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(Huitième Année».)
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1843. - M.« 833.
AMERS , vendredi fi I Août
LE PRECL RSE1DR
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fl fl Août. ’
TKRnoxni: f.t sosî port de vint.
Plusieurs considérations, des motifs graves nous ont porté à
blâmer l’acte du gouvernement qui a transformé Termonde en
port de mer. Ces considérations, ces motifs, nous les avons fait
connaître, et quoiqu’en dise M. Delwart-Landen, ce n’est qu’a-
près de mûres réflexions que nous avons parlé. La partialité,
l'esprit de dénigrement qu’il nous reproche, ne se sont montrés
nulle part, si ce n’est peut-être dans la pensée du gouvernement
lui-même.
Qu’avons-nous dit? Quels arguments avons-nous fait valoir
pour soutenir notre these? La lettre de M. Delwart-Landen
bous autorise à les rappeler dans un résumé succinct.
La création du port de mer de Termonde est infailliblement
nuisible au port d’Anvers, parce que , en même temps qu’on
s’efforce de toutes les manière! à attirer vers notre place une
concentration d’affaires plus puissante; à y établir un grand
marché; à faire, en un mot, d'Anvers une place importante de
commerce, — on s’ingénie d’un autre coté à éparpiller les élé-
ments qui peuvent nous faire obtenir ce résultat, et à susciter
des obstacles au large projet qu’on médite. Celle contradiction
était trop apparente pour qu'elle ait pu échapper même à l'œil
prévenu des intéressés dans la nouvelle création.
Il est bien évident que si les diverses localités (qui sont au
nombre de cinq aujourd'hui, en dehors des ports d'Anvers et
d’Ostende) situées dans l'intérieur du pays et transformées en
ports de mer, peuvent recevoir directement tout ce dont elles
ont besoin et exporter, en grande partie du moins, leurs pro-
duits ; il est bien évident, disons-nous, qu’alors l'importance
du port d’Anvers ainsi que celle d’Ostende, doivent se rapétis-
ser. En ne bornant pas les ports de mer belges aux seules loca-
lités d’Anvers et d’Ostende, deux ports dont la Belgique aurait
pu se contenter à la rigueur, le gouvernementtentaità affaiblir
considérablement ce que nous avons de plus précieux à faire
valoir aux yeux de l’étranger.
Instituer Termonde port de mer, c’était distraire du mouve-
ment du port d’Anvers, entre autres, les nombreuses cargaisons
de grains et graines, de bois de construction qui y affluent ;
c’était opérer un déplacement non-seulement inutile, mais nui-
sible aux intérêts généraux du pays, si intimement liés, quoi-
qu’on le perde si généralement de vue, à la prospérité de notre
place.
Un des résultats de l’arrêté royal du 14 juillet, concernant
Termonde, sera de porter un préjudice notable aux consomma-
teurs et même au trésor public, à cause de l’admission au paie-
ment des droits, de certaines marchandises, autre part qu’aux
deux ports d’Anvers et d’Oslende. Aux bureaux-frontières, tels
que les deux ports que nous venons de nommer, les vérifications
sont faciles, parce que le débarquement se fait dans des bassins
dont toutes les issues sont soigneusement gardées et où la sur-
veillance de la douane est permanente. A l’intérieur, la fraude
a mille occasions de s’exercer à cause de la situation propice
des localités et de la difficulté qu’éprouve la douane à y étendre
sa surveillance. Ici, on prend des mesures rigoureuses, tracas-
sières souvent, pour empêcher la contrebande d’agir ; là on lui
tend pour ainsi dire la main et on l’invite à essayer sa subtilité.
C'est une logique à laquelle Condillac u’avail pas pensé.
Le mal fait en cette occasion, au pays en général et à Anvers
en particulier, ne profitera guère à Termonde, parce qu’en dé-
finitive, il n’y aura nulle économie pour celte localité à se pas-
ser de l'intermédiaire d’Anvers. D’autre part, l'Etat y perdra
indubitablement, par la raison que cette nouvelle création lui
coûtera beaucoup plus qu’elle ne pourra peut-être jamais lui
rapporter. « Les frais de transbordement ainsi que le fret par
bélandred’Anversà Termonde,sont tellement minimes, disions-
nous dans un de nos précédents articles, qu'il suffira de la plus
légère hausse du fret maritime de l’étranger pour Termonde,
pour arriver à un désavantage de chiffres dont le fabricant et
le consommateur belges doivent se ressentir. El nous verrons
ce résultat se produire aussitôt que les navigateurs auront ac-
quis l’expérience que pour remonter à Termonde, il faut des
frais extraordinaires de pilotage, des pertes de temps considé-
rables; qu’il n’y a pas de fret de retour à obtenir à Termonde ,
et que, dès-lors, il faut nécessairement revenir à Anvers pour y
faire les frais de port et de bassin, tout comme si le débarque-
ment s’y était opéré de prime-abord. Puis, n'est-il pas proba-
ble, certain même, que les navires ayant débarqué à Anvers
auront toujours la préférence des frets de retour, de manière
que ceux en destination de Termonde devront invariablement
partir sur lest? »
Maintenant que nous avons recueilli aussi succinctementque
possible les motifs longuement développés qui ont guidé notre
FEUILLETON.
POLICE CORRECTIONNELLE DE PARIS.
UN FILS DE L’EMPEREUR.
Ee vol à l'empereur Napoléon devient presqu’anssi commun que l’é-
tait, récemment encore, le vol à l’Américaine, usé aujourd’hui jusqu’à
la corde. Nous rapportions dernièrement dans la Gazette des l'ribunavx
la condamnation de cet individu qui avait cédé au poids de l’or à un
honnête fanatique une carafe d’eau tirée de la fontaine de l’empereur,
en 1815. Nous venons d’avoir, à la police correctionnelle, le pendant de
cette bizarre filouterie.
M. Elias, après avoir long-temps servi sous l’empire, est rentré dans
la vie civile, où il s’est livré au commerce des vins, et il est aujourd’hui
à la tête d’un commerce très florissant. M. Elias fait partie de ces Tho-
mas tricolores qui n’ont jamais voulu croire à la mort de Napoléon. Jus-
qu’en 1840, il a été persuadé que son héros était plein de vie, que les
Anglais l’avaient renfermé dans une cage de fer à la Tour de Londres,
•A qu’on avait enterré à Sainte-Hélène un mannequin en son lieu et
place. Lorsque, le 15 décembre 1840 , on ramena en France les restes
mortels du grand homme, il voulut bien commencer à croire que l’em-
pereur pourrait être mort, et encore, s’il le crut, c’est parce que le prince
de Joinville fut chargé d’aller chercher dans leur lie ses dépouilles sa-
crées. o Au fait, dit-il alors, ça pourrait bien ne pas être un mannequin;
le fils du Roi, un brave marin, n’aurait pas voulu se prêtera une pareille
Polissonnerie. »
Les idées de M. Elias touchant l’empereur et tout ce qui se rapporte à
l’empereur sont tellement connues, qu’il n’est pas étonnant qu’il ait
servi de point de mire à un escroc. Si, même, on doit s’étonner de quel-
que chose, c’est que le tour dont il a été victime ne lui ait pas été joué
plus tôt.
M. Elias était un matin dans son cabinet, lorsqu’il voit entrer un jeune
opposition à l’arrêté du 14 juillet concernant la création d’un
port de mer à Termonde ; maintenant, nous demanderons sé-
rieusement si M. Delwart-Landen est parvenu à détruire aucun
des arguments dont uous nous sommes servi? Non, tout ce que
nous avons avancé est resté debout; tout ce que nous avons mis
dans la balauce pèse encore de tout son poids : nos raisons
étaient plausibles et ne souffraient pas la réfutation, car comme
nous le disions plus haut, ce n’est qu’aprôs de bien mûres ré-
flexions que nous avons parlé. Après cela, nous nous sommes
exprimé avec franchise, avec conscience.
Demain nous émettrons, en poursuivant ce travail, d’autres
considérations qui nous sont suggérées par la lettre de M. Del-
wart-Landen, et nous espérons que la loyauté du Moniteur se
mettra cette fois ci à notre service tout comme elle s’est empres-
sée d’accourir au-devaut des réclamations qui lui oui été adres-
sées de Termonde.
TURQUIE.
Des Frontières, 1% juillet. — La population turque de Pudrow et des
environs s’est de nouveau soulevée, et marche les armes à la main con-
tre le visir de Bosnie,qui réside actuellement dans la forteresse de Ban-
jaluka. Les insurgés soutiennent que dans la levée des impôts, le pacha
a outre-passé la mesure légale, et réclament la restitution de ce qui a
été illégitimement perçu. Ils demandent aussi l’éloignement des Alba-
nais du pachalik. C’est là une demande, à laquelle, avec la meilleure vo-
lonté du monde, le visir ne peut satisfaire,attendu qu’il doit à ces trou-
pes plusieurs mois d’arriéré de solde, et qu’il se trouve dans l’impossi-
bilité de s'acquitter envers elles. Quoi qu’il soit, ce mouvement n’a ab-
solument rien de politique, et l’ordre ne tardera pas à être rétabli.
(Gazette d'Augsbourg.)
AEEE1ÎIAGAE.
Hamrocrc, 3 août. — Le Sénat a envoyé ces jours-ci au Roi de Prusse
une adresse de remercîment qui a été votée le 8 mai dernier par le
conseil et la bourgeoisie, pour la promptitude et la manière noble avec
laquelle il est venu au secours de notre viWe,lors de l’iucendie qui l’a dé-
vastée l’année dernière.
Ce document est écrit sur parchemin en lettres gothiques, et se trouve
relié dans une couverture en bois de chêne sculpté provenant des dé-
bris de l’hôtel-de-ville qui a été brûlé, et avec des incrustations prove-
nant des cloches des églises qu’a détruites l’incendie.
Ce document est entouré d’un encadrement de peintures qui ne sont
pas sans valeur artistique, et dont la principale représente Uammonia
sur des débris, présentant ses remerciments à Borussia,el la Germanie
les unissant toutes deux, allégorie par laquelle l’artiste a voulu indiquer
l’unité de l’Allemagne.
De Palatinat-Bavarois, U août. — La décision prise par la chambre
relativement aux chemins de fer du Palatinat a produit une vive sen-
sation. La chambre a autorisé le gouvernement à garantir pendant 25
ans un minimum d’intérêt 54 0|o,mais elle a ref.isé de l’autoriser à s’in-
téresser dans cette entreprise en prenant des actions. Or, notre cercle
n’est pas en état de fournir les huit millions de capital nécessaires, et
pour les banquiers étrangers, la garantie de 4 0|0 d’intérôl est trop peu
de chose, attendu qu’on n’est pas sûr du remboursement du capital.
(Gazette Allemande.)
ANGLETERRE.
Londres, le 8 août. — La Reine, le prince Albert et la cour ont quitté
Windsor aujourd’hui. Avant de se rendre au palais de Buckingham,
8. M. et le prince ont accompagné les princes de Saxe-Cobourg et la
princesse Clémentine à Woolvvich, où ceux-ci se sont embarqués pour
le continent à bord du steamer de guerre français 1e Pluton.
— Le navire le Castor (le 56 canons, et le steamer le Cyclope sont ar-
rivés ie 5 août dans le port de Cork pour se mettre à la disposition de
l’amiral Bowles, qui commande l’escadre rassemblée sur les côtes d’Ir-
lande.
— M. Daniel O’Connell a atteint hier sa soixante-huitième année.
— Un écrit de la nouvelle Grenade, le 7 juin, qu’à dater du U sep-
tembre tous les navires étrangers entrant dans le port de Carthagèue
n’auront à payer ni droit de tonnage ni aucun autre droit de port.
— t uy-arùcle. — Des achats considérables de la maison Rothschild
ont imprimé un nouveau mouvement de hausse aux fonds publics. La
continuation du beau temps a d’ailleurs donné un aspect beaucoup plus
animé à notre marché en diminuant les craintes qu’on avait pour les
récoltes. Les consolidés ont fait au comptant 94 1|4 5|8 et en compte
94 3|8 1|2. Ils se seraient élevés plus haut si les courtiers de la banque
ne s’étaient montrés disposés à rencontrer toutes les demandes. Calme
plat sur les fonds étrangers. Les espagnols cotés à peu près comme hier
avec fort peu d’affaires. La haussse des mexicains s’est arrêtée.
Chambre de» Lord». — Séance du 7 août.
lord i.ondonderrv, membre ultra-tory, désire que le ministre des
affaires étrangères lui apprenne si le gouvernement a reçu des dépê-
ches lui annonçant qu’Espartero a déserté sa position et le gouverne-
ment de son pays, et est allé chercher un refuge à bord d’un navire an-
glais devant Cadix, et si le gouvernement compte donner assistance à
un homme dont la trahison est sans exemple, et qui a clos sa carrière
en bombardant unedes plus belles villes de l’Andalousie.Un homme d’un
pareil caractère et qui s’est conduit d’une telle façon, sera-t-il protégé
par l’Angleterre? En cas de réponse négative, il convient que le pays
soit désabusé aussitôt que possible.
lord aberdeen. Je ne m’attendais pas à voir le noble marquis discu-
ter la conduite et le caractère d’Esparlero. Le gouvernement n’a pas
reçu d’autres informations que celles dont VV. SS. sont en possession.
Je n’ai toutefois aucun motif de révoquer en doute la véracité de ces
renseignements. J’avais prévu le dénouement qui est arrivé, et loin de
penser qu'il ne faille pas recevoir Espartero dans ce pays, je pense au
homme d’une trentaine d’années, brun, l’air pensif et sérieux, propre-
ment et sévèrement vêtu, o Monsieur, lui dit-il, je n’ai pas l’honneur
d’èlre connu devons; mais quand vous saurez qui je suis, ma démarche
ne vous semblera pas extraordinaire. Je sais que vous avez servi l'em-
pereur avec la plus grande distinction, et que vous conservez pour sa
mémoire un religieux souvenir... — Un culte, monsieur, dites un culte !
— Je le sais et c’est ce qui m’a décide à venir à vous... Tel que vous
me voyez, monsieur, je suis le fils de l’empereur. »
A ces mots, M. Elias lait un saut de carpe sur sa chaise, relève ses lu-
nettes sur son front, et, l’air anéanti, la bouche ouverte, regarde son
interlocuteur sans pouvoir, tant est grande son émotion, trouver à ré-
pondre une parole.
Lejeune homme continue donc : « Oui, monsieur; en Russie, l’em-
pereur est devenu amoureux de ma mère, qui était la femme de l’hat-
man des Cosaques, et je suis le fruit de cet amour. Vous savez le triste
résultat de la campagne de Russie; obligé de partir brusquement, l’em-
pereur ne put assurer mon sort, d’autant moins que je n’étais pas en-
core né. Mais il ne m’a pas oublié, et, par son testament fait à Sainte-
Hélène, il a laissé à ma mère une somme de 400,000 francs. Le mari de
ma mère est mort, et elle va venir se fixer en France, à Paris. Elle tn’a
écrit pour que je m’occupe de monter sa maison ; mais elle n’a oublié
qu’une chose, c’est de m’envoyer de l’argent. Déjàj’ai trouvé à crédit
les choses principales ; mais i! nous faut du vin , et j’ai pensé à vous; si
vous voulez me le fournir , vous réglerez cela avec ma mère aussitôt
son arrivée, qui aura lieu d’ici à deux mois. »
Cette inconcevable bourde, peut-être même à cause de son étrangeté
et deson invraisemblance, eut un plein succès. M. Elias livra sept pièces
de vin, montant ensemble à 2,600 francs, et il attendit patiemment le
retour de la veuve de l’hatman des Cosaques.
Six mois s’étant passés sans qu’il entendit parler de rien, il se rendit
au domicile du fils de l’empereur ; maj^ on lui dit qu’on ne savait pas ce
qu’il voulait dire ; que jamais personne du nom de comte Armand
n’avait demeuré dans la maison, et que la personne dont il voulait sans
doute parler était déménagée depuis près de six mois.
contraire qu’il faudra l’y accueillir avec les égards et la distinction que
son rang et les circonstances réclament. (Ecoutez ! écoutez !)
LORD monteagi.e annonce qu’avant la fin de la session il compte pré-
senter une motion relative à la situation financière du pays.
Chambre de» Commune». — Séance du 7 août.
Cette séancea duré depuis midi jusqu'à une heureeldemiedu matin.
La motion de M. Ewart demandant l’abaissement des droits d’importa-
tion comme remède à la détresse du commerce et à la situation déplo-
rable du peuple, a été écartée après discussion.
m. ROKimvicK demande des renseignements sur la détention de don
Carlos en France.
m. cocnRANE appuie la motion et assure que don Carlos lui a raconté
lui-même qu’on ne lui accorde que 1,200 livres slerlings pour son éta-
blissement.
SIR rorert teel. Je pense qu’il convient que don Carlos soit traité
avec tous les égards compatibles avec les nécessités de sa situation. Le
gouvernement anglais s’est adresséau cabinet des Tuileries et en a reçu
i’assurance qu’il n’a l’intention de soumettre don Carlos à aucune con-
trainte qui ne serait pas absolument nécessaire. Si le prétendant avait
donné ([assurance de ne plus troubler l’Espagne, ou avait consenti à
aller résider en Autriche, la liberté lui eût été rendue sur-le-champ.
lord aohn manners défie sir Robert Peel ou le gouvernement fran-
çais de justifier la détention de don Carlos par les clauses du quadruple
traité ou de toute autre manière.La cause pour laquelle le prétendant
souffre, c’est celle de la religion, du bon ordre et de la légitimité. Le
résultat le prouve; don Carlos a été vaincu et l’anarchie et l’irreligion se
sont assises à la place de l’ancienne religion espagnole.
lord i’almerston dit que les gouvernements anglais et francais sont
tombés d’accord sur l’inconvénance qu’il y aurait à laisser dón Carlos
rentrer en Espagne. Au moment d’être pris, ce prince a été sauvé de ses
ennemis espagnols par des agents anglais. On lui permit alors de pren-
dre sa résidence en Angleterre à la condition qu’il ne songerait pas à
rallumer la guerre civile en Espagne. En rentrant dans ce pays, i! a
manqué à sa parole. La motion qui nous occupe, dit le noble lord, n’a
rien qui m’étonne, on voudrait que dans le toliu bohu actuel qui boule-
verse l’Espagne, on permit à don Carlos de tenter la fortune comme les
autres.
Sir Robert Peel et lord Palmerston ayant jugé que les documents de-
mandés ne pouvaient être produits,la motion a été écartée sans division.
ESPAGNE,
M adrid, 3 août. — Le conseil des ministres s’est réuni hier soir, le gé-
néral Narvaez et tous les personnages qui ont pris part aux événements
avaient été convoqués. Il s’agissait de décider ce qu’il conviendrait de
faire dans le cas où Espartero, réfugié en Portugal, voudrait prolonger
la guerre civile, en y appelant ses partisans. A la suite de ce conseil, un
courrier est parti pour Lisbonne, chargé, dit-on, d’une notification très
énergique du gouvernement provisoire, portant menace de guerre, du
jour où la moindre tentative serait faite sur la frontière de Portugal.
Cette nouvelle, qui circulait dans la soirée.a produit une vive sensation.
Mgr. Orbe, évêque de Cordoue et patriarchcdes Indes, a été nommé
confesseur de la Reine, et M»>« la marquise de Santa-Cruz a été nommé
eamareta-rnayor.
M. Corlina est parti hier en poste pour Séville ; il est porteur de bre-
vets et de récompenses que le gouvernement a accordés aux défenseurs
de Séville et aux troupes du général Concha.
La junte suprême de la province de Murcie a adressé au ministre de
l’intérieur un document important dans lequel elle engage les autres
juntes du royaume à solliciter la déclaration de la majorité de la Reine.
Le ministre de l’intérieur, dans le but de régulariser les juntes pro-
vinciales créées dans les premiers moments du danger et de les sou-
mettre à un système uniforme qui évite tout conflit en matière d’attri-
butions et qui laisse libre l’action du pouvoir exécutif, a décrété les dis-
positions suivantes : 1° 11 y aura dans chaque province une juntesupé-
rieure, et dès-lors cesseront toutes les autres juntes qui y furent éta-
blies. Ces juntes auront le caractère d’auxiliaires du gouvernement, sur-
tout pour faciliter les ressources nécessaires au trésor pour les besoins
du moment; 2» elles rempliront provisoirement les fonctions des dépu-
tations provinciales là où celles-ci manqueront, mais dans l’un et l’autre
cas, elles laisseront libre et sans entraves, l’action de toutes les autori-
tés civiles, politiques et militaires; 5» elles s’occuperont sans délai de
fournir des expédients et de proposer les améliorations et les réformes
qu’elles jugeront utiles à leurs provinces respectives, et elles les re-
mettront au gouvernement pour qu’il prenne les résolutions conve-
nables; 4° enfin dès qu’elles recevront ce décret elles auront soin d’in-
former les ministres respectifs des altérations qu’auront subies ces di-
verses branches de l’administration.
M. Chinchilla, secrétaire delà junledeSéville, annonce qu’une grande
partie de l’escorte d’Espartero est entrée à Séville, servant d’escorte au
général Figueras, que le gouvernement s’est empressé d’élever au gra-
de de lieutenant-général. Le portrait d’Espartero qui était dans la
chambre de S. M. a été enlevé.
— La nouvelle qui circule maintenant est tellement absurde quenous
devrions nous abstenir de la répéter, mais nous cédons à l’obligation
qui nous est imposée de répéter à nos lecteurs tous les bruits qui se ré-
pandent à la bourse :
ON DIT que le fort de Montjouy a coulé bas un bàlimentanglais,qne
l’on supposait amener Espartero à Barcelone; d’autres prétendent, et
cette version serait plus admissible, si l’on pouvait un instant croire à
cette nouvelle, que c’est la milice qui a fait teu sur le navire avec les
canons braqués sur le port.
— On compte aujourd’hui neuf maréchaux de France, dont cinq doi-
vent leur élévation au gouvernement de juillet. Ce sont : MM. le duc de
FMANCE.
Paris, 9 août. — Nous apprenons que la duchesse d’Orléans doit
quitter entièrement le deuil sous peu de jours.
— La loge que M. leduc d’Orléans occupait à l’avant-scène de l’Opéra
s’est rouverte dimanche, pour la première fois depuis la mort du prince.
Le prince de Joinville et la princesse Francesca s’y sont montrés.
Heureusement M. Elias avait tant et si bien examiné le fils de Napo-
léon, qu’il aurait pu faire son portrait de mémoire; il le rencontra le 27
juin dernier, et quoique près d’un an se fût écoulé depuis qu’il l’avait
vu pour la première et la dernière fois,il le reconnut au premier coup-
d’œil. Il le saisit au collet, et, malgré ses dénégations, le fit arrêter et
mettre en lieu sûr.
Cet individu se nomme Etienne Gallot.Déjà condamné trois fois pour
vol et escroquerie, il pense que le meilleur moyen d’obtenir l’indul-
gence de ses juges est de tout avouer, et il convient être l’auteur de
l’escroquerie commise au préjudice de M. Elias.
M. le president.— Qui a pu vous porter à commettre ce délit ?
Le prévenu.— C’est la misère. Monsieur.
M. le président. — On comprendrait à la rigueur, que la misère fit
voler un pain, mais 2000 francs de vin... dites que c’est la paresse et
l’inconduite .. Vous paraissez avoir quelque éducation, vous vous ex-
primez bien... Vous pourriez gagner votre vie honnêtement.
Le prévenu. — C'esl justement parce que j’ai de l’éducation et que
j’ai été élevé dans l’aisance, que la misère m’est insupportable... Mais
mon intention a toujours été de payer M. Elias quand je le pourrais.
M. le président. — Comment auriez-vous payé une pareille somme?
Vous êtes sans ressources... D’ailleurs vousavez dit la même chose les
trois fois que vous avez été condamné.
M» Théodore Perrin présente la défense du prévenu ; mais, malgré
ses efforts, Gallot est condamné à trois années d’emprisonnement.
UN MISANTHROPE EXTRAORDINAIRE.
Le 27 juin dernier est mort sur les bords de la mer Baltique, dans un
endroit nommé Zoppot, près de Dantzick, un personnage d'une ju-
comparable excentricité. Les détails suivants sont extraits d’un jour-
nal de Dantzick :
La manière de vivre de cet être exceptionnel qui appartenait aux
rangs élevés de la société, était si extraordinaire, la haine qu’il avait
voyée aux hommes était si caractérisée,qu’il faudrait remonter jusqu’à |