encore de deux années, et déjà cinquante fa-
briques sont établies ou en construction, et chaque jour amène l’éta-
blissement de nouvelles fabriques. D’ici à quelques années, on en
"comptera cent, deux cent peut-être : et vous dites que ce n’est pas là
une grande industrie, que c’est une industrie sans avenir. — Oui sans
doute, tout cela, et plus encore peut arriver, parce qu’il n’y a pas de
bornes à l’engouement et à la folie des hommes. 11 peut se faire que la
fabrication du sucre de betterave acquière un développement tel quelle
produise deux fois piusque lesbesoinsdelaconsommationnelexigent.
Mais qu'en résultera-t-il?ia ruine même de ces fabriques,parce qu’il n’y
a pas une industrie qui puisse, pour laproduction, dépasser impuné-
mentles limites du cercle de consommation qui lui est tracé. Comme,
en Belgique, la production du sucre indigène n'a pour elle qu’un cer-
cle de consommation très étroit, et que ce cercle ne peut être étendu,
puisque l’exportation est impossible, il en résulte que plus il s’élè-
vera de fabriques de sucre de betterave, plus la ruine sera rapide,
plus elle sera profonde. Quelques établissements pourraient exister,
en se multipliant, ils devront s’entretuer. H en a été ainsi dans le
département du Nord et dans celui du Pas de Calais. Là cependant
les fabriques avaient pour elles le vaste marché de France. Que se-
rait-ce donc en Belgique? nous le demandons aux hommes qui ré-
fléchissent et qui sont de bonne foi. une industrie placée dans de pa-
reilles conditions a-t-elle de l’ayenir ?
Et c’est à une industrie sans avenir, à une industrie contraire
aux intérêts généraux de l’agriculture, aux intérêts du commerce,
aux intérêts de l’industrie , aux intérêts du trésor, aux intérêts des
consommateurs , en un mol à tous les grands intérêts du pays, que
l’égoisme de quelques hommes, l’ignorance et l’opiniâtreté de quel-
ques autres auraient voulu sacrifier une industrie qui sert précisé-
ment tous ces grands intérêts. Après de longs débats et une lumi-
neuse discussion, la chambre a heureusement entrevu la faute dans
laquelle on s’efforcait de l’entraîner. Elle a fait justice des miséra-
bles prétentions que l’on élevait. Maintenant que la chambre et le
gouvernement paraissent avoir bien compris toute la portée de cette
question, nous ne craignons pas de i* dire : si l’on veut éviter des
ruines, et les embarras qui eu résulteraient pour le pays, il im-
porte de soumettre le plus tôt possible à un impôt, la fabrication d u
sucre de betterave , ne fut-ce que pour arrêter le développement
extravaguant d’une industrie sans avenir, sans utilité, et contraire
d’ailleurs aux intérêts généraux de la Belgique.
RUSSIE.—St.-Petersbourg, 20 décembre.
Les nouvelles de la Circassie ne sont pas favorables; les tribus mon-
tagnardes inquiètent continuellement nos postes ; le 20 décembre une
action meurtrière a eu lieu près de Derbent; nos troupes , à ce qu’on
assure, après avoir donné des preuves éclatantes de bravoure, ont été
forcées de se retirer.
Le lieutenant-général Golovine, directeur des cultes et de l’instruc-
tion publique du royaume de Pologne, a été nommé général en chef
de l’armée du Caucase et gouverneur de la Géorgie et de l’Arménie.
Le colonel Kotzebue a été nommé chef de l’état-major de l’armée, et le
colonel Mend quartier-maître de la même année. Ces mutations inat-
tendues sont l’objet de bien des commentaires; il y a des personnes
qui annoncent comme chose positive que notre armée a essuyé un
échec complet, et qu’on attribue cette faute à l'ancien chef d’état-ma-
jor , le général Hoven , qui aurait éparpillé les colonries de manière
que les Caucasiens pouvaient les attaquer séparément les unes apre»
les autres.
Hic Dolopum manu s ; hic sœvus tendehal A chilles :
Classilius hic locus:hic acie ccrlare soldant.
Ce qui signifie en français : Ici sc trouvaient les colonnes russes; là nous
avons vu Napoléon ; ici nous fîmes une charge à la baïonnette ; là nous fûmes
frottés delà bonne manière. Pour cette fameuse bataille, des Te Deum fu-
rent chantés à Paris et à Saint-Pétersbourg. Le bon Dieu dut bien être éton-
né de s’entendre remercier des deux côtés ; ce n’était vraiment pas la peine.
Pantagruel entendait les cris des combattants et des blessés sur un champ
de bataille où l’on ne voyait personne, et comme déraison, Pantagruel était
fort étonné. Panurge alors expliqua le mystère. Ces cris avaient été profères
pendant l’hiver, le grand froid les avait gelés en l’air; le soleil les fondant peu
à peu, rien n’était plus simple que d’entendre parler sans voir personne. Si
pareille chose avait eu lieu le jour de la bataille d’Eylau, si les coups de canon
avaient été geiés,quel beau tapage nous aurions entendu ce jour-là !
Nous étions au bivouac par une belle nuit ; je ne dormais pas : assis auprès
du feu, je fumais ma pipe à côté du soldat chargé de faire la soupe. En regar-
dant la marmite bouillir à grosses ondes, je remarquais de temps en temps
quelque choses de noir qui passait au-dessus et disparaissait aussitôt dans les
profondeurs de l’énorme pot au feu. Ce quelque chose piqua d'autant plus ma
curiosité que, se montrant à de courts intervalles, je pouvais croire qu’il se
trouvait en double ou triple expédition. Je tire bravement mon épée, et me
voilà guettant le point au passage; après l’avoir manqué plusieurs fois, je l’at-
trape enfin : c’était une souris, deux souris, trois souris, quatre souris. Je ré-
veille notre cuisinier.
— Eh bien '.camarade, il paraît qu’aujourd’hui ta soupe est singulièrement
assaisonnée !
— Comme tous les jours, mon lieutenant : pommes de terre et choux, je ne
sors pas de là.
— Et le tout cuit dans une décoction de souris. Tiens, regarde les beaux
légumes que j'ai péchés dans la marmite.
— Pas possible, mon lieutenant
— C’est tellement possibleque c’est vrai. Où diable as-tu pris ton eau?
— Dans une cuve au village voisin.
— Tu n’as donc pas vu ce qu’elle contenait ?
— Il faisait nuit ; j’ai senti que c’était de l’ean , j’en ai pris pour faire ma
soupe. Aussi qui pourrait imaginer que, dans une cuve chez un paysan, on va
trouver un escadron de souris ?
— Tu pouvais empoisonner toute la compagnie, car si la cave est en cai-
vrc....
— Elle est en bois, j’en suis sur, soyez tranquille.
— C’est égal, il faut jeter la soupe et tâcher d'en faire une autre.
— Impossible, mon lieutenant, je n’aurais pas le temps. Tous ces gaillards
AUTRICHE.— Vienne, 18 décembre.
Nons recevons te discours prononcé par le souverain pontife devant
les cardinaux assemblés, relativement à l’arrestation de l’archevêque
de Cologne. Ce discours a produit une sensation profonde parmi tou-
tes les classes de ta société, et l’on espère généralement que le roi de
Prusse, ce souverain si distingué par son esprit de justice, réparera
la faute commise par son ministre des cultes, et réintégrera l’arche-
vêque dans l’administration de son diocèse. Nos diplomates croient
qu’il serait impolitique d’irriter à ce point ie peuple si religieux des
provinces rhénanes et de la Westphalie, qui a donné à S. A. ie prince
royal tant de témoignages d’amour et de dévoùment : or, c’est ce qui
arriverait infailliblement site gouvernement prussien so permettait de
supprimer arbitrairement le concordat. On affligerait ainsi le cœur du
syint-père et l’on punirait la population catholique de la Prusse, qui
s’élève à S,007,000 âmes; en outre, on confirmerait l’opinion de ceux
qui pensent que le gouvernement a l’intention d’extirper par ta reli-
gion catholique.
HANOVRE. — Goettingue, 26 décembre.
Le roi vient d’adresser au magistrat de cette ville le rescrit suivant,
pour être porté à la connaissance de ta bourgeoisie : « Ernest-Auguste,
par la grâce de Dieu, roi de Hanovre, etc. It est à votre connaissance,
chers amis et féaux, qu’en dernier lieu, la conduite de plusieurs des
professeurs qui étaient membres de l’université de votre ville m’a mis
dans la nécissité de prendre contre eux des mesures sévères. Plus nous
avons été dans ie cas de déplorer cette nécessité, plus nous avons à
nous féliciter de la conduite qui a été tenue dans cette circonstance
par les bourgeois de Goettingue et des preuves de fidélité qu’ils nous
ont données, comme bons et loyaux sujets. Nous n’avions jamais douté
du dévoùment de la bourgeoisie de Gœttingue, et nous sommes éga-
lement convaincu que les rapports d’alfection et de confiance entre
nos sujets de cette ville et leur souverain n’ont pu être troublés un
moment, en 1851, que par l’effet de suggestions étrangères. C’est
pourquoi nous assurons à ladite bourgeoisie, que nous dirigerons tous
nos soins de manière à augmenter, autant qu’il sera en nous, le bien
et la prospérité de leur ville. En conséquence, nous nous empresserons
de remplacer les professeurs qui ont été exclus, de manière à ce que
la célébrité si bien méritée de l’université de Georges-Auguste soit
justement et généralement reconnue dans l’avenir. Nous vous autori-
sons à donner connaissance du présent àvo3 concitoyens.
Hanovre, le 22 décembre.
«Signé: Ernest-Aügijste. — G. Vos Schebeb. »
Lisbonne , 24 décembre,
PORTUGAL.
Le parti radical se relève après les échecs qu’a éprouvé le ministre
des finances, il s’oppose à toute mesure qui lent à réconcilier l’amitié
de l’Angleterre. Les associations commerciales de Lisbonne et d’O-
porto ont été invitées par le gouvernement de rédiger et de lui sou-
mettre des plans pour l’établissement de ports commerciaux à Mosam-
bique, Angola, et d’autres possessions portugaises en Afrique.
Il paraît que les troupes royales ont remporté quelques avantages
sur Itomechido , au moins le lieutenant-colonel Batalha de la garde
nationale se vante de lui avoir enlevé un prisonnier et 15 fusils, ce
qui est regardé comme un exploit magnifique.
ESPAGNE.
Dépêches télégraphiques.
Bordeaux, SI décembre.
Oraa annonce d’Alcovieja, le 26, qu’un bataillon et trente chevaux de Ca-
brera, conduisant un convoi à Cantavieja, ont été attaqués et détruits près
d’Allaga par un escadron des troupes delà reine. Oraa a continué son mouve-
ment sur Calanda.
Le prétendant était le 27 à Llodio, où Guergué venait d'arriver après avoir
laissé dans la vallée de Mena, et en route poqr la Castille , l’expédilion, forte
d’environ 6,500 hommes, sous les ordres de Zavala, Moreno et le marquis de
Bobeda.
1« Janvier.
Le 28, la réunion do 12,000 christinos à Médina del Pornar, a fait rentrer
les 7,000 carlistes de Mérino dans la vallée de Mena.
Basilio Garcia se trouvait du côté de Mendavia.
qui ronflent près de nous vont se réveiller tout à l’heure : ils auront l’appétit
ouvert avant les yeux ; et si par malheur la soupe n’était pas prête, ils me don-
neraient encore mon décompte du trimestre . en m’appliquant cinquante
coups de savate où vous savez. Je vous en prie, mon lieutenant, les souris
sont ôtées, n'en dites rien à personne ; la soupe sera bonne tout de même, et
vous en serez quitte en déjeunant dans une autre compagnie.
— Et toi ?
— Moi j’en mangerai.
Il en mangea. Plus tard, il m’a dit que jamais il ce trouva la soupe aussi
bonne.
Or, voici comment cela s’est fait. Dans beaucoup de fermes, en Allemagne,
pour se débarrasser des souris , on se sert d’une cuve à moitié pleine d’eau.
Quelques petites planches sont placées au-dessus ; an y met du lard , de la
farine , un appât quelconque. Aussitôt que les souris marchent sur ce pont.
une bascule se met en mouvement, elles tombent et se noient. La bascule se
replace elle-même : toujours elle est prête à faire son office. C'est dans un
semblable réservoir que notre Vatel de bivouac avait puisé l’eau dont ii fai-
sait un si drôle de bouillon. Au reste, on De s'en aperçut pas ; il fut trouvé
délicieux.
Entre le camp dl le bivouac proprement dit, il existe encore quelque chose
qui u'est ni le bivouac ni le camp. Au bivouac on couche tout-à-fait à la belle
étoile ; au camp, on est dans dos baraques fort bien alignées ; mais dans ce
quelque chose tenant de l'un et de l’autre, onsc trouve sous de petits abrirents,
qui garantissent de la pluie
On ne les construit que dans les endroits où l’on croit rester quelques jours;
pour une seule nuit, on ne prend pas tant de peine. Un abrivent est tout bon-
nement un toit de paille sur trois murs de paille, la partie ouverte est la plus
haute, la partie fermée est du côté du vent. Chacun s’établit comme i! l’en-
tend, choisit le terrain qui lui plait, et l'ensemble présente un fort joli tableau..
Dans ces especes de baraques, on ne saurait s'y tenir debout, excepté tou-
tefois présde l’entrée. On y dort fort bien, mais le matin il faut faire sa toi-
lette en plein air, ce qui donne i’agrément de ne pas ouvrir les fenêtres. Que
de scènes variées un peintre habile pourrait croquer au passage! Mais toutes
ne seraient pas admises à l’exposition du Louvre.
Le jour de notre arrivée à Tiisit, on parla d'armistice de paix ; aussitôt les
abrivents furent construits assez solides pour résister huit jours aux intempé-
ries des saisons. J etais couché le soir à côté de Laborie, mon lieutenant lors-
que nous fûmes visités par Hémeré, sous-lieutenant de notre régiment. Je
commençais â m’endormir, son arrivée me réveilla ; mais au tour que prit !a
conversation, je jugeai eonvenablo de faire le dormeur. Voici ie dialogue
mot à mot, je ne l’oublierai jamais.
— Bonsoir, Laborie. |