CHAPITRE IX. On a conservé au musée d'Anvers la chaise en cuir jadis doré qu’occupait ce grand artiste, en 1631, quand il était doyen de la corporation de Saint-Luc. Cette chaise est sous verre, ainsi qu'il convient à une relique. À l'une des extrémi- tés de la galerie, on voit aussi affichées les fables de la cé- lèbre corporation artistique de Saint-Luc, avec les noms de tous ses doyens depuis la formation de ce corps, en 1454, jusqu'à son extinction , survenue en 1778. Deux noms y sont inscrits en grosses lettres : Rugexs et Van Drcx:; mais comme :l en est beaucoup d’autres, moins illustres sans doute, mais très-grands cependant, qui y figurent dans ces trois siècles et quart, nous avons relevé les plus célèbres d’entre ces noms de grands artistes, et nous les transcrivons ci-après. 41. Les tables de la corporation de Saint-Luc. Les Flandres, pays d'institutions municipales s’il en fut, sont la terre classique de ces puissantes corporations de tous métiers qui tiennent une si, large place dans le moyen âge et dans les premiers siècles de l'ère moderne; qui proté- seaient les arts et se bâtissaient de splendides maisons com- munes , encore subsistantes, comme pour attester l'éclat de temps qui ne sont plus et la force de l’industrie dans las- sociation. De toutes ces corporations , la plus illustre fut sans contredit celle de Saint-Luc d’Anvers, composée de tous les artistes, y compris les graveurs et les imprimeurs, qui ont honoré l’art du pinceau, du burin, de lébauchoïr, de la typographie, dans cette ville brillante, la Rome, la Florence des Provinces-Unies, durant une période fa- meuse de plus de trois siècles. Cette célèbre académie com- mence avec l’art flamand et s’éteint avec lui. Chaque an- née, elle nommait un doyen ou directeur, et cette dignité revêtit tour à tour les plus grands noms artistiques des Flandres aux xv°, xvi°, xvuie et xviure siècles. Les tables des