68 LA BELGIQUE. Bruxelles se refuse à s'immobiliser dans la voie de ses transformations. Il représente un principe national ; il est le centre de l'immense mouvement des intelligences et des affaires. Si la vie halète et gronde aux zones industrielles, si le rauque aboi des sirènes, prolongé par devers les plaines de l'Escaut, signale l'arrivée des transatlantiques en marche vers le port anversois, c'est ici que retentit la pulsation de tout l'organisme en travail. Les grandes villes furieuses œuvrent là-bas les métaux, labourent les entrailles terrestres, font ronfler les machines : mais Bruxelles est la colonnade symétrique et pavoisée, dressée comme un décor sur leurs horizons embrasés, LE PALAIS DE JUSTICE. Cest le signe de sa prospérité toujours croissante de sacrifier au souci des ordonnances représentatives d’un haut état social, les aspects de sa fortune antérieure. A l'étroit dans un décor qui correspondait à sa destination dans le passé, la capitale aspire à étendre ses voiries, à varier leurs symétries, à les assortir à de précieuses architectures. On voudrait espérer que l'art, cette fois, le sens expressif de la beauté en ses rapports avec la race, prévaudra sur l'abus des matériaux sans grâce et sans vie qui, jusqu'ici, alourdirent le Bruxelles nouveau. Il semble étrange que la Grand'Place et le fertile caprice de ses maisons des corporations soit resté sans influence sur la recherche architecturale contemporaine. Les métaux rehaussant larabesque des lignes, le bas-relief et la ronde-bosse efflorant en jeux d'ombre et de lumière, l'animation des façades dont l'or et la pierre ductilisés et manmiés en vue d'un aspect coloriste, l'adaptation de l'édifice manifestée par le mode architectonique, les attributs, les allégories et les figures proposent des lecons merveilleuses qu'on s'étonne de