PROVINCE D'ANVERS. 211 domine l'art flamand tout entier, et il est vraiment au. musée comme dans un temple, parmi l'encens et les adorations. C'est qu'aussi Rubens incarne en lui une époque et uüne race. Il arrive à son heure, comme tous les prédestinés. Avant lui, un travail sourd, considérable ‘s'opère, qui le rend possible et l'achemine à ses voies. IL est le dernier anneau de la chaine qui part des Van Eyck, de Memling, de Quinten Massys et va jusquà Michel Van Coxcyen, Frans Floris, STATUE DE RUBENS PAR G. GEEFS, PLACE VERTE. Martin de Vos, en passant par Jean de Mabuse, Bernard Van Orley et Jean Mostaert : il s'assimile leur universel effort, l'absorbe, en fait son sang et son chyle, et, dans une exaltation prodigieuse, magnifie tous les caractères de l'école qui le précède. Il est le sommet jaillissant tout à coup par-dessus les mobiles horizons de l'art; les ardeurs, les troubles, les recherches, l'idéal variable des peintres de son temps aboutissent à ses paroxysmes calmes; il est la genèse définitive. Après lui, l'art des Flandres, épuisé par cette grosse dépense de sève, tourne au mièvre et doucement se résigne à la décrépitude. L'énorme physionomie du Jupiter flamand, toutefois, ne s'expliquerait pas complètement sans ses voyages en Italie. Comme les Mabuse, les Van Orley, les Mostaert, il connait les