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Samedi
Trente-septième aimée. — Numéro 45.
43 Janvier 4872.
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Belgique.
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LIGNE DE LOUVAIN.— Départs d’ANVERS vers Lierre, Aersciiot, Louvain, Ottignies,
Charleroi,Châtelmeau.VirÔhx.Givet.iCharleviUe, Reims, Paris, Namur.Arlon, Luxembourg,
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LIGNE DE HASSELT. — Départs d’Anvers pour Diest, Hasselt, Maestricht etiAix-la-
Chapelle, 7.22, 9.33,1:44,5.42soir.
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Anvers, 7.00 h., 1. — De Hamme pour Anvers,8.00h. — De Doel pour Anvers,
7 h. matin. •
ilia.
elle I
à la
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RÉSUMÉ politique.
M John Lemoinne, dans le Journal des Débals,
commence ainsi un article où il plaisante M. Buisson
à propos du rapport dont nous avons parlé hier :
* Parlant de la ville de Paris, c’est Montaigne qui disait,
dans un langage qui veut être respecté : - Je 1 aime par
e le même et plus en son estre seul que rechargée de
•i nompe éstrangêre. Je l’aime tendrement jusques à ses
„ verrues et à ses taches. Je ne su>s François que par cette
Grande cité ... la gloire de la France et 1 un des plus
nobles ornemens de ce monde. » Nous demandons la
permission de préférer le jugement de Montaigne a celui
de l’honorable député de Carcassonne, département de
l’Aude Cet honorable membre nous parait avoir fait de
Paris ûnde ces portraits qu’il sait si bien faire ; il n’y a vu
oue des vomies et des taches, et c’est le seul côté qu’il en
ait saisi. Montaigne y voyait autre chose. Du reste, le dé-
puté de Carcassonne est rassuré; il constate que l’in-
fluence du journalisme parisien est sensiblement amoin-
drie et que la nation perd de son goût pour la litté-
rature politique. Nous le croyons sans peine, si cette
littérature doit être représentée par des périodes com-
me celle-ci : - La France n’est pas un édifice à étayer,
- c’est un édifice à reprendre par la base. La situation est
- neuve,douloureusement neuve; nombre de dispositions
„ je seront dans la nouvelle reconstruction. Ne nous lais-
„ sons pas distraire de ces réédifications laborieuses. Elles
« exigent une grande largeur, une grande indépendance
•• de vues, mais elles demandent avant tout un universel
accord dans le sacrifice.Au sein de l’Assemblee les partis
„ en font chaque jour... - Cet heureux mélange de la ma-
çonnerie avec la politique et de l'architecture avec la mo-
rale nous promet, en effet une littérature toute nouvelle, et
cet infortuné Paris, avec ses verrues, fera bien mauvaise
mine A «ôté des boutons de rose et des lauriers fleuris ou
tloraux de Carcassonne.
Abordant le côté beaucoup plus sérieux de la ques-
tion, -M. John Lemoinne dit plus loin :
L’honorable rapporteur n’avait pas besoin non plus de
faire intervenir le doigt de Dieu dans le choix de Versailles
pour résidence, et il risque de faire un appel inut ile à notre
«pouvant e en se demandant avec terreur ce qui serait ar-
rivé si■ l’Assemblée fût venue . s’enfermer dans Paris. Il
serait, arrivé une de ces deux choses. Ou bien l’Assemblée
aurait centralisé la résistance, et donné aux honnêtes gens
qui étaient tout prêts, l’appui moral et matériel de sa pré-
sence et de son initiative, et c’était une bataille à gagner
ou à perdre, comme toute autre. Ou. bien elle aurait été
envanie et dispersée, et dans ce cas elle pouvait se re-
trouver et se réunir ailleurs ; c’est ce que prévoit le projet
de loi qui a pour objet de remettre provisoirement, en cas
d’attentat, la représentation aux conseils généraux.
L’Assemblée ne nous parait pas-avoir une idée suffisam-
ment élevée du principe qu’elle représente : elle n’a pas la
conscience de ce qu’elle est. Puisque la souveraineté na-
tionale a remplace le droit héréditaire, le droit divin, elle
est et doit être comme lui inaliénable et indestructible.
Autrefois lé roi ne mourait jamais, et on disait : - Le roi est
mort, vive le roi ! * 11 en est de même pour l’Assemblée,
qui est l'incarnation continue et non interrompue du
principe de la souveraineté. Le principe subsiste en de-
hors d’elle, d’une manière permanente. Nous voudrions
parler avec tout le respect possible de nos représon-
tants, mais enfin quand ils nous demandent ce que nous
serions devenus et ce que nous deviendrions encore
sans eux, nous sommes obligés de répondre que nous
tâcherions d'en trouver d’autres. Il arriverait ce qui ar-
rive dans un autre ordre toutes les fois que les parents
laissent la place aux enfants. Nous ne pouvons jamais as-
sister à ces témoignages d’intérêt particulier que se décer-
nent, dans l’intérêt général, les pouvoirs régnants, sans nous
rappeler ee mot. charmant d’un vieillard qui se trouvait
nimelc par le privilège des années à présider la première
seance d'une législature nouvelle, et qui disait : « Comment
fera la Chambre après moi pour avoir un président d’àge î »
Eh bien, si après la mort de son doyen la Chambre vivait
.encore,’pourquoi, le cas échéant , ne ferions-nous pas
•comme elle ?
Nous publions tous la rubrique France le compte-
rendu de l’incident soulevé à l’Assemblée de Versailles
par une proposition du ridicule le plus achevé dont
M. Jean Brunet a -prie l'initiative.
Comme M. Buisson,cet.excellent M. Brunet s’obstine
•à fourrer partout le doigt de Dieu dans nos plus petites
.affaires h fini ai ne*. Hélas ! il doit être bien occupé ce
pauvre doigt du bon Dieu, et l’Assemblée de Versailles
foi taille pas mal de besogne en l’invoquant à tout pro-
pos, avec une persistance qui est des plus honorables
lorsqu’on considère que ce doigt n’a cessé de réserver
ses indications les plus précieuses A la Prusse héré-
tique.
MM. Buisson et Brunet nous paraissent être quelque
peu dans le cas de ces entrepreneurs de pompes funè-
bres qui, .à la messe. le dimanche, prient le Seigneur
dèvoieriKnt de leur envoyer beaucoup de besognedans
la semaine ,'ui doit suivre.
Il y a quelque chosede mieux à faire pour la France
que d’élever un temple expiatoire sur le Trocadéro,
comme le demande M- Brunet; c’est d'appliquer cette
. devise : « Aide-toi, le ciel t’aidera
Mais les cléricaux n'entendent pas de cette oreille
•et ils commencent par faire une guerre furieuse à la
.réforme de l’enseignement, premier moyen de salut.
Les dépêches de Paris nous apprennent aue M.
Pou ver-Quertier a déposé hier sur le bureau de l’As-
sembtée nationale le projet du, nouveau tarif, et
que M. Wolowski ayant échoué dans sa première
proposition d’impôt sur le revenu, l’a remplacée par
une nouvelle motion destinée à combattre 1 impôt sur
les matières premières. Il demande sur la valeur loca-
tive des propriétés habitées une taxe de guerre pro-
visoire de 13 0/0 affectée exclusivement au paiement-
•de l’indemnité et àia libération du territoire de l’occu-
pation étrangère. L'urgence a été admise sur cette
proposition, qui a été renvoyée A la commission d’ini-
ïiative.
L’Assemblée nationale a décide que la question du
retour à Paris viendrait à l’ordre du jour à la suite de
la discussion des affaires financières.
Nos lecteurs savent déjà que la Chambre des Sei-
gneurs, de son côté, a-témoigné de toute la ferveur de
son conststutionalisme par le vote d’une Adresse où se
trouvent vivement blâmées les tentatives fédéralistes
du ministère Hohenwarth, et où la nécessité de sous-
traire le Reiehsrath à la domination des Diètes pro-
vinciales et d’assurer son indépendance par des élec-
tions directes est recommandée comme urgente ù
l’attention du gouvernement.
A Vienne, M. Uerbst a terminé la rédaction du pro-
jet d’Adresse en réponse-au discours du Trône. La
Chambre exprime dans ce document la confiance
(quelle a dans les intentions du ministère. îjüe l’as-
sure de son appui lorsqu’il voudra introduire dans la
•CoBstitution des modifications qui pourraient être né-
cessaires pour satisfaire des vœux légitimes. “ Mais,
«S.t-:il ajouté, la Chambre repousse dès à présent les
VÓ8BX qui sont en opposition directe avec la .Constitu-
tion «Jqui ont trait à des droits politiques spéciaux
comme peux que réclament les Tchèques. Entre ces
vœux et la Constitution il n’y a pas de compromis ni
de conciliation possibles. «
L’AdreAse fait ressortir ensuite la nécessité de con-
solider le i •égime constitutionnel en 4utriche,en créant
nne représentation nationale indépendante des Diètes
particulières. C’est à l’aide de cette représentation
centrale qu’il sera possible de prendre en considéra-®
Hou les besoii \s de la Galicie, tous le rapport de la lé-
gislation et de l’administration de ce pays. Cette ques-
tion pourra donc être réglée simultanément et con-
jointement avec celle delà réforme électorale.
Rappelant ens.iitê les promesses du gouvernement
Relativement îUVxffitfos du Concordat et au règlement
égal des rapports nouveaux qui en résultent entre
J Etat et l’Eglise, l’Adresse exprime l'espoir que le gou-
vernement présenter:-.'- des projets de loi destinés à sau-
vegarder les droits de l’Etat, contre les empiétements
du clergé et à refréner .les abus de la chaire.
L’Adresse dit encore .que la Chambre verra avec
Plaisir le gouvernement s’appliquer à améliorer le
*ort dit bas clergé mais eh’e lui recommande m même
temps de veiller avec soin à la réforme radicale de
l’enseignement dansles séminaires, et aux garanties
légales qui doivent présider aux nominations des
membres du clergé seculier, pour les emplois et bé-
néfices ecclésiastiques.
Le passage de cette Adresse qui parle du règlement
simultané de la question galicienne et de la réforme
électorale donnera lieu sans doute à une vive discus-
sion. Le Vaterland prédit son rejet par les députés
galiciens et ne voit pas comment le ministère actuel,
si ce passage était adopté, pourrait se maintenir, car
les Polonais verraient qu’on ne veut pas leur accoçder
satisfaction.
L'Escaut a vraiment, peu de chance. Dans son
numéro d’hier il nous objecte qu’il a déclaré la
guerre à M. Malou, sur la foi du résumé que les
journaux avaient fait de son discours militariste,
mais qu’il a, dès le lendemaii), arboré le rameau
d’olivier, après avoir lu les Annales parlemen-
taires. Or, d’après les Annales parlement aires, M.
Malou a reconnu que la question d’Anvers avait i
été traitée par le cabinet libéral avec une entière
bienveillance et qu’il ne pouvait que s’en référer
aux déclarations de M. Frère.
L'Escaut ne peut pas se tirer de ce mauvais pas.
Sa situation est d’autant plus critique que pré-
cisément, ce matin, le Journal de Bruxelles nous
apporte le texte du discours que vient, de pronon-
cer à St-Nicolas le chef du cabinet clérical. Or,
M. Malou, a déclaré que “ la majorité parlemen-
taire commettrait une souveraine imprudence
enne maintenant pas une force militaire suffisante,
pour faire face à tous les évènements « et que « la
Belgique doit avoir une forcé militaire parfaite-
ment organisée. -
L’anti-militarisme n’est d’ailleurs par la seule
tendance que M. Maloucombat.il blâme ceux qui
exigent de leurs amis au pouvoir l’abrogation des
lois contre lesquelles ils ont, voté lorsqu ils étaient
dans l’opposition, par exemple la loi sur les bour-
ses d’études. M. Malou craint de mériter l’épithète»
de réactionnaire ! Par contre, il est, bien décidé
à n’admettre aucune modification qui tendrait à
séparer, l’enseignement religieux d’avec l’ensei-
gnement proprement dit : il veut, que l’atmosphère
de l’école soit religieuse.
Que fera donc le nouveau cabinet? Il ne nous
promet d’une façon positive qu’une seule chose :
une bonne armée. Il s’engage à s’occuper de poli-
tique le moins, possible a fi g de ne pas irriter les
esprits, surtout avant les élections, et il reconnaît
qu’il y a beaucoup à faire pour augmenter le bien-
etrè moral et le bien-être matériel des classes ou-
vrières. On le savait avant lui.
M. Malou a, en somme, avoué que son parti ne
peut, sans danger pour lui, toucher aux progrès
accomplis et que, d’autre part, il n’a, dans son
portefeuille aucune formule de progrès nouveau
réalisable. Une pareille détresse n’est comparable
qu’à celle du Saint-Père.
L'indépendance annonçait hier que doit paraître
prochainement, en notre ville, un nouveau journal qui
sera l’organe des catholiques avancés, sous le titre de
Cou rrier de la Meuse ; une correpondance de Liège
qui lui est adressée, cite même les noms des fonda-
teurs de cette feuille. »
Serait-ce donc possible ? Et cette pauvre Gazette,
qui nous amusait tant, que va-t-elle devenir?Tous les
malheurs pleuvent à la fois sur elle ; on vient d’ex-
proprier le localoùelleétait née etvoilâ qu’aujourd’luii
ses anciens amis l’abandonnent et s’apprêtent à lui
porterie coup le plus terrible qu’elle ait jamais reçu.
Ah ! nous le lui avions bien prédit quelle finirait par
soulever contre elle tous les catholiques honnêtes de
notre province : ses doctrines audacieusement rétro-
grades, sa polémique acrimonieuse, les calomnies, les
injures, les personnalités qui sortent de sa plume
comme des champions vénéneux, ses alliances scan-
daleuses, le ton arrogant et hautain avec lequel elle a
prétention d’imposer ses opinions à tous les catholi-
ques, devaient infailliblement provoquer tôt ou tard
j une énergique opposition dans le sein de son propre
parti. Si cette opposition se traduit en fait, par la
création d’un nouveau journal, la Gazette ne fera que
subir le châtiment mérité de ses propres fautes.
Il fut un temps — mais il est déjà bien éloigné — où
la Gazette de Liège, rédigée alors par des hommes
modérés, se bornait â être un organe conservateur,
non moins dévoué à nos institutions politiques qu’à ses
principes religieux; elle jouissait alors dans son parti
d’une légitime influence. Un beau jour, - tout cela
change. La Gazette se lance à corps perdu dans tou-
tes les exagérations ultramontaines. Veuillot devient
son idole ; elle cherche à copier son style et elle arrive
à peine à la hauteur du Feuilleton belge, un mauvais
petit journal satirique en vers et en prose, qui parais-
sait autrefois à Narnur et dont il est inutile de rap-
peler le nom du rédacteur. Sous l’empire de ces inspi-
rations fanatiques et riamuToises, élevées à l’état de
puissance sur un trône épiscopal illustré par les Not-
ger, les Wazon, les Velbruck et tant d’autres, la Ga-
zette ne rév.e plus que luttes et combats ; elle, commence
par abattre le Journal artistique et littéraire, une
feuille honnête, profondément, religieuse, rédigée de-
puis cinquante ans par le doyen de la presse catholi-
que belge, le vénérable M. Kersten, et, après lui, par
un jeune écrivain de grand talent qui continuait les
traditions d’indépendance et d’jajpartialité du maître.
Ge journal avait, osé attaquer de front M. Veuillot et
ses satnllites belges. C’en était assez ; il fut condamné
à disparaître! Bientôt après commença, contre les
feuilles libérales, cefte croisade insensée qui de-
vait tourner à la confusion de ses auteurs, en leur
prouvant que les populations liégeoises ne sont pas
disposées à se laisser crétiniser et fanatiser de cette
façon. On croyait en avoir facilement, raison en
leur imposant là lecture forcée de la feuille cléricale ;
tous les efforts, tous les pitoyables moyens d’intijnida-
tioft, .que l’on employa dans ce but vinrent échouer de-
vant lè’bon sens et le vieil esprit d’indépendance de
nos populations. Il fallut donc se résigner à combattre
ceux dont on n’avait fait que fortifier l’influence.
C’est alors que s’ouvrit cette guerre de dénigrement
systématique, de personnalités injurieuses que la Ga-
zette poursuit à Liège depuis urte dizaine d’années
Ses patrons ne cessaient de l'encourager dans cette
voie. Nous croyons même qu’elle reçut un jour un bref
Ab félicitations, comme M. Langrand-Dumonceau,
dont elle publiait toutes les pompeuses réclames finan-
cières. Cotte feuille se mit j la tètedu mouvement clé-
rical dans notre province,’et il lui prit également, fantai-
sie de s’ériger en docteur infaillible de la foi catholique.
Malheur à ceux qui osaient la contredire; ils étaient
aussitôt vilipendés, conspués comme dos hérétiques de
la pire espèce; ils n’entendaient rien aux principes de
haute école politique pus ep pratique par ce journal !
Ils protestèrent énergiquement contre cette idée mons-
trueuse de se coaliser avec f internationale, âvep des
athées et des solidaires dans les luttes électorales ne
1858 ? rien n’y fit; il leur fallut subir cette coalition
inventée et prèchée par la Gazette et qui devait décon-
sidérer leur parti aux yeux de tous les honnêtes gens !
Aujourd’hui, ils protestent epepre, envoyant ce journal
professer audacieusement des doctrines,qpi conduisent
tout droit au renversement de nos insTntions et soulè-
vent contre In pprti clérical tous les Belges qui veu-
lent le maintien de lpprs libertés politiques ; vaines
protestations ! La Gazette persiste à continuer avec
vigueur cette œuvre de réaction et de fanatisme qui
ne tarderait pas, si elle avait un jour la prétention de
s’imposer par la force, à renouveler dans'notre pays
i’ère des révolutions.
On comprend qu’iLy a encore dans l’opinion catho-
lique des hommes sages, modérés, dévoués à nos insti-
tutions, amis de l’ordre et. de la paix publique, qui re-
fusent de suivre dans une pareille voie la mauvaise
queue dé leur parti. Ils comprennent qu’on les conduit
à une catastrophe ît ils veulent s’arrêter. De là, l’op-
position qui se manifeste dans le sein même de l’opinion
catholique contre les doctrines ultramontaines de la
Gazette de Liège. Parviendra-t-elle à écarter, au
moins pour quelque temps, le coup qui la menace ?
C’est fort possible ; mais cette opposition, ces projets
de créer un nouvel organe catholique — projets que la
Gazette ne niera pas — n’en sont pas moins un sigDe
du temps, signe très caractéristique dont nous nous
félicitons sincèrement, quant à nous, dans l’intérêt de
nos institutions et de notre pays. (Meuse.)
La réforme des tarifs des chemins de fer de l’Etat
accomplie par M. Wasseige a été l’objet de nombreu-
ses cri tiques,, à la plupart desquelles nous nous som-
mes associés. Iaj seul avantage que nous y ayons
trouvé consiste clans l’adoption des billets d'aller et
retour ; et, à cet égard, nous avons eu soin de
faire remarquer que cette innovation était récla-
mée depuis longtemps, même par la plupart des em-
ployés supérieurs du ministère dos travaux pu-
blics. Aujourd’hui les commerçants s’aperçoivent
que le système des billets d’aller et retour, tel qu’il
a été réglementé par M. Wasseige, est contraire à
leurs intérêts autant qu’à ceux des voyageurs. En
effet, le Dillet d’aller et retour n’étant valable que
pour le jour courant, tous ceux qui veulent jouir de La
réduction qu’il procure s’empressent de regagner leur
domicile au plus vite et ne séjournent que le moins
possible à l’étranger. On aime mieux, par exemple,
taire deux voyages par quinzaine de Charleroi, ou de
Namur ou de Mons à Bruxelles,que d’y rester pendant
une Couple de jours.
Puisqu’on s’est décidé, enfin, à suivre le système
allemand pour les tarifs de voyageurs, pourquoi l’a-t-on
tronqué ? Pourquoi en a-t-on rejeté la mesure la plus
sage ? En Allemagne, les billets’ d’aller et retour sont
valables pour trois jou rs. Nous demandons pour quels
motifs il n’en serait pas' de même chez nous ? A quoi
bon imposer aux voyageurs l’obligation de revenir le
même jour pour qiie leurs billets soient valables?
Est-ce pour les forcer de faire un plus grand nombre
de voyages dans le cours de l’année et pour les enga-
ger à ne point loger dans les centres industriels et
commerciaux où leurs affaires les appellent plus ou
moins fréquemment, qu’on a fixé à un seul jour la va-
lidité de ces billets ?
Cela peut faire le compte de l’administration des
chemins des fer, mais cela ne fait point celui ducom-
merce, ni des voyageurs.
Nous appelons sur ce sujet, l’attention de M. Mon-
Cheur. [Progrès de Charleroi).'
Le Siècle, examinant, les tentatives cléricales
contre renseignement, dont nous avons entretenu
nos lecteurs, exprime très-bien dans les lignes
suivantes les sentiments des gens sérieux :
“ Mon clergé est un régiment ; je fais un signe, et il
marche, « disait un beau jour au sénat le cardinal de
Bonnechose. Le cardinal disait vrai. Voici tous les évê-
ques successivement engagés dans le pétitionnement.
à l’Assemblée nationale contre le projet de loi du mi-
nistre de l’instruction publique. Le mot d’ordre est
donné ; il faut en prendre son parti : tous les diocèses
v passeront. Cambrai, Bourges, Arras, Orléans, Tou-
louse, Montauban, Aix, Vannes, Coutances, ont déjà
défilé et envoyé leurs adresses, en général très-in-
structives. M. Louis-Marie, évêque d’Aire, écrit sen-
tencieusement au président de l’Assemblée :
“ La France, monsieur le président, n’avait pas be-
soin de cette agitation nouvelle. Le repos lui était
nécessaire pour découvrir la cause da ses malheurs. «
Hélas! monseigneur, la cause des malheurs de la
France n’est que trop évidente; elle est dans l’igno-
rance, et il n’est pas malaisé de prouver, l’histoire en
main,que toutes nos calamités dérivent de cette source
empoisonnée.
L’ignorance du peuple a permis au parti conserva-
teur de la rue de Poitiers de préparer le coup d’Etat
de décembre avec une coupable imprévoyance. Quand
le clergé catholique a brûlé son encens et répandu ses
fleurs sur les pas de l’auteur de ce crime, quand le
clergé s’est jeté à corps perdu dans le système des
candidatures officielles, quand le clergé a prêté les
mains à la grande duperie du plébiscite, c’est, la seule
ignorance qui a pu fermer les veux du peuple sur les
dangers auxquels on exposait la patrie ; et au sortir
de cette funeste guerre où a sombré la grandeur de
la France, quand on a regardé autour de soi, en proie
à fejfarement causé par des revers si foudroyants,
quand oij s’est demandé comment ce grand pays" avait
pu succomber malgré l’héroïsme traditionnel de
ses soldats, quel est le cri qui s’est échappé de toutes
les poitrines ! Le cri universel a été celui-ci : c’est
l’incapacité des états-majors, c’est la routine des co-
mités, c’est l’infériorité dans l’armement, c’est, l’igno-
rance, en un mot, qui nous a perdus ! Qui nous sauve-
ra désormais ? L’instruction, encore l’instruction, tou-
jours l’instruction !
Et lorsque, pour se conformer à ce désir universel,
inspiré par le plus pur patriotisme, et aux vœux d’un
très-grand nombre de conseils généraux, le ministre
(le l’instruction publique presente un projet de loi, le
clergé proteste, se récrie, pétitionne, et déclare que
« la France M'avait pas besoin de cette agitation nou-
velle. ’> En t enant un pareil langage, le clergé est très-
romain sans do-ute; mais, à coup sûr, il n’est pas
français; et il ne doit accuser que lüi-même et
l’âprété de ses convoitises dominatrices, si la société
moderne s’éloigne de plus en plus de lui. La croisade
contre l’instruction aura, nous l’espérons, ce bon ré-
sultat de secouer les indifférents, d’obliger chaque
père de famille à prendre un parti, et de mûrir dans
les esprits cette grande question du diVoroe de l’Eglise
et fie l’Etat. On sera citoyen ou on sera capucin, on
choisira la lumière ou on chosira 1 eteignoir ; mais,du
moins, on sera quelque chose et l’on fera son choix.L(
pire fie tout, c’est l’indifférence.
Agents :
Bruxelles,O/jïce de Publicité, rua
de la Madeleine, 40.
hollande,M. H. Nugh & Van Dit-
-May, à fir((erdam, et tous les Di-
recteurs de postes du royaume.
paris. Havas, Lafitte, Bulliek
et Cie, Place de la Bourse, 8.
Londres, Delizy Davies et Cie, I,
Cecil Street, Strand, et A. Maurice
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cinq lettres...........fr 0 25
Réclames (lindujourn.) lalig.»’o 75
Faits divers....... » » 1 50
Rubrique Anvers.... » » 2! 50
Er- Les annonces sont mesurées
au lignométre. Les titres se paient
d après l espace qu’ils occupent.
Actes officiels.
Avoués. — Par arrêté royal du 11 janvier, la démission
du sieur A. De Hacker, de ses fonctions d’avoué près le tri-
bunal de première instance séantàMalines, est acceptée.
— Conservatoire royal de Bruxelles. — Par arrêté
royal du 12 janvier, le sieur J. Dupont, ancien lauréat du
grand concours de composition musicale, est nommé pro-
fesseur d’harmonie au Conservatoire royal de musique de
Bruxelles, en remplacement du sieur Samuel , appelé à
d'antres fonctions.
— Ecoles moyennes. — Un arrêté ministériel, en date
du 30 décembre, nomme le sieur Watriri maître de dessin à
l’école moyenne de l’Etat, à Virton, en remplacement du
sieur Lorrain, démissionnaire.
NOUVElLESjmNGÈRFN
FRANCE.
[Correspondanceparlicidière du Précurseur.)
Paris, 12 janvier.
La plus importante des commissions, celle du budget
de 1R72, dont je vous ai précédemment nommé les
membres, a fait hier les élections de son bureau : ce
sont MM. Benoist d’Azy,de Lasteyrie et Buffet qui sont
élus président et vice-président; les secrétaires sont
MM. Caillaux, Lambert, Sainte-Croix, Louis Passy et
Dessëilligny. Ces choix achèvent de justifier mes pré-
visions, c’est-à-dire qu’ils reproduisent à peu près la
même composition de commission que pour le budget
du précédent exercice et (le fait il devait en être ainsi
tant que les circonstances ne sont pas changées, tant
que l’exécution du traité de Francfort pèsera sur nos
destinées.
M. Vautrain, l’élu de Paris à la députation, a pris
place à l’Assemblée sur un banc du centre gauche.
A propos d’une autre élection, celle du déparlement
du Nord, on pense que M. Deregnaücourt, candidat
radical, est définitivement nommé après bien dés alter-
natives causées par les appoints de quelques communes
et ceux de l’armée qui arrivaient tardivement ai^dé
pouillement.
La commission île réorganisation militaire déposera
son projet pour la discussion publique dans les pre-
miers jours de février prochain.
Quant à la commission nommée par la loi sur l’in-
struction primaire, M. Jules Simon lui fait des loisirs
en reprenant son projet qu’il va s’efforcer d’accommoder
au goût des critiques dont il est assailli.
La dernière séance publique de l’Assemblée a été
signalée par un incident profondément attristant :
M. Jean Brunet, un vieux républicain, député de la
Seine, a donné des signes d’aliénation mentale, à pro-
pos d’une proposition comme n’en ont jamais fait les
gens en possession de leurs facultés. Il s’agissait: de
vouer la France au Christ et d’élever un temple à
Paris en l’honneur du rédempteur de l’humanité, ap-
pelé à devenir plus spécialement celui de la France
éprouvée. Ensuite on est entré dans la discussion du
projet d’impôt sur les matières premières. Ce sont
MM. Clapier et Desseilligny qui ont été les contradic-
teurs du projet et pour aujourd'hui il y avait quatorze
orateurs inscrits dans le même sens, auxquels M.
Pouyer-Quertier devait à lui seul faire tête.
Le Journal officiel du jour contient sous forme d’ar-
rêté ministériel une excellente mesure du ministre de
l’agriculture et du commerce, rétablissant les con-
cours et les récompenses en l’honneur de l’agriculture
et de l’élevage, il y aura quatre catégories de prix
culturaux. La coupe d’honneur, et des médailles dites
de spécialité. La France territoriale,, fournira un rou-
lement de trois années coffime centres régionaux pour
ces concours et dès cette année 1872, les départements
de l’Orne, des Côtes du Nord, de l’Ardèche, du Var, de
la Vendée, des Basses Pyrénées, de l’Indre et Loire,
de Seine-et-Oise, de la Haute-Marne, des Vosges,de la
Haute-Savoie et du Lot sont appelés à faire revivre la
tradition de ces fêtes utiles.
La Banque de France a reçu encore cette semaine
seize millions sur sa créance contre la ville de Paris :
il y a peu de changements dans son bilan hebdoma-
daire au 11 janvier sur celui du 4 : l’encaisse métal-
lique est de fr. 631,046,190 fr., soit leux millions au
moins, le portefeuille, effets de commerce et bons du
trésor, est accru de 23 millions.
Une bonne nouvelle pour 34 de nos départements,
ceux éprouvés par l’invasion et qui ont figuré dans les
états de répartition dèjà-pnbliés : sur les cent millions
votés par l’Assemblée nationale, le trésor dès le 5 jan-
vier présent mois a mis à la disposition des ayants-
droit la 5e de vingt millions et vingt autres millions
sont annoncés pour le 5 mars prochain.
La session hebdomadaire des agriculteurs de France
s’ouvre lunrliprochainsouslaprésidencedeM. Drouyn
deLkuys et lesoir même doit être inauguré, rue Lepêl-
letier n° 1, le cercle fondé par les membres de cette
association libre.
Le Coaseil municipal de Paris n’aura plus réguliè-
rement. que deux séances par semaine, les lundi et sa-
medi et eventuellement une séancefie nuit le mercredi
soir.
Il n’y aura pas cette année de promenade de bœuf
gras aux jours du carnaval ; le gouvernement et les
ministères demeurant à Versailles, les animaux pri-
més et leurs antiques sacrificateurs protestent contre
le voyage au chef lieu de Seine et Oise.
La justice militaire en est à 12,554 ordres de mise en
liberté en faveur des moins compromis des commu-
neux et des fédérés.
La justice civile est occupée du procès en restitution
de onze cent mille francs, intenté par le gouvernement
français à son ancien consul à New-York : c’est une
suite de l’affaire correctionnelle, dont le public a été
entretenu il y a quatre mois. M. Place se défend avec
énergie et habileté, il est assisté par son frère, évêque
de Marseille, ancien membre du Bureau de Paris.
L’élection d’un député en Corse parait définitivement
fixée au 11 février prochain.
Aujourd’hui a eu lieu, au Palais du ministère des
affaires étrangères à Paris, l’échange des ratifications
de la convention additionnelle au traité de Francfort.
Voici le compte-rendu analytique de l’incident sou-
levé à l’Assemblée par une proposition de M. Jean
Brunet, élu comme radical députe de Paris et qui
n’avait pas jusqu’à présent laissé soupçonner les
tendances religieuses et mystiques de son esprit :
m. le président. La parole esta M. Brunet pour le dépOt
d’une proposition.
m. jean Brunet. J’ai l'honneur de déposer sur le bureau
do l’Assemblée une proposition ayant pour objet, de faire
déclarer que la France se voueau Christ... (Bruit et inter-
ruptions diverses. — On n’entend pas |)
Une pareille proposition entraîne avec elle l’urgence...
(On n’a pas entendu I) Je vous demande la permission de
vous en lire le texte. (Lisez! lisez!)
Dieu, dans sa justice, a frappé la France de châtiments
terribles.
C’est que la France, l’épée de Dieu et la rédemption des
nations, s’était laissé corrompre par les impies,les rafllans,
les rhéteurs et les histrions... (Rires et applaudissements
à droite.) ,
m. hervé de saisï. Très bien ! très bien ! Continuez !
m. jean BRUNET. C’est aussi que la France abandonnait
ses enfants les plus purs, les plus capables et les plus dé-
voués, et qu’elle en était même venue à méconnaître et à
insulter le Christ qui la comblait de bienfaits. (Adhésion à
droite.)
Aujourd’hui, du fond de l’abîme où elle est plongée, la
France veut-elle continuer à errer au milieu des ruines et
des ténèbres, à se heurter contre les conspirations, les
violences, les vanités, lés a prêtés, les ignorances, les aff ais-
sements et les hontes de toute sortes ?
Ou bien la France veut-elle virilement se relever, pure
et féconde, poursortirduchaosactneletmarcheren pleine
lumière dans la voie dusalut?
Or, si la France est fermement décidée à se régénérer, ne
lui faut-il pas évidemment nn principe capital, dont l’in-
fluence rayonne sur tous ses efforts?
Et ee principe, le cherchera-t-on dans les agitations sec-
taires qui viennent du bas-fond des prétentions humaines
pour aboutir à l’athéisme ? (Rumeurs à gauche.'
a droite. On l'a vu !
m. jean brunet. Ou bien ce principe, venant d’en haut,
sera-t-il l’ordrepacitlcateur, paternel et souverain de Dieu
lui-même !
En un mot, [a France veut-elie continuer à se perdre
dans les vapeurs malsaines des vanités de toute sorte, ou
bien se sauver, en rentrant, avec fermeté dans la voie du
Christ universel ! .
Là est la question vitale qu’il faut résoudre immédiate-
ment, car le glaive du cliâtimeptest toujours suspendu sur
notre tète.
En conséquence, l’Assemblée nationale décrète :
Art. lf. La France, voulant sortir de peine et se régé-
nérer, se voue complètement à Dieu le tout-puissant, et à
son Christ universel. (Mouvements divers,;
•■ Art. 2. En témoignage de son dévouement inébranla-
ble, la France clèvera un temple dans l’intérieur de Paris,
sur la hauteur qui flit appelée la place du Roi de-Rome.
» Art. 3. Le temple du Christ, de même que l’étendard
de la France, portera cette devise du salut universel :
Dieu protège la France.
Le Christ est vainqueur, règne et commande.
in membre. C’était l’exergue de nos anciennes monnaies'
rat'’ ALTRE ME-MBRE- <)uli Christus vindt, régnât, impe-
M. LE président. M. Brunet a la parole pour motiver sa
demande de déclaration d’urgence.
m. je vn brunet. Messieurs, Ta proposition que je viens
d énoncer entraîne avec elle son caractère durgetice du
moment qu elle est soumise à l'Assemblée souveraine de la
soridateduChristanCeQUiMàtraversles s’tódes le grand
Au point de vue des travaux de l’Assemblée, cette ur-
gence resuite encore de ce fait que cette proposition paraii
l!ne nat1re et d'un but très differents
1 année qui vient de finir a été pour nous une série de
travaux extraordinairement pénibles et douloureux oui
ont eu pour but seulement de mettre un appareil sur les
plaies saignantes de la patrie, de replâtrer les fissures ei
d etayer Iqs brèches d'un édifice vermoulu
un membre au centre gauche. Bornez-vous à un déve-
loppement sommaire.
m. jean brunet. L’année qui commence, au contraire, a
pour but de reconstituer la France, et cette reconstitution
sf/an’e sur une base nouvelle, large et féconde. Toutes
les institutions doivent être reorganisées, et pour ce tra-
vail considérable, il faut absolument un esprit supérieur
et cet esprit ne peut être que l’esprit du christianisme. '
Cela étant, il faut absolument que la France se hâte de
manifester sa foi religieuse, au moment même où l’on ose
répandre dans le monde que la France n’a plus de religion.
I’ . d°uc’ en presence de ces conditions , que
nîenT mi Christ 16 urgence de. ma proposition de dévoue
m. LE président. M. Brunet demande la délaration d’ur-
gence.
Je la mets aux voix.
(L’urgence est mise auxv.oix ot n’est pas déclarée.)
m. le président. L’urgence n’étant pas déclarée, la
osition est renvoyée à la commission d’initiative parle
pro-
position
mentaire,
L’ordre du jour appelle Ja continuation delà discussion
sur les matières premières.
L’Assemblée a repris ensuite la discussion sur les
matières premières :
M. Deseilligny dans un discours spirituel, rempli de ren-
seignements et d aperçus instructifs comme on peut en
attendre d un or ’eur aussi compétent, repousse le sys-
tème du ministre. il .signale successivement les inconvé-
nients de la taxe de 3 O/ofSe celle de 20 0/0, des drawbacks
et des acquits a caution. Il fait remarquer du reste que le
gouvernement na pas publie les tarifs projetés, en sorte
que ion discute sur 1 inconnu. Il prévoit de grands incon-
vénients provenant de renchérissement de foutes choses
en France. Le commerce d’exportation en souffrira, et
1 exportation est nécessaire à la richesse d’un pavs. sans
compter son utilité pour beaucoup de gens déclassés (Uni*
voix ' Dites la déportation. — Bruit et rires.)
” E orateur rappelle les admirables paroles prononcées
par M. Thiers en 1870. il disait alors qu’un gouvernement
mien1i'TPul0ir .^n?ettre à ’a Place de tout le monde, et
être meilleur militaire que les militaires, meilleur com-
“^nt que les commerçants, meilleur industriel que les
industriels. (Hilarité prolongée.) M. Deseilligny croit donc
devoir communiquer a l’Assemblée l’avis Tes principales
chambres de commerce. Sur soixante qui ont été consul-
tées jusqu à present il n’y en a que neuf qui se soient pro-
noncées pour le système du gouvernement (mouvement)
et plusieurs de ces dernières appartiennent à la Norman-
.(Brait.) DansTe Nord même, on est opposé au projet
officiel. Il n en aurait pas été ainsi, il y a vingt ans Mais
maintenant ces contrées exportent.
Pour le système de la commission, il y a eu vingt-deux
chambres de commerce pour et trente-huit contrei Ce fait
s explique, parce que plusieurs industries n’emploient que
peu de matières premières ; la main-d'œuvre y est presque*
tout. Mais les autres protestent énergiquement, (Une voix-
Entre deux maux, on choisit le moindre). Soit ; mais pas
lorsque ce mal moindre est la ruine do plusieurs départe-
ments. (Très bien? — Applaudissements.) De quel droit
faites-vous ces distinctions? De quel droit dites-vous à des
industries qui depuis ouelques années se sont organisées
pour 1 exportation : - Vous cesserez d’exister? » Et quand
il n y aurait qu un quart de la France ainsi atteint, ce serait
encore trop. fBravos énergiques.)
, ” v?ilà: cependant ce que l'on fait. Il n’y a plus de Conseil
d Etat, plus de conseil supérieur de commerce; on ne com-
munique pas à la Chambre les tarifs projetés, on la laisse
dans 1 obscurité on lui apporte les vœux de la minorité du
pajs, et puis on lui demande de se prononcer sur des ques-
tions pareilles, en une discussion, c’est-à-dire qu’on lui do-
mainlede suivre l’avis du gouvernement.
” Ea résumé, l’orateur trou ve le système du gouvernement
meilleur que celui de la commission, mais il les trouve tous
deux mauvais. Il préférerait un droit de 1 pour 1000 sur
toutes les transactions commerciales, que l’on peut évaluer
a 100 milliards, en sorte, que l’on en retirerait 100 mil-
lions. Le système serait reçu avec faveur à Marseille
au Havre et a Amiens. Il a été soumis à M. le minis-
tre des finances, dans la commission. M. le ministre de«
finances a dit qu’il le trouvait ingénieux, mais qu’il ne l’ai-
mait, pas (Hilarité), ot il ne l’a pas fait étudier.Il serait ce-
penflant préférable aux propositions qui porteraient une
atteinte seneuse au commerce et à l’industrie. C’est dans les
transactions imposées à un taux modéré que l’Etat trou-
vera les ressources pour se libérer. Pour cela, il faut déve-
lopper les exportations et non les restreindre.
Ce discours, dit avec netteté et aisance, est écouté très
attentivement, malgré les détails techniques qui y abon-
dent, et est fort applaudi. Lümpression qu’il produit est
visible, et une certaine animation règne pendant quelque
temps dans la Chambre après que l’orateur est descendu
de la tribune.
” M. Clapier combat également le projet du gouverne-
ment ; il propose un droit de 3 0/0 sur les matières fabri-
quées. »
Le débat est ensuite ajourné à demain,
« conseil de guerre de Versailles.
Présidence du colonel Delaporte.
ASSASSINAT DE I.’ARCHEVEQUE DE PARIS ET DE CINQ AUTRES
OTAGES RE LA ROQUETTE. — 24 ACCUSÉS.
Audience du M janvier.
A l'ouverture de l’audience M. le greffier donne lecture
de 1 autopsie et de l'embaumement des cadavres de Mgr
Darboy et du président Bonjean.
L’embaumement du corps de l’archevêque a été fait par
les soins de M. le docteur Desormaux, de l’hôpital Neeker,
et de M: Durand. Le corps avait déjà subi une altération
cadavérique assez prononcée. Lacroix et l’anneau pastoral
avaient disparu. Sur la partie latérale, au-dessous des
cotes, on voyait trois plaies formant le triangle sur le côté
droit. Les deux premières provenaient de balles de chasse-
pot; l’autre, plus large, était causée par un fusil à tabatière.
Les trois projectiles, après avoir traversé le corps, étaient
sortis par la région lombaire. Le pouce et l’index de la
main droite avaient été broyés par une balle.
Suivant le rapport de MM. Tardieu et Bergeron, qui ont
vu le corps de Mgr Darboy embaumé, depuis le 28 mai, les
coups ont été tirés de côté. Vingt coups de feu avaient
atteintM. le président Bonjean. Ils avaient ouvert la gorge
brisé la clavicule, broyé les os des deux bras et des jambes,
pénétré dans le bas-ventre, et cependant l'infortuné vivait
encore quand il tomba. Un dernier coup, le coup de grâce,
traversa la ,joue et pénétra dans le crâne.
Le conseil passe ensuite à l’interrogatoire des témoins
qui n’est pas termine et qui mettent en relief les divers in-
ci lents du massacre. On s’attend à de longs débats entre
les accusés et les principaux témoins.
Aflïiire Victor1 Place.
.L’interrogatoire de M. Victor Place prend des propor-
tions considérables. Il a rempli toute l’audience. C’est à
peine si M. le président a parcouru le tiers îles griefs sur
lesquels le prévenu est mis en demeure de s’expliquer. La
cour a dû s arrêter devant la fatigue dont quatre heures
i d’interrogatoire avaient accablé l’accusé.
I Les faits accessoires, les faits de moralité tiennent dans
i ces seconds débats une place très-grande, alors que le tri-
: bunal les avait absolument négligés. C’est sur ces faits
i qu’ont porté les questions adressées aujourd’hui à l’accusé,
i M. Victor Place a fait preuve dans son interrogatoire d’un,-
I intelligence à la fois souple et vigoureuse. Nous reprodui-
; sons lés passages les plus saillants :
: — Vous appartenez au oorps-oonsulaire depuis 1843?
j — Pardon, depuis 1839. ’ ~ ' ' .
; — Vous avez subi des examens qui ont mis en évider.c*-
1 votre intelligence et vos belles qualités ; vous avez pbi -
i couru avec distinction les degrés de la hiérarchie. En 1850,
|