INTRODUCTION. XXII donnèrent peu d'ombrage aux Athéniens. Mais quand il eut con- quis la Thrace orientale et qu'il tenta de s emparer des détroits, Athènes se trouva menacée dans ses intérêts vitaux, et la guerre se ralluma. C’est seulement alors, dans les années qui suivirent la paix de 346, que Démosthène commence à exercer sur les résolutions du peuple une influence réelle. Il monte souvent à la tribune, il prend sa place et il se compte lui-même parmi les orateurs ordinaires’. Il n’est plus isolé : il se trouve, avec Hypéride, Hégésippe et d'autres, à la tête d'un grand parti d'opposition. Ses harangues signalent les progrès menaçants de Philippe, dé- noncent ses projets et sa sourde hostilité contre la république d'Athènes. Dès 344, le discours connu sous le nom de Deuxième Philippique jette le cri d'alarme, et prouve que le parti patriote regardait une nouvelle guerre comme inévitable dans un avenir plus ou moins prochain. En attendant, les chefs de ce parti pour- suivent devant les tribunaux les hommes les plus compromis, soit comme orateurs, soit comme ambassadeurs, dans la conclu- sion de la dernière paix. Hypéride, secondé par Démosthene, accuse Philocrate et le fait condamner (343). Démosthène lui- même, reprenant le procès intenté depuis longtemps à Eschine et traîné en longueur par diverses circonstances, prononce le discours de l'Ambassade; mais l'accusé, soutenu par Eubule et par Phocion, échappe à la condamnation (343). Deux ans plus tard Démosthène prononce devant le peuple ses harangues les plus puissantes. [| montre où a conduit la politique inerte et im- prévoyante de la paix à tout prix. Philippe couvre du nom de paix une guerre sourde, active, incessante. Pendant que les Athéniens s’endormaient dans la jouissance d’un bien-être éphé- mère, Philippe, de progrès en progrès, en est arrivé au point d'étendre la main vers la Chersonèse de Thrace, vers Byzance et les grandes voies maritimes, de menacer l'indépendance d’A- thènes, de toute la Grèce. La mâle parole de l'orateur fait sortir 41. Hyeïc ot maprovrec, Phil. II, 3.