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De Potter adressait de Sa prison une Lellre de Démoblile au
Nou qui surexcitait encore les esprits, et partir de cette
poque la population devint inquiétante. L'expulsion de
Charles X la suite des fameuses Ordonnauces, l'élection de
Louis-Phili ppe mirent le comble l'agitation. Ces événe
ments vinrent frapper le dernier coup et décider le soulève
ment.: A la première nouvelle, dit Gemelli, hommes du
peuple et bourgeois s'embrassaiont sur les places et dans le
rues, on ligait les journaux haute voix, la soule écoutait avec
avidité; elle applaudissait en s'écriant:: Voila comme on
DE DOTTER DANS SA PRISON,
fait les révolutionsl On renverse du trone et on chasse un
roi parjure l Vivent les barricadesl Honneur au peuple qui
abat les tyrans et leurs conseillers,
Quelques jours plus tard les actes violents commencèrent.
Promiers mouvements populaires
Le 24 août était l'anniversaire de la naissance du roi, qui
accomplissait sa cinquante-neuvième année. De grands et
splendides préparatiss avaient lieu pour célébrer cette journée.
Déja, depuis quatre mois, on avait pompeusement annoncé
es fêtes; le peuple n'ignorait rien, et il Savait aussi que les
2pprêts et les fournitures atteignaient une Sompme considé-
rable. AuSSi régnait-il, dans la cité, une Sourde agitation, une
olère visible et implacable. On proférait ouvertement les
nonaces les plus terribles; les murs se couvraient de placards
injurieux; on ligait les journaux avec une impatiente curiosité
es théâtres étaient tumultueux, les places envahies par le
peuple, et, dans la Soirée du 24, une poignée d'ouvriers se
mit crier dans les alentours du Parc: Aujouxd'hui 1Junui
notion, deuqin révolution
Le gouvernement n'ignorait pas cet état de choses. Néan-
moins, il ne fit rien pour arrêter ou affronter la tempête qu
grondait. Tout au contraire, au milieu d'une belle et chaude
Saison, il saisait savoir que, par suite du mouvois tejubs, les fêtes
seraient romises une autre époque. Cette mésure était une
marque de méfiance onvers le peuple, une preuve convaincante
de faiblesse et de timidité. Des bandes parcouraient les rues
de la ville pendant la nuit, en chantant et tapageant. En
même temps une soule nombreuse courait au palais du prince
de Gavre, grand chambellan de la reine, et aux cris de: A ba
les Hoblandais l' brisait coups de pièrres les fenêtres illuminées,
pendant que retentisgait le bruit des menaces et des vociféra
tions des spectateurs battant des mains. La même scène Se
passait la maison du bourgmestre VVellens. Ces troubles
inusités effrayaient la ville, on fermait les magasins, on bar
ricadait les maisons; cependant la nuit se passa Sans inoident
bien que les csprits ne sussent pas tranquilles pour le lende
main, car ces faits étaient le prélude d'événements plus
Sérieux.
Le lendemain, meroredi 28, l'affiche du spectacle annoncait
la Muetle. L'autorité avait voulu défendre cette représentation.
Dés l'ouverture du bureau la salle fut envahie. Le public
avait l'intention d'empêcher qu'on jouât le Se acte
Le role de Masaniello était tenu par l'acteur Laseuillade
es allusions étaient saisies avec sureur, les bravos et les trépi-
gnements du public étaient tels qu'on les entendait jus que Sur
la place, Alors, enflammés par le chant: Aioux sacré de la
patvie, un grand nombre de spectateurs Sortirent du théatre
Le public qui stationnait au dehors se joignit eux aux cris
de: Vive De PotterI A bas Von Moonenl Tus tice lI Cotte troupe Se
précipita vers la rue du Fossé-aux-Loups et devant le bureau
du National en criant: A bas Libvil A bas le sorcat libérél En
un instant, les lampions et les vitres de la maison surent
brisés, les pavés de la rue arrachés, et l'on tenta d'enfoncer la
porte du bureau Mais ces efforts ayant échoué, la première
colère Se calma, on commenca hésiter et donner des Signes
manisestes d'incertitude et de crainte, Alors une voix s'écria
tout coup: Chex Libri, vue de la Madeleinel et ce fut pour ces
hommes une étincelle électrique
Arrivés la demeure de Libri, ils assaillirent la maison;
lits, glaces, meubles précieux, tout fut brisé et mis en pièces
tout fut jeté par les fenêtres et brulé. Ce pillage dura plusjieurs
peures. Déja bon nombre d'ouvriers étaient armés de susils
De nouvelles bandes venaient se joindre aux premières, l'exas
pération augmentait; après s'être donné des chefs, les bandes
Se dirigeaient immédiatement vers les magasins d'armes, pour
les dévaliser. Vers onxe heures et demie du Soir, la maison de
Libri était entièrement dévastée et Saccagée, Alors une partie
des assaillants se détacha de la soule en criant: Moiubenanl,:
l'hôtel du chef de la policel Arrivés la, les ineurgés brisèrent,
coups de susil, les volets et les fenêtres, et en moins de deux
heures la maison tout entière n'était plus qu'un amas de
uines
Pendant ce temps, le gros de la soule s'était dirigé vers
l’hôtel du ministre Van Maanen, situé l'angle de la rue des
Petits-Carmes, en face de la prison. La gendarmerie, dont la
caserne était deux pas, resta neutre. La maison sut livrét
aux flammes, après avoir été Saccagée. La soule ne permit
aux pompiers d'approcher que pour protéger les habitations
oisines.
Préliminaires des hostilités
Le mouvement avait été tout spontané, mais les intentions
de tous étaient tellement conformes, que l'organication fut
merveilleusement rapide
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