EN DIVERS PAYS: par le souffle dévastateur de la bora. Rien de plus uniforme à la première apparence que laspect de ces roches qui, en certains en- droits, s'élèvent au-dessus du golfe de Trieste, comme une muraille perpendiculaire, et de là, par de longs embranchements, s'étendent sur la rive de l’Adriatique jusque dans le Monténégro. Mais elles présentent à leur surface de curieux accidents, et renferment dans leurs entrailles les plus intéressants phénomènes. À sa surface, leur robe grise est mouchetée, tachetée de dollinas. Les dollinas sont des espèces de terrains affaissés, qui par le fait de leurs déclinaisons plus ou moins marquées, se trouvant à l'abri, se couvrent de gazon ou d'arbustes au milieu d’une vaste stérilité. Il yen a de toutes sortes et de toutes dimensions : les unes se dessi- nant par une légère teinte d'émeraude, presque au niveau de leur cime calcaire; d’autres plus profondes et plus fertiles, celles-ci étroites, arrondies, brillant comme un œil ouvert dans son orbite sur le front pétrifié du Polyphème de la montagne, celles-là s'étendant au loin comme les tapis qu’on déroulerait pour un sultan sur le sable du désert. Il en est qui servent de pâturage à quelques agneaux; il en est d’autres près desquelles le paysan vient bâtir sa demeure, sachant qu'il trouvera là de quoi nourrir ses bœufs et ses chevaux. Celles-ci m'ont rappelé les herbages de l'Islande, seul produit agri- cole de la pauvre île, verdoyant au milieu de champs de laves, et réjouissant à chaque printemps les regards de toute une famille. Quelques-unes de ces dollinas sont tellement enfoncées dans le sol qu’on ne peut y descendre. Elles apparaissent comme des corbeilles de fleurs qui surgiraient des bases de la terre pour « tantaliser » l'œil et la main de l’homme. Les oiseaux seuls y descendent et y nichent à l'abri de tout réseau perfide et de tout enfant cruel. Quelques autres sont percées comme des puits artésiens, et en se penchant au bord de leur cercle, si l’on ne craint pas le vertige, on peut voir à des centaines de pieds de profondeur l’eau qui les a creusées. Car fous ces affaissements de terrain, toutes ces dollinas sont le résultat de l’action d’une eau souterraine qui nuit et jour travaille, bondit entre les barrières qui s'opposent à son passage, ronge Îles rocs, RU REA LE D RE An 5 LS