LE BRABANT. 59 Léopold, des, fenêtres de son palais, voyait s'ériger sur la place un symbole national, l'arbre de la Liberté, toujours plus ramilleux à chaque printemps. Tout seul parmi le terre-plein, jailli des pavés avec lesquels s'étaient haussées les barricades de 1830, c'était, cette sentinelle avancée des arbres du Parc prochain, le gendarme populaire, gardien des droits de la nation, en faction aux portes royales. Dessin de Ch. Chauvet. À RUE TERARKEN. L'âge et la mort l'ont relevé de sa garde. Mais en ce temps, l'ère vernale revenue, les bons bourgeois montaient les escarpements de la Montagne de la Cour et se donnaient la joie d'aller voir pousser ses feuilles en fredonnant le couplet de la Brabançonne : Sous l'arbre de la Liberté. On avait ainsi, avec cet arbre et le Pare, un décor historique où s'encadrait le plus récent chapitre de l'histoire du pays. La terre, sous les vigoureux ombrages du Pare, finissait à peine de boire le sang batave : vomie par les fenêtres des maisons de la rue Royale, la mitraille y avait pilé les bataillons comme dans un mortier. Qt