CHAPITRE XII. 207 du bon marché, condition indispensable du débit des boîtes de Spa, comme de loute chose en ces temps de chicherie trop générale. Malgré le caractère spécialement aléatoire des eaux de Spa, c'est à peine si l’on s'aperçoit en cette ville de l’exi- stence des jeux de hasard. C’est dire qu’ils n’y sont pas ef- frénés. Des familles anglaises y passent toute la belle saison jusqu'en octobre, c'est-à-dire jusqu'à la fermeture de la Redoute. D'autres y passent tout l'hiver. C’est alors l’époque des chasses; chasses de bois, chasses de marais; la geli- notte, le coq de bruyère, le faisan (dans quelques pares réservés), le chevreuil, le sanglier, le lièvre, la bécasse, abon- dent dans les bois et dans les bruyères qui circonviennent la ville. L’écrevisse, la truite, peuplent les ruisseaux. L'hiver est long à Spa; mais il y a, comme l’on voit, un charme sui generis et très-réel. [l y a Spa un club de vénerie permanent, et dont les plus fervents adeptes sont les gentlemen d'outre- Manche. M. Body, antiquaire, possède un cabinet fort curieux, qu'il ouvre volontiers aux étrangers. Spa abonde en jolies promenades, parmi lesquelles il faut citer celle qu'a fondée l’ex-roi des Français (la promenade d'Orléans), où l’on suit par mille détours, en s’enfonçant dans un vallon ombreux, un ruisseau où s’épanchent les eaux ferrugineuses de la Sauvénière. C’est près de cette fon- laine qu'est le fameux pied de Saint-Remacle, où il suffit — c’est bien connu — qu’une femme stérile pose le pied pour devenir immédiatement ce que devint Anne d'Autriche après Forges ou Catherine de Médicis au sortir de Bourbon-Lancy. | Mais il faut boire de l’eau pour cela et avoir la foi, sans quoi le spécifique n’agit pas.