CHAPITRE IV. 47 Malines, grande ville parfaitement bâtie, d’aspect beau- coup plus moderne que gothique , ne contient qu’une popu- lation d'environ 30000 habitants, et pourrait très-facile- ment en abriter au moins le double. Peu animée, par conséquent, elle est de physionomie essentiellement cléricale, Malines étant, comme l’on sait, le siége de l’archevêque primat des Flandres. L'industrie de ses habitants sédentaires et peu bruyants, celle des fameux points de Malines, ne contribue pas à lui donner la vie, qui semble s’y éteindre dans un silence ascétique. Le temps est loin où Marguerite d'Autriche et son neveu Charles-Quint se donnaient le divertissement d’y courre le cerf en pleines rues. La cathédrale de Saint-Rombaud, dont la tour, massive et inachevée, mesure 98 mètres de hauteur, est le plus pré- cieux joyau de cette belle endormie. Get édifice est assez ri- che en tableaux. Van Dyck y est représenté par un beau Christ entre les deux larrons. On y trouve un Michel Coxie sur bois (une Circoncision), une Adoration des bergers d'E. Quellyn, diverses toiles de Janssens, de Crayer , de Bloemaert, etc., et des sculptures remarquables de Faid- herbe, né à Malines comme Michel Coxie. Rubens brille de tout l'éclat de ses bons jours à Notre- Dame et à Saint-Jean. La première de ces églises a de lui un diptyque composé dans le temps pour la corporation des poissonniers, et représentant, d’un côté, une pêche miracu- leuse, de l'autre, l'épisode du poisson dans la sainte Odyssée du jeune Tobie. Trois petites toiles du grand maître , un Jonas, un Saint Pierre sur l'eau, un Christ en croix, un petit Rombouts, un Quellyn se groupent autour de ce tableau important. À Saint-Jean, une de ces Adorations des mages que Rubens a tant multipliées dans sa féconde carrière oc- cupe la place d’honneur au-dessus du maître autel : c’estun triptyque dont les deux volets latéraux, peints des deux côtés, représentent la décollation de saint Jean-Baptiste et le mar-