CHAPITRE IX. 169 muel Bernard. Un négociant, dont le nom mérite de passer à la postérité, — c'était le riche armateur Daens , — ayant eu honneur de prêter 2 000 000 de florins à Sa Majesté Im- périale , ne réclama pour courtage que la faveur d'offrir à di- ner à son auguste emprunteur. Charles-Quint accepta et vint s'asseoir à la table de Daens. Au dessert, celui-ci alluma à la flamme d’une bougie l'obligation impériale, en disant à son hôte : « Votre Majesté m’a payé aujourd'hui par la grâce qu’elle m'a faite! » Le traité de Munster ordonna la fermeture de l'Escaut (@ politique!) et ruina du coup le commerce d'Anvers. L’Es- caut se rouvrit en 1795, en vertu du traité de la Haye, et Anvers recouvra dès lors une partie de sa prospérité perdue. Napoléon y ajouta notablement en créant le port militaire d'Anvers, contre l’avis de Decrès et des Anversois eux=-mé- mes , qui redoutaient le blocus et le bombardement, consé- quences d’une guerre maritime où les aurait englobés cet agrandissement dangereux. Mais Napoléon, dans le SYS- tème duquel il entrait d’avoir des espèces de Dardanelles, en plaçant ses principaux ports d’armement moins sur la mer même que dans le lit et près de l'embouchure des grands fleuves, passa outre, et deux vastes ét magnifiques bassins revêtus de pierre de taille , et pouvant contenir à eux deux cent cinquante vaisseaux deligne, furent, avec une étonnante célérité, le résultat de la pensée impériale. Quant au port, il peut facilement recevoir 3000 navires. Rien de plus im- posant et de plus animé que la vue de ce port et de ces deux bassins. L’Escaut en aval de la ville est très-sûr : il a tou- jours, même à marée basse près d'Anvers, de 30 à 40 pieds de fond, et les vaisseaux de ligne peuvent à marée haute le remonter jusque bien au-dessus de la ville. Les docks où bassins d'Anvers, qui ont coûté plus de 20 000 000 à la France, sont aujourd’hui affectés à une des- unation purement commerciale. Le roi des Pays-Bas, en