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la bataille de Gavre, gagnée sur les gens des communes par
Philippe le Bon, fut le Signal de la décadence
On comptait en Belgique deux genres de corporations, les
gildes militaires et les métiers proprement dits.
Parmi les gildes militaires figurent les confréries les plus
i llustres, dont quelquès-unes existent encore de nom, notam
ment celles de Saint-Gcorges, de Saint-Gébastien et de Saint
Tichel
La confrérie de Saint-Gcorges est la plus ancienne et la
plus célébre. Elle avait le privilège de marcher toujours en
tête des armées, Ses armes étaient l'arc, l'arbalète et le fameux
goedendag, le baton pointe d'acier, qui fit mordre la pous
Sière tant de chevaliers francais dans les plaines de Courtrai
Les archers, placés Sous le patronage de Saint Sébastien
étaient plus anciens que les arbalétriers. lls se servaient de l'art
et du goedendag, et partir du dix-septième siècle ils s'exer.
cèrent au maniement de l'arquebuse. lls fournirent de nom-
breux Soldats aux armées de Charles-Quint, qui dépouilla les
onfréries militaires de leurs privilèges A partir de son règne
elles devinrent peu près exclusivement des sociétés d'agré-
ront
Les métiers, en Belgique, jouissaient d'une telle considé
ration, qué nul ne pouvait être élové une magistrature quel
conque Sans en faire partie, et en tout temps, pour être admis
aux fonctions communales, les membres de la noblesse Se
sirent inscrire Sur les registres des corporations
A Bruxelles, comme dans toutes les villes du Brabant, la
population était partagée en trois classes: la noblesse, com
osée de sept lignages, dont chacun avait son représentant au
Conseil communal; la gilde de la draperie, es pèce de métier
noble, et les métiers vulgaires appelés ombnchten. Ceux-ci,
2xclus d'abord de toute participation au pouvoir, conquirent,
au quinzième Siècle, l'égalité d'abord, puis la prépondérance.
Organisés en neuf corps, qu'ils appelèrent les notions, ils Se
tirent octroyer, on 1421, une charte qui leur conféra unc
grande puissance
La période communale est l'une des plus glorieuses de
l’histoire de Belgique. De Ronincl et Breydel, Lannelin, les
leux Artevelde ont laissé dans la mémoire du peuplo l’hé
oique Souvenir d'une résistance outrance contre la violence
t l'injustice. Lutte épique qui commence l'emprisonnement
de Gui de Dampièrre et se termine par la Soumission de le
Flandre Philippe le Hardi, duc de Bourgogne.
Les Duos de Bourgogne.
Après la maison royale, la maison de Bourgogne était la
première maison de France; elle réunit Sous Sa domination,
par des alliances et des héritages, la plupart des provinces
belges.
Mais ce ne fut pas pour la Belgique une ère de prospérité
Troublé par des émeutes et des défordres de tout genre
entrainé dans des guerres aventureusos ot meurtrières, gou
verné par des hommes Sans Scrupules Sacrifiant tout leu
ambition, le pays vit se succéder sean Sans Peur. Philippe le
Bon, qui fut en quelque Sorte le: premier roi de Belgique,
et Charles le Téméraire, dont la mort sanglante fit disparaître
jamais la puissance des ducs de Bourgogne
La défaite de Charles fut un certain point de vue le Salu
de la Belgique, qui, par le mariage de Marie de Bourgogn
avec Maximilien, passa la maison d'Autriche.
Sans la chute de Charles le Téméraire, constitués dés
ors en un royaume, nous euSsions pu jouer un beau role e1
Europe, dit M. Hymans, devenir un soyer constant de gloires
et inspirer le respect aux nations voisines; mais, en perdant
cet honneur, nous n'avons pas tout perdu. Ce fut peut-être le
Salut de nos libertés locales, A défaut d'être un peuple indé-
pendant, nous restames un peuple libre, un peuple Souvent
pprimé, Souvent malheureux, souvent vaineu, mais retrou
vant toujours ses droits le lendemain de la défaite..
La Maison d'Autriche
Sa domination Sur nos provinces se prolonge, au milieu de
vicissitudes innombrables, jusqu' la réunion de la Belgique
la France, la suite de la bataille de Fleurus.
Après les règnes Sans grande importance de Maximilien et
de Philippe le Beau, la sombre période des guerres de religion
s'étend Sous Charles-Quint et Philippe ll, pleine de noms
glorieux et de noms Sinistres
Les provinces du nord, par l'Union d'Utrecht, se séparent
et forment le noyau de la Hollande. Celles du midi ne retrou-
vent la paix qu' l'avénement des archidues Albert et lsabelle
Cest vers ce temps que la Belgique brille, avec le plus
d'éclat, dans les Sciences et dans les arts, ainsi que le montrent
es noms de Rubens, Van Dycls, sordaens, Teniers, Var
Helmont, suste Lipse, Ortelius, Mercator, Vésale, Stévin
Malgré tant de cruelles épreuves, la patrie était pros père
oncore, comparée ce qu'elle allait devenir quelques années
après la mort d'lsabelle.
En 1618, le traité de VVestphalie décréta la fermeture de
l'EScaut; et, dés 1660, Anvers avait perdu la moitié de sa
population. Dans cette ville, jadis la métropole du commerce
de l'Occident, le bruit des presses des Plantin rappelait seul
la vieille activité des usines
La fermeture commerciale de l'Escaut était une prétention
inique et odieuse Mais l'Espagne ne pouvait plus combattre
et la Belgique n'était plus consultée. Le traité consacra donc,
2vec la paix entre l'Espagne et la Hollande, la ruine de notre
navigation
Les prétentions de Louis XIV inaugurent pour nos provinces
une nouvelle ère de désastres. Bruxelles est bombardé, et
parmi toutes ces tribulations, le commerce belge continue
décliner rapidement
Dés le traité de Vestphalie, d'ailleurs, il était fatalemen
condamné. La Hollande hérita de tout cet immense négoce,
Source de tant de fortunes colossales réalisées dans la placc
d'Anvers. La décadence fut prèsque instantanée. On jour.
en 1668, l'entrée d'un navire espagnol apportant des vins,
par le nouveau canal d'Ostende, fut l'occasion d'un tel enthou
Siasme, que les magistrats offrirent Solennellement une récom
ponse au capitaine
Tout espoir était perdu. il sallait suivre la pente rapide de
ce mouvement funeste. Rien ne put ranimer le commerce. ED
vain permit-on aux armateurs belgés d'allor pêcher la baleine
Sur les côtes de Groênland; cette mésuro resta Sans aucun effet
En vain chercha-t-on creuser un canal qui irait chercher le
mer en traversant le pays de VVaés; en vain voulut-on créer une
compagnie des lndes orientales, destinée faire le commerce
Sur la côte de Guinée. Tous ces efforts demeurèrent sans
résultat.
e traité d'Utrecht confirma cette iniquité en 1716 et vint
rendre plus difficile que jamais le succès des efforts tentés
pour délivrer notre patrie du marasme
Bien plus, le traité d'Utrecht, cette désastreuse conclusion
du règne de Louis XIV, aggrava considérablement la Situation
des provinces belges.
Les Pays-Bas éspagnols n'étaient laissés la maison
l'Autriche qu' des conditions odieuses. On ne leur restituait
des conquêtes de Louis XIV que fort peu de chose; on leur enle
vait au nord une partie de la Gueldre. On leur imposait une
rente annuelle de 13280,000 florins au profit des Provinces
Jnies, titre de subsides, et Sous peine d'exécution militaire
Mais ce qui surpasgait le reste, c'était l'obligation de remettre
entre les mains des Hollandais les forteresses les plus impor
rantes du pays, afin qu'elles servissent de barrière
En vain Charles VI essaya-t-il d'atténuer les effets de la
fermeture de l'Escaut par la création de la Compagnie
l'Ostende, cet état de choses devait se prolonger jusqu' la
conquête frangaise.
Cost l'établissement de la Compagnie d'Ostende que se
rattache le nom du marquis de Prié, dont le gouvernement fut
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