CHAPITRE II. 2. Saint-Bavon,. cathédrale. — Tableau de l’'Agneau. Saint-Bavon, cathédrale de Gand, est une des plus belles et des plus somptueuses églises de la chrétienté. Elle est du style gothique austère à l’intérieur; mais son jubé et ses vingt- quatre chapelles en marbre blanc et noir, toutes remplies de toiles des plus grands maîtres, de sculptures et d’ornements du plus grand prix, sont d’une magnificence qui éblouit le regard et qui étonne la pensée. C’est là qu'est ce fameux Agnus Dei mystique et apocalyp- tique des deux frères Van Eyck, dont quelques volets seule- ment ont été vendus au roi de Prusse la somme énorme de 411 000 francs (les chanoines de Gand, fameux connais- seurs, s’en étaient défaits en 1816 pour 6 000 francs, croyant conclure un excellent marché). Ge célèbre Agneau, dont le prix est incalculable, est placé sur un trône autour duquel convergent processionnellement quatre légions de papes, d’évêques, de docteurs et de vierges saintes. Tous ces milliers de personnages sont du fini le plus précieux et le plus extraordinaire. On compte les fleurs et les brins d'herbe qui tapissent le sol sous leurs pas. Les fils de chaque vêtement se dessinent comme à la loupe, et tout cela sans sécheresse et d’un coloris merveilleux. Dans un coin du tableau, à droite, mélés à la foule, on voit les deux frères Van Eyck, bonnes, sérieuses et larges physionomies flaman- des. Hubert commença ce tableau il y a plus de quatre cents ans, et Jean y mit la dernière touche ; tous deux y inscrivi- rent leur modeste devise: Als ich kann —De mon mieux L'un des volets qui ont échappé aux chanoines représente le Christ dans toute sa gloire, et c’est la plus parfaite image du Sauveur qu'il m’ait été donné de voir et d’admirer jusqu'à ce jour. Saint-Bavon contient en outre une multitude de pages si- gnées des plus grands noms de l’école flamande. J'en renvoie 55 C