TT PP dé di AL rester = AB Lu pee D FIST Mises map La 99 LA BELGIQUE. 22 ouvriers de verreries, de mines et de laminoirs ; en sorte que chaque industrie à peu près est représentée par un groupe de chanteurs ou d'instrumentistes, lequel, suffisamment exercé, risque à un moment donné la dépense d'un déplacement et va APOIDES aux festivals voisins. Presque toujours, dans les petites localités du moins, ces sociétés recherchent la présidence d’un chef d'industrie où d'un notable, dont la bourse, largement ouverte, les aide dans leur organisation. Quelquefois des représentations dramatiques remplacent les auditions purement musicales : une grange se transforme en théâtre par le moyen d'un tréteau assujetti sur des futailles ; et des acteurs du cru, noircis au bouchon et affublés d'oripeaux, y jouent des vaudevilles, des saynètes, des pantalonnades devant un public extasié. Un peu du vieil esprit qui rendit les chambres de réthorique si prospères anime d'un entrain très grand ces parades rudimentaires. Dans les villages riches, une rivalité de costumes chez les interprètes, s'ajoute aux frais de la mise en scène. Les villes, de leur côté, renchérissent sur ces prodigalités rustiques par des étalages coûteux, où perce l'attachement à tout ce qui sollicite et amuse les yeux. Bruxelles, toutefois, l'emporte dans cette émulation générale ; ses cercles d'artistes et de musiciens, dirigés par des maitres accomplis, jouissent d'un renom européen ; les amateurs du grand art encombrent régulièrement les salles où l'orchestre du Conservatoire ct des Concerts populaires détaille tour à tour Haydn, Becthoven, Berlioz, Weber et Wagner. Aucun exclusivisme d’ailleurs dans les goûts : on exécute la musique française aussi bien que l'allemande et l'italienne: la musique flamande, incarnée en un compositeur de grande fougue, Peter Benoit, trouve elle-même des partisans fervents. Grande affluence, en outre, à l'Opéra, qui s'appelle ici la Monnaie, et aux théâtres secondaires, le Parc, les Galeries Saint-Hubert, le Molière, ete. 11 y à des théâtres pour tous les gouts ef pour toutes les bourses : chacun a sa spécialité, depuis la comédie spirituelle jusqu'à la plate parodie. Le drame à panaches et à pourpoints, l'éthopée bourgeoise et populaire trouvent un public passionné et sensible au Théâtre flamand et à l'Alhambra, Il n’est pas jusqu'au penchant trop marqué du bruxellois pour la basse gaudriole, les saynettes épicées, la chanson graveleuse, qui n'ait ses chapelles consacrées. Le café-concert, les halls à musique, les tréteaux exhibitionnistes où triomphe l'histrionisme, se sont multipliés dans des proportions inquiétantes. En bien ou en mal, le Brabançon aime le théâtre, les mirages de la rampe, les décors de la féerie, les élégances artificielles de la parade scénique. Les kermesses, les réjouissances populaires, les occasions de festoiement publie se complètent toujours par des représentations gratuites auxquelles les petits employés, les bourgeois peu fortunés assistent en foule; et les cercles d'amateurs où l'on joue le drame et la comédie abondent, aussi bien chez le peuple que dans les classes moyennes. J'ai plus d'une fois expérimenté l'intelligence de ces acteurs improvisés, gens d'atelier et de bureau qui, sur les planches, avaient l'intonation ample et rythmée des acteurs de profession et soulignaient avec finesse les moindres nuances, comme s'ils eussent fait de cel art exceptionnel une étude constante. Chez. quelques-uns d’entre eux, la prononciation généralement vicieuse du Belge s'exprimant en français, était même à ce point corrigée qu'on aurait pu se croire dans une vraie salle de spectacle, devant des interprètes habitués à une diction claire et étudiée, Cependant la véritable originalité éclate plus particulièrement par les cercles flamands, Jouant, dans cette langue des Flandres, moelleuse et vibrante, aux cadences pleines et prolongées, suivies de ConSonances : gutturales, soit de tragiques aventures royales, débitées avec une emphase ronflante et solenelle, soit les pièces du terroir d'un esprit si