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ÎLe Précurseur,
ambassadeur M. de Bunsen, qui n’est arrivé à Rome qu'après que l’al-
locution de S. S. avait déjà été prononcée, ce qui prouve clairement
qu’elle a été faite avec trop de précipitation et qu’elle n’est basée que
sur des bruits.
La question du Luxembourg est considérée ici comme insignifiante
et même comme terminée; de manière qu’on ne peut s’attendre le
moins du monde à une intervention quelconque.
— Nous recevonsde Munster des nouvelles peu satisfaisantes en ce qui
concerne les scènes déplorables occasionnées par l’elfervescence, non
seulement du peuple, mais des autres classes de la société. Heureuse-
ment elles n’ont coûté la vie à personne. C’est un fait digne de remar-
que qu’au milieu de la tranquillité profonde dont jouissent Cologne et
t- ute la rive du Rhin, un esprit fanatique se manifeste en Westphalie.
Cela ne peut s’expliquer que par celte circonstance, que la Westphalie
n’a point participé à ce développement de l’esprit public amené dans
le pays du Rhin par celte vie agitée qui y attire des milliers d’étrangers.
L’irritation est si grande à Munster, que les protestans, et notamment
les fonctionnaires publics, ont été exclus de plusieurs sociétés catho-
liques, et quiconque connaît l’esprit decet ancien siège épiscopal n’en
sera pas étonné.
Aussi la députation que la noblesse de Westphalie a envoyéeici pour
assurer le roi de ses intentions loyales, est-elle arrivée en temps oppor-
tun ; mais le roi n’a pas voulu la recevoir, et l’a renvoyée au ministre
de l’intérieur. On attend avec la plus vive impatience la brochure an-
noncée depuis quelque temps, et qui doit éclairer le public sur la con-
duite de l’archevêque de Cologne, et prouver que ce prélat avait ourdi
des intrigues contre le bien de l’Etat. On annonce que le pape n’a;pas
voulu recevoir en audience notre ambassadeur, M. de Bunsen. Il est
probable que le concordat sera aboli, et que l’on rétablira l’ordre de
choses de 1810, qui atlribue à l’Etat seul le choix des évêques.
La souscription ouverte en faveur des sept professeurs de Gœltingue
a réussi complètement, grâce à l’intérêt qu’inspirent ces hommes dis-
tingués. M. deSavigny lui-même a souscrit pour 200 rixdallers. D’au-
tres personnes ont suivi cet exemple et ont même souscrit pour des
sommes plus considérables; en sorte que plusieurs milliers de rixdal-
lers ont figuré sur la liste en très peu de temps. On espère toutefois
que la plupart des honorables professeur de Gœltingue seront appelés
à remplir des chaires dans les universités prussiennes, et que par con-
séquent on pourra sedispenser de mettre les sommes à leur disposition.
Des hommes aussi distingués sont des acquisitions trop précieuses pour
ne pas captiver l’attention d’un gouvernement qui désire attirer à ses
universités les savans du premier ordre.
ANGLETERRE. — Londres, 5 janvier.
La reine reviendra à Londres le 15 de ce mois.
— L’assemblée qui s'est tenue à la taverne de la couronne et de
l’Ancre, a adopté des résolutions conformes aux motifs pour lesquelles
elle avait été convoquée. Le Courier dit que de tous les meetings qui
ont eu lieu depuis quelques années, celui-ci était le plus nombreux, et
le plus enthousiaste, et que les discours ont été des plus violens.
— Le conseil du cabinet a été subitement convoqué et s’est réuni à 1
heure de relevée au bureau des affaires étrangères. Lord Melbourne
était revenu dans la matinée de Windsor, où il s’était rendu hier,après
une conférence avec plusieurs ministres pour travailler avec la reine.
Dans la soirée d’hier, le département des colonies a expédié des dépê-
ches aux gouverneurs du Canada, do la nouvelle Brunswic et de la nou-
velle Ecosse.
— Les nouvelles du Canada sont moins satisfaisantes qu’on ne l’a-
vait dit. Les insurgés quoique battus à Sl-Charles se sont ralliés dans
la province des Deux Montagnes. On disait à Halifax que les Indiens
se mêlaient à la querelle et commençaient à attaquer les partisans du
système anglais.
Le l“r régiment des gardes-du-corps et le bataillon des gardes à
pied ont reçu ordre de partir pour Halifax. Cette nouvelle a fait une
vive sensation. On a appris également que les autres colonies du Nord
de l’Amérique commençaient à se ressenlirde l’influence des troubles
qui agitent le Canada. Dans i’île du l'rincc Edouard, on s’est porté à
des actes de violence contre le haut shérif. Le gouverneur du Canada,
lord Gosford, a fait paraître une deuxième proclamation qui ordonne
de courir sus à M. Papineau, qui est accusé de haute trahison.
— Le vaisseau de ligne Cornwallis, de 74 canons, et la corvette
Arc-en ciel, de 28 canons , sont partis des Bcrméides pour les Indes
occidentales afin d’y chercher des troupes et de les transporter à Hali-
fax. Le 93e régim. d’Ecossais montagnards et les renforts qui sont
destinés pour les régiments au Canada , seront embarqués sans délai
d’Angleterre pour Halifax ; mais la cavalerie et la brigade de la garde
ainsi que les régiments n‘” 23 et 7 J doivent aller directement à Que-
bec ; par conséquent leur embarquement ne pourra avoir lieu que
versla fin de mars, puisque la rivière de Saint-Laurent n’est ouverte
à la navigation qu’au mois de mai.
ESPAGNE. •
{Correspondance particulière. )
La nouvelle de la marche d'une partie de l'expédition carliste vers la Basse
Navarre et la Ribera, sous les ordres de llasiiio Garcia, était exacte. Ce corps,
composé de bataillons castillans et un plus grand nombre d’Arragonnaiset de
Valenciens, a été atteint par les troupes de !a reine a Mendavia. entre Viana
et Lodosa, et défait complètement, s’il faut en croire !e premier rapport par-
venu à Bayonne hier soir.
On dit que presque toute la cavalerie de cette colonne, ayant été acculée
sur l’Ebre, a péri. On est encore sans détails officiels mais ils ne peuvent tar-
der à arriver. On ne sait même pas si le générai en chef, qu’on a dit retenu à
Logrono par une grave indisposition, s'est trouvé en personne à cette affaire
de Mendavia ou si c’était un de ses lieutenans.
Le projet de Basilio Garcia, combiné, sans doute, avec l’entreprise man-
quée de Cabrera dans les environs de Sarragosse, devait être de forcer le pas-
sage de l’Ebre à Lodosa ; car, dans celle saison, le fleuve n'est plus guéable
depuis Miranda et au-dessus de cette ville.
Il parait qu'aucun bataillon basque ou navarrais n’a pris part à cette affaire,
la majeure partie de ces troupes ayant fait, en même temps, un mouvement
dans la vallée du Nord de la Navarre.
D’un autre côté, i’on apprend que les autres bataillons castillans qui s’é-
taient mis en mouvement sous le commandement de Mérino et du marquis de
La Koveda en même temps que Basilio Garcia opérait le sien vers la Navarre,
se sont avancés jusqu’à quelques lieues au delà de l'Ebre par Prias et Cella
Perlata, mais une marche rapide du général Firmin Iriarte, qui de Medina
del Pomar. dansla Vieille-Castille, s’avançait à leur rencontre avec une forte
colonne, les a fait rétrograder et ils sont revenus en deçà de l’Ebre.
On a reçu l’avis à St-Sébastien de la prochaine arrivée dans ce port de ba-
teaux à vapeur pour ramener en Angleterre les soldats de la légion auxiliaire.
11 paraît que la cavalerie et l’artillerie qui étaient attachées à cette légion res-
tent au service du gouvernement espagnol qui a fait les fonds nécessaires.
FRANCE. — Paris, fi janvier.
CKHOMXÇÏJÏÎ XT BHÜITil 3>B SütOïS.
chronique. — Le projet d’adresse de la chambre des députés a été
lu aujourd’hui devant la commission. Modifié ou non dans sa rédac-
tion primitive, ce projet est à ce qu’on assure d’une insignifiance par-
faite. De vagues indications sur la question espagnole et sur iaqueslion
des renies ne suffisent pas pour faire de ce projet un document de
quelque valeur. La chambre se réunira demain [tour en entendre la
lecture. La discussion publique ne s'ouvrira probablement que lundi
après la communication préalable dans les bureaux, suivant un usage
qui a prévalu dans les dernières sessions.
od en est le coMnoT HUBERT. — On se demande aujourd’hui ce que
devient le fameux complot Hubert; pourquoi on garde en prison M11»
Grouvelle, malade; pourquoi eu ne i end pas à sa famille et a ses fonc-
«agmam i i -riiiT——i—innm——a——
tions judiciaires M. Jules Leproux, que tout tend à représenter comme
étranger à l’affaire de Boulogne.
Où en est l’instruction? les journaux judiciaires eux-mêmes ne con-
tiennent pas un mot à ce sujet.
projet de loi scs les aiNEs. —- Il parait certain que le ministre des
travaux publique doit présenter aux chambres un projet de loi portant
demande d’un crédit de 6 millions pour faire des recherches sur le sol
de la France. Les concessions de mines ne seraient accordées désor-
mais que du moment où l’existence de la mine aurait été constatée
par les ingénieurs du gouvernement; mais les commissionnaires paie-
raient une somme trèsfortepour l’exploitation quileurserait accordée.
chambre des pairs. — La chambre des pairs a volé hier son adresse
au roi. N’aurait-on pas pu penser d’après les discussions animées qui
s’étaient élevées la veille à l’occasion de la Pologne et de l’Espagne,
que la noble chambre introduirait quelques amendemens dans le pro-
jet de M. Portalis, ou qu’au moins une forte opposition se manifeste-
rait lors du vote de l’ensemble. Eh bien ! la chambre n’a pas changé
un seul mot au projet primitif, et elle a volé l’ensemble à la presque
unanimité. Il n’y a eu que 12 voix qui aient protesté.
Cependant la discussion de l’adresse aura produit quelques résul-
tats importants. Elle adonné à M. le duc d’Orléans l’occasion de pren-
dre position politique comme pair de France, elle a fait voir que les
idées d’intervention en Espagne, cessaient dans les esprits d’un certain
nombre de pairs, enfin elle a amené une déclaration importante de la
part de M. Molé, relativement à nos possessions d’Afrique.
En effet, M. Molé a annoncé à la chambre des pairs que le gouver-
nement s’occupait d’un grand travail sur l’avenir de la colonie, et il a
demandé l’ajournement de toutes les explications jusqu’au moment où
il pourrait en être données d’opportunes et de complètes.
M. Molé a déclaré positivement que l’intention du gouvernement ne
pouvait pas être d’abandonner jamais la colonie. Nous prenons acte de
cette déclaration, et nous espérons que la conservation de Constanline
est également une chose décidée. Il est temps d’organiser d’une ma-
nière définitive l’administration de la colonie. Ces hésitations qu’on a
remarquées jusqu’à présent ont reculé les progrès de colonisation, et
l’on paraît vouloir s’arrêter aux plans de M. le général Valée. Nous
serons sans doute bientôt à même déjuger quels sont ces plans et s’ils
sont de nature à obtenir plus de succès que tous ceux qui ont été an-
térieurement essayés. _____ (corresp.)
ISËLGIQUË.
ANVERS , 8 JANVIER.
Nous voyons avec plaisir que M. Prud’homme pour ne pas nuire
aux bals de la société Philharmonique , dont le premier a lieu aujour-
d’hui, a changé les jours de spectacle pour le Jmois de janvier. Nous
espérons qu’il en fera autant pour les deux premiers lundis de février.
Nous publions aujourd’hui en supplément, le tableau des importa-
tions, des exportations et du transit en ce port, ainsi que des importa-
tions de la Hollande par l’intérieur, et de l’exportation des sucres raf-
finés pour divers pays, pendant le second semestre 1837.
M&wveiies diverses»
Nous lisons dans l’Indépendant :
Un nous communique l’extrait suivant d’une lettre d’Aix-la-Chapelle,
en date du 4 janvier :
» Nous avons lu ici avec bien de la surprise la soi-disant instruction
de la police royale d’Aix-la-Chapelle, à tous les bourgmestres de l’ar-
rondissement que plusieurs journaux belges ont publiée. (Quoique celte
pièce porte en elle-même la meilleure preuve contre son authenticité,
et quoique vous sachiez avec moi que, d’après les réglemens existans,
Ila police d’Aix-la-Chapelle ne peut donner aucune instruction à aucun
bourgmestre, je ne crois pourtant point superflu de vous prévenir que
la publication susmentionnée est entièrement fausse. »
C’est la seconde fois que le Courrier de la Meuse publie dans cette
affaire des doeuinens argués de fausseté. Ce n’est pas avec intention,
nous en sommes certains, mais dans l’intérêt même de la cause qu’il
défend, il devrait mettre plus de circonspection à accueillir des com-
munications de celte nature. Aujourd’hui même ce journal affirme que
l'Intruction de lu police royale d'Aix-la-Chapelle lui a été communi-
quée par une personne digne de confiance. Mais cette personne ne
pouvait-elle pas avoir été trompée elle-même? A nos yeux,le document
en question porte tons les caractères de la fausseté.
— Un lit dans le Courrier de la Meuse :
« Nous apprenons de Rome l’arrivée prochaine en Belgique de Mgr.
Raphaël Fornari, en qualité de chargé d’affaires du St-Siége auprès de
notre gouvernement. » J
—Due petite échauffouréc dans le Luxembourg,un quasi-délit fores- j
tier vient de ramener sur la lisière du Nord l’attention de nos gouver-
nons, et nous avons vu le moment l ù Jes camps ou des cantonnements
allaient êire formés autour de nous. L’applanissement subit des difficul-
tés a fait arriver les contrordres presque aussi vite que les ordres, et
rien d’alarmant ne reste plus après ces quelques jours de mouvemens
militaires ; mais, ce que les réclamations de nos conseillers munici-
paux appuyées par l’administration de la mairie n’ont pu obtenir de-
puis quatre ans, quelques bûches enlevées dans le Grüneiiwald vien-
nent de nous l’octroyer : il nous restera de tout ceci une augmentation
de garnison. Un régiment entier de cavalerie et un régiment d’infan-
tene seront en garnison à Valenciennes. Les villes de Coudé et de Mau-
beuge auront aussi leur régiment entier de cavalerie. Le 5° dragons
est destiné à Coudé. Cet état de choses ne sera sans doute pas éternel,
mais la prudence veut que toutes les garnisons du Nord soient bien
complètes en ce moment. (Echo de la frontière.)
— Un écrit d’Allons (Lot-et-Garonne), lr janvier:
» Quelques troubles viennent d’éclater dans notre paisible commu-
ne. Hier à l’issue de la messe , une partie de la population s’est portee
à des violences contre les Basques Espagnols, appelés par la compagnie
agricole du duché d’Albret pour des ensemencemens de sapins. Deux
de ces étrangers ont été grièvement blessés.
» Un dit que deux compagnies d’infanterie viennent d’être dirigées
de Nérac et de Mont-de-Marsan sur notre commune. »
— Les belles solennités ne manqueront pas au printems prochain.
Le couronnement de la reine d’Angleterre est annoncé pour cette épo-
que, et c’est aussi vers le même tems qu’aura lieu à Milan le couron-
nement de l’empereur Ferdinand comme roi d’Italie. Mais comme
l’archiduc Jean d’Autriche doit assister au couronnement de la reine
Victoria, on doit croire qu’il y aura entre les deux cérémonies un in-
tervalle de tems suffisant pour que les amateurs de ce genre de specta-
cle puissent se transporter de l’un à l’autre.
— Vendredi dernier, le jeune docteur Eugène L.., demeurant à Paris,
rue..., venait de sortir daus un élégant tilbury, lorsque un homme de
trente ans environ, mis avec la dernière recherche et décoré d’un ru-
ban rouge-, sonna à la porte de son appartement. Un domestique en li-
vrée lui apprit que le docteur ne rentrerait qu’à la nuit : Quel fâcheux
contretemps ! s'écria l’étranger, qui parut eu effet vivement contra-
rié... manquer une si belle affaire... combien il en sera afflige, ce cher
Eugène... Malheureusement, je ne pourrai revenir aujourd’hui... je
vais entrer dans son cabinet et iui écrire...
Tout en disant ces mots, l’étranger se dirigea vers le cabinet du doc-
teur , suivi du domestique, s'installa à son bureau comme un ami
intime, prit une plume et commença une lettre. Î1 achevait à peine la
première ligne qu’un violent coup de sonnette se fit entendre. Le do-
j mestique alla ouvrir. C’était un malade qui venait chercher une con- '
j sullation, et qui fut prié de revenir à la nuit. Lorsque le domestique
î rentra daus io cabinet, l’étranger lui remit une lettre cachetée et adres*
qt;
3 ce matins»
et vous trou
is un voleur,
înl votre ab-
que vous soi
. voleur,
it à l'Acadi-i
sait entendit
sée à son ami Eugène, et sur le dos de laquelle ou lisait en j
caractères le mot pressée.
A son retour, M. L... se dépêche de briser le cachet, et il lut ce
suit :
« Monsieur,
» Ne cherchez pas votre montre, que vous avez laissé
votre cheminée... elle est en ce moment dans ma poche,
veriez difficilement ma poche. Votre domestique n’est pi
mais c’est un grand nigaud qui vous laisse voler pend
sence. Je vous engage fort à le renvoyer... J’ose espérer
vrez ce conseil d’ami, que je vous donne en échange d u cadeau q:
je me suis fait ce malin à vos dépens.
» Votre obligé, Capdeville
» P. S. Ce nom est un nom de guerre. »
— A la dernière représentation de la Muette de Porti
mie royale de musique, une bruyante conversation se fai
dans une des loges d’avant-scène, dites loges des gants jaui les. Plusieui
jeunes gens du parterre qui étaient venus pour entendre la belle voit!
de Duprez, et non pas les incipides causeries de trois ou quatre mer
veilleux , témoignèrent leur impatience et réclamèrent le silence
haute voix ; mais la conversation n’en continua pas moin s dans lalo;
des gants jaunes. Alors un étudiant en médecine d’une h aute stature,
montant sur la banquette du parterre,s’écria en désignan t les person,
nes de la loge : Quels sont donc ces polissons qui dérange nt le public
M. de B..., se penchant hors de la loge, demande qui ose parler ainsi
C’est moi, répond son interlocuteur , et vous êtes un poii; «son...
Un duel a dù avoir lieu dans la journée suivante. ( in en ignore!
le résultat.
— On lit dans \’Artiste, journal qui se publie à Paris :-3 Nous recom-
mandons aux amateurs de violon deux morceaux nouvel ux , publiés
par M. Wery, violon solo de S. M. le Roi des Belges : 1° i m concerto,
2° un air varié sur le Départ du jeune marin, de M. Jjafi mt. — Chez
bernard Latte, boulevard desltalins, n° 2.
— On écrit de Rouen, le 4janvier:
Avant-hier soir, dans un cabaret voisin de la porte Guill aume-Liori.
un individu ayant fait le pari de boire trois bouteilles d’eau-de-vie,
tomba mort quand il n’en était encore qu’à la moitié.'de sa tâche.
C’était le nommé Mazier, âgé d’environ quarante ans, ouvi ier employé
sur le port aux travaux de la carrue. Sou corps, déposé à lia morgue ,
en a été enlevé hier pour l’inhumer.
VARIETES.
CM BRAVE 2SOET DE PE CR.
Pierre d’OIigny était capitaine : sa vie militaire n’était remplie .que de hanls
faits de la plus éclatante valeur ; homme ardent, la vue du fer et de l’ennemi
lui causait une sorte de fièvre de courage : il se jetait sur les baïoe mettes com-
me le boule dogue sur le bâton dont on cherche à l’intimider. Sac is éducation
primitive, le capitaine ne savait rien, hors donner un coup de sabi e, et signer
son nom tant bien que mal ; quand ses camarades les savans. coin me i! les ap-
pelait. voulaient le rallier sur son orthographe illisible, il leur ri ppelait trés
tranquillement que le chirurgien, dans un moment de belle humerur, avait dit
que d’Oiigny signait tous les Autrichiens qu’il tuait, voulant ainisi donner i
entendre quelles plaies énormes faisait le bras de fer du capitaine .
D’OIigny était donc uu homme illettré, souvent le simple et can dide enfant
du village, perçait sous la double épaulette du fanatique de i’honmsur militai-
re qui n’eût pas compris que Von se détournât d'un pas pour éviter la ren-
contre d’un boulet, ou qne la pointe d’une épée ou d une baïonnetl e fût capa-
ble de déranger la marche d’un soldat qui a reçu l'ordre de se porte r en avant.
Un jour qu’il était en ligne, un soldnt effrayé vint lui dire que le feu avait
pris aux caissons pleins de projectiles et de poudre qui se trouvaieint derrière
la compagnie ; d’Oligny se contenta de lui répondre : M’apportes-tu l'ordre
du colonel de me porter plus en avant ? Non, n’est-ce pas? Eh bien, à Ion
rang ! Ce même homme, qu'aucun péril n’arrêtait, avait de supi rslitieuscs
terreurs : il les tenait cachées : il en avait honte, avait voulu les «combattre,
mais il avait été forcé d’y céder ; elles étaient en lui comme faisanit partie de
son sang.de sa nature.
L’armée française se trouvait à l'époque de cette histoire, 95 osi 96, sur le
bord du Rhin; le corps dont faisait partie d'OIîgny était cantonné aux envi-
rons d’Aix-la-Chapelle : là, dans une soirée, les officiers de la demi-brigade,
échauffés par quelques vieilles bouteilles de vin du Rhin , se mirenj; à parler
de bravoure, de peur, de hauts faits et de gloire- D’Oiygny prit la p aroie ; on
le savait homme à toute épreuve, capable d’aller seul, avec uu man che à ba-
lai , attaquer une redoute : aussi personne ne fut-il surpris de lui entendre
dire que jamais il n’avait éprouvé le moindre sentiment de frayeur.
^Quelques jeunes officiers, prenant plaisir à ses phrases pleines de fautes de
français, le taquinaient et riaient aux larme$. Enfin, lassé, il dit aux ricaneurs:
Je m’engage à payer cent bouteilles de Johannisberg à vous autres farceurs,si
dans l’espace de deux mois, vous me voyez éprouver la moindre crainte ; à
condition que si je ne succombe pas, vous paierez les cent bouteilles. L’im-
prudent pari fut tenu. A propos: reprit d’Oiigny, si je venais à être tué. je se-
rais censé avoir gagné, et vous boiriez un immense bol de punch au repos et
au bien-être de mon ame.
Tous les jours il s'engageait bien des luttes et combats avec les Autrichiens;
mais voir trembler le capitaine devant l’ennemi, il ne fallait pas même y son-
ger. Je l’ai dit, il avait la bravoure de Grillon. C’était donc à des épreuve»
d’un tout autre genre qu’on devait avoir recours. Plusieurs fois mes étourdis
firent déguiser des soldats avec la défroque d’Autrichiens tués la veille : plu-
sieurs fois aussi, travestis, ils se précipitèrent en tumulte au milieu de ta nuit
dans la chambre de d'OIignv : mais c était peine perdue. Et comme une fois
il faillit de son épée embrocher, comme une grive, un pauvre diable ainsi dé-
guisé, on dut renoncer à ce genre de plaisanterie, qui aurait pu finir par avoir
des conséquences fâcheuses.
Les parieurs se tenaient presque pour bien et dûment battus, car il ne res-
tait plusque quelques jours, et â chaque repas,d'OIigny avalait un grand verro
d'eau pour se préparer, disait-il d’un ton moqueur, à recevoir dignement le
digne Johannisberg. La compagnie du capitaine se trouvait dispersée dans un
petit hameau, et lui, pour pouvoir la réunir plus vite, s’était posté an centre :
il avait placé son lit et son quartier-général dans la sacristie d'une vieille
église, non sans prévenir auparavant les soldats qu’ils eussent à se réunir dès
qu’ils entendraient le tocsin qu’il ferait sonner en cas d’attaque. l,a mesure
était prudente, car il se trouvait en présence des avant-postes de l'ennemi.
Les officiers placés près de la position qu’occupait la compagnie d’Oiigny,
résolurent de tenter un dernier effort. Méchante et pitoyable insistance I..
Le capitaine se couchait ayant toujours sur une tableà côté de lui son épée
hors du fourreau, et ses [«istolets chargés. Nos officiers gagnèrent le soldat qui
était chargé pendant le jour des pistolets ; ils en sortirent les balles et firent
â une nuit convenue, remplacer l’épée du capitaine par une autre lame qu'ils
avaient sciée de manière à ce qu’elle se brisât au moindre choc. Les premier*
préparatifs faits, au milieu de la nuit le capitaine est réveillé par un bruit
sourd et étrange : un tambour placé dans les tombeaux souterrains de l'église
adjacente à la sacristie, battait comme aux eritarreinens. Tout â coup la porte
s'ouvre et d’OIigny voit un squelette drapé dans un suaire seglisser lentement
vers le chevet de son lit. Les os de l'étrange visiteur craquaient sur les froides
dalle»'.
Arrêtez 1 dit lo capitaine saisissant un pistolet, ou vous êtes mort. ! Le
squelette remua son bras et continua sa marche; le capitaine fit feu. La blan-
che draperie s’agita, et la balle retomba su ( les couvertures de d’Oiigny. Voyons,
dit-il d’une voix émue : il reprit l’autre pistolet, fit feu de nouveau ; la balle
revint celte fois le frapper au visage.
D’Oiigny bondit comme un homme blessé, sauta sur son épée, la brandit
un instant, puis il s’affaisa sur lui-mêuic... D’OIîgny était mort I... mort de
peur.
CHOBJÏÇUK JEJDICIAUEkS’, — UNE AMITIÉ PEU COMMUNE.
Sans respect pour les lois sacrées de la chambrée, Blandin, le maçon, a volé
une paire de bolles à son camarade de lit , le bourguignon Banier, son plu»
inlime ami. Banier s’est empressé de faire arrêter Blandin, et celui-ci trouve
un pareil procédé très peu délicat de la part d’un individu qu’il honorait de
son estime particulière. — Banier, Banier, dit-il au témoin qui s'avance pour
l’accuser, je t’aurais jamais cru coupable d’une noirceur a mon égard... Lebon
Dieu m aurait dit : « Panier te trahira, » que j’aurais répondu : « Bon Dieu ,
vous vous trompez, sans vous démentir... »
l’amer, d’un ton glacé C’est comme ça, mon vieux !
Blandin. V’I.i cinq semainesque tu me fais moisir dans les fers, mot ton fi-
dèle, moi ton Pilate!.... Ah ! Panier, c’est-y ça un Irait d’ami?
Panier. Je m'en Batte que c’en est un... |