DANS LES VALLÉES TYROLIENNES. d'une des anciennes corporations de la bourgade, déposé en grande pompe près de l'autel, à la suite d’un ouragan sur la Méditerranée, dans lequel elle avait failli perdre une de ses carg'aisons. Les guerres de Napoléon, qui renversèrent tant de princes, atteignirent jusque dans son innocent essor, l'idyllique commerce de la vallée de l’Inn. Le pays était appauvri, le système continental resserrait l’espace naguère ou- vert à l'exportation. Puis une autre musique que celle des doux oiseaux d'Imst résonnait alors de tous côtés, la terrible musique des coups de fusil et des coups de canon. Après la pacification de l'Europe, l'intéres- sante petite cité se remit avec ardeur à l’œuvre, etquoiqu’elle y trouvât plus de difficultés que par le passé, elle commencçaitcependant à réparer ses pertes, quand soudain elle fut ravagée, dévastée par un incendie, et, malgré ses efforts, elle n’a pu se relever de ce désastre. Un grand nombre de Tyroliens qui pendant l'hiver entreprennent divers travaux de mécanique ou de menuiserie, ont, en été, une tout autre tâche à remplir. Il faut qu'ils aillent avec leurs instruments agri- coles à travers champs, qu'ils recueillent dans la plaine et sur les montagnes les provisions pour la famille et pour les bestiaux. Vers la fin de mai, on conduit les troupeaux dans les hauts pâtu- rages; quelquefois à cinq mille ou sept mille pieds au-dessus du ni- veau de la mer. Cette migration se fait pompeusement, et tous les gens du village y assistent. En tête de la caravane s’avance le princi- pal berger avec la vache la plus belle, portant au col les insignes de sa distinction, une grosse clochette en bronze avec des rubans, puis les chèvres, les brebis et les pores, chaque bande précédée de son pâtre parüculier. Les hommes chargés de veiller sur ces bestiaux s'installent sur les montagnes dans de misérables cabanes en bois, garnies tant bien que mal de mousse dans leurs interstices, ouvertes de plusieurs côtés et souvent encombrées de neige. II n’y a là qu'un grand foyer carré, élevé à deux pieds du sol, qui sert à la fois d’âtre, de banc et de table. On couche sur la terre nue, et, chaque samedi soir, les gens du village envoient à cette colonie les provisions de pain et de farine pour la semaine. À part celui qui leur apporte ces aliments, les habitants de la Senne,