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0lu S’ADONISE
A Anvers, aulrarean dti
précurseur, rue des Fagots,
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vent s'adresser touslesavis»
Ed Belgique et dV etran-
ger, cher tous le* directeurs
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Four toute la Hollande
chez Th. Lejeune Libraire
Editeur à laHaye.
A Paris , à l'office-Cnr-
re*pond«noe de Lepelletier-
Boargoin et eompag» , rue
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N. 18, ouon reçoit aussi les
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FAIX.
1MTEBS , Mardi 9 JfABTVHEft 1888.
LE PRECURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
ABOxr3rEifia?rT.
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La quatrième page ron*
saer^e au* annonces , e*
aflicbée Ma bourse d’Anver
et h la bouise des prinai
pales villes de commet*
IiIBBB.rÉ.
phosKSi.
tams
9 Jaisvier.
BULLETIN POLITIQUE.
Le projet d’adresse de la chambre des députes aîrais en’émoifcommc
nous l’avons prévu tous les organes de la presse française. Malgré les
soins apportés à la rendre insignifiante, tous s’accordent à*dire que'sur
trois ou quatre points elle à eu des velléités de fermeté, de courage
dont ou fait honneur à MM. Dupin , Etienne et Dnfaure. La part qui
revient à M. St-Marc Girardin dans ce travail, est bien malheureuse;
on lui attribue toutes les fautes de langage, tous les solécismes qui
fourmillent dans cette malencontreuse adresse. Au fond l’adresse est
plus libérale , plus ferme qu’on n'était en droit de l’attendre d’une
commission dont M. St-Marc Girardin était le rapporteur.
Examinons à ce sujet l’esprit de la presse française.
La Gamttf, ds France ne dit mot aujourd’hui ; elle attend que la
presse dé l'opposition ait sonné le boute-selle.
La Quotibiïxiîe ne peut décider si l’adresse est Centre gauche ou
doctrinaire ; à la vérité les trois points en discussion, l’intervention,
la conservation d’Alger et la conversion des rentes, sont abordés par
l’adresse, mais ils ne sont traités, suivant la Quotidienne, ni avec assez
de fermeté, ni avec franchise. La Quotidienne trouve que ie projet est
seulement un bon thème de discussion, une préparation à la lutte. Elle
ajoute :
« Cette lutte sera vive, elle doit l’être au moins.U y va de l’existence même
du centre gauche : ou le centre gauche triomphera, ou il disparaîtra, car un
parti ne saurail.vivre dans un état de vague et d’incertitude, »
Et plus loin :
« Les doctrinaires peuvent être patiens parce qu’ils ont pour eux la cama-
rilla. Le centre gauche ne doit pas l’être, car i! n’arrivera au pouvoir que par
la chambre. »
Ls Commerce parait très satisfait, de l’adresse, il y |voit : le desaveu
direct de la politique doctrinaire; le blâme incontestable de la politi-
que du cabinet dans la question espagnole; la certitude de l’établissc-
ineut définitif de la France dans l’Algérie ; en un mot le Commerce
voit dans l’adfesSe à peu près tous ce qu’il voulait y trouver, chose qui
nous étonne d’autant plus fortement que des journaux moins progres-
sifs sont loin de faire dé l’optimisme comme le Commerce et trou-
vent l'adresse fort peu claire, fort peu précise sur les questions dont
parie cette feuille.
LeCocrrie» rxAAÇAis trouve qu’à travers une phraséologie diffuse et
inutilement sonore, l’adresse contient plusieurs mots incisifs et déci-
sifs. Soit l’effet même de la rédaction, soit l’accent dont M. Dupin a
marqué certains passages, dit cette feuille, cette lecture a vivement
agité la chambre. Après cela, le Courrier trouve avec raison, que l’a-
dresse ne s’explique point sur la politique intérieure, mais pour la po-
litique extérieure, il en dit assez pour que le ministère se trouve placé
dans une position difficile ; aussi, dit le Courrier, M. ïlolé annonce
qu’il acceptera l’adresse, mais qu’il ne l'acceptera pas sans explication.
Nous verrons maintenant comment le rapporteur l’expliquera et si les
députes qui ont intérêt à éclairer la difficulté, permettront qu’elle soit
obscurcie par des commentaires purement ministériels.
Le CoNBiiTimoïmEL est dans la jubilation la plus complète. Tout lui j
va à souhait :
« Il n’y a rien, dit-il, à reprendre dans le projet, qui, par les vœux de con-
ciliation qu’il exprime, semble un souvenir de cetie adresse de 1854, (M.
Etienne, rédacteur du Constitutionnel en était l’auteur), si attaquée par les
doctrinaires et qui a été si fatale à leur politique, l’adresse de 1858 leur don-
nera le coup de grâce. »
Et plus loin :
« Si l’adresse est attaquée, ce pourra être par les doctrinaires qu’elle blesse
profondément. Que le ministère prenne garde à ses réponses et aux conces-
sions qu’il sera tenté de leur faire. 11 s'élèverait alors une de ces discussions
solennelles, un de ces combats par dessus sa tête, comme nous en avons vu
dans la dernière session. »
Ls Temps aussi est parfaitement content et celte joie ne laisse pas
que d’étonner dans la bouche d’un journal aussi bien en faveur auprès
du président du conseil. Le Temps trouve tout parfait et ne voit de
compromis par l’adresse que le parti doctrinaire ; on ne pouvait ajouter
un inot de plus sur l'Espagne, sans demander l’intervention armée;
sur la conversion, sans mettre au néant la question d’opportunité;
sur Alger,sans formuler tout un code colonial. Tout cela est bon, très
bon et sent la diplomatie d'une lieue loin.
Le National et ie Bon Ses*, ne trouvent dans l’adresse aucun des
sujets de joie que manifestent les journaux centre, centre gauche, et
FEUILLETON.
UN RÊVE.
11 était nuit, on était à la fin de l’automne : un vent froid, qui soufflait à tra-
vers le feuillage, annonçait assez l'approche de l’hiver ; et, dans mon impa-
tience de me retrouver au coin de ruon feu, je pressais l'allure de mon cour-
sier, quoique ce pauvre animal eût marché tout le jour et ne se fut reposé
qu’une seule fois.
J'avais cheminé juaqu’lct en rase campagne, lorsqu'un chemin rocailleux se
présenta â ma vue ; je le suivis, et ne tardai pas à me trouver à l’entrée d'un
bois sur la lisière duquel s'élevait une éminence que le soleil couchant dorait
de ses derniers rayons ; mes yeux se portèrent involontairement à son sommet,
et je découvris une haute potence à laquelle étaient suspendus, par une chaîne,
tes restes d'un criminel.
Je l’avoue sans détour, et peut-être 4 ma boute, je suis un peu supersti-
tieux ; puisse*t-ou, en faveur de cet aveu, m’accorder quelque indulgence i
Afin de dépasser cet endroit fstsi, avant que la nuit m'eût enveloppé de scs
ombres, je mis mon cheval eu galop.
La lune s’était levée, et son éclat pâle et mystérieux éciairait tristement
tna route ; il n’y avait guère qu'un quart d'heure que j'avais perdu de vue l'ob-
jet de mon effroi, lorsque '•entendis, i quelque distance, le brui d’un cheval
qui s’approchait au galop derrière moi ; ce fut aussi en ce moment que je cora-
tueaçai à me sentir pénétré d'un froid étrange et glacial. Je boutonnai mon
«abit sans me trouver soulagé ; je mis mon mouchoir autour de mon cou, et
dans l'espérance que l'exercice pourrait dissiper ce malaise nouveau, je piquai
““ d*“*- Mais vain espoir, j’étais toujours gelé, et quelle que fût la vitesse
avec laquelle ma monture rs’empisrtait. j’euiendsïs s>os cesse derrière moi le
me,!!B bruit qui avait frappé mon oreille. Je regardais de tous cotés sens dé-
couvrir personne: enfin, au détour 4 «ne allée, j’rperçue an cheval gris,
monté par un homme grand, maigre et sec. au lier pointu, à ta figure pâle et
mélancolique, et dont les paapii.es étaient si fougues, qu’il paraissait émlor-
"ii. Une jaquette blanche, un chiots;; orné d’une plume rouge et un juste-
«u-eorps noir, complétaient son accoutrement. Ce qui me surprit en lui fut
M chemise qui était ouverte par défaut, et eon cou tout su, qu aucune exa-
Jgte ne protégeait coutre ie froid.
gaucho. Us s’égaient beaucoup sur le compte de M. St.-Marc-Girandin
qui a fait de l’opposition contre les règles de la grammaire, ne pouvant
sans doute mieux faire.
Nous terminons la revue des journaux d’opposition par les passages
suivants du Siècle et du Messager et nous examinerons ensuite les
journaux doctrinaires ministériels.
Le Siècle s’attaque d’abord au style; il dit :
» Cette chambre qui o arme à proclamer qu’en témoignant de la force du
pouvoir par la clémence même, ce n’est point en vain que le roi a espéré voir
les passions s’apaiser, les ressentimens s’assoupir et les artisans de désordre
se sentir chaque jour plus isolés et plus détestés;» cette chambre qni dit, par
nous ne savons quelle hardiesse grammaticale : « Nous ne croyons pas qu’il
(le pays) nous désavoue en vous promettant notre loyal concours, » etc.; cette
chambre qui se confie « aux mesures que le gouvernement en exécutant fidè-
lement le traité de la quadruple alliance pour atteindre le but que les hautes
parties contractantes se sont proposé de pacifier la Péninsule et la sauver des
malheurs d’une contre-révolution ;» cette chambre, il faut en convenir, parle
bien le langage le plus étrange qu’on ait jamais entendu dans un pays civilisé.
Une assemblée politique n'est pas sans doute une académie ; mais quand
cette assemblée parie au nom de la F rance et qu'elle se vante d'en être l'élite,
peut-être devrait-elle s'attacher à respecter au moins les règles que ne violent
pas les écoliers. »
Après cet examen , le Siècle avoue que l'adresse s’exprime nette-
ment sur trois points : la question espagnole, celle d’Alger et celle qui
rappelle le pouvoir à son origine. Cette feuille termine ainsi ces ré-
flexions :
« La chambre, nous l’espérons bien, ne fera qu’ajouter à la signification de
cette adresse. Telle qu’elle est aujourd’hui, elle nous semble un détestable
morceau de style et un excellent texte de discussion. »
Le Messager. » L’on connaît enfin le travail de la commission chargée de
la rédaction du projet d’adresse ; il est ce qu’on savait à peu près d’avance ,
une répétition fidèle du discours de la couronne.
Cependant, malgré toute la souplesse et l’habilité de M. St-Marc Girardin,
mises en réquisition pour émousser les pointes, arrondir les angles, édulcorer
les vérités, en dépit de tous les ménagemens employés,on ne peut se dissimu-
ler que le paragraphe qui concerne l’Espagne est plus significatif que ne l’au-
rait désiré le ministère.
Jamais l’intérêt manifesté pour l’Espagne n'avait été aussi vif; le projet
d’adresse recommande expressément l'exécution fidèle du traité de la quadru-
ple alliance, et il n’y a pas moyen de se tromper Sur les intentions. 11 ne sera
pas possible de se renfermer dans l’exécution judaïque du traité « il faudra
en atteindre le but, pacifier la Péninsule et la sauver des malheurs d'une
contre-révolution. »
Viennent maintenant les journaux ministériels doctrinaires. Leur
mauvaise humeur indique mieux que ce qui précède combien l'adresse
est contraire à leurs vœux.
J,es Débats, sont dans une position difficile et l’article du jour s’en
ressent. Us ne veulent pas combat’re le projet d’adresse dù à la plume
de l’un des rédacteurs , mais ils ne peuvent pas le louer parce
qu’il est contraire à leurs désirs. Dans cette occurence les Débats ont
tourné la question ; ils louent le projet de n’avoir pas dit qu'on se sépa-
rait de la politique suivie jusqu’à ce jour ; mais ils se taisent complè-
tement sur la question d’Alger, la question espagnole, la conversion ,
enfin sur tout ce qui devait faire un sujet de Polémique. Les habiles
du parti prendront sans doute leur revanche demain ; on expliquera,
on interprétera, et l’on menacera la chambre, parce que c’est toujours
le moyen en réserve au moment d’une discussion ou d’un vote décisif.
Le joürxal de Paris, trouve naturellement l’adresse mauvaise, il
demande une discussion approfondie qui ne cause aucun doute sur les
questions effleurées par ce document.
La Presse jette feu et flamme; nous allons terminer notre revue par
le passage suivant emprunté à cette feuille :
Le projet d’adresse au roi, a montré dans tout son jour cette espèce d’esprit
de finasserie et d’amour des sous-entendus que les hommes qui se disent du
tiers-parti ont mis à la mode dans le langage officiel delà chambre. Ce pro-
jet d’adresse, qui affecte d’avoir sur deux ou trois points des idées hardies et
compromettantes, les énonce toutefois avec une telle retenue de paroles, qu’il
a fallu que M. Dupin donnât carrière à son goût pour la lecture accentuée et
pour la prononciation prosodique, afin d’en faire ressortir toutes les inten-
tions. 1! est évident que si l’on prenait une fois pour toutes le parti assez rai-
sonnable en lui-même d’être clair, net et précis, on épargnerait à M. Dupin
ses insinuations mimiques, aux journaux des commentaires inutiles, et à:la
chambre une incertitude dissolvante.
Les trois points dans lesquels se résume à peu près toute la portée de ce
projet d’adresse sont ceux où il parle de l’Espagne, d’Alger et de la conver-
sion des rentes.
Pour l’Espagne, le projet d’adresse ne dit rien au fond, malgré l’intention
évidente de dire beaucoup ; car si, d’un côté, ta chambre des députés se con-
fie aux mesures que prendra le gouvernement pour pacifier la Péninsule et
Nous chevauchâmes quelque temps l’un à côté de TautreJ. sans que cet
homme singulier se tournât pour me regarder. Quant à moi, je ne cessai de
l'examiner que lorsque mes yeux furent engourdis par le froid. J’étais même
obligé, de temps en temps, d’abandonner ma bride pour souffler dans mes
doigts transis ; mon cheval partageait mou malaise , car en le touchant, Je
sentis qu’il était gelé comme moi.
Cependant l’étranger ne s’apercevait pas de ce qui m’incommodait; son
manteau , de couleur rougeâtre , était suspendu en travers de l’arçon de sa
selle, et son habit voltigeait autour de lui, tandis que sa chemise, soulevée par
la bride, ondoyait comme une voile.
Ceci me parut fort étrange, et l’éiait en effet. Il y avait dans toute sa per-
sonne quelque chose d’inconcevable, de mystérieux, qu’on ne pourrait expri-
mer, encore moins définir, et qui inspirait une terreur secréte dont il était
impossible de se défendre. Je ne puis me rendre compte de la sensation que
j’éprouvais alors, ni du mouvement qui me fit enfoncer mes éperons dans les
Gsncs poudreux de mon bucéphale qui, malgré sa fatigue, m’emporta au grand
trot. Je voulais me débarrasser de cet incoann ; mais celui-ci. en me voyant
fuir, se mit à ma poursuit* : quand je ralentissais la vélocité de ma course, U
ralentissait I» sienne, et quand je me remettais à galopper, il galoppail aussi
à mes côtés. Ce manège ne laissait pas que de me donner de l'inquiétude et
même de i'effr»! ; mais le plus grand de mes maux était le froid qui devenait
de plus en plus vif : il s’insinuait daus mes veines et me pinçait si douloureu-
sement le nez. que des larmes involontaires s’échappaient de mes yeux et sil-
lonnaient mes joues déjà plus froides que le marbre.
Tout autour de nous la nature était calme, l’écho isolé répétait seul le pas
de nos chevaux, la lune seule éclairait notre marche. Sa lueur incertaine st
douteuse projetait au loin nos ombres en traits gigantesques. mais celle de
l'étranger était la double de la mienne, quoiqu’il fût de la même taille que
moi
Résolu de faire cesser mes craintes, je raffermis ma voix , et lui dis d’un ton
que je tâchais de rendre le plus assuré qu'il me fut possible :
a Monsieur, i! parait que vous avez décidé que nous serions toujours ensem-
ble , quoique Tua de nous deux ne partage peut-être pas ce désir.
L’étranger me fil une légère inclinaison de tête, et me témoigna son regret
de m’avoir importuné quoique ce no fut pas son intention : puisqu’il erojait,
me dit-il. que je suivais la même roule que lui.
Il s’exprimait avec tant de grâce et tact de polit»», que j« fos forcé de l’i-
miter. Malgré won désir d'étre débarrassé ds sa personne, j'eus l'air de parai-
l- 1 * ‘
pour la préserver des malheurs d'une contre-révolution; de l’autre, elle res-
treint ses désirs et elle les annutle même, en demandaut l'exécution du traité
de la quadruple alliance, lorsqu’il a été prouvé par les pièces officielles et dé-
claré par le ministère espagnol au sein des cortès, que ce traité n'engageait la
France à faire que ce qu elle fait depuis quatre années. C'est donc une eon
viction bien embarrassée que celle qui ne peut pas trouver quatre mois pour
se faire jour, et c’est un courage bien douteux que celui qui ne parvient pas
à se faire comprendre dans ses hardiesse».
Pour Alger, meme prétention au parti-pris, et même faux-fuyant dans la
phrase. D'un côté, on fait déclarer à la chambre qu'elle veut la stabilité du
notre domination en Afrique, et de l'autre qu’elle examinera l’indication sin-
cère des dépenses qu'exigera ceiie stabilité. Mais outre que Fexanten suppose
la chance du refus ou de l’acceptation, a quoi bon examiner des dépenses,
quand on est décidé é les faire, surtout si l'ôn suppose qu'elles sont sincères
dans leur évaluation ? N’est-il pas plus simple de dire : la chambre veut con-
server ses conquêtes en Afrique, et elle votera tontes les sommes que cette
conservation rendra nécessaire ? N'est-il pas étrange, en effet, que lorsqu’il
s’agit d’une chose aussi positive qu'un nombre déterminé de millions, on
s’enveloppe de loculions filandreuses et d'expressions i deux visages T
Pour la conversion des rentes, le projet d'adresse, qui veut évidemment,
n’ose pas non plus proclamer qu'il la veut. et 11 se berne 4 faire dire à la
chambre qu'elle espère que 11 prospérité des finances permettra d’alléger les
charges publiques par la conversion delà dette. Cependant celle partie du
projet d’adresse a l’inconvénient de se prononcer pour la conversion 4 l'exclu- .
sion du remboursement, et de préjuger ainsi le résultat de la discussion pu-
blique.
fin un mot, ce projet d’adresse est dans ses parties essentielles un remar-
quable exemple d’entortillage et d’obscurité, d’envie de paraître hardi et de
crainte de l’être en effet, d’audace dans le fort intérieur et de couardise dans
la parole.
VISITES DES NAVIRES.
Le Journal d'Anvers, dans son numéro d’avant-hier, disait en
parlant de nous • « Tandis qu’un journal de celte ville met tout en
œuvre, pour faire supprimer les visites des navires, ordonnées par
l’art. 225 du code de commerce, dans le but de constater qu’ils sont
en bon état, les étrangers nous envient notre législation à cet égard
et se plaignent du défaut de semblables dispositions dans leurs lois.»
Puis il citait à l’appui de ce qu’il avançait un article du Handels-
blad.
Cette phrase du Journal d'Anvers mérite une réfutation de notre
part, attendu que ce journal ne traduit pas exactement notre pensée
et nous prête une doctrine qui n’a jamais été la nôtre. N >ns n’avons
nullement la prétention défaire supprimer les visites de navires,
ordonnées par l’art. 225 du code de commerce, et nous ne faisons
aucun effort, nous ne mettons rien en œuvre pour cela, attandu qu'il
y a une chose que nous respectons avant tout, et cette chose, c’est la
loi : nous n’avons qu’une seule prétention, et nous ne craignons pas
de le dire hautement, nous mettons et nous mettrons en œuvre tout
ce qui est loyal pour arriver à ce but, c’est de faire supprimer les
visites de navires qui ne sont pas ordonnées par l'article 225 dit
code de commerce . qui sont inutiles en elles mêmes, arbitraires et
vexatoires pour le commerce, et qui n’ont d’autre but que de set vir
les intéréts particuliers et la cupidité de quelques individus.
L’article 225 du code de commerce est empreint d’une trop grande
sagesse, pour que le principe qui l’a inspiré ne soit pas admis en
quelque pays que ce soit, pour qu’il ne porte pas partout la même
empreinte de sagesse, pour qu’il ne mérite pas d’être adopté par»
toutes les nations C’est là, pensons nous, une large concession de .
notre part, mais quel est l’esprit de cet article du code de commerce?
Quelle en est la signification rationnelle ?
Cet article a évidemment pour but de prévenir certains abus que
signale avec raison le Handelsbhd. Il a évidemment pour but de
donner au commerce des garanties de sécurité. qui lui Planque-
raient sans cela; mats il n’est pas entré dans l’intention du législa-
teur de lui donner une plus grande portée : le législateur, une fois
l'état du navire légalement et bien constaté, n’a nullement pu enten-
dre. n’a nullement prétendu aller au delà. Or, à Anvers oa va bien
au delà, et cela , nous le répétons, pour servir les intérêts particu-
liers de deux ou trois individus.
Qu’un navire, en effet, fasse le voyage du Havre à Anvers; qu’il
ait été bien et rigoureusement visité par les agents français. qu’il
ait tous ses certificats en règle ,et de fraîche date, qu’il ait débar-
qué à Anvers des marchandises saints de toute avarie, qu’il soit tout
tre charmé de sa compagnie, et nous îrottâme* Ton à côté de l'autre.
* Ho 1... Monsieur, qu'il fait froid, lui dia-je.—Monsieur, reprit-il, ai vc«#
xouliex accepter mon manteau, je suis sûr que tous bruieriex.... » Je le re-
poussai rudement. «Ce sera pour une autre fois, * dit l'étranger. U piqua de*
deux et me laissa seul. Moncheial et moi nous nous sentîmes soulagés.
J'arrivai peu de temps après 4 une auberge qui était situés en milieu de la
route que je deval» parcourir, et lorsque je mis pied à terre, H était enviroit
huit heures. L'bôte, homme jovial, à la face enluminée, au ventre rebondi et
au sourire perpétuel, se présenta devant moi, son bonnet de coton 4 la main,
comme tous les hôtes passés, présens et à venir.
» Donnez-moi une chambre partieuliére, tut dis-je, et faiies-iaoi serv e
quelques rafraichissemcns. *
L’hôte me salua jusqu'à terre, et témoigna, en termes respectueux, son re-
gret de ne pouvoir me contenter ; car ia dernière chambre qui lui restait ve-
nait d’être prise par un gentilhomme qui ne l’occupait que depuis tlfx minutes;
mais il était persuadé que ce monsieur ne demanderait pas mieux que de la
partager avec moi.
Il alla donc demander au gentilhomme s'il consentait à me recevoir , et re-
vint bientôt me dire de sa part qu'il serait charmé de jouir d* ma société. Jo
suivis alors les pas de mon hôte ; mais quelle fut ma surprise et mon saisisse-
ment, iorsqu’arrivé sur le seuil de la porte j’aperçus l'ooieux àtraegrt assi i
côté du manteau rouge.
En apercevant cet être mystérieux, le frisson me saisit, ti J’silas» *# reti-
rer, lorsqu'il se leva et me dit, en présentant une chaise, qu’il sareil cbannô
de pavtager son appartement avec moi. Je ne pouvais refuse? ont offre si po-
lio ; d'ailleurs, me trouvant dans «a lieu habité, j’étais entièrement rassuré :
j’acceptai dune son invitation, et m’assis près du foyer éteint, en lui deman-
dant s’il n’avait aucune objection à faire castre ua boa îea, car le froid s’em-
parait de nouveau ont tous mes membres. A ma qaesttea, ses t rails s’ifitérèren t
aussitôt ; mais son trouble ne fut que moHaeatané,** il me répondit prestja’au
m ime instant,m inc moalrwK son monte»»sur lcvjSéi Jes’os.-ds jeter les yeux:
« Monsieur, je a’ai jamais eu froid, et quelque temps qu’ii fasse, ce man-
teau me suffit. Mais vous! vous paraisse» »>uiï?,r ; si vous 1»«ettiw, » suis
sûr qu'alors vous brûler»*. — Je vous ressert», cuaisj* préfère ««chauffer
autre ment. »
j'éproavaü une terreur secrète b l’asjwet d* « vêtement qui me sembla! t
avoir qaekjim chose de diabolique, «t un prs-se miment que je n* pouvais dé-
j finir m’engageait fortement à et point l'aeceplar ; je me déterminai doue à 1» |