CHAPITRE V. dations du monument. Il faut toujours tàcher d’accommoder l’histoire et la légende : ce sont deux bonnes sœurs, l’une sa- vante, l’autre artiste, qui aiment à vivre d'accord et, à cause de la grande distance de leurs âges, se complètent mutuel- lement. On pourrait à la grande rigueur se dispenser de visiter l'intérieur de l'hôtel de ville. La flèche et la façade sont la meilleure partie du monument. Toutefois , alléché par ce frontispice, J'en ai voulu voir de près les magnificences im- ternes et n’ai pas eu à regretter par trop ma curiosité. La cour intérieure est décorée de deux statues de fleuves en marbre blanc et bronze; elles sont médiocres; celle de gau- che me paraît être la meilleure. On trouve ensuite plusieurs salles remarquables, entre autres celle du conseil municipal, ornée d’un beau plafond de Janssens ({ Olympe), de corniches dorées et de tapisseries vieux-Gobelins. Dans la salle qui précède celle-ci , on voit toute l’histoire de Clovis sur de vieilles tapisseries d’Audenarde, belles en- core, bien que fort passées. La salle du Trône n'offre rien de particulier qu'une déco- {| ration gothique moderne, bleu et chêne. Elle a été ainsi ornée l lors du mariage du prince Frédéric de Hollande. Venons aux belles maisons privées qui complètent la dé- coration de la place. Les cinq ou six dont nous allons nous occuper sont célèbres et à Juste titre. La principale, nommée lamaison du Roi ou maison au Pain, fait face à l'hôtel de ville. Elle est due à Antoine Kildermans, architecte de Charles-Quint, et fut commencée en 1513. C’est une construction qui n'est plus gothique , qui n'appartient pas encore à la renaissance, qui serait plutôt sarrasine, et qu’à ses arcatures ogivales on prendrait pour un de ces pa- lais moresques de Venise qui bordent la place Saint-Marc. Egmont passa sa dernière nuit dans l’une des chambres de ce palais original, aujourd’hui occupé par l’une de ces nom-