CHAPITRE IX. 163 avoir fait tant de portraits, et peint, pour ainsi dire, toute l'Eu- rope, il désirait vivementlaisser après lui quelques grands 1a- bleaux comparables aux peintures monumentales de Rubens. Ilavait proposé à Charles Le d’illustrerla salle des banquets de Whitehall de grands sujets empruntés à l’histoire de l’ordre de la Jarretière. Il en avait même dressé plusieurs cartons ; mais la situation déjà très-mauvaise de ses affaires et des fi- nances du roi Charles ne permit pas de réaliser ce projet. Van Dyck, très-contrarié, fit un voyage en Flandre, d’où, ap- prenant que le roi de France se disposait à faire orner de ta- bleaux la galerie du Louvre, il accourut à Paris pour sollici- ter cette commande. Mais déjà ce travail était donné à Poussin, mandé tout exprès de Rome. Van Dyck, fort tristement, repassa le détroit : c'était l’an- née d'avant sa mort. Peu après son retour, la dispersion de la famille royale d'Angleterre et le supplice de Strafford, son protecteur et son ami, le frappèrent de nouveaux Coups, aux- quels son organisation affaiblie ne devait pas résister, Il ne fit plus que languir, et succomba enfin le 9 décembre 1641, dans sa maison de Black-Friars, âgé de quarante-deux ans. Il fut inhumé dans le chœur de l’ancienne cathédrale de Saint- Paul. L'œuvre que Van Dyck a laissé est immense, malgré la brièveté de sa vie; mais on y compte, entre d'innombrables portraits tous admirables , peu de grandes toiles, et des ta- bleaux de chevalet, très-précieux aussi, mais rares. Les be- soins qu'il s'était créés par son goût d’aristocratie et de luxe, joints à son extraordinaire aptitude pour le portrait, le confinèrent dans ce genre plus qu’il n'aurait fallu , plus qu'il ne le voulait lui-même. Il était capable des plus grandes choses, et Rubens même, qu'on a accusé fort à tort de l'avoir jalousé, ne montrait pas sans une admiration énthou- siaste à ses nombreux visiteurs deux tableaux que Van Dyck lui avait laissés à son départ pour l'Italie, un Zcce homo, et