Full text |
anglais. Depuis, M. le ministre des finances, dans
le budget de 1872, a réduit ce projet à une simple taxe
sur les actions et obligations ; et l’Assemblée s’est pro-
noncée* contre le principe même de l’impôt sur le
revenu. Dans ces circonstances, la commission a pensé
qu’une innovation aussi grave que l’impôt sur le revenu ne
pouvait s'établir sans le concours du gouvernement, du
moins dans la situation actuelle. La commission a donc cru
devoir renoncer à présenter son projet. Il reste celui du
gouvernement, que repousse la majorité de la conftnission.
Un certain nombre de commissaires sont opposés à cet im-
pôt réduit comme étant une fraction de l’impôt général sur
le revenu. D’autres ont considéré que cette taxe éloignerait
les capitaux au détriment du pays entier, et notamment de
l’agriculture ; elle porterait la désorganisation dans l’indus-
trie. Enfin, d’autres membres de la commission ont pensé
qu’il faudrait d’abord examiner la proposition du gouverne-
ment sur les matières premières,laquelle constitue Indispo-
sition principale du projet de M. Pouyer-Quertier.il y a dans
la commission une minorité qui approuve au contraire le
projet du gouvernement. Mais la majorité demande à la
Chambre de le rejeter, et d’examiner promptement l’impôt
des douanes.
» M. Raudot, au nom de la minorité, approuve l’impôtsur
les valeurs mobilières ; il demande que l’on passe au vote
immédiatement, tous les arguments étant connus. Il vient
dire aussi que la minorité a proposé quelques modifications
acceptées par le gouvernement, en sorte que l’accord qui
n’a pu se faire avec la majorité s’est fait avec la minorité.
(Bruit.)
» M. le président Grévy fait observer qùe l’on n’a aucun
texte sous l'es yeux, et que le gouvernement et la commis-
sion demandent le renvoi de la discussion à lundi. Cepen-
dant il consultera la Chambre si M. Raudot insiste.
» A la suite de ce débat, il est convenu que la discussion
de la loi deM. Pouyer-Quertier viendra lundi.
» La commission a donc retiré son projet purement et sim-
plement, et elle laisse le gouvernement seul en présence de
fa Chambre avec les taxes sur les matières premières et la
retenue sur les coupons des actions et obligations fran-
çaises. Il est difficile d’anercevoir comment la commission
aurait pu agir autrement. Elle constate avec raison dans
son rapport que les réformes fiscales de quelque impor-
tance ne peuvent s’accomplir en ce moment sans l’appui du
gouvernement. Cet appui, la commission ne l’a pas, et en
cela elle ressemble à peu près à toutes les autres grandes
délégations de la majorité de l’Assemblée. La majorité et
le gouvernement professent tous deux des opinions conser-
vatrices et libérales, mais chacun à sa manière, et ce sont
des manières très différentes. Le gouvernement se montre
extrêmement large en ce qui concerne les personnes et
les opinions. Les vrais conservateurs et les libéraux sont
chez lui les bienvenus, .mais il ne se voile pas' pour
cela la face devant certaines nuances touchant de
très près au radicalisme et même d’un ton plus foncé,
c’est-a-dire plus rouge. Son éclectisme ne cesse que
lorsqu’il s’agit des mesures législatives. Sur ce terrain,
quand il veut aller extrêmement loin, il s’avance jusqu’à
1848 ; c’est pour lui le nec pim ultra de l’innovation ; quand
il veut être conservateur, il remonte bien plus haut,jusque
vers 1830. En fait de finances, le protectionisme ; en fait
d’armée, l’ancien système de recrutement avec remplace-
ment ; en fait d’administration, la centralisation siégeant
dans son local accoutumé et suivant son ancienne routine,
voilà ce que recommande le gouvernement.
- La majorité, au contraire, inclinerait évidemment à
se montrer moins facile, plus exclusive, st l’on veut, à l’é-
gard des personnes. Il est certain compromis dont elle ne
peut décidément prendre son parti, mais elle est portee, au
contraire, vers les innovations, vers les réformes législa-
tives. Elle afait une loi de décentralisation, elle tient en-
core pour le service obligatoire, elle a été à un certain
moment favorable à l’impôt sur le revenu. Seulement, étant
constamment contrecarrée dans son éloignement de la
routine parle gouvernement, elle a difficilement le courage
de persister dans ses opinions.
Dans la séance du 9 septembre 1871, M, Dahirel a
déposé la proposition suivante :
Considérant que le règlement de l’Assemblée nationale a
été arrêté alors qu’il n’y avait pas de président de la répu-
blique, et qu’il n’a pu,en conséquence, déterminer laforme
des relations du president et de l’Assemblée ;
L’Assemblée nationale décrète :
Art. 1er. Lorsque le président de l’Assemblee recevra un
message du président de la république,il en prendra d’abord
lecture, avertira l’Assemblée de son objet, et l’engagera,
s’il le juge convenable, à se former en comité secret.
Art. 2. Après la lecture du message, soit en séance pu-
blique, soit en comité secret, l’Assemblée se retirera dans
ses bureaux et nommera une commission de quinze mem-
bres, chargée de rédiger une adresse en réponse au mes-
sage. Cette adresse sera discutée et votée en séance pu-
olique. - ............. , .
Cette proposition a été soumise hier à 1 examen de la
septième commission d’initiative parlementaire et défendue
par MM. Dahirel et Princeteau. ■ , —
D’après le Siècle, MM. Gent, Langlois et Robert de Massy
ont combattu la prise en considération de cette proposition
en vertu de ce principe qu’elle ne tendrait qu’à ressusciter
les usages de monarchie en rétablissant le discours de la
couronne et les adresses du Parlement. .
La prise en considération a été votee a la majorité de 12
voix contre 6. , .
M. de Tarteron aete nomme rapporteur.
Le rapport sur le projet de réorganisation du conseil
d’Etat va, dit-on, être prochainement déposé parM. Bat-
bie, le savant rapporteur de la commission.
Le point sur lequel ce travail parait devoir s ecarter le
nlus sensiblement du projet du gouvernement est le mode
de nomination des conseillers d’Etat ; ce serait 1 Assem-
blée nationale, ou du moins des membres délégués par
elle qui procéderaient à ces nominations.
Le Journal officiel publie une circulaire du ministre de
'a justice aux procureurs généraux près les Cours d’appel.
Cette circulaire contient des instructions pour 1 execution
de la loi du 21 décembre dernier qui règle d’après des
bases nouvelles le mode d’élection et la composition des
tribunaux de commercé.
La nouvelle commission relative au projet de loi sur l'in-
struction publique s’est réunie avant-hier et hier encore.
Elle a décide qu’elle ne se bornerait pas à rejeter le projet
ministériel mais qu’elle en formulerait un autre, afin que
la question d’enseignement, qui est l’une des plus considé-
rables et des plus pressantes parmi celles dont se trouve
saisie l’Assemblée, puisse être promptement résolue.
La commission de révision des grades n’avait plus, à la
date d’hier, que 800 dossiers à examiner. Elle compte avoir
terminé complètement son travail à la fin du mois et elle
adressera aussitôt son rapport à l’Assemblée.
M. Legouvé, directeur de l’Académie, avait fait, à
la lettre de démission de M, Dupanloup, la réponse
suivante :
« Paris, 31 décembre 1871.
» Monseigneur,
» J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de
m’adresser. , .... . . . ., -,
» Je la communiquerai jeudi prochain à 1 Academie.
„ Veuillez agréer, monseigneur, l’assurance de ma par-
faite considération. »
Dans la séance du 5, dit le Figaro, après lecture de cette
lettre, M. E. Legouvé a expliqué, avec tout l’esprit qu’on
lui connaît, que l’Académie française, sans mentir à ses
grandes traditions, ne pouvait accepter la démission de
Mgr l’évêque d’Orléans, bien que l’éminent prélat eût, à
cette occasion, manqué de respect envers l’illustre corps
académique, en envoyant sa démission aux journaux avant
de l’adresser au directeur de l’Académie,
Des murmures approbateurs accueillent les paroles de
M. Ernest Legouvé, auquel succède M. Guizot.
Le solitaire du Val-Richer parle longtemps et avec un
bon sens frappant de la démission de son (cher collègue,)
Mgr Dupanloup.M. Guizot termine son discours — qui n’a
été autre chose qu’un appel à la conciliation — par ces pa-
roles significatives :
« Messieurs, jusqu’à présent, dans toute cette affaire,
regrettable à tous égards, l’Académie française, je le dis
avec orgueil, a gardé le rôle qui lui convenait, c’est-à-dire
le plus beau. Gardons le, messieurs, jusqu’à ce que l’inci-
dent soit vidé, ce qui ne saurait tarder, car j’ai quelque
raison de penser que notre cher collègue, Mgr d’Orléans,
ne persistera pas dans sa résolution de nous quitter après
être resté avec nous pendant plus de vingt ans. » »
M. Guizot s’assied alors en recevant les félicitations de
ses collègues qui, tous, pensent absolument comme lui sur
cette affaire.
Quand le silence s’est-rétabli, M. le duc de Broglie prend
la parole.
11 déclare s’associer pleinement aux réflexions de son il-
lustre ami, M. Guizot.
M. Cuvillier-Fleury demande ensuite que l’Académie
passe à l’ordre du jour pur et simple : ce qu’elle fait à la
majorité des voix — 28 contre 2.
M. N isard lève la séance sur ce vote.
La Constitution a reçu de l’ex-général Cremer une lettre
relative au mandat d’amener lancé contre lui.
Il est accusé de complicité d’assassinat, dit-il, pour avoir,
par ordre du gouvernement, faitfusiller le nommé Arbinet,
épicier dyonnais, espion et pourvoyeur des Prussiens.
.. Le nommé Arbinet, ajoute le général Cremer, m’avait
été envoyé, avec l’ordre de le faire fusiller immédiatement,
ordre que j’exécutais d’autant plus volontiers que depuis
huit jours je faisais recherchèr ledit coquin pour être venu
me (tonner de faux renseignements sur les forces ennemies,
afin de me pousser à une attaque sur Dijon. Il prétendait
avoir risqué sa vie pour venir me trouver, et plus tard
on découvrit dans ses poches un laissez-passer signé
*< de Werder. «
«Je ne parlerai pas du di’oit qu’a tout général comman-
dant en chef, en présence de l’ennemi, sur un territoire èn
état de guerre, de procéder à des exécutions sommaires
dans l’intérêt de ses troupes. Ce principe vient d’être assez
énergiquement affirmé lors de l’entrée des troupes à Paris, «
M. Cremer termine en disant que, quoiqu’irait été pré-
venu depuis le 16 décembre, il ne se sauvera pas.
La Liberté, dans son numéro du 6, publie une lettre de
M. Jules Amigues, dans laquelle cet écrivain dément que
M. Rossel père. intente un procès à la 'Constitution pour
avoir publie sans autorisation le Journal de Hossel.
Dans son audience du 4 janvier, la cour de cassation a
rejeté les pourvois de Verdaguer, Simon Mayer et autres
condamnés à la peine de mort et à diverses autres peines,
pour crimes dAssassinat des généraux Lecomte et Clément
Thomas.
Mercredi dernier, l’empereur et l’impératrice du Brésil,
M. le comte et M™ la comtesse de Paris, M, le prince de
Joinville et des officiers et des dames de leur suite, sont
descendus place du Châtelet dans le grand égout collecteur
qui suit les quais, et sont allés sortir au regard à deux
ventauX en fer situé place de la Madeleine. Ils étaient diri-
gés par les ingénieurs delà Ville. ■ ■ "
Le 21 de ce mois est attendu à Paris le roi de Cambodge.
M. Léon Farcynet, un Français attaché comme secrétaire
particulier auprès du roi, est arrivé avant-hier, précédant
ainsi son maître de quelques jours, dans le but de faire tous
les préparatifs nécessaires à l’installation de ce dernier.
Le roi de Cambodge voyage incognito. Il a loué pour
quelques mois un petit hôtel aux Champs-Elysées, que l’on
est en train de meubler en ce moment, et où il passera la
saison d’hiver.
Le but de ce voyage est absolument scientifique.
On sait que le roi, qui passe pour être très intelligent,
s’occupe activement de toutes les questions pouvant être
utiles à son pays, et spécialement de tout ce qui concerne
la vapeur, peu étudiée là-bas et dont il a l’intention de
rapporter d’ici les plus belles applications. (Liberté),
BELGIQUE.
ANVERS, S Janvier.
Les négociants importateurs de la place d’Anvers
se réuniront au local de la vente des laines, Courte
rue des Claires, mardi 9 courant, à 2 1/4 heures, à
l’effet de délibérer sur la redevance dont le produit
des ventes publiques est frappé.
Société royale d’Harmonie d’Anvers. — La Société
donnera samedi prochain, 13 courant, à 8 heures du
soir, dans la grande salle du local d’hiver, un2me
grand concert vocal et instrumental avec le concours
de Mme Olga Janina (piano), Mlle Sternberg (lre chan-
teuse du Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles) et
M. Henri Vieuxtemps (violon). >
Le local s’ouvrira à 7 1/4 heures, l’entrée par la porte
principale, Place de l’Ancien Canal.
Pour ce concert, la toilette de soirée est de rigueur.
Le cercle philanthropique les Mousquetaires, don-
nera samedi prochain, 13 janvier, une grande fête de
nuit, masquée, parée et travestie dans les salles réunies
du Théâtre des Variétés, au profit de la Crèche
Marie-Henriette. Il y aura une riche tombola. Voici
les principaux objets dont elle sera composée :
1. Une corbeille, fruits en cristal de Bohême, opaque.
2. Deux grands vases en baccarat, peinture, bouquets.
3. Deux petits vases rouge et or.
4. Deux petits chandeliers porcelaine de Saxe, cartels
avec figures sur fond jaune.
5. Un sucrier en Saxe, cartels avec figures, style Pom-
padour, fond bleu. -
6. Deux tasses quadrangulaires en Saxe avec figures et
fleurs fond vert.
7. Deux magnifiques gravures allemandes encadrées
representant G eh Hanschen Komm Hans.
8. Quatre boîtes à jeu en laque de Chine, incrusté avec
plateaux.
9. Petit presse-papier-papillon sur verre.
10. Deux verres gravés, etc., etc.
Nous^publions plus loin les dispositions prises pour
La nouvelle d’un meurtre,répandue ce matin en ville
a produit une certaine sensation. Dans Une rixe qui a
eu lieu dans un cabaret de la rue des Prédicateurs le
nommé De Peuter, assailli par le surnommé Den
Duivel, avait eu le dessous et était resté pendant trois
heures sans connaissance. Transporté à l’hôpital hier
soir, il a pu en sortir, remis, ce matin. Son adversaire
Den Duivel qui a acquis une triste célébrité dans une
autre affaire de meurtre et dont il a été renvoyé faute
de preuves suffisantes, a été arrêté et écroué à la pri-
son cellulaire.
— Dans une autre rixe qui a eu lieu Fossé du Bourg
un des batailleurs a été mortellement blessé à la tête.
Son adversaire a été arrêté.
— Nous remarquons avec satisfaction que les excès
qui signalent d'habitude le jour du Lundi-Perdu ont
presque disparu dans le centre de la ville. Ce n’est que
dans certaines rues du quartier populaire de la 4e sec-
tion que les mauvaises traditions se sont maintenues.
— Au marché au bétail de ce jour on a exposé en
vente : 96 bœufs, 166 vaches et 3 taureaux; total 265.
Le bœuf sur pied a été vendu de fr. 0-90 à 0-00, la
vache de 48 à 00 c. et le taureau à 38 c. par kilogr.
— La viande dépecée a été vendue chez les bouchers
pendant la semaine passée aux prix suivants :
Bœuf fr. 1-56 à 1-80; vache fr. 1-26 à 1-56 ; veau fr.
1-44 à 1-88 ; mouton fr. 1-60 à 1-84 ; porc fr. 1-46 à 1-79
le kilogramme.
— Société de musique. — Lundi 8 courant, à 8
heures du soir, répétition.
faits divers.
Charité épiscopale. — Monseigneur Auguste De-
champs, archevêque de Malines et primat de la Bel-
gique, vient d’adresser une bonne petite lettre pasto-
rale du jour de l’an à tous les fidèles de son diocèse.
On sait depuis longtemps de quoi traitent ces sortes
de circulaires.
C’est toujours la même balançoire de joie la plus vive
mêlée à la plus profonde douleur, d’appel à la con-
fiance'basé sur les promesses de l’Evangile et sur dix-
lmit cents ans de succès (comme dans les réclames
d’apothicaires), et surtout d’appel de fonds basé sur la
crédulité publique.
Au milieu de cette olla-podrida de pleurnicheries et
d’exultations orthodoxes, truffées de passages tirés de
l’écriture sainte selon la coutume de ce genre de cui-
sine, nous trouvons ce doux entremets, qui se glisse
timidement
“ Soyons généreux envers les pauvres pendant cette
rude saison. »
Ah ! bah ? On consent donc à penser aux malheu-
heureux qui souffrent, et à négliger, l’espace d’une
seconde, le fameux thème ordinaire ?...
Doucement! Pas dejugements précipités, je vous pi^ie.-
nous y revenons bien vite au thème ordinaire ; le bon
archevêque de Malines sentant qu’il est allé un peu loin
en recommandant les pauvres, — sujet des continuelles
préoccupations de ce Jésus, qu’ils disentleur maître —
se hâte d’ajouter, sans doute, en guise de correctif :
« ... et restons fidèles à la grande œuvre du denier
de Saint-Pierre.
Il eût été par trop cynique, n’est-ce pas, ministre du
dieu de charité, d’inyiter les gens à passer à la caisse
pontificale, comme cela tout brutalement, et vous avez
pris soin de dorer hypocritement la pilule.
C’est égal, vous nous ferez difficilement accroire que
les ridicules offrandes adressées au « captif du Vati-
can » comme vous dites en votre langage, ne sont pas
dérobées aux malheureux, et si les gentilshommes et
les douairières de haut cléricalismè dont les noms
s’étalent en tête de vos journaux dans les listes
d’étrennes au Pape, envoyaient ailleurs les sommes
qu'ils envoient à Rome, les pauvres s’en trouveraient
bien.
D’autant plus que vos douairières, vos gentilshom-
mes et les autres, dès qu’il s’agit de secourir simple-
ment des misères humaines, ne mettent plus du tout
d’empressement à délier les cordons de leurs bourses.
Nous ayons eu assez d’exemples de ce phénomène,
{La Ohro,nique.)
LES MEMBRES SURVIVANTS DU CONGRÈS. — A l’OCCasiOn
du décès récent de M. Eugène Defacqz, premier président
de la Cour de cassation, ancien membre du Congrès national,
nous constatons qu’il reste encore cinquante membres vi-
vants de cette assemblée conStituapte. En voici la liste et
l’indication de leurs résidences' actuelles que nous commu-
nique un des moins âgés de ces patriarches, lui-même fort
avancé dans la soixantaine
1. Andries, chanoine à la cathédrale à Bruges.
2. Barbanson. directeur à laSociétégénéraleà Bruxelles.
3. Berger, president honoraire à Arion.
4. Béthune, propriétaire à Courtrai,
$. Biver, docteur en médecine à Yvry, près Paris,
6. Blomme, ancien avocat à Termonde. ’
7. Brabant, ancien bourgmestre à Namur,
8. Cartuyvels, conseiller honoraire à Liège,
9. Coppens (baron), propriétaire à St-Josse-ten-Noode.
10. De Bergeyck(comte), propriétaire à Anvers.
U. De Bousies (chevalier), propriétaire à Bruxelles.
12. De Bousies (vicomte), propriétaire à Rouveroy.
13. De Brouckère (H.), propriétaire à Bruxelles.
"14. De Coppin, propriétaire à Falaën, près Namur.
15. Dehaerne (abbé), représentant à Bruxelles. '
10. De Le Haye, représentant à Saint-Josse-ten-Noode.
17. De Meer (baron), à Moorse!,
18. De Roo. ancien jugé'â Bruges.
19. Desmedt (Eugène), proprietaire à Gavre.
20. Desmet,, chanoine à Gand.
21. De Theùx (comte), ministre à Bruxelles.
22. Devaux (Paul), propriétaire à Bruges.
23. Doreye, premier président honoraires Liège.
24. D’Huart (baron), propriétaire à Hontâine.
25. Dubus, président honoraire à Tournai.
26. D’Yves, de Bavay (marquis), à Bois de-Lessines.
27. Fallon, président de la Cour des Comptes à Bruxelles.
28. Forgeur, sénateur, avocat à Liège.
29. Fransman, avocat à Enghien. _
30. Géethais (Jean), propriétaire à Bruxelles.
31. Henri, president honoraire à Dinant. '
32. Jacques, propriétaire à Marche.
33. Jaminé, bourgmestre à Tongres.
34. Jottrand (Lucien), avocat à,Saint-Josse-ten-Noode.
35. Leclercq* pfiocur. gén. honor. à St.-Josse-ten-Noode.
36. Liedts, gouverneur de la Société générale à Bruxelles.
37. Mulle, propriétaire à Ypres.
38. Nothomb (J. B.), ambassadeur à Berlin.
39. Ooms, ancien procureur à Turnhout.
40. Peemans(Antoine),propriétaireactuellementà Paris.
41. Raikem,procureur général honoraire,avocat à Liège.
42. Rogier (Charles), représcntantàSt.-Josse-ten-Noode.
43. Rosseeuw, avocat à Ypres.
44. Simons, ancien ministre du Grand-Duché à Luxemb.
45. Vanderiooy, propriétaire à Alost.
46. Vandeweyer, ancien ambassadeur à Londres.
47. Vandorpe, propriétaire à Courtrai.
48. Vergauwen, propriétaire à Gand.
49. Villàin XIIII (Charles) (comte), représ, à Bruxelles.
50. Villain XIIII (vicomte), sénateur à Bruxelles.
Le doyen de ces cinquante législateurs survivants, a
plus de quarante ans déjà de leur œuvre constitutionnelle,
doit être aujourd’hui M. l’avocat Blomme deTermonde. M.
Raikem, ancien procureur général et encore avocat à
Liège, le suit de près. Rappelons que tous les membres du
Congrès avaient au moins 25 ans en 1830, et qu’ils n’étaient
que deux cents.
— Le bruit court qu’en présence de la lettre du Pape à
M. Dupanloup, M. le chanoinede Haerne arésolu derenon-
cer à son mandat de représentant, ne pouvant plus con-
tinuer à siéger avec M. Bergé.
On ajoute que les deux professeurs de l’Université catho-
lique, qui siègent à la Chambre et qui ont prêté un serment
solennel à l’Eglise et au Pape, suivront l’exemple de M. le
chanoine de Haerne.
— L’individu arrêté comme étant un des auteurs du vol
considérable commis au préjudice des frères Obrie se ren-
ferme dans le mutisme le plus complet. Lorsqu’il consent à
répondre aux questions qui lui sont posées, on constate
bientôt l’invraisemblance de ses réponses qui tendent uni-
quement à dérouter Injustice.
Lors de son arrestation on le trouva nanti d’une clef qu’il
disait être celle de son domicile qu’il refusa obstinément de
faire connaître. Cependant, on apprit que cet homme avait
une maîtresse. Celle-ci fut promptement trouvée, grâce
aux investigations de la police. Cette femme fit connaître
le logement de son amant. Une perquisition y fut faite et
amena la découverte d’un mouchoir semblable à celui qui
formait le paquet renfermant des bijoux et qui fut aban-
donné par les voleurs sur la scène de leurs exploits.
Il résulte des renseignements fournis par lamême femme
que Tackaert — c’est le nom de l’individu arrêté — doit
avoir àBruxelles UDe maisonoù était déposé un coffredans
lequel il renfermait, disait-il, ses vêtements. Cette maison
est malheureusement inconnue à cette femme ; c’est du
moins ce qu’elle affirme. (Etoile.)
— A la suite de la reddition de Metz, arriva à Bruxelles,
en même temps qu’un grand nombre d’officiers français qui
étaient parvenus à s’échapper, un aumônier, l’abbé Bolart.
Depuis lors, celui-ci avait continué à habiter la capitale,
et s’était fait admettre par la fabrique de l’église d’une des
principales paroisses de la capitale, dans laquelle église
l’abbé Bolart disait la messe tous les jours à 8 heures du
matin. Seulement, on avait remarqué que cet ecclésias-
tique avait des allures étranges, notamment que, la nuit
venue, il revêtait des habits civils. Il portait alors, à la
boutonnière, les insignes de la Légion d’honneur.
Son signalement se rapprochant beauconp de celui d’un
individu sur lequel plusieurs plaintes étaient parvenues à
la police, pour des faits portant atteinte auxmœurs, l’abbé
fut surveillé de plus près, et l’on acquit bientôt la certitude
que ces plaintes n’étaient que trop fondées. Invité à compa-
raître chez le juge d’instruction pour y être confronté avec
des témoins, l’abbé crut plus prudent de retourner en
France d’où il écrivit, au magistrat instructeur que « l’état
de sa santé ne lui permettant pas de prolonger plus long-
temps son séjour en Belgique, il regrettait ae ne pouvoir
répondre à l’invitation qui lui était faite. » Ce qui n’empê-
chera pas la justice de poursuivre l’instruction.
— Nous lisons dans la Plume, journal artistique,
qui se publie à Bruges :
M. le chevalier X. van Elewyck a récemment mis la main
dans un couvent non supprimé à la révolution française de
1794, sur un cahier contenant plus de 400 airs autrefois très
populaires dans nos provinces. On y trouve, entre autres,
toutes les marches composées en l’honneur des Primus de
l’ancienne université de Louvain,les marches nationales du
XVIIIe siècle et des chants populaires francais, wallons et
flamands. Ce volume-manuscrit aprobablerhent appartenu
au célèbre organiste et carillonneur Mathias van den
Gheyn, dont le savant musicologue précité a publié la no-
tice biographique.
Parmi ces chansons populaires de la moitié du xvme
siècle on en trouve une dont le titre est : La jolie fille de
15 ans. Cet air n’est autre, paraît-il, que le n. 3 du célèbre
Quadrille des Lanciers qui a eu,' dans ces derniers temps,
une si grande vogue. Nul doute que' les 4 numéros de ce
quadrille ne soient d’anciens airs populaires anglais ou
français et qu’ils ne datent de l’époque de Rameau ou de
Lulli.
Etrange coïncidence ! Peu avant qu’il nous fut donné
communication de la trouvaille de M. le chevalier van Ele-
wyck, notre collaborateur M. Ed. Grégoir avait rencontré
le même air du Quadrille des Lanciers en compulsant de
vieilles musiques. D’après lui ce ne serait pas la Jolie fille
de 15 ans, mais un air d’une opérette anglaise intitulée :
The beggars opera, qu’on aurait exhumé.
La question n’étant pas tranhée, nous n’entrerons pas
pour le moment dans des détails sur cette découverte.
Nous espérons pouvoir bientôt insérer les deux chansons
avec musique et paroles.
— Un déplorable accident est arrivé hier dans la station
de La Louvière. Un facteur, inscrivant les wagons en char-
gement, a eu les deux jambes broyées. Ce malheureux a
été transporté à l’hôpital de Mons aa'ns un état désespéré.
Un malheur analogue était arrivé la veille à Braine-le
Comte.
— Un télégramme adressé au Hainaut, journal de Mons,
lui annonce que deux trains de marchandises se sont jetés
l’un sur l’autre entre Bâume et Houdeng. Les machinistes
et les chauffeurs sont grièvement blessés.
avait
environs
denarde, ne se sont pas réalisées ; dans le courant de la
semaine qui vient de s écouler,de nouveaux cas se sont dé-
clarés à Leupeghem, à Eyne, Mooreghem et Melden :
trente-une bêtes a cornes tant suspectes que malades y ont
été abattues dans cinq étables.
D’après les informations qui ont été prises, ces nouveaux
cas sont dus aux communications qui ont été établies avec
des personnes habitant les lieux précédemment infectés.
La plus sévère surveillance est exercée pour chercher à
isoler ces foyers de la maladie.
Des autres localités de notre pays où la peste bovine a
régné dans ces derniers temps, les nouvelles sont très-
bonnes : aucun cas ne s’est plus déclaré, ni à Corbion, ni à
Calornes, ni à Tournai, ni a Poperinghe.
Le typhus contagieux continue ses ravages en France.
Les journaux agricoles de ce pays nous font connaître qu’il
règne avec violence dans les environs de paris et, nulle
part dans les départements, on ne signale une amélioration.
(/. de la Soc. agr. du Brabant.)
— laissez venir a moi les PETITS enfants. — Ce pré-
cepte du divin maître n’est guère observé par le curé de
Vesquêville, village du canton de Saint-Hubert.
Dimanche, 24 décembre, un enfant de neuf ans et demi,
pétulant eqihme on l’ést à cèt âge,'avait commis la faute
légère de sourire et de chuchoter, pendant la messe, avec
ses camarades. Pour sa punition, il fut mis à genoux et re-
tenu à l’église. Après la sortie de ses condisciples , le pau-
vre petit manifestait son impatience par quelques mouve-
ments, lorsque le prêtre, occupé à nettoyer la lampe avec
son canif, s’élance sur lui, l’œil en feu. il frappa si aveu-
glément qu’il fit une entajlle à la tête de ce jeune garçon
qui s’enfpit tout en sang.
' Plainte fut déposée contre l’auteur récidiviste de ee triste
exploit. Nous tiendrons nos lecteurs au courant dés suites,
de cette malheureuse affaire. Conseillons et demandons en
terminant à notre dpÿen de recommander â ses’curés dé
se conformer un peu plus' exactement à la morale de celui
qui disait dans un autre endroit de sa vie : notre règne
n’est pas de ce monde. (Echo du Lux.)
— On a vu récemment comparaître devant le jury de
Rouen un Français, nommé Cousin, et çea deux fils, con-
vaincus d’avoir exploité la peur de l’invasion éprouvée par
la population de la Normandie; ces: individus revêtûs de
l’uniforme prussien, pénétraient dans les maisons, et sous
menaces de mort, se faisaient livrer de l’apger.t, des mon-
tres et autres objets de valeur,Ils choisissajènt la nuit pour
ces expéditions et faisaient feu à l’aveugle dans les mai-
sons ; enfin ils rencontrèrent un paysan courageux qui
leur répondit avec la poudre et le plomb et blessa l’un des
frères Cousin. Par la prise de ce dernier on découvrit la
vérité.
— Nous lisons dans le ëaulqis, de Paris :
« Nous apprenons un fait grave que nous indiquons seu«
lement et encore sous toutes réserves ; on comprendra
facilement pourquoi.
» Le bruit court, dans un cercle très-restreint qu’une
enquête serait ouverte sur les eauses de la mort d'un per-
sonnage portant un titre de la plus haute volée, mort qui
a eu lieu tout récemment.
>> A la suite de quelques indices graves, la police serait
arrivée à croire que la mort de ce personnage aurait été
due à une tentative de strangulation qui, fout en ayant
échoué, aurait proyoqué une congestion ali cerveau à la
suite de laquelle la victime aurait succombé au bout do ,
quarânte-hûit heures. '
» Pn prétend, mais encore une foisqoqs qe donnons fout
— peste bovine.— Les espérances que l’on avait conçues
relativement à la peste bovine dans les environs d’Au-
ceei que sons la plus prudente réserve, qu’il aurait été re-
connu des traces de fracture sur les meubles qui ornaient
le cabinet du défunt. Si même il fallait en croire des bruits
romanesques, la femme, comme disait un magistrat cé-
lèbre qui la cherchait partout, ne serait pas étrangère au
crime.
» Nous tiendrons nos lecteurs au courant de* ce drame
mystérieux, si quelque, fait nçuveau vient à se produire. ».
— Le doyen'des marehamls.-de cannes, le sieur Forniei,
dit la Boule-d’Or, vient de mourir en son domicile de la
rue de Potier, à Paris, à l’àge- de cent deux ans et trois
mois.
La Boule-d'Or avait été successivement garçon pâtissier
sous Louis XV (il avait alors quatre ans), garçon de bureau
aux finances sous Louis XVI, soldat sous ia Révolution et
sous Bonaparte, de la main duquel il avait été décoré à
l’ile de Lobau ; puis enfin figurant, marguillier, dentiste en
plein vent, et finalement marchand de cannes, le seul état
qui lui ait rapporté quelque chose.
— Le roi de Bavière vient de commuer la peine de mort
prononcée parla justice militaire contre le soldat bavarois
Kern, du 13e régiment, d’infanterie, en celle des travaux
forcés à perpétuité. Kern, on s’en souvient peut-être, avait
assassine, dans le bois de Vineennes, un architecte nommé
Desmuyk, et l’avait dépouillé ensuite.
La requête en grâce, dit l'Allgemeine Zeitung, n’était
pas fondée sur l’acquittement de Tonnelet et de Bertin par
les tribunaux français, mais sur le fait que le nouveau code
pénal fédéral, introduit en Bavière le 1er janvier 1872, ne
punit pas de mort le vol à main armée, même dans le cas
où mort s’ensuit, et que, par suite, Kern n’aurait, pu être
condamné qu’aux travaux forcés s’il avait passé en juge-
ment un peu plus tard.
— Le Levant-Hércddannonce que Ghazi-Méhémet-Effendi
fils du feu chef circassien Sehamyl, est venu s’installer à
Constantinople. Jusqu’ici la résidence de Kieff lui avait été
prescrite par le gouvernement russe ; l'empereur Alexandre
lui a non-seulement accordé la permission d’habiter la Tur-
quie, mais lui a donné une pension de 20,000 fr. par an et de
3,000 pour ses enfants, lui donnant, en outre, 35,000 fr. pour
ses frais de voyage.
Ghazi-Méhémet-Effendi est arrivé à Constantinople avec sa
famille par le dernierpaquebotd’Odessaet habite unkonak
dans le quartier Korka.
— les russes en Finlande. — Une révolution singu-
lière, mais pàrfaitemeDt naturelle dans la dynastie d’une
langue européenne s’exécute silencieusement en ce mo-
ment. Dans les écoles de la Finlande l’étude et l’usage
de la langue russe ont été rendus obligatoires. C’est non
seulement dansles établissements supérieurs que l’instruc-
tion est donnée en russe mais dans toutes les écoles popu-
laires cette langue doit non seulement dominer mais aussi
supplanter les autres.
A St-Michel et à Helsingfors sept nouvelles classes ont
été fondées. L’instruction dans les plus élémentaires de
ces classes sera donnée pendant quelque temps au moyen
de la langue suédoise, mais dans toutes les autres écoles le
russe sera la source fondamentale de l’instruction. Tout le
monde connaît l’extrême difficulté de cette langue, et la
facilité avec laquelle ceux qui s’en sont rendus maîtres ap-
prennent les autres langués vivantes.
En attendant, dans ces provinces les dialectes indigènes
des Suédois et des Finlandais cesseront d’être enseignés, ou
seront enseignés seulement pour la théorie, fie manière
que cés deux langues vont être de notre temps dégradées de
leur rang comme langues vivantes, et réleguées dans la
liste des langues mortes. (Globe.)
Cercle artistique.
Confèrcnces.
Ce soir, à 8 1/2 heures, conférence par M. Henri
Bergé.
Sujet: L'air et Veau (2e séance).
La section de littérature flamande donnera mer-
credi prochain, 10 janvier, une conférence dans la-
quelle le professeur Sleeckx parlera de « Bekker et
et Deken, deux romanciers du 18e siècle.
Lettres, sciences et arts.
Nous lisons dans le Progrès du Nord, de Lille :
Tout le monde connaît, au Musée de Lille, les curieuses
toiles de François Watteau reproduisant des scènes popu-
laires comme la Braderie et la Procession de Lille. Dans
ce dernier tableau, tous les corps de métiers de la ville,
tels qu’ils étaient constitués à la fin du siècle dernier, dé-
filent sur la Grand’-Place, chaque corps d’état précédé
d’un porteur tenant attaché à une sorte d'étendard les at-
tributs de sa profession. Tout porte à croire, pour qui con-
naît les habitudes du peintre lillois, que tous ces groupes
sont des reproductions d’après nature d’individualités con-
nues et que tous ces types sont des portraits. Mais Wat-
teau, avec son entrain ordinaire, a jeté sur sa toile un si
grand nombre de figures, a renfermé une telle foule dans
son cadre restreint, que l’on ne peut se faire facilement
une idée de l’importance relative des diverses corpora-
tions qu’il a jetées pêle-mêle dans son amusant tableau.
Deux très-curieuses toiles d’Alsloot, exposées dans la
galerie flamande Museo Real de Madrid sous le titre de
Procession des communautés d’Anvers, que le peintre
lillois devait connaître, donnent des indications plus pré-
cises sur l'importance des corps de métiers dans les
grandes villes de Flandre, vers le milieu du dixrseptiôme
siècle.
A cette époque, la ville d’Anvers contenait 25 maîtres
placqueurs et tourneurs en bois, — ÎOS travailleurs de
blanc-bois, — 45 barbiers, — 199 Cavatlers,— 163cordoun-
niers, — 9 gantiers, — 46 tanneurs, — 36 tondeurs do
drap, — 103 tapissiers, — 9 tisserands, — 28 faiseurs de
passements, — 78 chapeliers, — 108 cuvelliers, — 130
charpentiers, — 32 couvreurs de tuiles, — 8 pelletiers,
— 200 tailleurs d’étain, — 25 esperonnièrs, — 47 ar-
moyeuYs, — 34 brodeurs, — 30selliers, — 49 serruriers,—
170 cordeurs pottiers, — 11 faiseurs de flacons de cuir, —
21 faiseurs de payelles, — 200 ferronniers, — 23 mouliniers,
— 67 brasseurs, — 340 boulangers, — 70 fruitiers, — 200'
fripiers et faiseurs de luths, — 117 chausseliers, — 380 cou-
turiers, —13 blanchisseurs, — 500 merciers, — 60 orfèvres,
— 180 falottiers et soyers, — 123 maronniers, — 187 gros-
siers, — 13 poissonniers, — 128 marchands de poisson salé
et 120 bouchers.
On voit par cette énumération, dont nous pouvons ga-
rantir l’exactitude rigoureuse,de quelle importance étaient
déjà, il y a deux siècles, les villes de la Flandre, et il serait
peut-être curieux de comparer le nombre des communautés
de Lille avec celles d’Anvers durant les deux siôoles der-
niers. Un des éléments les plus précieux pour un pareil
travail serait assurément le tableau de François Watteau
qui. s’il n’a pas la sévère facture, la régularité par trop
sôehe et tout espagnole d’Alsloot, a conservé les grandes
qualités des Flamands qui brillent si bien dans les Rer»
messes de Rubens. Dans les tableaux du Musée de Madrid,
tous les personnages, vêtus de noir, défilent un à un, et ce
cortège emplit toute la toile de son interminable et mono-
tone spirale. Dans la toile de Lille,au contraire, la vie cir-
cule et coule à pleins bords. Alsloot donne des chiffres,
Watteau rend une époque. Le premier apporte des ren-
seignement peut-être plus utiles, muis le second plaît da-
vantage. G. L.
Première représentation de VOdéon de Paris de : Made-
moiselle Aïssé, drame en quatre actes, an vers, par
Louis Bouilhet. **
Mlle Aïssé ne date pas d’hier. Déjà, au lendemain du
beau succès de la Conjuration d’Amboise, l’œuvre avait été
annoncée et reçue à ï’Odéon. Je me souviens même qu’un
soir, à cette époque, j’eus l’honneur d’entendre l’auteur en
dire quelques passages qui frappèrent vivementHes rares
auditeurs de cette récitation. Le public, au moment dontje
parle, était assez intrigué par ce titre : Mlle Aïssé. Il igno-
rait que l’héroïne eût existé. Les lettrés savaient seuls le
rôle discret et tendre joué au siècle dernier par une Cir-
cassienne naturalisée française de pay l’esprit, la distinction
et la passion ardente. Ste*Beuve avait eu beau peindre de
sqn pinceau le plus délicat le portrait de cette ravissante
créature, la foule se refusait à y croire. On pensait à une
fantaisie du poète, on rêvait à un pendant d’Hélène Peyron,
la plus délicieuse et la plus fiêre création des dernières
années. Bref, on attendait avec impatience, la venù’o do
cette nouvelle fille d’une des plus fines imaginations que le
théâtre moderne ait yuos naître, grandir et se fixer. Les
événements, et dé tous le plus cruel, la mort de Bouilhet,
retardèrent cette naissance tant désirée. Aujourd'hui, en-
fin, nous la saluons comme le dernier ëquvénir chV ppëte
qui n’est plus.
Mais avant d’entrer dans le eœur de ce drame dont l’a-
mour est le çe.ul ressort,’ iï me parait nécessaire de fixer,
pour le lecteur, en traits rapidement tracés, le côté pure-
ment historique de cette existence traversée par les tem-
pêtes du cœur et succombant à ses atteintes à l’heure où
tout justement le calme tant désiré allait enfin luire.
L’histoire d’Aïssé commence ainsi qu’un roman, sous le
ciel clément de Constantinople. M. de Ferriol,ambassadeur
du roi dé France àup'rès du souverain de la Turquie, avise
un certain jour, à la porte d’un bazar, une enfant fie quatre
ans, en passe d’être vendue au nfos offrant. Séduit par les
charmes de la jeune esclave, f)euï> a peiné éclose promet-
tantdes fruits savoureux, plus qùe par sàtnste position il
Rachète 1,500 livres et l’amène en France. Là, il la confie à
la femme de son frère, sœur de là chanoinesse et du car-
dinal de Tencin. Aïssé grandit, sa mère d'adoption la fait
entrer au couvent des XouveUeSrCatho.liques,' ’ d’où elle ne
sort que pour tomber saqs transition âh milieu de la sooiêté
galante, mais raffinée du dix-huitième siècje,
“ On prëténd qu’à’cette fieure de sop existeneo, M. de Fer-
riol la trouvant « grandissante et mûrissante » essaya (cer-
tains dfoept réussit) d’en faire sa maîtresse. De sérieuses
discussions ont été entamées sur ce point délicat. Sainte-
Beuve qui avait le culte de Mlle Aïssé la défend de ce sou p-
çon injurieux, et prenant une lettre ambigué de Mr de Fer-
riol à sa pupille il l’étudie, en décompose les phrases à
double entente, cherche à en donner, le sens vrai et conclut
en faveur (je la ver,tu de 1-int’éresànnté esclave.
Voici du rbst'e le' premier paragraphe de la lettre en li-
tige ; il peut, en effet, donner naissance aux soupçons des
esprrts les moins prévenus,
« Lorsque je vqqs yetiray des mains des, infidèles,, et que
je vous aolietay, mon intention n’ésjàit pas de me préparer
des cliagriqs. et dé me rendre malheureux : au oontraire,
je prétendis profiter fie la décision du destin sur le sort des
nommés pour disposer- fie vous à ma volonté, et pour en
faire un jour ma fille ou ma maîtresse. Le mesme destin
veut que vom soiés l’une et Vautre, ne m’étant possible fie
séparer l’amour de l’amitié, et dès désirs ardents d’une
tendresse de père ; et, tranquille, conformés vous au des-
tin et ne séparés pas ce qu’il semble que le ciel aytpris
plaisir à joindre. »
11 est juste d’ajouter que Mlle Aïssé avait, quand elle
reçut cette lettre, dix-sept ou dix-huit ans, alors que M
de Ferriol on comptait soixante quatre ! Cependant on à
'ergoté beaucoup sur cette phase mystérieuse de ia vie de
l’idole tant encensée, mais au demeurant, personne n’a pu
donner le sensvrai.de l’énigme, il faut donc comme Saint»
Beuveet comme plusieurs des contemporains deMlle Aïssé'
rejeter cette fable bien loin. Celle qui, pareille àd’herminp’
devait mourir des souillures faites à sa robe, était incfo
pable d’une telle faiblesse. nca'
La vie de Mlle Aïssé appartiendrait à la légende si ses
lettres à Mme Calandrini n’étaient pas là pour convaincre
les sceptiques. Dans ces pages, écrites un peu au hasard et
pourtant avec une certaine suite d’idées, Mlle Aïssé bien
placée pour entendre et pour voir,burine de curieuses na
ges d’histoire, marquées d’un sceau particulier. L’esnrit dê
Mme de Sévigné et le lalent anecdotique de Saint-Simon v
revivent en entier.
Cette eorrespondanee sans prétention qui redoutait la nn
blieité plutôt qu’elle ne la cherchait, touche parfois a la
véritable éloquence. L’écrivain intime qui ouvre son âme
à une amie placée en Suisse, dit vite et juste, décrivant d’nn
trait, peignant d’un mot, avec une gaîté facile, une vivacité
méridionale qu’une mélancolie résignée vient parfois as
sombrir. Suivant le courant des femmes bas-bleus Mlle
Aïssé, aime à se lancer dans une multitude d’incidents an
risque de s y perdre, mais toute heureuse dès qu’elle en est
sortie. Semblable à l’abeille, on la voit butiner de droite et
degauche.au premier rayon de soleil, sachant avec un
tact exquis choisir ses fleurs et ne produisant qu’un mie
délicieux. ;
Au milieu des du Deffand, des de Tencin, en contact avee
les musiciens fameux à l’Opéra, avec les actrices chovéesé
la comédie et autre part, recherchée des grands courtisée
par le régent, en plein carnaval, en un mot, elle a le don
suprême de paraître sans fard et sans masque et d’v êtné
adorable et adorée. J 0
Je ne puis mieux la comparer (abstraction faite de ln.
beauté qu elle n avait pas), qu’à Mme Récamier. Comme
1 illustre amie de Chateaubriand, Mlle Aissé groupe autonn
d elle les beaux esprits de son temps; elle entretient un
commerce d amitié avec les savants, avec les arFistes avec
les écrivains (lu fécond dix-huitième siècle. Elle est oucl
qu un, enfin, par le seul don de ses qualités. Tout à la fok'
on 1 aime et ©n la redoute ; surtout on la respecte
Certes, elle ne fut pas sans faiblesse. Son cœur fonrtenms
comprime, dégoûte surtout,parla plus fort que sa raison
La vue du chevalier d’Aydié la frappa du coup de foudre
de Saint Paul sur la chemin de Damas.
. Etrange passion dont les éclats ne jetèrent pas de ces
éclairs qui éblouissent mais dont les lueurs tefrpérées et
constamment ravivées durèrent près de vinrt années m
quelle modestie! et quelle discrétion ! Dans Tes lettres nni
servent de point de départ à la pièce de Bouilhet c’esf a
peine si, de page en. page, il est question du chevalier
Quelque part Mlle Aisse écrit qu’ils ne se voient que tons
les trois mois. Du reste en demt des protestations de son
amante, en dépit meme de ses lett res â Mme du Deffand le
dhevalier a tout 1 air d un amoureux transi, se conten-
tant de peu et plus enclin aux soupirs platoniques qu’aux
actions tempétueuses d’un vainqueur. Et puis, ce chevalieï
reste trop al écart; il rend difficile l’appréciation de son
caractère. On ne le devine qu’en lisant entre les lignes en-
flammées sans le vouloir de son esclave. Ce qu’il ressen)
pour eue, c est une sorte de respect qui touche au culte
sans effleurer la passion 1 n’a qu’un rêve (rêve qui dure
vingt ans) faire de Mlle Aisse, sa femme. Rêve rendu irréa-
lisable par celle qui préfera s’immoler lentement que de
deS11*l epi’use-fletri îTTelul a Qui elle s’étaitabandonnée
M“e Aisse qui semblait « destinée par le sort à n’être
nu une adorable Manon Lescaut redevient une Virginie Z
Quelle profondeur en quelques mots ! M‘>» Aïssé, eh effet
après s etre donnée ibrement, sans hésitation avant sans
remords après, au chevalier d’Aydie,après avoir eu de lui
tendre gage une fille et tout en conservant dans son âme
la religion de sa tendresse première à un retour sur efiZ
meme, sur son passé qui ne reviendra plus, sur sa jet
nesse qui la fait rougirmaintenant.On dirait qu’elle a la noT
talgie de ses puretés d’enfant. Sans relâche elle revient à ea
sujet cuisant,s abimantdans sesregrets etélargissantà niai
sir avec une volupté âpre l’abime creusé entre la pos tion
de fille-mère et le rôle d’epouse. On comprend quelle eût
voulu apporter à son chevalier la virginité native en mar-
chant avec ui a l’autel. Mais, à présent qu’il a effeuillé h
couronne d innocence, maintenant qu’il a jeté au vent H
fleur d oranger, à quoi bon ! N’en serait-elle pas moins
avihe à ses propres veux ? Poursuivie par cette idéefixe
Mlle Aïssé en meurt lentement, minée par elle. Sur ses der
mers jours elle se jette dans les bras de la religion et dIus
forte elle le croit, s’eteint tranquillement comme Mofee au
mont Nébo, les yeux fixes sur la terre promise, où ses lciî
yeux fixes sur
pules lui ont interdit d’entrer.
N’est-ce pas, '
N est-ce pas, vraiment, une histoire curieuse que celle
de cette petite Çircassienne arachée àTignominie du ha
rem transportée en Europe, s’y instruisant, y grandU-
sant, Dieu sait dans quelle atmosphère ! etîV faisant Wvi
vre Héloïse alors que la débauche, montant âe la bSutfouè
au palais menaçait de tout emporter.Et miracle pluTéton
nant, çetfe inconnue, dont la conduite condamne Tes dépo^
tements du règne passe au-dessus de la calomnie. Supé-
rieure a tous les maux, elle les dompte par sa patience an-
gélique, par son stoïcisme antique. Toute croule tout
Fondre tout s’affaisse; et c’est la voix de la prophéie.t
qui parle quand elle dit quelque part : p f se'
A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser ïae
cheveux à la tete : elle est trop infâme pour l’écrire- mat
dam CCtte monarc1ue annonce bim sa
Louis Bouilhet a été séduit par un mirage trompeur le
jour où il a pense pouvoir faire de Mademoiselle Aïssé une
œuvre scénique. Attiré par la bizarrerie de la jeune Ch-
cassienne, il n a pas vu qu’en la déplaçant de son cadre !
lui retirait tout son charme. On ne.transforme pas ffifnn-
nément une figure que Largilliôre eût peinte délicatement
en portrait réaliste. Pour arriver à fournir quatre acte"
1 auteur a du tout changer, tout intervertir M de Fei-rirt
mu joua dans 'existence d’Aïssé un rôle si'important a
disparu pour etre remplacé par un M. de Blécourt wui-
voyeur attire des petites maisons du Régent 1
Mesdames de Ferriol et de Tencin, odieuses dans la cor-
respondance deviennent ignohles dans la pièce On ne
pousse pas plus loin le cynisme. Le chevalier d’Avdio lui
meme, le heros, 1 amant adoré sans une seconde de regret
est un niais qui, du matin au soir, passe fie l’extrlm|gten-
dresse a l’extrême mépris. Il écoute toutes les hourdes sê
prend à tous les pièges, tombe dans tous les panneaux sfint
comprendre une minute ia eharge odieuse qifion hiUhnnose"
Les intrigues ourdies par do Bléeourt et par ses dienes
aimes de Ferriol et de Tencin sout absolument fausses tmf
années1.6” ^ dënouement devançant la réalité de rîS
Onsenten voyant ce drame que Bouilhet n’a nas en
temps de le repolir. Tel il a germé dans son ce?voau L f
on nous le donne avec ses défectuosités et ses parasites *11.
est â regretter qu’une main amie n’ait pas
sur ses pieds, redresse les erreurs, afioncrles côtés vifflemT
atténué les effets maladroits, rendu vraisemblablesd^
rttuations qui rappellent par tri>.p le boulevarddece cr£
M. Paul Foucher a donnéf en 1;854, à la Comédie Fmh
çaise, une pièce s inspirant à la même source sonie ment'
1 avait su grouper, autour du principal pereonnaM les
hommes marquais du XVIIIe siècle. Uétait une S îi
Decameran savant où chercheurs, philosophes artistes-
tenaient leur place. Samson, si ^ •- - » nes’ a • tGS
de Feniol < ............. '
bien Mari1 ______________
Fontanelle seul va ledmiTiès^îoiTo-nat. * * v.---
mant poète. L ne scène d amour, adorablement écrite le
terminait d’une façon heureusfi. M^urouslment ’ «
charme a été rompu tout aussitôt, et, 4ôs lôBS 0,i
asentiquel’on marçhaîtversies ban.alitéa ortfinaires ’
L œuvre nqsUuvme de Bouilhet aura-t-elle dti succès ? .v*
de ilS t1!?!8-11’ connaissant les courants vertatile*
d® %d,Ç- Toutefois, je orams que mos prévisions, à moi
lisent. MaiIgre l’eléganeo de la forme, malgré la
beaute d un, certain nombre do vers,malgré quelques scènes
d une fieurettse conception, le drame «S1®
brodeijie,s-chatoyantes on sent le vide, 1’inanité.' I ps namsnn-
nages vont et viennent au hasard sans qu'une volonté nnk
sauto les ramènent, à un moment donné, vers un poînt ca-
pital, vers une situation maîtresse. En somme e’est um -
partie perdue dont les conséquences eussent pent-être été-
désastreuses du vivant do fauteur, ilf^Tfrld n’afouterT
rien A la réputation de Bouilhet. mais elle nous tim dra m '
ïarfio, à 1 avenir, contre les héritages littéraires On
Œlet&
garqo à l’avenir, contre les hérttages'ïittêraires"On” we
?eStafremmamtenantà fine,sous bénéfice d’i
venianc. (C. montrosier.)
Chronique Judiciaire.
Les assises de Berne vont avoir à juger proc' .j,moment
une affaire assez curieuse. Il s’agit d’un nommé p«u man
venant de Leipzig, qui s’est installé à Berna foms Pensefri e
d un bureau d annonces (Saclise et Ce) dont ü so dis' if focs
sionnaire. Cet individu, imaginant une, espèce dé raison
fofoeiaiU bureau central ConceUonné Ha/te"
tas , « îuscia a profusion dans las journaux allemands
surtout autrichiens, un article fie quelques lignes promet-
tant modestement aux personnes qui V réfléchiraient nu
emploi lucratif qui n’exigerait ,1e leur paruni dé, foceme
“ PTO-e. »» Là-dessus ce fot un grand délugT
de lettres à la, Félicitas ; tout le mondo, surtout en Autriche
ntmSnpî®'iuci’atifs.voulaitpartici;
i k-eut*ep de ee brillant avenir..
Bientôt après, les signataires de ces lettres recevaient
sous remboursement de 1 francs ou florins, un pli assez vo-
l\n oei'tTin,,,ombre (l’imprimés, à la tête*
desquels figurait un beau diplôme dYtsi/rtawA orné d'un
sceau qui représentait un amour lançant des flèches.
i eQStuto un programme bien développé du but et
Û08 Opérations do ia Félicitas. C’était un bureau de ma-
uT?parti UT bureau dèvente et d’ae-Uats de biens-
fonds d autre paît, Chaque assistant diplômé qui travaille-
de la FeK?uas pou,r là bien de i’humânifo
o64aa a 1 eCÔV?u * cQpnae prix de peines, une pension de?H
^.ureusement, le plaisir causé par cette*
belle perspective fojt immédiatement troublé par la clause |