LE BRABANT. 99 et, à la place, un pullulement de rues diminutives, tournant sur elles-mêmes, comme dans l'entrain d'une ronde. En tous sens elles s'entre-croisent, ces ruelles, biaisent, se cassent à angles aigus, plongent, emmélent à plaisir leurs circuits pour égarer l'étranger qui, sautillant sur le pavé en pointes de clous, croit s'enfoncer dans un entonnoir, et, après avoir entrevu à la dérobée des coins de cours noyés dans les feuilles, des échappées de jardins aux murailles treillissées de vignes, des profils de maisons étranglés par les tournants rapides, puis encore çà et là un pignon, une façade à balustres ventrus, un morceau d'architecture dentelée et fleuronnée, le glissement lent des eaux de la Thines sous des ponts et des perspectives brisées par les brusques saillies des auvents, finit par déboucher sur la place, le cœur et le poumon de la petite cité, aujourd'hui réduite à la vie précaire de chef-lieu d'arrondissement, et autrefois bruissante d'une rumeur de ruche, alors que ses ouvriers en batiste et en toile fine n'avaient pas encore, à la suite des trou: bles de 1647, transporté leurs métiers à Cambrai et Valenciennes. Les gens de l'endroit, non sans orgueil, vous mènent voir le pare de la Dodaine, une promenade sous les tilleuls, bien alignée, le long d'une nappe d'eau, avec des percées sur les lointains, puis encore la statue de Tinctoris, un assez pauvre grand homme qu'on à mis, en l'absence d'une gloire plus éprouvée, sous les feuillages de la place Saint-Paul. Quand Nivelles n'aurait ni la Dodaine ni son moine musicien, elle posséderait encore un attrait puissant, Son roman- tique cloitre adossé à la collégiale, avce Dessin de Th. Hunnon. LA THINES, A NIVELLES. ses quatre galeries découpées en arcades et prenant jour sur l'ancien préau trans- formé en jardin. Là, sous les pierres tombales, reposent les « demoiselles au blanc sur- plis », ces indisciplinées chanoinesses du monastère fondé en 645 par Ide, femme de Pépin de Landen, auxquelles, sous Louis le Débonnaire, le concile d’Aix-la-Chapelle preserivit vainement la règle de Saint-Benoit. Dès le douzième siècle, on les voit habiter séparément des hôtels ou maisons capitulaires, celles-ci au nombre de dix-sept, qu'elles quittent par inter- valles, pour se mêler au train du monde. Antéricurement, il est vrai, le chapitre avait vécu en communauté, largement établi dans un quadrilatère d'habitations et de sanctuaires, vaste comme une petite cité, avec celle distribution : au ponant, la maison abbatiale; au levant, les alloirs, l'église Notre-Dame et l'église des Chanoines ou Saint-Paul; au septentrion, le RS 12 ES nv