CHAPITRE IX. 145 bien rare : elle forme corps et n’est pour ainsi dire compo- sée que des meilleures productions des premiers peintres anversois. Les trois plus grands d’entre eux y brillent d’un éclat incomparable : Quintin Metzys, Rubens et Antoine Van Dyck; et autour d’eux se groupe l’illustre pléïade de ces fameux artistes que l’heureuse Anvers a produits ou formés en si grand nombre aux xvi° et xvu° siècles; les Michel Coxie, les Franz Floris, les Van Orley, les Van Baelen, les quatre Franck, les trois de Voss, les Martin Pepyn, les Crayer, les Jordaëns, les Janssens, les Rombouts, les deux Seghers, les Schut, les Van Thulden, les Sneyders, les Van Moll, les Téniers, les Pierre Thys, les Quellyn, les Boyer- mans, les Maës, etc., etc. On peut affirmer que jamais école au monde, sans en excepter Venise ni Florence, ne produisit, dans le même espace de temps, tant d’artistes supérieurs. Si vous le voulez bien, nous suivrons, au musée d'Anvers, l'ordre du livret que j'ai là, tout chargé d’annotations prises devant les toiles mêmes, et qui par conséquent auront, si ce n’est le mérite de la justesse, au moins celui de la fraîcheur et de la vérité de l'impression. Le premier tableau qui fixe nos regards est une toile go- thique attribuée à Hans de Malines, et représentant la Æéfe du Serment des archers d'Anvers. C’est un de ces tableaux- bulletins dont le premier mérite est l'exactitude. Bien qu’of- ficiel, celui-ci esttrès-curieux, très-joli, d’une grande finesse de détails; il est de la fin du xv° siècle, à en juger par les armes d'Espagne et d'Anvers, accolées sur plusieurs points du tableau. Vient ensuite le grand maréchal d'Anvers, l'illusire Quin- tin Metzys, que l’on ne connaît guère hors de sa nation que par ces vulgaires petits tableaux de peseurs d’or, cent fois multipliés par lui, propter vilam, et qui ne donnent nulle idée de son énorme puissance. Ces peseurs d’or et autres pa- cotilles étaient aux grands artistes d'Anvers ce que sont à nos 85 j