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AiWEftS , Mercredi 3 JAM1ËR fi838.
(ff. S.)
(Troisième Année)
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
EDITION DU SOIE,.
Oltf S’ABONNE
A Anvers, au bureau du
Précurseur, rue des fagots,
U. aog5 , où se trouve une
botte aux lettres et où doi-
vent s’adresser touslesavis.
Bu Belgique et d l'etran-
ger, chez tous les directeurs
de* postes.
Pour toute la Hollande
élu* ’lh. Lejeune Libraire
Editeur h laHaye.
a Paris , à l’office-Cor-
respondance de Lenelletier-
Hoiirgjin et compag* , rue
Notre-Dame des Victoires,
N. t8,ouon reçoit aussi le»
annonces.
PAIX. — I.1BSBTÉ.
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Par an . . . 60tr*
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ANIffOBJCEa.
25 centimes la ligne.
La quatrième page con*
sacrée aux annonces , e«
affichée b la bourse d'Anvçr
et à la bourse des prinei
pales villes de comméra
8 Janvier.
QUESTION D'INDEMNITÉ.
Plusieurs villes du Royaume; celles |de Bruxelles , de Mons.
<VYpres,de Gand, deVerviers, de Liège, entre autres, ont été
judiciairement condamnées à indemniser différentes personnes des
pertes quelles avaient eu à essuyer; au milieu des désordres entraî-
nés par la révolution. Ces villes, celle de Liège exceptée, qui parait
ne pas avoir admis le principe de la responsabilité nationale eu pa-
reille matière, ont adressé des pétitions à la chambre des représen-
tai, pour demander que la nation paie une part de ces indemnités.
Ces pétitions ont été renvoyées à uue commission, au nom de laquelle
l'honorable M. Cornelis a fait un rapport, dans la séance du 18 dé-
cembre. . . . , . ,
Pour appuyer leur réclamation, les pétitionnaires se fondaient sur
ce que les dégâts donnant lieu à une indemnité, avaient été commis
pour la seule cause d une révolution dont la nation entière avait ac-
cepté les conséquences ; que . dès lors , il était juste que la nation
acceptât aussi les charges et les pertes entraînées par ces consé-
quences. . .
Voici quelle est à cet égard l’opinion de la commission.
C'est en vertu des dispositions de la loi du 10 vendémiaire an IV que le*
Indemnités sont réclamées. Avant ces dispositions, les communes n'étaient
point responsables des désordres qui se commettaient sur leur territoire. Le
gouvernement, institué dans l’intérêt de tous, devait protection et secours à
tous ceux qui lui étaient soumis; mais sa responsabilité ne s’étendait point
aux conséquences des troubles ou des dévastations qu'il n’aurait point empê-
ehés. A l'époque où cette loi a été portée, le gouvernement devant réunir tous
ses moyenset toutes ses forces contre les ennemis qui attaquaient directement
son existence ou ses formes essentielles, crut sans doute nécessaire de forcer
les municipalités à s’armer elles mêmes contre les attaque* des ennemis de*
particuliers ou de leurs propriétés, en les déclarant responsables des désordres
que les attroupemens tumultueuxcommettraient sur leur territoire.
La commission des pétitions a cru inutile de discuter si la loi créée sous l'in-
fluence de circonstances particulières, ne perd point sa force obligatoire,
alors que ces circonstances viennent à cesser et que tout semble devoir ren-
trer dans le droit commun ; les tribunaux, en appliquant la loi, ont décidé
cette question. , . ......
Les tribunaux ont aussi décidé que la loi n a point étendu la responsabilité
des délits commis à force ouverte au gouvernement, et qu’une nation, en fai-
sant une révolution, use de son droit, et ne peut nullement être tenue des
dommages causés par l’exercice de son droit..................
Aussi le conseil municipal n’invoque-t-il point des dispositions legislatives
à l’appui de sa demande. C'est an nom de l’honneur et de la dignité du peuple
belge, qu’il présente ses réclamations. La nation a profité des efforts de la ca-
pitale'. et des faits qui se sont passés dans son enceinte, pour consolider la ré-
volution. Soyez équitables,vous dit-on, messieurs, vous admettez les bénéfices
xiui résultent de nos souffrances.ne répudiez point les charges qui en découlent.
Votre commission. Messieurs, d’accord sur ce point avec le conseil munici-
pal de Bruxelles, admet que la Belgique doit la plus grande reconnaissance aux
habitans de la capitale, pour leurs généreux efforts dans l’intérêt de la cause
à laquelle toute la nation s’est associée ; mais elle ne croit pas que les mouve-
mens populaires et les actes de dévastation qui les ont suivis, aient rien de
commun avec la révolution. La nation, il est vrai, a provoqué la révolution,
s'est créé, par suite de cette révolution, de nouvelles institutions qui conso-
lident son indépendance et ses libertés ; mais certes elle n’approuvait pas les
honteux excès qui l'ont accompagnée dans quelques communes et qu’elle vou-
drait au contraire pouvoir effacer des pages de son histoire. La nation s est
-élovée contre le pouvoir qu’elle voulait renverser, s’est associée a la capitale,
qui avait pris l’initiative ; mais elle renie ceux qui ont employé leurs armes
contre les particuliers ou leurs propriétés.
La loi faisait un devoir à la municipalité de Bruxelles de veiller a la sécu-
rité de ses habitans, et imposait aux habitans l'obligation de se porter mutuel
secours. A une époque antérieure, les habitans de cette ville avaient donné un
exemple mémorable de ce que peuvent des citoyens de bonne volonté, amis
de l’ordre et qui prennent les intérêts de leur cité à cœur. Les troupes étaient
rendues à l’inaction, la garde communale n’existait plus, et les autorités mu-
Fcnlllcton dis Précnrscur.
LA COMBUSTION SPONTANÉE
oo
COMMENT JE DEVINS OKPHEI.IN.
Dieu merci ! je n’ai pas eu en partage une de ces intelligences Gères et fou-
gueusesqui s’emportent avec le sens commun, qui sont désarçonnées dès le
commencement de leur carrière aventureuse. Mon esprit est du genre de ces
bêtes calmes et utiles qui suivent en trottant la grande route, conservant tou-
jours leur côté, et ne bronchant que par-ci par-là, lorsqu’il m’arrive d’être in-
attentif. désirant seulement atteindre la ün du voyage, sans essayer jamaisde
dépasser les autres. .
Pourquoi ne suis-je plus ambitieux ? Je l’ai été ; mais j étais alors jeune et
fou. Maintenant je suis vieux et gras, et l’embonpoint a quelque chose qui dé-
truit l’ambition. 11 semble que le corps doive être actif comme l’esprit ; s’il ne
l'est pas, il entraîne ce dernier avec lui. Qui a jamais vu un gros homme être
ambitieux? César était maigre. Bonaparte le fut tant qu’il grimpa l’échelle;
Nelson n’était qu'une ombre ; le duc de Wellington n’aurait pas assez de grais-
se dans tout son corps pour graisser ses bottes. Enfin, je crois qu’il faut m’ac-
corder que la graisse et l’ambition sont incompatibles.
Il est bien triste d’être obligé de le reconnaître, car je ne doute pas que cela
ne fasse un grand tort à mes ouvrages,lorsqu’on saura que je suis grave.lourd,
la tète sans çesse appuyée sur ma main, parlant rarement à moins qu’on ne
commence. — Et lorsque les dames parlent je n’ouvre jamais la bouche ; de
sorte que quand il y a une succession de sociétés, je reste parfois une semaine
sans parler. De plus, je suis marié et père de cinq petits enfants; et mainte-
nant tout ce que je désire, tout ce que j’envie, est de vivre en paix et de mou-
rir dans mon lit. ........ . ■
Je m'étonne pourquoi je n’ai pas eu plus tôt la rantaisie de devenir auteur :
tant il est vrai qu’un homme ne sait jamais ce qu’il peut faire que lorsqu’il
essaie : En effet, je n avais jamais cru pouvoir faire un feuilleton, et j'attei-
gnis trente ans avant de revenir de cette erreur. Quel dommage 1 La compo-
sition d’un livre me rappelle assez un voyage dans l’Atlantique : dans certains
moments vous avez vent arrière, et vous filez avec une rapidité qui vous ravit;
dans d’autres, lorsque les esprits divaguent, et que vous mordez votre plume
(aussi ai-je pris des plumes d'acier 1 j il semble qu on ait debout un vent con-
traire qui ne vous laisse louvoyer et avancer que peu dans beaucoup de teins.
Cependant on avance, bien qu’avec lenteur, et dans les deux cas vous êtes
obligé de prendre le mauvais vent comme le bon. Si un vaisseau devait car-
guer les voiles pour attendre un vent favorable, le voyage serait retardé indé-
finiment : si un auteur devait attendre que l’humeur lui reprit d’écrire, il fau-
drait la vie entière pour faire un ouvrage.
Quand le vent est mauvais, comme il l’est à présent pour moi, qui suis à
ruminer les moyens de remplir la tâche périodique que je me suis imposée
d’amuser mes chers lecteurs ; quand le vent est mauvais dis-je, j'ai néanmoins j
une manière d'avancer, en ayant recours à un moyen qui n’exige pas de grands j
vavaux d'imagination ; c’est celui de parler de moi. 1
nicipales n’exerçaient aucun pouvoir: uno garde bourgeoise se forma sponta-
nément, qui fit respecter l’ordre et empêcha tout pillage. Ce fait prouve que
si les habitans d'une commune veulent sérieusement empêcher les désordres,
ils en ont le pouvoir, et que la masse des bous citoyens l’emporte toujours sur
des attroupemens de vagabonds et de pillards. Si les citoyens ne veillent pas
à leurs intérêts communs et ne se réunissent point pour se porter les secours
dont les lois d’humanité môme leur impose l’obligation, il est juste qu’ils ré-
parent ie dommage causé par leur inertie.
Ce qui plus est, la police appartient dans les communes aux chefs de l'ad-
ministration, et la loi leur confie à cet effet des pouvoirs et même ries moyens
de force, particuliérement laloisur la garde civique. Ce n’est point pour faire
un reproche à la municipalité de Bruxelles qu'oa rappelle ceci-: votre com-
mission ne connaît nullement les circonstances et l'influence sous lesquelles
cette administration s’est trouvée, quelle force majeure a pu la réduire à l’im-
puissance, et dans quels rapports elle s’est trouvée avec le gouvernement.
Votre commission des pétitions, messieurs, reconnaît cependant que l’on
peut faire valoir beaucoup déconsidérations politiques en faveur des villes qui,
à l’occasion de la révolution, ont eu des désordres à déplorer et des pertes à
réparer, surtout en faveur de la capitale, dont les habitans ont rendu les plus
grands services, et aux efforts desquels la Belgique doit son existence. Si les
faits qui donnent lieu auxjindemnités n’ont pas été provoqués par la révolution
et pour la révolution, il est vrai aussi que sans la révolution et sans les mou-
vemens populaires qui font suivie, il n’y aurait point eu de dévastations sur
leurs territoires. Mais les renseignemens manquent à votre commission pour
émettre une opinion sur cette partie de la question.
Dans cet état de choses, elle a l’honneur de proposer le renvoi des pétitions
de Bruxelles à messieurs les ministres de fin'érienr et des travaux publics,
et le dépôt au bureau des renseignemens de celles de Mons, de Gand, de Ver-
viers et d'Ypres.
Nous ne pouvons qu’appronver les conclusions de ce rapport et
les motifs qui les ont inspirées. Lors même en effet que la loi établit
une ligne de démarcation entre la responsabilité nationale et la res-
ponsabilité purement communale, il y a, en dehors de la loi, des consi-
dérations exceptionnelles qui peuvent non seulement justifier, mais
rendre obligatoires moralement des mesures particulières. Nous
croyons que tel est précisément le cas pour les villes de Bruxelles,
de Mons, de Gand, d’Ypres et de Verviers. Mais s’il en est ainsi
pour ces villes, à plus forte raison, doit-il en être de même pour
celle d’Anvers, où la commune était impuissante pour empêcher des
désastres soufferls pour la cause d’une révolution nationale. Ici ce
ne sont plus seulement des considérations exceptionnelles , ce sont
les considérations ordinaires, ce sont les considérations les plus sa-
crées de morale et d'équité legale que l’on a le droit de faire valoir.
Et cependant ces considérations ont été stériles jusqu’à ce jour. Le
seront-elles encore longtems ?
SUÈDE. — ÜPSAL, 15 décembre.
On ne se souvient pas d’avoir joui dans ces contrées, d’une tempé-
rature aussi douce à cette époque de l'année, qu’en ce moment. L’hiver
si rude de nos climats semble se convertir dans l’hiver tempéré des
contrées méridionales. Ce n’est pas sans surprise que nous voyons
plusieurs espèces d’arbres bourgeonner.
ANGLETERRE. — Londres, 1er janvier.
On apprend que les régimens n° 20 et ne 71 ont reçu ordre de par-
tir au printemps pour le Canada: on parle aussi d’une brigade de la
garde qui doit s’y rendre. Ces troupes sont destinées à remplacer celles
qui ont été envoyées dans le Bas-Canada. Plusieurs officiers à demi-
solde doivent partir tout de suite pour le Canada.
— Le gouverneur du Haut-Canada, sir George Arthur qui était en
Angleterre avec congé, part aujourd’hui pour retourner à son poste.
— Un journal annonce comme une chose bien satisfaisante, mais
excessivement rare et presque sans exemple, que la Gazette de Lon-
Tout le monde dort en ce moment, excepté les joueurs, les voleurs, la po-
lice et les auteurs. Ma femme est dans les bras de Morphée, — infidélité allé-
gorique à laquelle doivent se soumettre les maris; et je suis de mon côté, à ca-
resser la bouteille pour stimuler mes idées, lesquelles sont aussi disposées à
quitter les sombres cellules de mon cerveau que l’esprit évoqué par Locbiel,
qui répondait chaque fois ; Laisse-moi, oh ! laisse-moi dans mon repos.
Je vais donc les évoquer, les conjurer, comme de petits démons soumis à ma
volonté.
Mes chers lecteurs.....je suis suis né sur l'eau ; non sur fonde amère de
l'Océan courroucé, mais sur l’eau douce d’un fleuve rapide. Ce fut sur la Ta-
mise, à marée basse, et à bord d’une de ces grandes barques connues sous le
nom de gnbares, que Je vis pour la première fois le jour. Cette gabare avait
pour tout équipage mon père, ma mère, et-votre humble serviteur.Mon père
était chargé seul du soin de la gabare ; il était roi sur son pont; par conséquent
ma mère était reine, et moi, j'étais l’héritier présomptif de la couronne.
Avant de parler de moi, le devoir filial m’oblige à dire quelques mots de
mes parents. Je commencerai par le portrait delà reine ma mère.On dit que
lorsqu’elle était i,rrivée pour la première fois à bord de Ia gabare , elle avait
la taille svelte et le pas léger ; mais aussi loin que mes souvenirs puissent at-
teindre, je ne puis me la rappeler que comme une grosse femme , épaisse et
lourde,... une vraie masse de chair. Ennemie de tout mouvement , elle ne
l’était nullement du gin. Rarement elle sortait de la cabine, et jamais elle ne
quittait la gabare : aussi une paire de souliers lui durait-elle plus de cinq ans.
Avec cette habitude de rester chez elle que toute femme mariée devrait avoir,
on la trouvait toujours quand on avait besoin d’elle: mais si elle était toujours
sous la main, elle n’était pas toujours sur ses pieds. Quand le soir approchait,
elle s’étendait sur son lit, précaution prudente, quand on ne peut plus se tenir
sur ses jambes. Le fait est que ma respectable mère, quoique d’une vertu
inattaquable, ne pouvait s’empêcher de céder tous les jours aux attaques d’un
séducteur insidieux, nommé gin. Ce serpent perfide s’était insinué dans la
gabare, qu’on aurait pu comparer à un autre Eden, dont ma mère était l'Eve
et mon père l’Adam; cet espritmalfaisant la tenta, et si elle ne mangea point,
elle but, ce qui est encore pire. D’abord... et je le dis pour prouver quels
prétextes spécieux l'ennemi trouve toujours pour se faire admettre...... elle
ne buvait,disait-elle,que pour se préserver l’estomac des effets du froid , que
l'atmosphère humide où elle vivait paraissait pouvoir engendrer ; et, pour la
même raison, mon père prenait une pipe : mais depuis le premier instant
où il me fut possible de le remarquer, elle buvait et il fumait depuis le matin
jusqu’au soir. La pipe était toujours dans la bouche de l'un, et le verre entre
les lèvres de l’autre ; l’habitude leur en avait fait un besoin. On aurait pu
défier le froid du pôle de pénétrer dans leur estomac.
Mon père était un petit homme.ayant de longs bras, la poitrine large et le
ventre en tonneau. 11 était admirablement fait pour la place qu’il remplissait
dans la société, ou plutôt hors de la société. 11 avait été élevé dans sa pr ores-
sion dès son enfance, et il n’avait d’autre amusement que de fumer. II existe
une certaine liaison indéfinissable entre une pipe et la philosophie ; aussi mon
père, à force de fumer, était-il devenu un philosophe parfait. Il est aussi vrai
qu’étrange que la fumée qui s’exhale de la pipe dissipe aussi le chagrin ; il
n’existe pas de calmant plus efficace que celui qu’on aspire par le tuyau d’uno
pipe, et c’est à quoi l’on doit attribuer la sagesse qui règne dans les conseils
(1res n a enregistré jeudi passe aucun fait de banqueroute arrivé dans
la capitale.
— M.O’Conneff est fortement malade, il adù refuser do serer.dreà
Birmingham pour assistera l’assemblée.
y, Gl°bodonne l’extrait suivant d’une correspondance de Mont-
« ...Le retour du colonel Wetherell après 14 jours d’absence nofls
a rendu le courage. 500 hommes s’occupent à barricader les petites
rues de la ville. Le lieutenant-colonel Gore a été envoyé avec 6 com-
pagnies d’infanterie, une division de cavalerie , 6 pièces de canon et
un train d'artillerie pour prendre St-Denis d’assaut et le réduire en
cendres. Cela sera (ait ce soir ou demain matin. Les rebelles n’v ont
que aOO hommes. On prépare à Mont-Réal tous les moyens de défense.
On craint que les rebelles n équipent de nombreuses troupes sur
plusieurs points dans ladirection du Lac des Deux Montagnes. Ce point
a été plusieurs mois le foyer de la révolte, on craint aussi pue les cour-
riers ne soient arrêtés vers le Ilaut-Canada , et ne soient obligés de
tourner par les Etats-Unis , ce qui leur ferait faire un détour de 120
milles. A Brulé les rebelles ont pour commandant en chef le général
Scott, et pour commandant en second le lieutenant-général Escham-
bault. Ils ont en trois divisions 2,000 hommes bien armés et bien équi-
pes. Le bruit court qu’ils se proposent de profiler de l’hiver pour
tenter par un mouvement combiné, un assaut sur Montréal.
Le lieutenant Weir, du 50° régiment, a été pris par les rebelles et
lusille par ordre du capitaine. Il portait des dépêches aux troupes ré-
gulières et fut trahi par son guide qui le conduisit à St-Denis au lieu
de le conduire à St-Charles.
PRUSSE. — Beriih, 24 décembre.
J.es députés de la noblesse Westphalienne qui étaient venus en no-
tre capitale pour entretenir le roi sur les affaires de Cologne, sont déjà
repartis sans avoir eu l’honneur d’être reçus par S. M. Bien plus ils
ont été appelés devant le ministre de l’intérieur et de la police Vau
Rochow, qui leur a fait de vifs reproches et les a exhortés à ne jamais
oublier leur devoirs de sujets de S. M.
On dit que dans chacune des huit provinces du royaume il sera
établi une haute police qui correspondra directement avec le ministère
et en recevra des ordres.
La Gazette d'état reproduit aujourd’hui l’article publié par la Ga-
rnie de Luxembourg, relativement à la forêt de Grünenwald, et qui
défend la diète germanique au sujet des mesures qu’elle vient de pren-
dre sous ce rapport; mais la Gazette d’état a omîs certaines expressions
du journal hollandais, comme gouvernement insurrectionnel de Bel-
gique, et autres semblables.
Une instruction très sévère est ouverte en ce moment sur l’affaire
de Munster, plusieurs étudians et séminaristes y sont impliqués et ont
été arrêtés, entre autres le fils du conseiller du gouvernement F... L;i
faculté catholico-théologique de cette ville comptait ISO étudians dont
50 étrangers.
Aussi avant son départ pour RomeM. de Bunsen a-t-il eu plusieurs
entretiens avec M. le prince de Metternich , lors de son passage à
Vienne, et l’on croit qu’il y a été question de résoudre toute difficulté,
en accordant à Mgr. Droste de Vischering une charge épiscopale con-
venable dans les étals autrichiens.
Des nouvelles reçues de Hanovre disent que le roi aurait l'intention
de convoquer les anciens états pour le mois de février prochain.
On s entretient beaucoup du projet qu’aurait ie gouvernement de
réduire l’intérêt de toute la dette publique à 3 Ij2 ou môme à 5 p. c.
Il est aujourd’hui hors de doute que TAulriche prend une part très
active à la solution du différend avec l’archevêque de Cologne ; car
dans cet empire on accorde la plus haute importance à toute question
religieuse; nulle part la religion etlapolitique ne s’identifient comme là.
des guerriers sauvages de l’Amérique-Septentrionale, et le laconismede leurs
discours. On ferait bien d’introduire la pipe dans nos assemblées législatives-
on y trouverait plus de bon sens et moins de paroles. C’est ausi au tabac
qu’il faut attribuer la fermeté sioïque de ces héros américains, qui, la pipe
en bouche , supportaient avec constance tous lés tourments que leurs enne-
mis leur faisaient subir. De là vient que lorsqu'on met quelqu'un en colère
on dit qu’on « lui éteint sa pipe. » ’
La pipe de mon père, littéralement et métaphoriquement, ne s’éteignait ja-
mais.llavait quelques apophthegmes qui tendaient à consoler de tous les mal-
heurs de la vie, et comme il parlait peu, ils se gravèrent profondément dans
I1IQ mémoire. L un étîlit . « Il n y a pas do re/uèdef ce qui est fait est fait. 0
Quand il avait une fois prononcé ces paroles, il ne revenait jamais sur le
sujet qui les lui avait tirées de la bouche. Jamais il ne s’emportait * et quand
les autres bateliers lui disputaient en jurant un pied d’eau sur la Tamise au
lieu de leur répondre sur le même ton, il se bornait à dire : « Il faut du sang-
froid, n Mais quand il adressait ces mots à ma mère, bien loin d’obtenir l’effet
qu’il en attendait, il ne faisait que jeter de l’huile sur le feu. L’avis était pour-
tant bon, ce qui n'est pas toujours une raison pour le suivre. Une autre expres-
sion ravoritede mon père, quand quelque chose allait mal, était : « Cela ira
■mieux une autre fois, n Ces aphorismes souvent répétés se gravèrent dans ma
mémoire, et je devins ainsi philosophe , long temps avant que le germe do
mes dents de sagesse fût formé.
L’éducation de mon père avait été négligée. Il ne savait ni lire, ni écrire •
mais quoiqu’il n'eût pas exactement, comme Cadmus,inventé le; lettres il s’é-
tait accoutumé à certains hiéroglyphes qui suffisaient à ses besoins et qui
étaient pour lui une sorte de mémoire artificielle. «Je ne sais ni lire ni écrire
me dit-il un jour; je voudrais le savoir; mais je puis m’en passer- vois-tu
celte marque ? cela signifie un demi boisseau, et cette autre un boisseau Son«e
a t en souvenir, afin de me le rappeler si je viens à l’oublier. » Mais ce n’était
que dans des cas importants que mon père prononçait de si longs discours Avec
le temps, j’appris à connaître tous ses hiéroglyphes, dont quelques-uns ressem-
blaient à des lettres mal formées, et je fini- par les connaître mieux que lui.
J ai dit que j étais heritier présomptif; cependant mon père avait eu deux
enfants avant moi. Le premier était une fille, qui fut emportée par la rougeoie
avant qu elle eût été sevrée ; l’autre, mon frère aîné, se laissa tomber dans la
Tamise à l’âgo de trois ans, en jouant sur la poupe de In gabare. Au moment
de cet accident, qui arriva dans la soirée, ma mère était couchée faute de
pouvoir se soutenir dans une position perpendiculaire; et mon père était sur
la proue, fumant sa pipe, appuyé sur le vindas. Il entendit le bruit que fit
quelque chose en tombant dans l’eau. « Qu’est-ce que cela?» dit-il «n étant
la pipe de sa bouche, «je ne serai pas surpris si c'était Joé. » l! avança jusque
sur la poupe, et ne voyant rien reparaitre sur l’eau, il remit sa pipe entre ses
lèvres, et continua à fumer comme s’il ne fût rien arrivé.
Mon père ne s’était pas trompé dans sa supposition ; c’était bien Joé qui
était tombé dans la Tamise, car ie lendemain on ne put le trouver nulle part,
et quatre jours après, on retrouva son corps sur le rivage, à la marée basse'’
Le lendemain de cet accident, mon père se leva de bonne heure, chercha joé'
et sa recherche ayant élé inutile il fut convaincu que c’était lui qu’il avait
entendu tomber dans l’eau. Il descendit dans la cabine, alluma sa pipe et ne
dit rien. Mon frere ne paraissant pas pour le déjeuner, ma inère l’appela à |