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des écuyers semant des éous d'or et d'argent eur le passage de
l'ensant royal, aux cris de Vixe BourgogneI Nous aimons voil
ce pont volant jeté de la tour Saint-Nicolas au beffroi, et tous
les honneurs incomparables de ce fameuxe baptisement,
A l'inauguration de Philippe Il, l'Ommegans cortit plus
Splendide que jamais
On y voyait,, disent MI. Henne et Vauters dans leu
excellente Histoixe de Bruvelles,: des chars de triomphe Su1
lesquels étaient représentés les principaux épisodes de la vie
de sésus-Christ et de la Vierge un ensant déguisé en loup et
nonté Sur un courtaud, conduisant un diable, sous la forme
d'un monstrueux taureau qui jetait du seu par les cornes
entre lesquelles un autre diable était assis; l'archange Saint
Michel, couvert d'armes brillantes, et tenant d'une main l'épée
2t de l'autre la balance, dans laquelle, selon de vieilles tradi
tions, il pèse les mes.
Suivait un char portant la musique la plus extravagante
que l'on pût voir. C'était un ours assis qui touchait un orgue
composé non de tuyaux, mais d'une vingtaine de chats de
lifférents ages, enfermés sSéparément dans des caisses où ils
ne pouvaient remuer; leurs queues, qui Sortaient des cages,
étaient attachées au clavier par des cordes. Lours, en ap-
puyant Sur les touches de l'instrument, saisait lever les cordes
pt tirait les queues des pauvres animaux, dont les cris, variés
par l'age, formaient une harmonie tellement bixarre qu'elle
mit en défaut l'austère gravité de Philippe.
Au Son de cette muSique d'une os pèce nouvelle, dansaient,
Sur un autre grand char, des onfants travestis en ours, er
loups, on Singes, on cerss, etc.
Plus loin c'étaient Circé et les compagnons d'UIysse
métamorphosés en bêtes; des géants, le cheval Pégase, les
juatre sils Aymon, montés Sur Ros Bayard et chantant er
flamand; un char occupé par un arbre dont chaque rameat
portait un ensant, représentant un des rois juiss, ancêtres de
la vierge, un énorme griffon, des chevaux, des chameaux e
des autruches montés par des anges, un serpent vomissant du
seu, et enfin Seixe chars de triomphe figurant les mystères de
a vie de la vierge
Vous pourrions multiplier ces exemples en suivant le cours
de l’histoire jusqu' nos jours, travers les époqués les plus
séSastreuses.
n serait presque tenté de croire, suivre la marche des
réjouissances publiques, qu'elles n'étaient Si bruyantes et Si
solles jadis que parce que le peuple avait besoin de s'étourdir
Sur Ses misères, A megure que la situation des masses devient
plus prospère, mesure que le bien-être se répand et se con
solide, les plaisirs deviennent plus calmes. L'excés disparait
dans la souffrance, il disparait aussi dans la joie. Le peuple
danse et rit, mais il n'a plus la fièvre. Il s'amusc encore, mais
en se rappelant que le lendemain du plaisir c'oest le travail.
Puissante par ses richesses, justement fière de Ses privilèges
notre vieille race flamande, plus qu'aucune autre, montrait un
naif attachement aux coutumes de Sos ancêtres; grands et
petits, tous pratiquaient avec serveur ce culte du passé, et la
trace s'en retrouve d'age en age jusque dans leurs jeux et leurs
érémonies publiques. Presque tous nos vieux chroniqueure
nous ont laissé des récits animés des pompes religieuses du
clergé, des fêtes féodales de la noblesse, des réjouissances
opulaires de la bourgeoisie A l'Eglise, ses traditions Saintes
au châtoau, Sos Souvenirs de caste et de famille; la cité, Sos
légendes naives et Souvent goguenardes. Mais tous, prêtres
parons, bourgeois, attendaient avec la même impatience le
renue de la fermesse, pour la célébrer qui par de franches
sippées, qui par des courses la bague, qui par des tirs l'arc,
l'arbalète ou l'arquebuse. A ces fêtes splendides de le
commune, la poésie prétait volontiers ses chambres de rhéto-
rique la religion, celui de ses imposantes Solennités. On Se
serait difficilement une idée de l'éclat des processions que nos
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cités voyaient dans ces grands jours défiler travers le dédale
de leurs rues pittoresques. L, le magistrat, en grand costume
sigurait la tête des corps de métiers, portant leurs insignes
pacisiques, ou bien armés de leurs piques et de leurs haches
qui décimèrent des armées royales. Après les bannières des
confréries religieusos s'avangaient pieusement de longues files
de prêtres revêtus de leurs chapes étincelantes d'or Souvent
le grotésque se mélait au grandiose dans ces cérémonios
bixarres, ou l'on voyait la suite des Saints, ces héros de la
soi, paraître, comme nous le disions plus haut, les images
burlesques des Géants CReugen), ces héros fabuleux des épo-
péos communales. Ces procossions parcouraient les rues prin
cipales de la cité au son bruyant des trompettes, des buccines
et des tambours. La longueur du trajet exigeait-elle une halte,
on s'arrêtait d'ordinaire la porte de la maison échevinale,
chacun s'asseyait autour d'une table immense, chargée de
mets; on riait, on mangeait, on buvait surtout; puis, le ban
quet terminé, le cortège reformait ses lignes et se remettait
on chemin aux vivats sans cesse répétés de la multitude.
Partout, sur Son passage, les maisons étaient pavoisées, les
rues diaprées de guirlandes, de banderoles et de tapis aux
riches couleurs. Les cloches sonnaient pleine volées. Los
carillons éparpillaient dans l'air les notes étincelantes de leurs
joyeuses chansons. De tous côtés se pressait, en habits de
fête, la soule avide de voir les Géants, les licornes, le cheva
Bayard, les roues de fortune, les chars de triomphe, les Sym-
boles de tout genre: monde étrange et fantastique où s'incar-
naient les légendes, les traditions, toute la poésie éclose dans
l'imagination du peuple, ce sublime poête. Beaucoup de ces
sigures et de ces machines allégoriques Survivent encore chex
nous; mais leur Signification s'ost presque ontièrement perdue
et l'archéologue est Souvent réduit de simples conjectures,
alors qu'il cherche en établir le sens primitif
Chose Singulière , Comme si l’humanité avait compris qu'elle
est Soumise une loi mystérieuse de dégénération graduelle
et continue, comme Si elle voulait rappeler la grandeur
morale de Son origine par des Symboles matériels et visibles
es traditions de tous les peuples placent des géants leur
perceau Moise en introduit dans la Genése. Les Védas indiens
en énumèrent des familles entières. La mythologie grecque a
Ses Titans; celle des Scandinaves a ses Grôttas. Tous les
romans du moyen age sont remplis des faits et géstes de cette
lignée formidable qui s'est perpétuée dans l'es prit des peuples,
depuis le Polyphème de l'Odyssée jusqu'au Saint Christophe
de la légende chrétienne; depuis le Gargantua des Celtes jus-
qu' l'Antigonus anversois, AuSSi voyons-nous les générations
leur attribuer Successivement tout ce que les Siècles précédents
produisirent de grand et d'imposant. La Grèce rapportait la
puissance des cyclopes les constructions pélasgiques. Les
chroniques bretonnes du dix-Septième siécle sSignalent les
sébris de l'architecture celtique comme des restes d'ouvrages
élevés par une race gigantesque d’hommes venus du fond de
l'Afrique. De nos jours, enfin, le voyageur aperçoit-il, en par
courant le Limbourg, quelque énorme bloc de pièrre au bor-
d'une route vicinale, on lui raconte que ce pan de rocher a été
jeté la par le bras d'un géant du Nord.
Parmi nos anciennes communes, Si fières de leur splendeur
et de leur puissance, il s'en est trouvé qui, se faisant les égales
des plus grands peuples de l'antiquité, ont usurpé une siliation
de cette nature. Y a-teil la rien qui doive nous surprendre
D'autres, un peu plus modéstes, se sont donné pour fondateui
juelque fils de Priam, échappé au désastre de Troie. D'autres,
moins ambitieusos oncore, se Sont bornées attri buer leur ori
gine quelque héros fabuleux, Sorti de l’imagination d'un de
ces poêtes ignorés, dont les trouvères exploitèrent le génie
pendant le moyen age, Accréditées l'envi par chacune de
nos cités, ces traditions donnèrent naissance une grande
partie de ces géants extraordinaires, souvent grotesques, qui
s'étalaient dans les fêtes de nos anoiennes communes belges
Il en est aussi plusieurs qu'il faut considérer tout Simplement
comme les images dénaturées des patrons des corporations
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