Full text |
(3f. II.)
O» S’ABONSTS
A Anvers, au bureau du
Prérursaur, rue de* Kapots, *
a. x 93, où 'e trouve u. e
boîte aux lettres et où doi-
vent l'adresser tous les avis*
’â-i Belgique et ci l'etran-
ger, eaux tous les directeurs
des dosles.
Pour toute la Hollande «
(lu 2 1 h. Lejeune Libraire
Editeur à laHaye.
h Paris , à l’oflice-Cnr-
reroop lance de I.epelletier-
Bourtç >in et eompap., me
Notre Dame des Victoires,
S. i8,ouoo reçoit aussi les
tr nonces.
AWEÎÎS , Jeudi ii JIMVIEE S$3$.
(Trô&frBhe Arni*èÊ}
mat
r
E PRECURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉR URE.
ABONNIMl^NT.
P.tr <in . . . t>Olr*
• l) mois . . JO
• 3 • ' J 5
PjfifUR LA BF.LGIQulh
P^r. 5 mois .
/ POUR LiÉTRANtiKR.
Por J mots
l a»™ osiers.
centimes la iifjnd
ualtume |/«gfe cjbn-
wau.x àitnoiibej^
atfic11 < t^4a l-oup
et a la boU; e des ( i i,u
pales ville» de c«>mn>ei«
paix. eibekté.
Il Janvier.
BULLETIN POLITIQUE.
Nonsbornons aujourd'hui notre bulletindel’extérieurà reproduirela
phisionomie de la chambre des députés de France le jour de l’ouver-
ture de la discussion de l’adresse. Nous nous sommes attachés au
compte rendu, sinon le plus piquant, du moins le plus vrai, à celui
qui reproduit le plus exactement le premier choc des parties belligé-
rantes du Palais-Bourbon. Voici cette esquisse.
DISCUSSION DO PROJET D’ADRBSSE.
Dans cette première séance qui ouvrait réellement la session après la véri-
fication des pouvoirs, le mioistére, voulant faire acte de présence et marquer
mie certaine confiance dans son avenir, a soumis à la chambre le budget de
l'exercice 1839, accompagné d’un exposé de motifs de M. Lacave-Laplagne.
L'assemblée, peu disposée à prendre au sérieux celle manifestation , s’est
aperçue seulement que le ministre, se bornant à de vagues indications ou à
des fins de non-recevoir sur la conversion des rentes, proposait d’une manière
beaucoup plus formelle un accroissement de dépenses pour élever le traite-
ment des membres de la cour des eoinptes et des conseillers délai. Les mou-
vemens et les rumeurs de la chambre après cette lecture annonçaient plus de
surprise que de satisfaction.
M. Gauguier, abordant la tribune sans rien ressentir de cet embarras
qu’éprouvent les orateurs, est venu en personne faire justice des odieuses
manœuvres à l’aide desquelles I administration , qui se prétend si discrète ,
avait combattu son élection. Eveillé par son intérêt sur celui des autres, il a
détaché quelques faits assez piquans de sa chronique électorale; puis, selon la
régie invariable qu’il s'est imposée, il a fait la récapitulation annuelle des dé-
putés-fonctionnaires, et il a trouvé que le nombre des fonctionnaires salariés,
qui s’élevait à 178 l’année dernière, avait été porté à 191 par le résultat des
élections. 11 faut convenir que l’isolement dans lequel se trouve le cabinet à
la chambre, au milieu de la foule de ses subalternes, fait grand honneur à
l'indépendance de ces derniers ou témoigne d’une manière bien significative
de l’état de déconsidération où il est tombé !
Nous avons appris que les membres de la commission de l'adresse , on ne
sait trop sur quel convocation, puisque leurs travaux étaient terminés , s’é-
taient réunis avant la séance. L’objet de cette convocation était, à ce qu'il
paraît, de concerter les explications qui pourraient être demandées sur le pa-
ragraphe relatif à l’Espagne. M. Liadiércs , comme s il eut voulu ajouter ce
qui manquait à nos informations, s’est levé pour annoncer à la chambre qu'il
se Croirait obligé plus tard de prendre la parole contre ce paragraphe si les
explicatians auxquelles on devait s’attendre n’étaient pas de nature à le ras-
surer contre toute chance d’intervention.
Ce beau préambule a obtenu autant de succès qu’en aura probablement la
harangue définitive de M. l’ofiicier d’ordonnance. La discussion s’étant de
suite engagée sur les articles, un amendement du général Thiars. tendant à
provoquer le complément de l’amnistie et soutenu avec peu de succès par M.
Martin (de Strasbourg), a été rejeté par la chambre.
M. de Sade, toujours écouté avec faveur et qui gagnerait A être mieux
entendu, s’est livré d’abord à des recherches et à des défioitions curieuses
tant sur le ministère que sur son système. L’un et l'autre lui ont paru égale-
ment insaisissables dans leur caractère dittinclif, et problématiques dans ieur
existence.
Les doctrinaires, même apres leurs défaites successives , sont une réalité
moins contestable. On peut les voir, les toucher , les connaître , les compter
même, ce qui devient de jour en jour plus facile. M de Sade, qui sur un seul
point nous a paru manquer, non de sens, assurément, ni de vérité, mais peut-
être d'à-propos, et cela l’orsqu’il a interrogé les ministres sur le sort des lois
de septembre , a pris une habile revanche dans le tableau qu’il a tracé des
doctrinaires, hommes de la résistance aveugle, des luttes incessantes , des ri-
gueurs salutaire», de l'intimidation enfin; coterie présomptueuse , affectant
la rudesse des formes et l'opiniâtreté des convictions, qui s’était donnée long-
temps pour représenter exclusivement la puissance parlementaire et les vœux
du pays légal, mais qui, reniée par les chambres, repoussée par les électeurs,
et tant soit peu confuse de ce double démenti, s’est hâtée, pour ne pas dispa-
raître entièrement de la scène politique, de mettre sa souplesse et sa science
gouvernementale au service de la cour.
A ces derniers traits , frappans de justesse, M. Guixot s'était reconnu et il
avait demandé la parole. Mais M. Molé étant survenu pour affirmer qu’il y
avait un ministère, que ce ministère avait un système et que ce système avait
on symbole , ses explications, qui se sont résumées par l’apologie du passé et
par une déclaration favorable au msiutien des lois de septembre . ont été as-
sez conformes à la pensée de M. Guizot pour que celui-ci jugeât inutile d»
prendre la parole ét aimât mieux, suivant son «pression, attendre de vérita-
bles adversaires.
Le discours le plus remarquable de la séance, le seul qui ait été entièrement
dans la situation et qui, du point do vue de l’orateur ait été constamment ha-
bile. est celui de M. Garnier-Pages II a facilement démontré à la chambre
que. sous peine d’être à son début plus vieille que la dernière législature,
morte pourtant de décrépitude, elle ne devait pas reprendre servilement ses
traces. De lâ pour elle la nécessité de se prononcer nettement sur toutes les
questions décisives, et pour les représentans sérieux des diverses opinions le
FEUILLETON.
LE PARTAGE ÉGAL.
ANECDOTE ÉCOSSAISE.
C’était par une noire soirée de décembre, sous le règne du joyeux Jacques V;
la cuisine sablée du cabaret de Markinch était occupée par deux personnages
qui paraissaient établis comme chez eux dans ce petit local, dont l’hôtesse se
préparait à mettre sur la table ce qu’elle avait de meilleur dans son modeste
(tardemanger. Le personnage assis le plus près du feu était fort petit de taille,
et ses membres étaient si épais, ses épaules et sa poitrine si larges, qu’il avait
l'air d’un homme de baute stature qu’on aurait comprimé du haut eu bas ; sa
physionomie annonçait l’astuce et l'égoisme, et sa posture, au moment où nous
nous occupons de lui, ne démentait nullement cette dernière qualité ; car il
s'étalait largement devant le feu, à l’exclusion totale de son compagnon, dont
nous tâcherons de tracer le portrait, tandis qu’il s'efforce de rapprocher mo-
destement sa chaise de la cheminée, sur le feu clairet pétillant de laque'le
tin gril présente le spectacle appétissant de belles tranches de saumon fumé.
C'était un homme grand, maigre, osseux. Le travail et l’habitude des priva-
tions lui avaient interdit l’embonpoint, ses tempes étaient enfoncées, ses yeux
creux. Ces défauts cependant étaient amplement rachetés par l'expression
bienveillante de sa longue figure pâle, et son bon cœur le faisait chérir de
tous dans la paroisse de Markinch, dans laquelle il remplissait les fonctions
de maître-d’école, et où lui et son énorme compagnon, ie shérif, étaient dé-
signés par les sobriquets caractéristiques de la bombance et de la Famine.
Le maître d’école, avec ses pauvres é noluniens, venait au secours de ceux
qui se trouvaient encore plus pauvres que lui-méme ; le shérif, au contraire.
Paraissait faire de ses larges revenus un usa-e bien opposé.
Les hôtes de dame Clinkstoup étaient en ce moment surpris par la fureur
des élémens ; la petite fenêtre de la cuisine était battue par !a grêle qui tom-
bait avec force ; l’ouragan rugissait dans la cheminée. Tout à coup un coup de
vent ouvrit avec violence la porte de TbôteUerie.
— Que Dieu prenne en pitié les pauvres voyageurs, s’écria le digne maître j
d'école, en se levant pour aller refermer la porte et en jetant les yeux sur les I
ténèbres du dehors ; la nuit est noire comme l’intérieur d'un four, les grêlons '
•ont aussi gros que des pois et la vent soufflecomme s’il voulait emporter tou- \
tu» tes maisons du village.
— Raisea da plus pour fermer la porte, (jil le shérif.
devoir de la rendre juge de toutes leurs dissidences. Il est impossible de met- s
tre à la fois plus d’esprit et plus de dédain que n’en a mis M. Carnier-Pagés j
dans le sarcasme justement accusateur dont il a poursuivi leminislère,chargé j
tout naturellement de l’odieux et du ridicule qui s’attachent aux dernières
lois repoussées par le pays.
Il est à souhaiter pour ie ministère, déjà bien maltraité dans cette séance,
qne son agonie ne se prolonge pas long-temps Nous avons du moins la certi-
tude que s’il faut un miracle pour la sauver, ce n’est point de son éloquence
qu’il faut l’attendre. Geilede M. Saint-Marc Girardin voudrait lui être sécou-
rable, mais elle ne fait pas de miracles non plus.
D’UN PROJET DE CHEMIN DE FER
B’ANVÏHS A DCSSEIDOEF ET IBREFÏM»,
L'Observateur publie aujourd'hui un article que nous croyons
devoir reproduire tout entier, parce qu il concerne un projet d’une
très-grande importance pour le commerce belgeet particulièrement
pour le port d'Anvers. Il serait vivement à désirer que ce projet se
réalisât. Aussi le recommandons nous instamment à l'attention pu-
blique. Voici 1 article de l'Observateur :
N ous avons sous les yeux une adresse de la chambre de commerce de Dus-
seldorf aux chambres d’Anvers et de Bruxelles, ainsi que plusieurs numéros du
Lfusseldorfer Zeilung, qui tendent à appeler l’attention publique sur le pro-
jet d’établir un chemin de fer d’Anvers à Dusseldorf. Ce projet réaliserait d'u-
ne manière nouvelle et plus avantageuse sous beaucoup de rapports, la pensée
à laquelle le gouvernement de Napoléon n’a pu. sur sa fin, donner qu'un com-
mencement d’exécution, en creusant de Dusseldorf à Venloo le lit du Canal
du Nord, destiné à unir le Rhin et l’Escaut, Duiseldorf et Anvers.
Le commerce du Bas-Rhin attache une grande importance à ce projet, qui
doit réaliser des avantages considérables, qu'il soit exécuté par le gouverne-
ment ou par un société particulière.
Le commerce du Bas-Rhin y voit surtout le moyen d’arriver directement
à la mer, de se mettre en rapport direct avec la place maritime la plus pro-
chaine. et de ménager à ses produits, avec la plus grande économie posssible
de temps et d’argent,une communication de chaque instant avec les pays d'ou-
tre-mer. Voilà pour l’avantage particulier de l'industrie bas-rhénane.
La Belgique y trouverait l’avantage d’augmenter ses relations avec le Bas-
Rhin, de s’approprier le transit, sinon le commerce intermédiaire tout entier,
du Bas-Rhin avec l’Amérique et tous les pays transatlantiques et d’élargir
grandement l’avenir de sa marine. Les importations et les exportations du
pays industriel de Dusseldorf, d’Eberfeld et des environs se font aujourdhui
par Rotterdam ; elles se feront encore par cette voie, quand le chemin de fer
d’Anvers à Cologne sera achevé ; ce n’est qu’une route directe, permettant le
transport des voyageurs et surtout des marchandises au moindre prix et dans
le moindre temps possible, qui pourra entièrement et irrévocablement décider
ie choix d'Anvers comme voie maritime ordinaire du pays de Bas-Rhin.
Ce dernier résultat est d’une réalisation extrêmement désirable, si I on con-
sidère l'immense mouvement de fabrication et d’échange qui a lieu dans le
pays de Dusseldorf et dans toute cette partie de l’Allemagne rhénane. Rien
qu’en fils anglais, le port de Dusseldorf reçoit et expédie année commune,une
quantité de huit millions de livres; qu’on juge du reste d’après cela. Ce port
est le siège d'une société de bateaux à vapeur pour la navigation du Rhin,qui
est en plein exercice ; en 1836 son mouvement a été de 1606 navires, elles
affaires industrielles du district ont paru assez étendues pour qu'on établit un
chemin de fer de cette ville à Eberfeld, le centre de la manufacture Bas-Rhé-
nane. Eberfeld, Barmen, Solingen, Bemscheid, Schelm, Lennep, d'un côté du
Rhin, Creveld, Urdingen, Glaabach, Reydt, Biersen, de l’autre côté, forment
autour de Dusseldorf un cercle d’activité, de production et de consommation
t distinct, rival, peut-être, du pays de Cologne, et avec lequel il importe infini-
ment à la Belgique de se mettre en relation intime et directe d’affaires. Bar
la construction prochaine d'un pont fixe sur le Rhin, la population de ce beau
pays va se serrer encore plus compacte autour de Dusseldorf.
Le chemin de fer d'Eberfeld à Dusseldorf peut être regardé comme défini-
tivement résolu. Celui de Dusseldorf a Venloo serait d’une extrême facilité
d'exécution, attendu qne les digues du canal du Nord . lui offrent un lit tout
fait ; de Venloo à Anvers le chemin de fer parcourrait vingt lieues d’un pays
extrêmement uni, et qui ne se compose en grande partie que de bruyères ; le
nivellement serait donc fort facile et les terrains à acquérir ne coûteraient
pas cher. La construction d’un chemin de fer serait de moitié moins dispen-
dieuse dans cette contrée que dans les parties montagneuses de la Belgique.
Le gouvernement par une pareille entrepri.se, s’acquitterait noblemect à l’é-
gard du Limbourg , province si cruellement maltraitée par les conséquences
politiques de la révolution.
Par la construction d’un embranchement de Tirlemont vers Hasselt et Ton-
gres, ce même but ne serait pas atteint. La ligne d Anvers à Venloo. au con-
traire, influerait sur le commerce entier de la Belgique et ne coûterait aucun
sacrifice réel, puisque ie chemin défrayerait les actionnaires qui l’exécute-
raient.
D’après les renseignements qui nous sont parvenus de différentes sources,
il nous parait certain qu’une société allemande s’organisera pour continuer le
chemin de fer de Venloo jusqu’à Dusseldorf, dès que le gouvernement belge
— Le ciel et la terre semblent vouloir sc confondre, reprit le bon maître
d'école.
— Le monde n’en durera pas moins, répliqua le shérif sans se déranger.
— Cela peut-être, continua le maître d'école... Mais je plains celui dont U
éonscience n’est pas bien pure... car une nuit pareille suffit...
— Allons, en voilà bien assez, interrompit le shérif impatienté... C’est bien
le moment de parler deconscience... Fermez plutôt la porte et reprenez votre
place, car le saumon sera assez cuit dans le temps qu’il faudra à la bonne
femme pour mettre le couvert. Eh bien ! hôtesse, m’entendez-vous?
— J’entends les pas d’un cheval, dit le maître d’école....
— Qu’il aille au diable avec son maître ; j'espére bien qu’il ne s’arrêtera
pas ici....
A peine le shérif avait-il émis ce’ vœu charitable, que le cavalier mit pied
à terre devant la porte de l'auberge qui lui fut ouverte , et entra bravement
dans la salle.
— Dieu vous bénisse, monsieur, dit le digne maître d'école ; vous devez
vous estimer heureux de trouver un abri pour une nuit aussi terrible.
— Grand merci ! répondit l’étranger. Pour vous dire la vérité , l'aspect
d’une lumière dans cette maison m’a grandement réjoui ; car je suis transi
de froid, et de plus très fatigué. Braye femme, dit-il ensuite , en s’adressant
à l’hôtesse, je vous priede veiller à ce que mon cheval ait à manger , car je
me remettrai en route aussitôt que l'orage aura cessé. Si la pauvre bêle doit
faire un aussi bon souper que son maître, ajouta-t-il en regardant les tranches
de saumon sur le gril, son sort n’csl pas bien à plaindre.
Pendant ce colloque . le shérif avait eu le temps d’examiner le nouvel ar-
rivé. C'était un homme vigoureux et bien pris ; i! avait les yeux perçans, des
traits mâles et décidés , auxquels une belle barbe noire ajoutait une nouvelle
expression : son costume plus que simple , consistait en un pourpoint et un
haut-de-chausse gris, d’étoffe grossière ; son manteau était encore plus mau-
vais que le reste, et son bonnet bleu était un bien vieux serviteur. Ces signes
extérieurs de pauvreté réchappèrent point, aux regards observateurs du shé-
rif ; aussi ne laissa-t-il échapper aucune phrase de politesse ou de bienvenue.
L’humeur incivile du shérif, qui semblait s’être emparé de la chaleur de la
cheminée, attira aussitôt l’attention de l'étranger ; et en ôtant son large man-
teau, il le secoua avec tant de force qu'il couvrit de neige toute la personne
du shérif qui réçut l’excuse du voyageur en laissant voir qu’il attribuait ce
fait indécent bien plus à sa malice qu'à sa maladresse : il y avait pourtant
dans l'apparence de l’intrus quelque chose qui empêcha le shérif d’en venir
à une querelle ouverte. Ce nouvel hôte, après avoir exprimé l’eau de son bon-
net , prit possession du siège que le maitre d'école le força d’accepter; et te
PROSRSÏ.
■ ' nur— i. nnosn— i mi i ii ii siiyiiwn'M H
ou une société belge auront résolu sa continuation d'Anvers à Venloo. Peut-
etre même une société beige-allemande s’organiserait-elle pour toute l’entre-
prtse d Anvers à Dusseldorf, si le gouvernement voulait y prêter ta main en
laissant faire les études par l’administration des pon's et chaussées, et on ob-
tenant d avance l’assentiment formel du cabinet prussien.
Le gouvernement belge rendrait un immense service à la Campine septen-
trionale et au Limbourg en construisant ou en laissant construire un chemin
de fer d Anvers à Dusseldorf et Eberfeld; en même temps il se trouverait, par
ce concours ou par cette action directe, avoir lavorisé un immense intérêt
commercial, il aurait ouvert au pays une nouvelle porte sur la meilleure par-
tie de I Allemagne ; il aurait jeté les premiers jalons d’une voie de fer qui un
jour se prolongera à travers la Westphalie, la Saxe elle Brandebourg jusqu'à
Berlin, tandis que la voie de Cologne traversera le Haut-Rhin, la Franconie,
la Bavière, et ira aboutir à la capitale de l'Autriche. La Belgique touchera
ainsi par l'Oder à la Baltique en même temps que par le Danube à la Médi-
terrannée, et se portera par une double voie jusqu au cœur du continent eu-
ropéen.
Quelles que puissent être d’ailleurs dans l’avenir les conséquences de l'éta-
blissement d’un chemin de fer vers le Bas-Rhin et l'Allemagne du nord, cette
nouvelle ligne offre une utilité présente . directe, immense, et digne à tous
égards de I attention du gouvernement et des capitalistes. Cette ligne une fois
établie serait d une importance égale pour la Belgique et pour la Prusse, et
quelles que fussent plus tard les destinées de Venloo, la Prtisse ne consenti-
rait pas plus à ce que celte voie fût anéantie ou fermée qu'elle n’a consenti à
laisser entraver nu anéantir la navigation du Rhin. D’ailleurs le traité du 15
novembre 1831. nous donne le droit (art. 12) de diriger vers l'Allemagne une
route à travers le canton de Sittard que ce traité a cédé à la Hollande. Par-
conséquent si on ne croyait pas devoir faire passer par Venloo le chemin de
fer d Anvers à Dusseldorff, on pourrait le diriger par ce canton, sauf à lui
faire ensuite regagner sur le territoire prussien les dignes du canal du Nord.
Nous n’avons pas voulu trancher ici toutes les graves questions que soulève
le projet dont on nous a donné connaissance ; nous avons seulement voulu si-
gnaler ce projet à l’attention du public. Sous quelque point de vue qu’on l’en-'
visage, il nous parait digne d’un examen sérieux. Nous ne doutons pas qu’il
ne l'obtienne.
ETATS-UNIS. — New-York, 15 décembre.
Le consul d’Angleterre dans ce port s’est plaint à notre gouverne-
ment de l’enrôlement de troupes américaines pour secourir les rebel-
les; il a envoyé à son gouvernement des dépêches relatives à ce même
fait. Sans doute quelques volontaires ont franchi les lignes de Vermout
pour passer dans le Bas-Canada : mais le parti était peu nombreux; il
a été repoussé par les Canadiens. Il y a longtemps que les plans de
Papineau et ses partisans avaient été conçus; mais ils ont été contra-
riés dans l’exécution parla douceur extraordinaire du temps. La na-
vigation de Saint-Laurent, qui n’a pas été interrompue, a permis an
gouvernement de transporter les troupes sur les points menacés. Bien
que l’émeute ait été vaincue, les dislricts ruraux continueront pendant
l’hiver à offrir des scènes de violence et d’insurrection, forçant les fa-
milles fidèles à se réfugier à Montréal et à Québec. Le malheur est
que lord Gosford, qui ne sacrifie pas au dieu Mars est un homme
beaucoup trop doux, il disait dernièrement à quelqu’un, en lui offrant
une lettre de recommandation pour Papineau : « C’est un homme dis-
tingué, très distingué; il dit beaucoup de mal de moi, mais il n'en
croit pas la moitié.» On croit que Papineau est sur les lignes du côté de
l’Amérique. Le capitaine Marryat doit être maintenant à Montréal.
TURQUIE.
Redschid-pacha, nouveau ministre des affaires étrangères, commu-
nique lui-même, par le moyen de la langue française, avec les minis-
tres étrangers, et n’a pas besoin de l’intermédiaire d’un drogman. Le
capitan-pacha a achevé le désarmement de la flotte, à l’exception d’une
frégate qui est stationnée dans le dédroit du Bosphore. Depuis la dis-
parition de la peste , les habitans de cette capitale se livrent à leur
insouciance accoutumée et ne font rien pour en prévenir le retour.
Le docteur Bulard continue seul d’employer tous les moyens en son-
pouvoir pour obtenir des mesures sanitaires contre ce fléau.
FRONTIÈRES DTfÀlIeT 28 décembre.
On sait ici que l’ambassadeur prussien, M. de Bunsen, est arrivé k
Rome, il y a quelques jours; immédiatement après, il y a eu nue con-
férence avec le cardinal secrétaire-d’état, et qu’il s’est attaché à justi-
fier la mesure ordonnée par le gouvernement prussien contre l’arche-
vêque de Cologne. Mais il n’aurait pas, dit-on, réussi jusqu’à présent
à être écouté ; on craint même beaucoup qu'il n’y parvienne pas da
brave homme se contenta de se chauffer en passant ses jambes dans l’inter-
stice que laissait le gros shérif eutre sa chaise et le coin de sa cheminée ; l’hô-
tesse servit enfin le souper.
Le saumon ne fuma pas plus tôt sur la table, que le shérif, tournant sa
chaise, attaqua le plat avec vigueur.et mettant les meilleurs morceaux darts ron
assiette, ne laissa guère que ies arêtes à ses convives.
— Eh bien ! l'ami, s'écria l’étranger, moitié riant . moitié fâché , croyez-
vous que cet honnête homme et moi nous souperons avecjdes arêtes de pois-
son ?..
— La bonne femme, dit timidement le maître d’école, ne manque pas [de
gâteaux et de petits oignons...
— Des gâteaux ! des oignons! répliqua l’étranger... Vous voulez qù’utr
hommequi a fait autant de chemin que moi avec la grêle sur les oreilles et
le vent sur le nez, n’ait pas besoin d’autre chose que de gâteaux et de petits
oignons. Holà ! madame l’hôtesse, décrochez-nous d»nc un de ces morceaux
de lard et nous en mettez quelques tranc hes sur le feu, et n’ayez aucune crain-
te quant à l’écot ; car il reste assez dans ma bourse pour payercette dépeuse,
si vous n’écorchez par trop le pauvre monde...
L’hôtesse fit aussitôt une brèche à son lard et bientôt après les tranches ap-
pétissantes. garnies d’œufs frits, parurent devant ie voyageur, qui après avoir
invité le maître d’école à suivre son exemple , se mit à fêter îe souper avec
toute l’ardeur qu'avaient pu lui donner une longue course et un jeune plus
long encore que son voyage. Ils n'oublièrent pas non plus d’adresser quelque»
politesses à la petite mesure d’étain contenant une ale bien mousseuse.
Danste cours de la conversation . l'étranger découvrit me son nouvel amt
était le maitre d’école de la paroisse, et que l’individu qui s’étalait devant le
feu était le shérif ; et comme ce dernier s’aperçut que l’étranger, après avoir
appris son titre important, ne lui montrait pas une plus grande déférence , sa
mauvaise humeur s'en accrut d’avantage; mais il résolut d’en faire porter
les effets sur le maître d’école, ne jugeant pas à propos de se faire une dispense
avec son nouveau convive.
— Allons, mon ami, dit l’homme d’importance a» maître d’école, chantez
donc une chanson 'pour faire passer la soirée; et vous, l’hôtesse, brûlez-nous
donc un peu d’eau-de-vie pour nous laver le gosier.
— Je ne sais pas chanter, reprit le bon maitre d’école: mais, si vous le
voulez, je vous dirai un conte.
— Va pour un conte, répliqua l’étranger.
— Je ferai de mon mieux, dit en toussant le maître d’école, et d'autant
plus volontiers que je m’en rappelle un, ajouta-t-il en s’adressant au shérif,
que je ne vous ai point encore eonté. Vous avez tous entendu (parler sans |