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1843. - W.o
221.
AMEBS,
Mercredi
9
Août-
On s'abonne: à Anvers an bnrean
du PRÉCURSEUR, Bourse Anglaise
N.o (040; en Belgique et à l’étranger
chez tous les Directeurs des Postes
JOURNAL POLITIQUE
COMMERCIAL. MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
Abonnement par trimestre
pour Anvers, 15 francs ; pour la Pro-
^noe, 18frs.; pourPétranger,20frs.
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9 Août.
MOXOIHXT DE M. SIMONS.
Par la mort de M. Simons, la Belgique a perdu l’un de ses
hommes les plus capables, l’un des hommes ies plus dignes du
souvenir de sa populaliou. Le nom de M. Simons, avec celui de
M. ltogier, est attaché à l’œuvre de nos chemins de fer, œuvre
grandiose et qui résulta de notre émancipation politique. Le
pays ne saurait l'oublier, car l’homme dont nous déplorons
tous la perte aujourd’hui, a rendu de grands services ; la chose
publique lui tenait au cœur.
Quelques personnes ont émis l’idée d’élever un monument
durable à la mémoire de M. Simons dont les traits seraient re-
produits par le ciseau et placés à côté de l'œuvre à la création
de laquelle il a si activement coopéré. Nous ne pouvons qu'ap-
plaudir à cette idée, et faire des vœux pour sa prompte réalisa-
tion. Il nous importe , pour l’honneur de notre patrie , qu'elle
ne se montre point ingrate envers ses enfants illustres.
Déjà, nous avons vu s’ériger un projet de souscription formé
parles fonctionnaires et employés du chemin de fer de la Vesdre,
dans le but d’élever une statue à la mémoire de l'infortuné
Simons. C’est là une pensée noble et belle, et qui fait honneur
à ceux qui l’ont conçue. Aussi sommes-nous persuadé que tous
les hommes de cœur voudront s’y associer et concourir à ce que
ce louable projet devienne une réalité consolante.
M. l'ingénieur chef de service Petitjean, l'auteur présumé du
projet et le signataire d’une circulaire qui a été adressée à tous
les ingénieurs de ia ligne de la Vesdre, annonce qu’une sous-
cription est ouverte dans ses bureaux, souscription dont le pro-
duit sera destiné à fonder un souvenir à la mémoire de M. Si-
tuons.
« Si, comme nous l’espérons, — dit M. Petitjean, — la Belgi-
que toute entière s’associe à ce projet, et veut concourir à l'érec-
tion d’un monument digne du plus digne de ses enfants, nos of-
frandes iront se confondre avec l'offrande nationale.
» Si contre notre attente, nous étions réduits à nos seules
ressources, Simons aurait un souvenir; mais simple comme lui,
mais impérissable comme ses travaux.... »
Eh ! n appartenait-il pas au gouvernementele prendre l'initia-
tive d’une pareilleproposilion? N’était-ce pas lui qui devait son-
ger à récompenser les travaux si distingués de l'homme qui a
mis tout son génie actif au service de sou pays ? Il est vrai que
le gouvernement a bien autre chose à faire !
Le pays sera juste, nous aimons à nous caresser de cette idée:
il saura honorer, comme il convient, la mémoire de M. Simons.
Un monument s’élèvera pour redire aux générations suivantes
ce que fut M. Simons et quelles sont les traces de son court
passage aux travaux publics.
Oui, la Belgique s’associera — elle le doit — au projet de
M. l'ingénieur Petitjean.
Oui, la Belgique, et la Belgique entière, viendra déposer le
gage de sa reconnaissance:—Ta statue de M. Simons dominera
«n jour le rail-way national !
JUSTICE I
On nous vante si souvent lajustice des hommes qu’on finirait
par y croire réellement, si de temps en temps quelque fait
nouveau ne venait vous arracher le bandeau des yeux et vous
montrer jusqu’à quel point il est possible de compter sur celte
prétendue justice.
L’arrêt récent de la cour d’assises d’Anvers vient de procla-
mer l’innocence de trois victimes d’une erreur judiciaire et de
les renvoyer au sein de leurs familles. « Allez, a dit l’honorable
président du tribunal à Geens et auxBouné père et fils ; allez,
tout déshonneur, toute honte sont dès cet instant effacés, et
l’estime de tous les Belges vous est dorénavant acquise. Tâchez
par votre conduite ultérieure de vous en rendre dignes....b
Est-ce assez? Non, sans doute. Il faut une réparation plus
éclatante que cette froide parole jetée à des hommes qui sont
encore atteints du vertige de l’échafaud, sur qui pèseut encore
les étreintes de la chaine du forçat.
L’innocence des trois victimes a été solennellement procla-
mée; nous le voulons bien. On s’est empressé de leur ouvrir les
portes du cachot aussitôt que cette innocence a été reconnue;
nous n’en disconvenons pas. Leur honneur est à l’abri de toute
tache du chef de l’accusation infamante ; nous l'accordons
encore. Mais, encore une fois, est-ce assez ?
Trois personnes, vivant fort tranquillement d’une modeste
industrie, sont tout à coup arrachées à leurs familles et à leurs
occupations, parce que de terribles préventions existent contre
elles et que bientôt les soupçons semblent vouloir se changer
en certitudes. Les prétendus coupables sont trainés devant la
justice, et la justice égarée par d’accablantes présomptions, il
faut bien le dire, prononce une condamnation à mort, un arrêt
épouvantable qui voue trois têtes au couperet de la guillotine...
Et ce sont trois têtes innocentes.
Heureusement, la clémence royale s’étendit sur les condam-
nés, et leur peine fut commuée en celle des travaux forcés à
perpétuité et de l’exposition. La Providence a montré son doigt
dans l’affaire des Bonné et Geens!
Deux années s’écoulent, deux années passées dans les an-
goisses de la honte, dans les horreurs du cachot, dans le déses-
poir d’une âme honnête ; — deux années , après lesquelles, par
un hasard miraculeux, l’innocence des trois victimes est re-
connue à la face du ciel. Vous leur dites alors : «Allez en paix ;
notre estime vous est acquise..» Mais il est impossible que
ces malheureux aient obtenu, de celte manière, une réparation
suffisante et répondant au triste retentissement de leur con-
damnation! Non, il est indispensable qu’uu acte plus caracté-
ristique intervienne ici, un acte qui fasse rendre à la loi ce
ffu’elle a pris si injustement, un acte qui la détermine à des
dommages-intérêts. C’est là le moins qu’on puisse faire en pa-
reille circonstance.
Le ministre de la justice aurait l’intention, d’après ce qu'on
dit, de faire en sorte qu’il soit accordé uiie pension aux Bonné
et Geens. On ajoute que les chambres, à leur prochaine réunion,
seront saisies d'un projet de loi à ce sujet,et qu’il leur sera de-
mandé une allocation suffisante.
Nous espérons que ces bruits deviendront des vérités, et
qu’une éclatante expiation viendra couronner cette grande in-
fortune.
TERMONDE PORT DE MER.
Le Moniteur de ce iour contient la lettre suivante, qui lui est
adressée de Termonde, et dans laquelle on s’efforce de justi-
fier l’arrêté royal qui institue Termonde port de mer. Nous
notas réservons, dans un prochain numéro , de peser toutes les
raisons que M. Delwart Landen fait valoir dans sa réclamation.
« Monsieur le directeur,
» Dans ses numéros des 19,24 et 25 juillet dernier, le Précurseur d’An-
vers critique, d’une manière acerbe, l’arrêté royal du 14 du même mois
qui ouvre le bureau de Termonde à l’importation de certaines mar-
chandises, et crée dans celte ville un entrepôt de troisième classe. Cette
critique est empreinte d’une extrême partialité : l’arrêté du 14 juillet
n’aura point les effets que le Précurseur appréhende ; l’importance
commerciale d’Anvers n’a rien à en redouter, et les intérêts publics de
la Belgique sont loin d’avoir à en souffrir.
u Toutes ces conséquences lâcheuses que le Précurseur déduit si com-
plaisamment sont inexactes ; et, pour s’en convaincre, il suffit de lire
l’arrêté dout il s’agit. A moins de uier l’évidence, on ne peut voir dans
l’admission de quelques matières premières nécessaires aux nombreu-
ses fabriques de l’arrondissement de Termonde, la division des éléments
de lu prospérité commerciale d’Anvers, la prostration de tous les inté-
rêts publics. Sauf quatre articles, en effet, la nomenclature des mar-
chandises admises a l’importation à Termonde ne renferme que des ma-
tières premières.
» Située sur l’Escaut, accessible pour des navires de mer, Termonde
recevait ces marchandises après vérification et transbordement à An-
vers. De même, ses produits fabriqués, livrés à l’exportation, devaient
être vériliés et transbordés sur des navires de mer dans ce port, l’rivés
désavantagés que devait ieur assurer une belle voie navigable, les fa-
bricants de l’arrondissement de Termonde étaient astreints à des entra-
ves et à des frais considérables, qui lésaient gravement leurs intérêts,
sans profiter d’une manière sensible à ceux de la ville d'Anvers. Cet état
de choses subsistait en vertu d’un principe qui ne peut être absolu et
dont l’application n’élailui équitable dans l’espèce, ni utile quant aux
marchandises désignées.
« L’arrélé du 14 juillet attribue à Termonde une faculté que pos-
sèdent, depuis longues années, Bruxelles, Louvain, Bruges et Gand,
moins favorablement situées sous le rapport navigable. Il remédie à
une inégalité de conditions que la position topographique de cette ville
n’expliquait poiut, et encore ne le lait-il qu’en limitant à un très petit
nombre les marchandises admises à l'importation, taudis que dans ies
autres localilés il n’existe aucune restriction.
» Mais si, par suite de celte réserve, la disposition critiquée aura peu
d'influence sur Anvers, il n'en est pas de même, quelque restreinte
qu elle soit, pour l’arrondissement de Termonde. Économie sur le fret
que n’augmente pas le trajet d'Anvers à Termonde; facilité de transport
des objets poridéreux, dispense de frais de commission, de décharge-
ment et de transbordement, tels sont les avantages qui réagiront,d’une
part, sur le prix de revient des produits fabriqués, d’autre part, sur la
valeur des produits exportés.
« En présence de ces considérations, le gouvernement ne devait pas
hésiter a faire une exception au principe de la centralisation du meuve-
vent commercial; il le devait d'autant moins qu’il limitait l’importation
à quatorze articles, dont plusieurs, formanthahituehement complément
de cargaison, ne pouvaient être écartés.
b Chercher les motifs de l’arrêté dans des intérêts étrangers à son
objet, c’est se laisser eiilraluer par un esprit de dénigrement et d’hos-
tilité envers le gouvernement.
» L’appréciation exacte des besoins d’une population industrieuse et
manufacturière a seule pu déterminer cet acte de bonne administration
et de justice distributive qui nous a tous pénétrés de la plus vive recon-
naissance envers notre auguste souverain.
« Delwart Lande*.
REJLGtlQUK.—COMMERCE EXTERIEUR DE 48 JS.
Fin.— (Voir le Précurseur des 0, 7 et 8.)
Exportations.
Pour terminer l’examen de notre commerce d’exportations, nous al-
lons indiquer les principales marchandises belges qui sont sorties pen-
dant les anées 1842 et 1841, ûinsi que la moyenne de 1850 à 184U.
Marchandises belges, 1842. 184t. moyenne.
Toiles (1), (millions) 21.4 27.» 50.4
Houille, 15.2 15.2 11.0
Draps, 14.» 14.» 11.5
Sucres raffinés, 12 2 12.1 12.2
Lin (1), 6.8 «1.1 13.»
Verrerie, 6-1 0.5 5.»
Tissus de coton, 5.5 6.2 5.8
Bestiaux, 5.6 4.4 4.5
Fil de lin (1), 5.6 5.1 1.5
Machines et mécaniques, 5.4 4.6 5.8
Fer en gueuses, 5.2 2.5 1.1
Zinc; toutenague, 5.2 2.6 3.5
Chevaux, 2.5 5.5 5.3
Clous, 2.5 2.7 2.5
Armes blanches, fusils, etc., 2.5 2-4 2.8
Dentelles et tulles, 1-9 1.9 ,1.6
Ecorces à tan, 1-9 1.4 1.5
Chaux, 1.0 1.5 O.o
Bois de construction, 1.6 1.2 i.„
Tabacs fabriqués, 1.5 1.5 0.8
Charbon de lerr, 1.5 I.» 1.»
Ouvrages eu fer battu et en fonte, 1.4 1.5 0.3
Laines, 1.4 1.4 1.9
Tissus de laines et de poils, 1.5 1.1 0.6
Graines oléagineuses, 1.» 0.4 0.6
Librairie, 1.» I.» 0.9
Beurre, 0.9 0.9 0.6
Tableaux, 0.9 0.9 0.6
Grains, 0.8 2.7 0.9
Zinc laminé, 0.8 1.2 0.8
Cuirs tannés, etc., 0.7 0.9 1.2
Houblon, 0.7 0.5 0.5
Pierres à bâtir, etc., 0.7 0.6 0.7
Fil de coton, 0.5 0.8 0.5
Cuirs verts, etc., 0.4 0.5 1.»
Farines, 0.5 0.5 0.4
Tabacs non fabriqués, 0.5 0.3 0.4
Fildelaine, 0.2 0.2 0.4
Autres articles, 15.3 12.7 14.7
Totaux, 142.1 154.1 141.7
Subdivision des marchandises belges par nature des produits.
Matières nécessaires à l’industrie, 54.» 55.2 49.7
. . , . __(naturels, 4- 20.5 23.5 25.5
Objets de consommation. | fabrjcluéS) „ 67_6 75.0 68 S
MOUVEMENT DU TRANSÎT.
La valeur des marchandises étrangères qui ont transité à travers le
royaume, pendant l’année 1842. s’est élevée à 60 millions.En 1837, c’était
25 1|2 millions, en 1838, 56 1|2 millions ; en 1839. 57 millions ; en 1840, 44
millions, en 1841,57 1)2 millions; moyenne quinquennale, 40 millions.
C’est 4 p. c. de plus qu’en 1841, et une augmentation de 50 p. c. sur la
moyenne.
Les pays avec lesquels le commerce de transit a eu le plus d’impor-
tance sont :
Sous le rapport des provenances,, 1842. 1841.
L’Angleterre,
Le Rio de-la Plata,
La France,
Les Pays-Bas,
La Prusse,
(millions).
25.1
8.9
5.9
4.8
5.9
20.8
9.2
6.4
6.5
3.2
(1) Voir ci-devant les notes 1, 2 et 3, au sujet de l’industrie linière.
La rtussie.
Les Etats-Unis,
Le Brésil,
Le grand-duché de Luxembourg,
Le Danemarck,
Et les autres pays,
Totaux,
Sous le rapport des destinations,
La France, (millions),
La Prusse,
Les Pays-Bas,
Le grand-duché de Luxembourg,
L’Angleterre,
Les Etats-Unis,
Les villes anséatiques,
La Suède et la Norwége,
Le Brésil,
Et les autres pays,
Totaux,
Mode de transport.
2.4 3.8
2.4 1.5
1.» 1.4
0.9 1.2
0.8 0.4
3.8 5.1
59.9 57.5
1842. 1841.
50.2 31.4
13.2 10.6
8.1 7.6
8.2 1.7
1.4 1.9
1.2 0.2
0.9 0.6
0.9 0.6
0. 8 0.7
1. » 2.3
59.9 57.5
Considéré sous le rapport de la distinction qui existe entre le com-
merce par mer et le commerce par terre, l’ensemble du mouvement
commercial de 1842 , entrée et sortie réunies, se divise comme suit :
Commerce par mer , 227,812,507 francs ,soit 46.5 p. c. Les forces pro-
portionnelles de ces deux branches distinctes de notre commerce exté-
rieur avaient été, en 1841, pour la voie maritime de 43.2 p. c.; pour la
voie de terre, de 54.8 p. c.
La navigation belge et la navigation étrangère ont pris part comme
suit, au transport des 227,812,507 francs de valeurs qui ont été l’objet
du commerce de mer : Navigation belge , 74,814,751 francs,ou 55 p. c.;
navigation étrangère, 152,997,675 francs, ou 67 p. c.
Si l’on cherche à se rendre compte des forces respectives et propor-
tionnelles de ces deux navigations pour les années 1840, 1841 et 1842,
on trouve pour la navigation belge , la navigation étrangère étant re-
présentée par le nombre 100 : Année 1840, 53 p. c.; 1841, 42 p. c. ; 1842,
49 p. c.; Moyenne des trois années, 48 p. c.
ANGLETERRE.
Londres, 5 août. — Le paiement des dividendes a forcé la Banque
d’Angleterre à augmenter ses émissions de billets, tandis que Ions les
autres établissements ont diminué les leurs. L’argent est trop abondant
pour les affaires actuelles; le bon papier ne se fait qu’à 1 1|2 et 2 p. c.
D’un autre côté, les lois contre l’usure font que les petits marchands
perdent tout le bénéfice de celte abondance d’espèces; ils paient, eux,
4, 5 et même 8 p. c., selon le caprice du préteur. (Sun.)
-— M. Mattheaux de Swaffham, qui est mort samedi,» fait don de
toutes ses propriétés dans le comté de Norfolk, qui ont une valeur de
20,000 livres par an (5 millions) à M. Ch. Spenser Cowper , troisième
fils de lady Palmerston. L’heureux héritier de cette belle fortune n’est
nullement parent de M. Maltheaux, il est simple secrétaire de légation
en Suède. (Morning-Post.)
— M. Galbraith, qui a résidé plusieurs années en Belgique, va établir
dans le Lifford la préparation du lin selon le système belge. Il achètera
cette année 3 à 400 acres de lin sur pied et le traitera selon ce système.
Il ena déjà acheté une fois 100acres. (Times.)
Chambre des communes. — Séance du 5 août.
i.e docteur BOWRiNG. Je désire savoir si les négociations entamées
avec la France pour arriver à la conclusion d’un traité de commerce
sont rompues ou si le gouvernement espère encore les mener à bien.
sir robret peel. Je crois qu’il n’est pas utile d’établir des règles qui
engagent l’avenir. Toutefois en ce qui concerne les négociations con-
cernant les traités de commerce, si je voulais établir un précédent, je
dirais que jamais je ne donnerai d’explications sur des négociations non
terminées.
En ce qui concerne les négociations entamées avec la France, je dé-
clare qu’elles ne sont pas rompues et qu’il y a tout espoir de les mener
à bien. (Sun.)
Affaires d’Irlande.
Dublin, 1 août. — L’association du repeal ne comptait plus voir M.
O’Connell dans sa réunion d’aujourd'hui lorsqu’à paru enfin le libéra-
teur en habit de voyage tout poudreux et venant de descendre de sa
voiture. M. O’Connell s’excuse de paraître en costume peu décent, mais
il a fait dans la journée 03 milles pour arriver à temps ; j’arrive, dit-il,
de Castlebar, et je puis vous dire que l’assemblée a été magnifique. Il
était venu du monde d’Krris et d’autres districts très éloignés. Le vicai-
re apostolique, le docteur Freny .Jean de Tuam et tout le clergé ont ho-
noré de leur présence cette assemblée. Jean de Tuam a parlé comme un
ange: Castlebar a complété le triomphe de Connaught. Galway d’abord,
puis Tuam, puis Castlebar ont rivalisé de zèle dans la lutte, je ne dis pas
la guerre civile. Oui, oui, le repeal arrive en dépit de la misérable whig-
gerie de lord John Russell qui vise au pouvoir de l’Angleterre, en s’atta-
quant à l lrlande digne rejeton de la ramifie whig, qui introduisit les lois
pénales en Irlande.
Mais ce n’est pas la peine de se fâcher contre le petit lord John 1 une
autre fois je répondrai à son discours ; aujourd’hui je me borne au dé-
dain. Maintenant je dois vous dire que j’ai reçu une lettre de M. Ledru-
Rollin : j’en suis très reconnaissant; cette lettre est parfaitement a ppro-
priée au caractère du temps, mais la lettre est en français et je n’ai pas
eu le temps de la faire traduire ; en conséquence je ne puis vous en
donner lecture maintenant. Mais l’association qui doit se réunir ven-
dredi prochain, entendra la lecture de la lettre de M. Ledru-Kollin et
lui donnera l'attcnlion pleine d’égards qu’elle mérite. Le signataire de
cette lettre a des droits à i’amitié des Irlandais : il a épousé une Irlan-
daise qui a montré son bon goût en faisant un si bon choix.
o’connell à Mayo. — Avant le meeting de Castlebar, M. O’Connell et
ses amis se sont rendus à l’église catholique pour entendre un sermon
très élégant de l’archevêque de Tuam. Le meeting s’est tenu à Castle-
bar sur un vaste terrain. Le libérateur se présente sur ia plate-forme et
dit : Savez-vous, messieurs, ce qui m’amène en ces lieux ? Je viens ici
comme un sergent-président au recrutemenlpoursavoir si les hommes
de Castlebar sont disposés à s’enrôler et s’ils sont fidèles à la cause de
l'Irlande que le reste de la population deConnaught.
une voix : Oui; nous fidèles.
m. o’connei.l : Je veux vous compter.
la même voix : Je vous en défie. (On ril.)
m. o’connell: Donc vous êtes pour le repeal! ( Applaudissements et
marques d’assentiment). J’arrive de Galway où j’ai trouvé une popula-
tion empressée de se rallier sous la bannière du repeal et décidée à l'ob-
tenir; et je vous l’avoue, ce spectacle magnifique m’a rajeuni.il me sem-
ble entendre retentir à mon oreille le bruit flatteur de ces liourrahs uni-
versels pour le repeal. Le souvenir seul de cet agréable concert me fait
battre le cœur! L’éclat de la réunion a été rehaussé par la présence d’un
des hommes les plus éminents de notre repeal, l’illustre archevêque
Jean de Tuam. Tout le clergé, toute la population avaient répondu à
l’appel du digne prélat, ainsi, je n’en imposeà personne quand je viens
dire que les deux tiers du Connaught on fait le serment d’obtenir le
repeal, et le dernier tiers assurément est tout prêt, je l’espère,à décla-
rer qu’il est tout dévoué à la cause de la liberté et de la vieille Irlande.
J’avais entendu dire,chemin faisant,que les protestants de ces localités
pouvaient avoir à redouter quelque violence ; mais ces rumeurs u ont
fait qu’exciter mon indignation, ne croyant pas celte population qui
m’entoure capable de se livrer à de tels actes: J'ai vu au contraire que
les protestants qui sortant du temple regardait passer le cortège n’ont
pas été du tout inquiétés, Dieu soit loué; car s'il en eût été autrement,
je fusse retourné à Dublin; mais il n’y a rien eu de semblable.
une voix : Et jamais cela n’arrivera.
m. o’connell : Merci de cette promesse, mes amis J’ai la plus en-
tière confiance dans vqtre sagesse et voire modération, et je ne doute
pas que vous compreniez parfaitement qu’il importe de ne pas fournir
à nos ennemis le plus léger prétexte pour dire que nous violentons les
protestants. Heureusement,je suis venu jusqu'ici ne rencontrant sur
mon passage qu’une population soumise et dévouée, et je retournerai à
Dublin dire à l’association que toute la population du Connaught est |