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Samedi
Trente-septième année. - Numéro 6,
6 Janvier 4872,
Abonnements î
Dans nos bureaux et chez tous
les Directeurs de postes (franc, ae
port), pour : A "
Anvers......partrun.fr. 12.50
La Belgique.
La Hollande.
La France......
L'Angleterre...
L’Allemagne...,
Les Etats-Unis..
Brésil et Indes..
15.-
* sem. » 28'. —
» an, » 52.—
,, trim.fl. 8.50
» sem. » 16.—
- an » 32.-
» trim. fr.22.—
» - » 22.-
» » » 18.—
. . » 30.-
. . . 30.-
LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Maritime, Artistique et Littéraire.
Cn numéro 90 centimes.
PAIEMENT PAR ANTICIPATION
ÉTOILE BELGE.
Pour la ville et lót banlieue :
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CHEMIN DE FER DE L’ETAT. —D’Anvers pour Malines et Bruxelles à 5 li. 55/6.47 le
vendredi, 7.10, 9.15E. 1« 2« et 3» cl.,9.50; 10.50JS. F», i>« et 3° cl., 12.35, 1.18, 3.15 E. 1*,2? et
3« cl.,3.45, 4.50,5-50,7E. l0,?» et3° cl., 8.25,8.45, ! 10 E. 1«, 2»et3« cl., p. Brux.) — Lierre 5.55,
6.47,1e vend., 9.50, 12.85, 3.45, 5.20, 8.25,-Termondeet Gand 5.55,9.50,12.35,3.45, 4.50 E.
l’v2« et 3» cl.,8.45. — Alost5.55,9.50,1.18,3.45.- Lokeren5.55,9.50. 12,35,4.50 E. 1«, 2»et 3“
Cl.,8.25. —Ninove, Gramm.,Lessines, Ath (par Brui.) 5.53,0.50.1.18, 3.45, 7 E. Ie, 2* et 3»
cl. (Ninove). — Bruges, Ostende,5.ÇR; 9-50,10.50,3.45, 4.50 E. 1«, 2» et3« cl. — Courtrai,Mous-
cron, Tournai et LiHe.5,55, 9.50,12.35, 3.45, 4.50 E. K 2« et 3e cl. — Calais 5.55, 12.35, 3.45E.
1« et 2° cl., 4 > 50 E. 1» et 2« cl.—Louvain 5.55,9.15 E. 1«, 2' et 3" cl., 9.50,12.35,1.18,4.50, 7 E. le
2» et 3° cl.,8.25,10 F,1« et2«cl. — Tirlem.. Liège et Verv. 5.55, 9-15 E. 1», 2» et 3° cl., 9.50,
12.35,1.18,4.50, 7,(8.25 jusque Tirlem.),10 E. 1« et 2« cl.- Landen5.55, 9.50, 12.35,4.50.- Spa
5.55,9.15 E. le,2e et3“ cl., 9.50,12.35,4.50. — Allemagne, départ 6 lu, levée de la boite 5.15
matin ; départ 4.50, boite 4.15 soir; départ 10 h., botte 9.15 soir,
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE. (Ligne de Hollande). - Départs (l'An-
vers à7.35 h.. 10.20 matin, 3.37, (6.15 soir vers Roosendaal, Breda et Moerdyk.)
l\ A. DELA MONTAGNE
mUECTKUR GÉRANT,
Bureaux t rue «Je l’Aminnn, I, Am ers.
LIGNE DE LOUVAIN. - Départs d’Anvers vers Lierre, Aerschot, Louvain, Ottignies,
Charleroi, Cliâtelineau.Vireux.GivetjCharleviUe, Reims, Paris, Namur.Arlon, Luxémbourg,
Trêves (par Ottignies) 6.55,7.22, (9.33 vers Louvain),lLOa 1.44,0.32,5.42,(8.13 vers Louvain).
, LIGNE DE HASSELT. — Départs d’ANVEKS pour Diest, Hasselt, Maestncht et.SAix-la-
l/gnE DE turnhout'. —SDépartsd’Anvers pour Lierre, Hérenthals et Turnhout 6.55,
11.05. 5.32. -Pour Turnhout. Tllbourg, Eindlioven et Venloo,7.22,1.44, 5.42.
CHEMIN DE FER DU PAYS DB WAES. — D’Ajnvers 4.50, 7.15, 8.50, 10.50, 2.10,
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BATEAUX A VAPEUR. — Départs d’ANVERS (Veerdam) pour Boom et localités inter-
médiaires, 9.00 li., 3.00 ; pour Hamme, 2.15 h.; pour Doel, 3 h. — De Boom pour
Anvers, 7.00 h., 1. — De Hamme pour Anvers, 8.00 h. — De Doel pour Anvers,
7h. ruatin.
Agerte s
BRUXELLES,Office de Publicité, rue
de la Madeleine, 46.
hollande. M. H. Nijgh & Van Drf-
may, à Rrtlerdam, et tous les Di-
recteurs de postes du royaume.
paris, Havas, Lafitte, Bullikh
et Cie, Place de la Bourse, 8.
Londres, Dki.izy Davies et Cie, 1,
Cecil Street, Strand, et A. Maurice
13, Tavistock Row, Covent Gar-
den,
Insertions.
Annonces la petite ligne de vingt
cinq lettres..........fr.O %i
Réclames (flndujoum.) lalig.» 0 75
Faits divers....... . . 1 50
Rubrique An vers... » » 2.50
Les annonces sont mesurées
au lignométre. Les titres se paient
d après l’espace qu’ils occupent.
RÉSUMÉ POLITIQUE.
Une dépêche télégraphique nous a appris hier que
I Assemblée nationale de France avait voté la proposi-
tion d’un de ses membres, M. Princeteau, portant in-
terdiction pour les députés non fonctionnaires d’ac-
cepter des fonctions salariées, et, pour les députés
fonctionnaires, d’obtenir de l’avancement pendant la
durée de leur mandat.
Le principe de la loi contenu dans l’article lr, ne
pouvait guère être contesté, car il tend à assurer, en
même temps qu’un concours absolu et désintéressé
aux travaux parlementaires, l’indépendance et la di-
gnité du plus élevé des mandats électifs.Il a été adopté
à une forte majorité.
Sur l’article 2, M. Casimir Périer est intervenu pour
demander que les ministres plénipotentiaires, le préfet
de police, les sous-secrétaires d’Etat, les premiers
présidents et les procureurs généraux près la cour de
cassation et la cour des Comptes fussent exceptés du
vélo édicté par la loi.
ïl n’a pu obtenir la tolérance sollicitée par lui que
pour les ministres plénipotentiaires. Encore la majo-
rité en laveur de cette disposition a-t-elle été assez
faible; et la Chambre a paru surtout s’inspirer du désir
d’éviter Jusqu’à l’ombre d’une personnalité. Mais elle
s’est montrée inflexible en ce qui touche les sous-
secrétaires d’Etat.
La commission du budget a fait table rase de tous
les impôts proposés; cette décision a un résultat cu-
rieux .- à l'heure présente, il n’y a pas d’impôts en
France. Elle a repoussé l’impôt sur les revenus, elle a
repoussé l’impôt sur les valeurs mobilières présenté
par le ministre des finances ; mais elle a entendu de
très longues explications données par M. Cochery.et
tendant à imposer les titres au porteur. Il est possible
ue la commission s’arrête à ce projet. Le ministre des
nances ne sait plus avec quelles ressources faire face
à ses lourdes obligations. Dans le sein de la commis-
sion on parle d’établir un impôt sur les domestiques,
taxés à 6 fr.; on parle aussi de modifier l’impôt de 10 c.
sur les quittances, en faisant un impôt progressif, aug-‘
mentant de 5 c. par 100 fr., étant admis que le tapx
actuel de 10 c. sera appliqué aux factures jusqu’à
100 fr.
Nous trouvons dans le Scotsman la réponse suivante -
aux arguments employés par MM. Thiers et Pouyer-’
Quertier dans leurs discours sur la question des'im-
pôts : /.
* Pour soutenir le projet déraisonnable qu’il a formé
d’augmenter les recettes par l’établissement, de droits pro-
tecteurs, le ministre des finances français prétend que l’An-
gleterre est libre-échangiste quand elle ne craint pas la
concurrence, et protectioniste quand ses manufactures sont
menacées. » Rien n’est plus inexact que cette affirma-
tion, comme chaque paragraphe de notre tarif le prouve.
» Nos droits à l’importation, portés sous vingt rubriques,
ne sont qu’au nombre de six qui frappent les boissons fer-
mentées, le tabac, le sucre, le thé, le café et lo cacao. On
peut les diviser on deux classes ; ceux que doivent acquit-
ter les articles qui ne sont pâs produits à l’intérieur ou ne
peuvent l'être,et ceux que fournit ou peut fournir ’.e pays.'
II est évident que les premiers de ces droits ne sont pas ;
protecteurs. Ceux sur le sucre et le tabac ne le sont pas
non plus, puisque la production de ces articles dans le pays
est totalement prohibée. Restent les droits sur les boissons
enivrantes. Ils sont élevés, c’est vrai, mais ne sont pas
d’un demi-pence supérieurs à Y excise qui frappe les pro-
duits similaires indigènes, et l’eau-de-vie française est tout
autant imposée que le whisky écossais et le gin anglais.
D’après des renseignements que la Prisse reçoit de
lAindres, le gouvernement anglais proposerait au
cabinet de Versailles de suspendre, pour le moment,
toute négociation relative à la dénonciation du traité
de commerce, et de proroger purement et simplement
ledit traité pour un an à partir du lr février 1872.
Ce journal croit savoir que des instructions dans ce
sens ont été transmises à lord Lyons, qui doit en don-
lier communication au président de la République et
et aux ministres des affaires étrangères, du commerce '
et des finances.
Là polémique au sujet de la candidature de M. Vau-
train continue dans lapresse parisienne. Les journaux
qui prêchent l’abstension sont presque tous cléricaux
ou bonapartistes. Quelques-uns ne se contentent pas
d’inviter les électeurs à prêter, en s’abstenant, un
appui au moins négatif au candidat, de la Commune ;
ils vont plus loin, ils insinuent qu’il n’y aurait pas de
mal à voter pour M. Hugo, afin de faire acte d’opposi-
tion directe au gouvernement. Les hommes modérés
et de bon sens apprécieront cette manière de com-
prendre la politique conservatrice. Nous croyons qu’il
n’est pas sans intérêt de donner ici la liste des
journaux qui soutiennentla candidature de M. Vau-
train. Ce sont : le Siècle. VOpinion nationale, le
National, le Temps, le Français, le Journal des
Débats, le Bien public, le Soir, la France, la Liber-
té, laPresse, le Courrier de France, le XIXsiècle,
le Moniteur universel. Cette liste n’est pas encore
définitive, et d’autres journaux, il faut l’espérer, s’y
rallieront à la dernière heure.
Une dépêche d’Athènes annonce que le ministère,
n’ayant pas eu la majorité dans les élections des comi-
tés, a donné sa démission.
Le Levant Herald publie, le texte des instructions
données par le sultan aux inspecteurs chargés de lui
faire rapport sur la situation du pays. Ils devront lui
faire connaître tous les griefs, toutes les entraves, en
un mot tout ce qui peut nuire au développement du
bonheur et de la prospérité du peuple.
Les inspecteurs ne devront reculer devant aucun
sacrifice pour accomplir leur mission patriotique.
“ Us ne peuvent point connaître la fatigue, ils se
*> rendront partout de leur personne et verront tout
” de leurs yeux ; et le gouvernement attend de leur
” zèle la plus grande activité et la plus grande régu-
” larité dans renvoi d e leur correspondance. ■>
La redevance dont les ventes publiques commer-
ciales sont frappées à Anvers devait être envisagée
C’Ous trois rapports :
1° Celui du droit . — En effet cette redevance est
fixée par deux arrêtés royaux du 22 avril 1854 et
du 31 décembre 1868.
2° Celui des principes du gouvernement en ma-
tière commerciale. — Est-il logique qu’il dégrève
le commerce d’un côté et qu’il le surtaxe de l’autre?
3° Celui de la bonne foi. — La viUe respecte-t-
elle des engagements solennellement contractés
par elle-en 1849, 1854, 1860, 1863 avec la Chambre
de Commerce ?
A cette étude faite consciencieusement sur docu-
ments officiels le Journal d'Anvers nous répond
par des lieux communs, ayant soin toujours de
mire intervenir dans ses billevesées les noms de
ÔI. Loos et de M. Frère.
Nous n’avons pas la naïveté de nous laisser
prendre à cette tactique par trop usée.
Nous sommes informés que les négociants im-
portateurs vont se réunir en assemblée publique
pour protester contre le maintien de la taxe dont
le produit des véntes publiques commerciales est
frappé.
Pour l’édification de ce public nous allons com-
pléter nos observations sur les trois points rappe-
ls plus haut.
Question de droit. — L’arrêté du 22 avril 1854
prescrit que le produit annuel des. taxes commer-
ciales soit affect* au service de l’amortissement et
des intérêts d’un emprunt de 450,000 francs que la
ville est autorisée à contractei’ pouriacouverture
de la Bourse;
L’arrêté royal du 31 décembre 1868 infirme-t-il
celui de 1854 ? Nullement.
Il paraît au Moniteur sans considérants aucuns
et autorise purement et simplement le maintien
des taxes commerciales.
La ville attribue ce maintien à son profit. La
Chambre de commerce réclame contre cette attri-
bution.
Le gouverneur est chargé d'expliquer la pensée
du gouvernement ;
Voici dans quels termes il le fàitcn écrivant à
la Chambi’e de commerce en février 1869;
Si « le gouvernement a pu donner son approba-
» lion à l’établissement aune taxe sur les ventes
î; publiques commerciales c’est uniquement à
v cause de la destination toute spéciale assignée
- par l’autorité communale au produit de cette
« taxe : mais celle-ci n’aurait plus de raison d’être
» et rien n’en justifierait le maintien le jour où
« elle cesserait de recevoir cette affectation spé-
ciale pour être appliquée aux besoins généraux
« de la ville. ?»
En présence des textes que nous venons de rap-
peler, en présence de l’interprétation officielle de
la pensée du gouvernement ne sommes-nous point
fondés en droit de dire que l’administration com-
munale fait un emploi abusifdu produit de la taxe
sur les ventes publiques commerciales lorsqu’elle
détourne ce fonds de l’affectation spéciale en vue de
laquelle il a été créé, c’est-à-diro lè paiement des
intérêts et l’amortissement de l’emprunt de 450,000
francs contracté pour la couverture de la Bourse ?
Là-somme de 40,000 fr. qu’en minimum la ville
aura perçu en 1871 sur le produit des ventes pu-
bliques est la propriété incontestable du commerce
attendu que l'administration communale ne les
applique pas à l’amortissement de l’emprunt.
De^ siibtilités de comptabilité ne sauraient dé-
truire ce fait.
Point n’est besoin sans doute de maintenir au
■crédit du service de l’amortissement une ressource
dont la progression est considérable, dont l’im-
portance" dépasse considérablement le but spécial
en vue duquel elle a été créée. Mais quoi de plus
équitable que de rendre pareille somme aux débi-
teurs volontaires qui ont trop payé. — La ville ne
l’entend point ainsi : elle fait dire au gouverne-
ment le contraire de ce qu’il pense : — elle con-
fisque à son profit, fait un pied cie nez à la Chambre
de Commerce et la Députation permanente de
rire et d’approuver!
Question de principe : — Niera-t-on que la po-
litique constante du gouvernement n'ait été d’at-
tirer l’étranger à Anvers par la modicité de nos
droits de port, par le dégrèvement de plusieurs
taxes qui donnaientà notre marché une réputation
peu favorable. Nous ne répéterons pas à ce sujet
ce que nous avons déjà dit, mais nous insistons
afin que l’on cesse d'être illogique, inconséquent ;
la taxe de 1/16 0/0 que portent les compte» «le vento
du marché d'Anvers est, un droit d'aubaine dé-
guisé contre lequel nous devons protester au nom
cie la liberté commerciale comme au nom des in-
térêts de l’étranger qui s’adresse à nous.
Question de bonne foi. — Le Journal d'Anvers
feint d’ignorer l’existence de la convention passée
entre l’administration communale et la Chambre
de commerce, convention en vertu clc laquelle
existent encore aujourd’hui les deux taxes com-
merciales qui nous occupent,à savoir : la redevance
sur le produit des ventes publiques, l’impôt per-
sonnel et proportionnel payé par toutes les person-
nes qui fréquentent la Bourse.
Notre contradicteur spéculerait-il sur l’incendie
delà Bourse qui a anéanti les archives delà
Chambre de commerce ? Les dates que nous allons
lui citer le convaincront qu’il ne nous sera point
difficile de faire la preuve officielle de l’existence
de ce solennel engagement .
La première convention date de 1849. A cette
époque, l’impôt consenti sur les ventes publiques
fut de 1/4 0/0— le maximum de la taxe pour la fré-
quentation de la Bourse 50 fr.
Comme, selon les expressions de l’administra-
tion communale, ces charges ne devaient durer
qu'en proportion directe de leur efficacité, elles
subirent les réductions suivantes :
En 1854 l’impôt pour la fréquentation de la Bourse
fut diminué de 50 0/q.
En 1860 l’impôt sur les ventes publiques' fut
abaissé à 1/8 0,0 et en 1863 à 1/16 0. 0. Toutes ces
réductions eurent lieu sur l’initiativede la Chambre
de Commerce qui veillait à la diminution des
taxes en proportion de l’amortissement du capi-
tal emprunté et à leur extinction complète dès
que le capital serait remboursé. Non seulement
la ville traitait avec la Chambre, mais chaque nou-
velle convention avait une "durée limitée ; — celle
de 1860 devait durer 3 ans, celle de 1863 était
limitée au même terme, preuve nouvelle que le
gouvernement n’était intervenu en rien dans la
création des nouvelles ressources commerciales.
A l’expiration du dernier terme, c’est-à-dire fin
1866 l’administration communale demanda à la
Chambre de Commerce l’autorisation d’appliquer
le produit des deux taxes à la construction de la
nouvelle Bourse ; la Chambre refusa, en se fon-
dant sans doute sur le fait que la somme de un
million de francs avait déjà été inscrite à cet effet
aux recettes du budget par l’ancienne adminis-
tration.
Nous pourrions poursuivre plus loin la démon-
stration de l’existence des engagements contrac-
tés par la ville envers la Chambre de commerce
en invoquant le témoignage du Conseil écheviual
actuel qui les a reconnus en novembre 1863, et du
Conseil actuel qui a suivi son exemple le 14 dé-
cembre suivant.
Enfin en 1868 le Conseil communal reconnaît
que la taxe de 1/16 sur les ventes commerciales
pouvait être supprimée à partir du lr janvier 1869,
comme taxe spéciale pour la dotation de l’emprunt
de la Bourse attendu que la taxe personnelle et
proportionnelle suffirait à elle seule. Que fait le
Collège ? Cesse-t-il ses communications avec la
Chambre de commerce? Nullement: il continue
comme depuis 1854 à envoyer à la Chambre de
commerce le décompte de l'amortissement de
l’emprunt, reconnaissant encore par là l’existence
d’engagements contractés et par lui officiellement
reconnus en 1863.
Comme conclusion, il résulte de l’acte'arbitraire
de l’autorité communale que le commerce aurait
payé indûment à la caisse communale en 1871 une
somme dépassant 40,000 francs et que pendant 30
ans encore il continuera à payer semblable rede-
vance dont la "progression est considérable.
C’est contre ce fait que le commerce protestera
dans la séance de mardi prochain : quant à nous,
nous n’avons eu d’autre bût que de faire connaître
la vérité que l’on déguisait à l’aide de subterfuges.
Le Bien Public critique en ces termes la pré-
sence de M. De Lantsheere aux funérailles île M.
Defacqz : '
Si nous comprenons la prétraitée à cette démonstration
des sommités du parti libéral et des Vénérables de toutes
les Loges belges, nous déplorons profondément que M. le
ministre de là justice ait cru devoir y assister.
Sans doute M. Defacqz était premier président de la
cour de cassation ; mais ayant de mourir, il avait prescrit
qu’on no lui rendit aucune espèce d'honneur en cette nul-
lité. M. De Lantsheere était donc parfaitement dispense,de
parle défunt lui-même, d’assister à l’enterrement.
Nous ajouterons que. dans aucun cas, un ministre catho-
lique ne peut se croire obligé do sacrifier les répugnances
de sa conscience au joug des convenances officielles. On est
catholique avant d’être ministre, et l’on ne s’est pas obligé,
en acceptant le portefeuille de la justice, à devenir l’of-
ficiant de je ne sais quelle liturgie solidaire et maçonnique.
II y a plus ; de telles condescendances sont fatales à la
conscience publique ; elles émoussent dans les masses la
fi ère délicatesse uu sentiment chrétien et elles affaiblissent
l’énergie île la loi. Le peuple a h- > 'ii> ■•■■nimmi et il s’ac-
commode mal de nos fictions politiques ; lorsqu’il voit le
ministre de la justice suivre le cercueil de Defacqz, vous
lui persuaderez difficilement que M. Th. de Lantsheere soit
resté à la maison.
Quand donc les catholiques sauront-ils être conséquents
et mettre leurs actes d’accord avec leurs convictions et
avec leur foi?.. .Ceux qui ne sont nas chrétiens no le sont
amais ; ceux qui ont le bonheur d’être.chrétiens doivent
'être toujours, et ce devoir est d’autant plus strict que la
position élevée .qu’ils occupent donne- à chacun de leurs
actes publics la signification d’un exemple ou d’un scandale.
Le Bien Public oublie toujours qu’il n’y a pas
ne Belgique de religion d’Etat et que par consé-
quent un ministre constitutionnel ne peut mar-
quer officiellement de préférence ni d antipathie
pour aucune forme de croyance. Pour être consé-
quents avec eux-mêmes les catholiques devraient
doilç ne jamais accepter de portefeuille.
M. de Lantsheere a rempli un devoir de conve-
nance auquel il ne pouvait se soustraire sans pro-
voquer un immense scandale. Nous n’osons dire
qu’il n’y a pas dans tout le barreau dé Bruxelles,
auquel M. de Lantsheere appartient, un seul
avocat qui n’eût pour M. Delacqz lo plus grand
respect et la plus profonde estime.
La section centrale de la Chambre qui a examiné le pro-
jet de crédit de 12,080,000 lr. au département des travaux
publics pour l’extfension du matériel, l’augmentation de
l’outillage et la construction de nouvelles remises aux loco-
motives, s’est ralliée à certaines observations faites dans
les sections qui no manquent pas d’intérêt.
, Ainsi, elle désire que lorsque le gouvernement fera des
acquisitions de terrain pour l’agrandissement ou la création
de stations,il ait soin de les faire dans des proportions telles
que les besoins de l’avenir soien ; complètement assurés.
. Là où le défaut d’espace cause dos embarras et des re-
tards par suite de la nécessité où l’on se trouve d’effectuer
lo chargement et le déchargement fie toute* “«."".hall-
iiitóo J«.n« la même station u’e.mbâ’’,luy,"ellt °t de débar-
quement îles voyageurs, la section centrale estime qu’il
serait nécessaires agrandir ou de construire de nouvelles
stations, dont, les unes desserviraient le public voyageur et
dont les autres seraient destinées au chargement et au
déchargement des marchandises.
Elle s est ralliée aussi au désir exprimé par la 3e section
de voir adjuger cent à deux cents wagons fermés pour les
besoins de la verrerie et de la métallurgie, en même temps
que seront/ mis en adjudication les wagons destinés au
transport du charbon, du coke, de la laine, et do tous les
autres objets de première nécessité et dont le besoin de-
vient plus pressant d’un moment à l’autre.
La section centrale demande avec la deuxième section,
sans toutefois avoir la prétention de trancher la question,
s’il n’v aurait pas lieu de multiplier le nombre des ateliers
de construction le long des voies.
Elle se rallie au désir exprimé par la sixième section au
sujet du prompt achèvement des stations, de l’agrandisse-’
ment de celles dont l’insuffisance est notoirement constatée
et des-nouvelles, installations qu’elles réclament, tant au
point de vue des voies qu’à celui des bâtiments.
Enfin la section centrale exprime le vœu que les travaux
proposés par le gouvernement soient conduits avec toute
la célérité possible et elle engage le gouvernement à de-
mander de nouveaux crédits, si ceux dont il dispose encore
étaient devenus insuffisants.
Rémunération des miliciens.
Un arrêté royal du 31 décembre porte ;
“ Il sera dérogé comme suit à l'article 8 de l’arrêté du
10 novembre 1870 ;
» Pour contracter un engagement volontaire avec prime,
en conformité de notre arrêté du 10 novembre 1870, tes vo-
lontaires dont l’engagement est expiré et les miliciens qui
ont achevé leur terme de service doivent être âgés de
moins du 40 ans accomplis ou de 47 ans accomplis sus ap-
partiennent au corps de la gendarmerie nationale.
-Les célibataires ou veufs sans enfants qui n’ont pas ser-
vi sont admis à contracter des engagements de l’espèce
«.près 19 ans accomplis jusqu’à l’âge de 30 ans révolus au 31
décembre de l’année précédente, sur la production d’un
certificat constatant qu ils sont libres sous le rapport de la
milice. S’ils sont mineurs, fis auront à produire le consen-
tement de leur père ou de leur mère veuve, où, s’ils sont
orphelins, celui de leur tuteur autorisé par délibération du
conseil de famille. •>
Expositions internationales annuelles
DE LONDRES.
annexe beege.
Comme suite à notre première communication du 4
courant nous croyons utile de mettre sous les yeux de
nos lecteurs quelques extraits du rapport de M. Corr-
Van der Maeren, commissaire délégué du gouverne-
ment belge, sur futilité de la création d’une annexe
belge aux expositions internationales annuelles de
Londres.
Le commerce à son tour comprendra l’importance et
le besoin des expositions internationales qui ont pour
résultat certain d’améliorer le goût, de fai renaître une
rivalité louable entre les artistes et les fabricants et
de créer de nouveaux débouchés à nos produits.
Les objets exposés à Londres ne peuvent être déplacés
pendant la duree de l’Exposition ; mais la commission an-
glaise, en vue de faciliter la vente des produits similaires,
offre de céder gratuitement, pendant dix ans, un terrain
sur lequel chaque pays pourra construire, à ses frais, des
galeries ou compartiments destinés à montrer les objets
pour la vente.
Ces établissements sont annexés aux bâtiments de l'Ex-
position.
Les promoteurs de la belle construction du Palais de Sy-
denham ont voulu mettre en pratique l’idée d’y établir un
dépôt général d’échantillons de tous les pays, où les ache-
teurs transatlantiques et autres auraient pu, à Londres
même et sans déplacement, faire leurs achats commer-
ciaux. C’est en vue de ce projet que j’ai eu l’honneur de
faire partie moi-même ue l’administration première du
Palais de Cristal. Mais les producteurs et les détaillants
anglais, et principalement ceux de Londres, ont envahi
l’espace destiné à l’exhibition internationale et perma-
nente d’échantillons, espace pour lequel ils ont payé des
loyers si élevés que la Compagnie a cru devoir, dans l’inté-
rêt de ses actionnaires, abandonner son projet primitif.
L’Exposition internationale qui nous occupe semble de-
voir réaliser le projet concu dès 1852, puis abandonné par
la Compagnie du Palais de Sydenham.
Je crois que les conditions de l’Exposition de Londres,
en y comprenant, celles qui se rattachent à la vente, sont
beaucoup plus pratiques, quoique restreintes peut-être à
une échelle [ilus modeste ; ainsi la règle qui oblige ue re-
, nouveler chaque année les produits exposés me parait une
condition sérieuse du succès : cette variété annuelle et
constante entretiendra le mouvement, attirera le public
par sa nouveauté et empêchera l’institution de vieillir.
Pùis, en dehors des industries exposant chaque année, à
tour de rôle, on ne pourra y montrer que des objets ayant
un caractère plus ou moins artistique : de cette manière
les galeries de vente ne pourront déclieoir au point de de-
venir de vulgaires bazars,comme c’est,,.malheureusement
le cas, en Ce moment., au 'Palais de Sydenham.
De sérieux efforts ont déjà été faits et continuent a etre
tentés en Belgique pour développer et encourager les ap-
plications île Part à l’industrie : réforme pu extension de
renseignement dans les Académies et îçs écoles de dessin,
création d’écoles spéciales de dessin, et dë modelage,
d’écoles professionnelles, etc.; toutes cês mesures ont déjà
produit do fruits excellents. Dans cet ordre d’idées, il
convient de citer aussi les Expositions et les concours
spéciaux ouverts à Bruxelles par la Société pour l’encou-
ragement'des arts industriels, qui, depuis une dizaine d an-
nées — et nous le regrettons — a cessé l’active propagande
qu’elle fit naguère (de 1853 à 1801) en vue de susciter les
progrès des arts industriels en Belgique. .
Tout ce qù’on pourra faire dans cette voie sera d’une im-
mense importance au point dé vue de la richesse natipnale;
mais, à notre avis, le moyen le plus actif, le corolaire de
tous les autres moyens d'encouragement, serait de créer,
pour nos fabricants et pour nos artistes industriels, un
marché actif et sùr, où ils pourraient trouver la rémuné-
ration de leurs talents sans se déplacer, c’est-à-dire sans
perte de temps pour eux. ,
Ils trouveront dans l'Exposition dê Londres, bien orga-
nisée en vue de la vente, les meilleures conditions possibles
pour le placement de leurs produits.
L’ouvrier habile, travaillant modestement en chambre,
qui aura créé un travail remarquable, y sera admis, quant
aux conditions et aux chances de vente, sur le môme pied
que le grand industriel.
Les fabricants dont les produits figurent à l’Exposition de
Tannée y trouveront des commandes pour la consommation
du pays et pour l’exportation.
Les objets admis à l’Exposition de 1872 sont : le coton et
tout ce qui se rapporte au travail et à la mise en œuvre de
ce textile ; ta joaillerie, l’orfèvrerie, la ciselure, etc ;
les instruments de musique; le papier, le carton-pierre; les
fournitures de bureau ; 1 es caractères d’impression, planches
et systèmes divers d’imprimerie; enfin, tous les procédés
de fabrication ou d’élaboration des divers produits énumérés
ci-dessus, ainsi que les matières premières qui s’y rat-
tachent.
Dans le domaine des beaux-arts et des arts industriels,
nos peintres, nos sculpteurs, nos fabricants de dentelles,
de bronzes, de meubles, de porcelaines, d’armes, enfin de
tous les objets qui ont un mérite artistique quelconque,
trouveront à South-Kensington une occasion unique de
faire connaître leurs produits aux acheteurs de tous les
pays.
Je n’ai cessé de me préoccuper des moyens d’établir une
annexe belge. Les commissaires qui se trouvent à Londres
ont vu, comme moi, la nécessité, pour leurs pays respec-
tifs, d’avoir une annexe à l’instar de celle de la France.
Ils ont compris qu’il fallait, sans plus de retard, s’assurer
le terrain nécessaire à ces constructions. — Parmi ces der-
niers, les commissaires de l’Autriche et de la Hongrie se
sont joints à moi pour rechercher les moyens de construire
une grande annexe où les trois pays trouveraient à établir
îles locaux convenables pour l’exposition et la vente de
leurs produits respectifs.
Nous avons choisi le terrain nécessaire à cette construc-
tion.
La .Commission anglaise s’est empressée de nous en faire
1a concession gratuite pendant dix années.
Je suis d’avis qu’en principe -toutes les entreprises de ce
p énre doivent être l’œuvre dos particuliers,et non de l’Etat.
11 est grand temps d’enseigner à nos producteurs en géné-
ral la pratique uu principe du self help e t de stimuler le
génie commercial, si peu actif, du pays.
Il s’agit ici d’une entreprise de proportions fort res-
treintes, qui serait une première application de ce prin-
cipe de non-intervention.
Je proposerais pour l’exécution du projet en question le
plan suivant :
Quelques fabriquants, plus particulièrement intéressés à
sa réalisation, se réuniraient en société civile «ont le capi-
tal, fixé à 100,000 francs, serait souscrit par actions de 500
francs chacune. Le document ci-inclus établit à l’évidence
qu’eu frappant de taxes modiques la location des emplace-
ments de Y annexe, le produit de cos taxes, joint au paye-
ment d’une commission de 5 p. c. sur les ventes, suffirait à
couvrir tous les frais de l’agence, tout en permettant d’ac-
corder aux souscripteurs un dividende cie 15 p. c. de leur
versement’, pendant dix ans, pour intérêt et amortissement .
La société projetée a été constituée par acte notarié
passé dans Tetuue de M" Vermeulen, à Bruxelles, le 12
tembre 1871.
e Conseil de Surveillance se trouve définitivement com-
posé de MM. Wynand Janssens, architecte, à Bruxelles ;
Joseph Tasson, industriel, à Bruxelles ; Alphonse Ver-
liaeren, industriel, à Bruxelles; Jean-Baptiste-Théodore
Snyers, industriel, à Bruxelles; Edouard Ter Bruggen,
administrateur de la Société Royale des Beaux-Arts,
Anvers.
Banquiers : MM. Delloye, Tiberghien et O, rue'Roy ale,
48, à Bruxelles.
Commerce, marine, etc.
Le conseil fédéral allemand a été invité par le chance-
lier fédéral à nommer une commission chargée d’examiner
les mesures à prendre pour améliorer le cours du Weser.
Le Shipping and Mercantile Gazette consacre un arti-
cle aux modifications que vient de subir le régime de la
navigation du Bosphore et des Dardanelles.
Non seulement la pratique de la délivraison de lirmans
au château des Dardanelles a été aboli i, mais les navires
ont désormais la faculté de passer les détroits â toute heure
du jour et de la nuit. Le Bosphore et les Dardanelles sont
ouverts librement aux navires marchands de toutes les
nations, sauf l’observance des règlements relatifs aux ta-
rifs, droits de port, quarantaine et police.
Les firmans peuvent être obtenus à Constantinople, pour
les navires venant de la Méditerranée et allant à la mer
Noire, de façon à éviter tout retard au retour. Il .suffit de
se pourvoir de deux firmans, l’un pour le Bosphore, l’autre
pour les Dardanelles, en payant tous les droits et hono-
raires y afférents, et de prendre leurs acquits à Constanti-
nople en allant à la mer Noire. Par là ils ont satisfait
à tout. sAuf à remettre le firman pour les Dardanelles au
sortir, au garde-côte en station à Galata, vis-à-vis de Gali-
poli, et de rentrée de la mer de Marmara.
Il y avait longtemps qu’on se plaignait des pertes de
temps et des frais qu’occasionnaient les formalités abolies
depuis le 13 décembre, date à laquelle le passage des Dar-
danelles et du Bosphore a été déclaré libre par le gou-
vernement ottoman, et à laquelle a commencé une ère nou-
velle pour le eommei ce de la Turquie.
Il est à présumer que d’autres changements viendront
favoriser la navigation étrangère dans les eaux ottomanes
et ajouter de nouveaux développements au commerce ma-
ritime de la Turquie.
Sur la côte du Pérou se trouve un petit, port, nommé
Chimbate, qui a dû être une ville de premier ordre, du temps
des Incos, à en juger par les restes d'une gigantesque dis-
tribution d’eau qu’on a découverts récemment. Ce port va
revivre prochainement ; il est un des meilleurs de l’Océan
Pacifique et va être relié à l’intérieur par un chemin de fev
Comme il y a des mines de houille aux environs, l’exploita-
tion des chemins de fer sera très facile. Les frais do eon
struction du railway seront de 80 millions de florins.
' (Nieuice Rotterdamsche Courant).
CONGRÈS TÉLÉGRAPHIQUE INTERNATIONAL.
Ce congrès s’est ouvert le 28 décembre à Rome.
Dans son discours d’ouverture M. Cyrus Field a signalé
à l’attention du congrès la question de la neutralisation des
lignes télégraphiques en temps de guerre ; l’orateur est
d’avis que la destruction des câbles télégraphiques doit
être condamnée comme uu acte de barbarie. Il s est pro-
noncé en faveur de la concentration des télégraphes entre
les mains de l’Etat, comme lo système le plus avantageux
à tous, et il applique ces principes aux câbles sous-marins.
L’orateur a aussi fait ressortir l’iniquité qu’il y a de sur-
taxer les télégrammes entre pays limitrophes; cette taxe ne
pourrait jamais dépasser le mont ant. des deux taxes natio-
nales réunies.
Actes officiels.
Navigation. — Un arrêté royal, dû 23 décembre-ac-
corde conditionnellement, aux sieurs Geiseler et Flaming
courtiers de navires à Gand, l’autorisation définitive de
faire naviguer sur la partie belge du canal de Gand à Ter-
rieuzen lo bateau à vapeur allemand à hélice Amalia, cap.
Petersen, pour l’exploitation d’un service régulier de na-
vigation entre l’Allemagne et le port de Gand.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES
AMÉRIQUE DU SUD.
Le Standard de Buenos-Ayres, du 30 novembre, donne
des details sur le fait, signalé par le télégraphe, du trem-
blement de terre dans le Salta.
Le 22 octobre, à 11 heures du soir, au moment où la plu-
part des habitants d’Oran étaient rentrés dans leurs de-
meures, on ressentit le premier choc.
La panique s’empara des habitants, qui se précipitèrent
dans la rue. Peu d entr’eux s’étaient couchés, un gronde-
ment souterrain ayant été entendu quelques heures avant
et tout le monde ayant dès lors redouté une catastrophe. ’
Les chocs continuèrent par intervalles pendant environ
neuf heures ; dans ce laps de temps on compta jusqu'à
40 secousses distinctes. Le pavage des rues se fendit, tan-
tôt à tel endroit, tantôt a tel autre, et les maisons tom-
baient en ruines. Il n’y a MAju’un mort et quelques per-
sonnes contusionnées.
La plupart des habitants ontfui la ville dès les premières
secousses, et Oran peut être considéré comme un vaste
monceau de ruines.
FRANCE.
On écrit de Versailles, le 4 janvier, att Journet /
des Débats ;
•’ Le fait le plus important de la journée a été la nomina-
tion de la commission chargée d’examiner le projet sur
l’instruction primaire,présenté par le ministre de l’instruc-
tion publique. Deux des bureaux n’ont pas encore terminé
leur élection ; mais parmi les treize commissaires nom-
més, onze doivent être considérés comme peu favorables à
la loi du gouvernement dans les termes où elle est pro-
posée.
» On ne saurait du reste méconnaître que cette loi, dès
qu’elle a été connue, a été l’objet de critiques do la pari
des esprits les moins prévenus et les plus modérés ; non
pas qu’on élevât des objections contre son principe, qui est,
dans la mesure du possible, la diffusion la plus large et la
plus complète de 1 instruction primaire, mais seulement
contre quelques-uns des moyens proposés pour arriver à
ce résultat souhaitable. .
Ainsi l’on trouvait que le système d’examen y était gé
neralise à l’excès. Etablir une sorte de baccalauréat pri-
maire pour tous les Français et même pour toutes les
Françaises, cela rappelait par trop le mandarinat chinois.
On signalait aussi les eff ets regrettables de la lutte s’enga-
geant sur le caractère laïque ou religieux de l’instituteur,
non pas à l’occasion de chaque vacance, mais bien à l’occa-
sion de chaque élection. Ce serait un ferment nouveau, et
l’un des plus dangereux, introduit nécessairement dans
toute élection politique. On regrettait quelques expressions
de l’exposé des motifs comme dépourvues de la précision
et de la simplicité convenant à la gravité du sujet. Sans
ajouter d’autres exemples à ceux-ci, iijsufflt de dire que des
objections sérieuses étaient élevées contre un certain
nombre de dispositions de la loi.
» C'est sous l’influence de cette impression que s’est faite
l’élection d’aujourd’hui ; elle n’est, évidemment pas favora-
ble au projet de M. Jules Simon. Faut-il cependant en
conclure que ce projet est perdu et qu'il n’y a plus rien à
en attendre ? Ce serait une conclusion exagérée et qui jus-
qu’à présent manquerait de mesure et de justesse. '
II faut se rendre un compte exact de ce que sont les
élections dans les bureaux. Chacune des fractions de TAs-
semblee s y trouve pour ainsi dire renfermée et repliée en
elle-meme, privée de ces tempéraments et de ces vues d’en-
semble qui résultent de la discussion publique. Il arrive,
alors naturellement, lorsque la majorité est très convain-
cue, très forte numériquement et très contredite, qu’elle
tend à s affermir elle-même, et abonder dans le sens di-
ses propres opinions. Ces conditions se rencontraient préci-
sément dans l’élection d’aujourd’hui. Le débat a été fort
anime dans.quelques-uns des bureaux ; dans celui où siège
M. le ministre de l’instruction publique, il a dû prendrela
parole pour defendre son projet et ses idées. Mais il ne
faut pas déduire nécessairement de la discussion dans les
bureaux que le résultat sera identique dans la commission.
Celle-c, une fois constituée, est en contact avec la Chambre
entière; et l’atmosphère de la Chambre n’est pas absolu-
ment celle des bureaux. Enfin, la Chambre elle-même est
en contact avec l’opinion, et la discussion publique modifie
encore bien des impressions premières.
» En résumé, la majorité est, par l’élection d’aujourd’hui
entièrement maîtresse du projet ministériel. Conclure de là
qu’elle usera de ce pouvoir pour mettre le projet à néant,
c’est une opinion que rien ne justifie à l’avance. Il faut le
repeter : les objections les plus répandues portent sur di-
verses dispositions, non sur le principe de la loi.
» Seulement, que la majorité comprenne bien ceci : le
pays attend une loi sur l’instruction. 11 ne serait pas pos-
sible d’en supprimer une sans la remplace? par une autre.
Si la commission en a une meilleure a proposer, qu’elle le
fasse ; c’est son droit et son devoir. Mais il faut que la
question soit résolue, et la meilleure manière serait pro-
bablement encore de se borner à amender ce projet en ce
qu’il peut avoir de défectueux.
Le 6e conseil de guerre, saisi de l’affaire de l'assassinat
de Mgr Darboy, de M. Bonjeàn et des autres otages détenus
à la Roquette, vient de terminer l’instruction. Les débats
s’ouvriront lundi prochain, 8 janvier. Les accusés sont au
nombre de vingt-trois, dont deux femmes ; parmi eux, et
l'un dos plus gravement compromis, se trouve le sieur
François, qui avait été nomme directeur de la prison et
qui aurait désigné plusieurs des victimes au peloton d’exé-
cution. L’ordre écrit du comité ne portait en effet, paraît-il,
que Mgr Darboy, M. Bonjean et M. Deguerry, et trois
autres prisonniers, sans donner leurs noms. On sait que
les Pères Ducoudray, Allard et Clerc furent massacrés avec
les trois premiers. (Gazette des Tribunaux.)
L’affaire du colonel Lisbonne, condamné à mort par le
3° conseil de guerre, venait hier à Versailles devant le 2e
conseil de révision, présidé par le général Pradier.
Le conseil, après avoir entendu Me Léon- Bigot, a. sur
les conclusions de M. le commandant Simonnot, rejeté le
pourvoi formé par lehondamné.
Un mandat d'amener a été décerné contre T ex-général
Cremer par le juge d’instruction de Beaune.
On assure que M. Rossel père intente un procès à M.
Jules Amigues et au journal la Constitution, ponrpublica-
tion faite sans son autorisation du Journal ae Rossel. On
sait qu'e ce journal se compose des dernières pages écrites
par Rossel pendant la huitaine qui a précédé saniort : c’est
le résumé des impressions du condamné.
Nous trouvons dans le Journal de Paris le fait
suivant qui nous paraît de pure invention.
M. Thiers, qui a fait demander â Vienne le rappel du
prince de Metternich, aurait désiré, en oùtre, que ÏTtalie
et la Belgique remplaçassent à Paris M. Nigraet M.Beyens.
Dans le courant de l’été dernier, M. Rattazzi étant venu à
Versailles, M. Thiers lui avait fait connaître le plaisir qu i!
aurait à le voir venir représenter le gouvernement italien
auprès du gouvernement qui réside à Versailles. G? vœu
aurait été transmis au cabinet de Florenee ; mais le roi
Victor-Emmanuel aurait répondu que son gouvernement
était très satisfait des services du chevalier Nigra et qu’il
n’y avait aucun motif de le rappeler.
Quant au baron Beyens, le chef du cabinet belge aurait
répondu à M. Picard, au nom du roi Léopold, que la Bel-
gique n’avait pas en ce moment d’hommes politiques dispo-
nibles et qu’elle n’avait pas l’habitude a’eh improviser
comme cela se fait dans d’autres pays : que cependant, si
M. Thiers insistait pour le rappel du ‘baron Beyens, on dé-
férérait. à son désir formellement exprimé ; mais que, dans
ce cas, les affaires de la légation seraient gérées par uu
simple chargé d’affaires.
M. Picard a fait connaître cette ré >onse à M. Thiers qui
n’a pas insisté. |