: Pre mit--#-S x c is DR CR Et EE = dise Î | Î j { } Hal NAT | je sil 1! 1 14 \ 4 212 LA BELGIQUE. routes poudreuses et ensoleillées qui mènent à Florence et à Rome. Et, dans ce milieu enflammé, il s'initie aux magnificences de l'art du Midi. Les musculatures de Michel-Ange se gravent en traits de feu dans son cerveau. Les chaleurs mordorées qui enflamment les pénombres de Titien réverbèrent sur sa rétine leur suggestive magie. C'est une intuition rapide, émouvante, pleine de frissons ; mais telle est déjà sa puissance, qu'il résiste à tous les enchantements : les œuvres qu'il fait à cette époque ne sont que passagèrement empreintes de latinité. Mieux qu'une cuirasse, en effet, son instinct de Flamand le préserve des entailles qui pourraient être faites à son originalité : il pense en Flamand et il peint en Flamand. Comme les gens de sa race, il a un idéal de santé plantureuse, d'existence cossue, largement calée en terre, et il exprime la vie matérielle, sensualise les choses, étale la fleur d’une création à part, où tout est exubérance, désir de jouissance, absence complète de mortification. Alors que les Italiens raffinent la forme, épurent la ligne, serrent de près leurs contours, il enfle les silhouettes, il amplifie la matière, il fait trôner la chair détendue et grasse dans des agrandissements d'empyrée. Cependant la concordance avec le génie de sa race n'est qu'une des lois auxquelles se soumet cette personnalité étonnante : il appartient à son peuple; il appartient aussi à son époque. La trombe des inquisiteurs et des bourreaux de Philippe IT à peine disparue à l'horizon rouge de sang, les Pays-Bas s'étaient comptés, redressés, remis à la forge. La fraction la plus indépendante était devenue la hautaine république batave, avec son cortège de héros, de grands citoyens, de grands peintres, la patrie des Trump, des Barnevelt et des Rembrandt. La fraction catholique, elle, s'était soumise. Petit à petit, chez celle-ci, on vit alors refleurir les chambres de rhétorique, s'organiser les ommegangs, se reformer les kermesses ; et les maisons des bourgeois connurent des sompluosités inusitées. Une sorte de renaissance païenne marque cette période : le seizième siècle avait été mystique, rempli d'élans sacrés, presque théologique; et avec Albert ct Isabelle, c'est le vieil Olympe qui se chante dans les poésies, hyperbolise les lettres et même s'emploie contre les moines et les abbés, que la satire remet en cause, malgré les ordonnances. Dès lors l'énigme s’éclaireit : ce paganisme tardif, outré, latéral, en retard sur les autres nations, justifie les mixtures de mythologie et de légende catholique que le maitre a fondues dans son gigantesque creuset. Rubens, en effet, combine tout ensemble la Flandre foulée aux pieds, rentrée dans l'ordre, puis reconquise à la vie, aux fêtes, aux pompes des églises et des cours. IL est l'hécatombe et l'apothéose ; il résume dans ses rougeurs de charnier les tortures du peuple flamand couché sur le gril, comme un bétail immense, et, dans ses gaités de décor, les sensualités amoureuses d'un peuple épris de ducasses, de processions, de cortèges, oubliant dans des festins copieux les tombes à peine fermées. Rubens, pour achever ce portrait, a exprimé la religion des jésuites, tolérante, glissant sur les cas de conscience, fastueuse en ses mises en scène, officiant au milieu de l'or, des statues, des tableaux, dans le scintillement des chasubles orfévrées, des autels en marbre miroités d'ares-en-ciel, des vitraux diaprant les dalles d'une réfraction de prisme. De même que le cutle adouci de l'Espagne trouve dans Murillo un peintre d'oratoires galant, mystique et fleuri, le catholicisme flamand dégénéré du dix-septième siècle salue son peintre dans Rubens. Il répand le sang et en fait jaillir les roses. Ses martyrs conver- üssent à la vie au lieu d'incliner l'esprit à la mort; il y a chez lui un si surprenant mélange d'horreur et de volupté qu'on frissonne et quon désire ; et les affres de la mort, dans ses toiles, sont toujours proches des sourires de l'amour. Ses vastes compositions s'encadraient de colonnes et de volutes, se noyaient dans une fumée bleuâtre d'encens, dominaient la foule à genoux, caressants et terribles, jugements rc RÉ