Full text |
»8ST
R” 9
Tout ce qui concerne la
Rédaction ou l'Adminis-
tration s'adresse aux pio-
nrielaires du précurseur,
MM. DEWEVER l'ntRES,
rue de l'Amman, l.
ANVERS, Vendredi 0 Janvier.
Ving (-deuxième année.
ABONNEMENTS-
(Au bureau du Précurseur et
chez tous les directeurs des
Postes.) Pour Anvers 1rs. 12.50
par trimestre. Pour tout le resta
de la Belgique, franc de port,
fr. 15. Pour la Hollande fr. 17;
l’Angleterre frs. 15; la France
fr. 22 ; l’Allemagne fr. 18 ; les
Etats-Unis, le Brésil, les Indes,
ete.fr. 27.50.
INSERTIONS.- 25 cent la ligne
R ÉCUMES. - 50 centimes.
,,, _ u# parts D’AN'VEXS: Pour Malin, et Bruxelles, A 6-30. I" d‘30
rfes/lMS. -Term. et G an A. «-Î0, 1», 3-50 E 4.30 - Aloet |P^ fikpar
ar Brnx. 10, 4.30.-Lokercn par Mal. 6.30 JOjH.iO 4.30. ,«0 e, X Cqiirt.; Mouse.. Lille,
iss.»;.®a. s»® ; *• *■“•
CH£*!SE-w
(7 Malines) f
Idem par Brux. 10,
Mal. 10, 3.50 E.., 4
- Aix-lï
oÉoai Politique feiaiersial lantuae et Littéraire.
P Al if.
LÜÊRÎ
paca
PAYS 0î WftES. “ D’Anvers par Beveren, St-Nicola8,Lokeren et Gand, 6-30, S-vQ l$.-3Q,2r30.6. De Gand
Lokeren, gt-Nicol«?, Beveren, Anvers 6.20, 9, 11, 2-10 5.50.
aBSaBS28HBSfflKaC3.??5Ef
f) Janvier.
BULLETIN POLITIQUE.
Les avis sont partagés sur l’issue probable du différend P™^0'-1u
Tandis que les uns considèrenl celte affaire comme arrivée déjà a une solu-
tion heureuse, s’appuyant sur le succès de la combinaison proposée par la
France cl dont nous avons parlé hier, d’autres prétendent que les espéran-
ces pacifiques ont fait uti pas en arrière. Ges derniers, à i appui de leur
opinion, invoquent l’admonestation infligée à un journal de Berlin qui avau
annoncé le succès complet de la mission de M. le docteur Kern ; ils disent
aussi que le voyage à Berlin de M. l>ay ministre des Etats-Unis en Suisse, n a
produit aucun résultat ; que la Prusse persiste à demander 1 élargissement
des prisonniers, sans vouloir prendre en échange 1 engagement de renoncer
à Neueliû'el U est vrai que le roi renoncera très probab.ement a ses droits
de suzeraineté moyennant une indemnité, mais ce sera de sa part un acte
de pure générosité.
Envisagées à ce point de vue, les choses nous paraissent en effet tort éloi-
gnées d’une solution. 11 n’y a pas de justice à vouloir que la Suisse renonce
au droit bien réel et bien incontestable qu’elle a de retenir et de faire pas-
ser eh jugement les prisonniers royalistes, alors que de son côté et en
échangé de celte concession, la Prusse ne veut prendre aucun engagement
’ peur abandonner sur la principaulé de Neuchâtel des droits qui ne sont
rien moins que réels et que l’on peut contester à l’aide d'excellentes raisons.
Evidemment la Suisse ne souscrira pas à une pareille transaction et elle
aura, de son côté, non-seulement les puissances de l’Europe qui sonl
intervenues dans le différend pour tout concilier, mais aussi toutes les
populations de l’Allemagne, qui s’agitent cil faveur de la nation helvétique
* et dont les sympathies ne sont pas certainement pour le cabinet de Berlin.
Nous parlons surtout des populations de l’Allemagne méridionale. Ce qu’il
y a de grave dans ce mouvement, auquel on suppose que l'Autriche n'est
pas étrangère, c’est que les gouvernements de ces Etals semblent ne con-
trarier en rien cet élan populaire en faveur des cantons helvétiques, élan
qui pourrait bien dégénérer en manifestations pour le cas où les troupes
prqssienpes exécuteraient leur marche contre la Suisse.
Bù reste, c'est hier que la Diète de Francfort s’est réunie et on dit que la
question du passage éventuel des troupes prussiennes par les territoires
allemands y sera discutée. La nouvelle n’est pas officielle, mais elle est
fondée. On parle aussi d’adresses de plusieurs corporations commerçantes
des villes do Sluligart, de Ravensbourg, de Tutlingen et de Counsladi qui
prolesteraient contre le passage des troupes prussiennes.
On connaît la circulaire adressée par M. de Manteuffel aux cours étrangè-
res. Le comte Ruol a répondu à celte circulaire par une note envoyée au
comic Trauttmandorff chargé provisoirement de la gestion des affaires de
la légation autrichienne à Berlin. Dans ce document le cabinet de Vienne
proclame bien haut les droits souverains de la Prusse sur Neuchâtel, et
désapprouve la conduite du gouvernement fédéral, mais il émet l’espoir
que les deux Etats n'en viendront pas à un conflit armé et que la Prusse ne
prendra pas de parti extrême sans s’appuyer de l’autorité des puissances
européennes. — il est aussi question d’un autre document émané de l’Au-
Iriche, adressé k la dale du 23 décembre aux représentants de l’Autriche
près les puissances intéressées directement ou indirectement à la conclu-
sion de l’affaire de Neuchâtel. — On ne connaît pas le contenu de celte nou-
velle noie. '
Il nous arrive sur les dernières séances do la conférence des détails ré-
trospectifs qui ne marquent pas d’un cerlam intérêt, même après la note
insérée au Moniteur. L’est surtout sur la question de l’évacuation que la
discussion a été vive. L’Ar.glelerre’ opposait autant de résistance qu’elle
pouvait décemment en déployer en présence des justes réclamations de la
Russie. Battua»sur ce terrain et obligée d’accepter le terme du 30 mars,
elle voulait faire ajouter au protocole celle phrase : à moins de force ma-
jeure. Celte restriction était trop contraire au but que se proposait la
Russie pour qu'elle jiut Cire acceptée. Dans la séance du 8 janvier la France,
la Prusse et la Sardaigne ont marché d’accord avec la Russie. Cependant
on n’a pas volé ; lord Cowley s’est rangé de l’avis de ses collègues et l’en-
tente a été complète.
L’Autriche et l’Angleterre ont tenu - on comprend aisément pourquoi,—
if ce que les procès-verbaux des deux séances ne fussent pas publiés ; ou
s’est contenté de constater les résultatsoblenus dans leprolocole. Le public
ne connaîtra doue pas, — pour le moment du moins, --les indiscrétions
sont le droit de l'hispoire, — la discussion qui a eu lieu dans les deux
séances. Nous le regrettons, car, si nos renseignements sonl exacts, cette
discussion a été très-intéressante sous plus d’un rapport, et renfermerait
pluis d’un enseignement.
Les dernières correspondances de Copenhague et de Stockholm alleslent
ies progrès de l’idée Scandinave : l’agitation gagne du terrain en Suède et
encore plus en Norwège. A Copenhague, on a cru trouver un indice des
internions du roi dans la nomination à la dignité de chambellan de M. Rote-
witt, président du Folkclhing. M. RÔlewiU est un des soutiens les plus dé-
terminés du scandinavisme.
La conférence de'Copenhague pour le réglement des péages du Sund don
dit-on, avoir, une nouvelle session vers le milieu de ce mois.
Le gouvernement espagnol poursuit son œuvre de réaction contre toutes
les réformes opérées par les Cortès constituantes, et qui touchent plus ou
moins aux intéréts temporels du clergé ; la Gazelle de Madril vient de pu-
blier un décret qui suspend l’exécution de la loi qui aulorisait le rachat des
Charges spirituelles et temporelles existantes au prolit des églises.
Les dernières nouvelles de Barcelone nous apprennent que le capitaine-
général, d’accord avec les principaux fabricans, est parvenu à triompher dm
mauvais vouloir des industriels qui avaient fermé leurs ateliers. Un grand
nombre de fabriques ont recommencé à travailler.
Nous avons sous les yeux ie rapport de l’amiral Seymour sur le bombar-
dement de Canton. Ce document est beaucouji trop étendu pour que nous
puissions le reproduire. — Les journaux anglais ne sont pas d'accord sur la
manière de juger la conduite de l’amiral. Le Mormng-llérald cl le Daily-
News la blâment sévèrement, le Morning-Post l’approuve sans réserve et
même il pousse l’hypothèse jusqu’à voir clans la résistance des Chinois le
résultat des encouragements d’une influence étrangère, évidemment celle
de la Russie.
Dépêche lélégrapSiique.
Vienne, 9 janvier
Métalliques 8Î 1/2.—Nationales 83 3 4. — Changes 10.19. — Les fonds
sont fermes.
Londres, 9 janvier.
Consolidés 94 1/4, 3/8 pour février. — Esp piastres 23 7/8 24. — Russes
b 0/0 107. — Stieglitz, 90. Le marché est faible et sans affaires.
Sénat.
Le Sénat a commencé hier la discussion des articles du bud-
get du département de la justice pour 1887. Il a adopté succes-
sivement les chapitres relatifs à l’administration centrale, à
l’ordrejudieiaire, à la justice militaire, aux frais de justice, aux
palais de justice, aux publications officielles et aux pensions et
secours.
Les vols nombreux et les faits de maraudage qui se commet-
tent dans les campagnes, ont été signalés à ce propos à l'atten-
tion de M. le ministre de la justice quia été invité à prendre
des mesures pour porter remède à cet état de choses, soit en
augmentant le personnel de la gendarmerie, soit en embriga-
dant les gardes-champètres. M. le ministre de la justice a re-
connu que le personnel de la gendarmerie était insuffisant ; il a
aussi reconnu, sur une observation présentée par M. de Re-
nesse que l’uniforme de ce corps était souvent un obstacle à
l’efficacité de son service, dans les cas où il s’agissait de consta-
ter des délits de maraudage ou de braconnage. Cependant, il
n a pas cru pouvoir promettre de modifier le caractère de l’ins-
titution des gardes-ciiampêtres.Le personnel de la gendarmerie
sera renforcé et il lui sera permis de se déguiser selon les be-
soins du service, sans l’autorisatien du parquet.
Apropos des traitements des membres de la magistrature,
M. Forgeur a critiqué la manière dont se font les nominations
dans 1 ordre judiciaire, en vertu de la circulaire de 1845 de M.
u Aaethan ; il a invité le gouvernement à revenir au système des
présentations, au lieu de sc borner à un simple avis. M. le mi-
nistre delà justice a prétendu que le système actuel laissait dIus
ne latitude au gouvernement et convenait plus à la dignité de la
magistrature.
Ce» autres articles seront discutés aujourd’hui.
Au début de la séance, M. le président a donné lecture d’une
lettre par laquelle M. le notaire Coppyn annonçait à ses collè-
gues sa démission de sénateur de l’arrondissement de Bruxelles.
Lette communication a été renvoyée à M. le ministre de l’inté-
rieur, qui aura ainsi à convoquer prochainement les électeurs
oe cet arrondissement pour pourvoir, à la double vacature,
créee par cette démission et par le décès de M. Wvns de Rnu-
court.
Réforme Douanière. — Meelliig tic Gant!.
On nous écrit de Gand, 9 janvier :
L'Association belge, pour-la réfoi me douanière a tenu hier un
meeting, à Gand, sous la présidence de l’honorable M. Lesoinne,
membre de la Chambre des Représentants. On savait d’avance
que rien n’avait été épargné pour empêcher cette réunion et
que rien ne le serait non plus pour que le but en fût manqué.
Ainsi,des conseils officieux avaient été donnés, d’une part; d’un
autre côté, on avait fait tout ce que l’on avait pu, pour qu’au-
cune salle ne fût mise à la disposition des réformistes. Ils en
avaient loué une, il y a huit jours; ils en avaient payé le prix,
on était parvenu à faire rompre la convention établie. Par quels
moyens? C’est ce que nous n’avons pas à dire, mais toujours
est-il qu’il s’est trouvé, à Gand, une feuille assez courageuse,
pour les trouver peu dignes d'une grande cité qui a la préten-
tion d'être hospitalière et libérale. Celle feuille, nous aimons à
la nommer, c’est l’Echo des Flandres.
Une autre salle a été trouvée et louée. Cette fois malgré les
démarches faites pour faire refuser le local, au dernier moment,
aux délégués de l'Association belge, pour la réforme douanière,
la salle est demeurée à leur disposition.
Dans l’intervalle, les protectionnistes n’avaient pas perdu de
temps, et ils étaient bien décidés à faire échouer la tentative des
partisans de la réforme. Us ont imaginé pour cela un moyen
bien simple.- Ç’a été d’empêcher la discussion, en la troublant,
depuis l’ouverture de la séance, jusqu’à ce qu’en présence de ce
parti-pris irrévocablement, M. Lesoinne se soit vu obligé de
prononcer la clôture, alors que la. moitié, à peine, des orateurs
inscrits avaient pris la parole — et encore, presque tous ceux
qui l’avaient eue, n’avaient-ils pu s’en servir librement. A cha-
que minute, à chaque seconde, pourrions-nous dire, ils étaient
interrompus, soit par des sifflets, soit par des clameurs si
bruyantes, qu’elles ne permettaient d’entendre qu’un seul mol,
sans cesse répété : Anglais, Anglais.
Les Anglais doivent être bien fiers et bien satisfaits surtout
d’inspirer tant de terreur à une partie de l’industrie gantoise, car
c’est une réclame que l’on fait en leur faveur, pour les marchés
neutres. Les étrangers iront-ils s’adresser à Gand, pour ache-
ter les produits de l’industrie eotonnière, lorsque les fabricants
de cette ville proclament eux-mêmes l’impuissance où ils s’ima-
ginent être de soutenir la concurrence anglaise, môme celle de
l’Allemagne et delà France, dans leur propre pays, avec un
droit de douane de 20 p. c., réductible, dans un temps plus ou
moins éloigné, à 40 p. c. Nous croyons qu’ils consultent mal
leurs intérêts.
Nous regrettons , en conséquence , l’attitude véritablement
sans exemple qui a été prise hier, au nom de leur industrie. Les
hommes qui les ont invités à les entendre s’expliquer sur les
grands intérêts de ce que l’on appelle le travail national, consi-
déré dans son ensemble et dans ses principales branches, mé-
ritaient , certes, d’être beaucoup mieux accueillis et d’être
écoutés avec calme. Nul n’était obligé de se rendre à leurs rai-
sons, si elles n’étaient pas convaincantes, mais la convenance
la plus vulgaire exigeait qu’elles lussent du moins entendues et
pesées.
Il en a été tout autrement. M. Lesoinne, qui a pris le premier
la parole, pour exposer les motifs du meeting, a été, tout
de suite interrompu, et Dieu sait cependant si le discours de
l’honorable président était modéré, plein de bonnes intentions
et de bonnes idées.
M. Ad. Lehardy de Beaulieu , ayant choisi pour thème l’ori-
gine de la douane et les avantages du libre échange, à ses
divers dégrés , appliqué tant aux individus qu’aux peuples ,
regardé aussi comme élément de civilisation , a rencontré éga-
lement dans l’auditoire des personnes mal disposées. De même
M. Gouvy, qui pourtant, en se citant lui-même en exemple ,
ainsi que toute l’industrie lainière , convertie aux principes de
la liberté du commerce, après avoir été aussi protectionniste
que l’industrie cotonnière, et s’en trouvant très heureuse, don-
nait d’excellents conseils aux Gantois ; de même encore MM.
Meyer et Snoeck dont les discours n’ont pu être entendus tout
entiers. Un seul orateur a trouvé grâce, c’est M. Huget, fabri-
cant de machines à Verviers. Les fabricants de machines ,
établis à Gand, ayant les mômes plaintes que lui à élever contre
le protectionnisme , il a été écouté avec calme , et aucun sifflet
n’est venu troubler les applaudissements dont son discours a été
couvert.
En somme, ce qui s’est passé hier à Gand, nous paraît
profondément regrettable, non pas pour la cause de la réforme
douanière, dont le succès n’en demeure pas moins assuré., mais
pour la ville de Gand même. L’effet qui en résultera dans le
reste du pays ne lui sera point favorable.
On lit ce qui suit dans le Journal de Gand, du 8:
« Nous apprenons que l’industrie pantoise estrésolue à ne pas sc présen-
ter dans le meeting de ce soir. 11 paraît que nos industriels avaient fai taux
membres-directeurs de l’Association réformiste, la proposition de discuter
en comité et non en public, et que cette proposition loyale aurait été reje-
tée. Pourquoi ? nous l'ignorons ; mais nous regrettons la résolution du
comité de l’association réformiste, parce qu’il doit comprendre que chacun
n’est pas prêt à accepter ainsi, sans habitude de la parole, une discussion
grave devant un auditoire nombreux. Après tout, il ne s’agit que de s’éclai-
rer, et la discussion en petit cercle n’aurait point empêché l’Association ré-
formiste de donner ultérieurement une séance publique, s’il le croyait en-
core utile et juste, après les explications qui auraient été échangées, »
Il résulte des explications données hier soir au meeting, par
un des délégués, que c’est précisément le contraire qui a eu
lieu. Ce sont les réformistes qui ont fait aux membres du sous-
comité protectionniste gantois la proposition de discuter à buis-
clos la question de la réforme douanière. Ceux-ci ont dit qu’ils
réfléchiraient et, hier matin, ils ont lait dire qu’ils n’acceptaient
pas la conférence. -
Du reste, dans la réunion du soir, M. Lesoinne a plusieurs
fois déclaré qu’ils n’avaient qu’à fixer eux-mêmes le jour qui
leur paraîtrait le plus convenable, pour discuter spécialement et
uniquement la question eotonnière.
Warrants. '
Une considération, qui devrait primer toutes les autres dans
les contestations qui peuvent-s’élever entre négociants, c’est la
question de bonne ou de mauvaise foi.
Les lois commerciales n’ont été faites que pour protéger l’une
et combattre l’autre. Malheureusement, elles ne sont pas tou-
jours suffisantes pour atteindre ce but et souvent, dans les
questions les plus simples, la décision du juge dépend, non de
la véritable signification de la loi, mais de la manière dont il
veut bien la comprendre.
Ceci est très regrettable, d’autant plus regrettable que si le
juge voulait bien prendre pour guide l’esprit de la loi et rien
que cet esprit, la bonne foi commerciale triompherait toujours,
et non pas la chicane, comme il n’arrive que trop souvent. Nous
en avons l’exemple dans une affaire qui vient d’émouvoir gran-
dement le commerce de Londres, et dans laquelle est inter-
venue une décision finale, bien faite pour justifier le bruit qui
s’est faite autour d’elle.
Il s’agit d’une affaire de warrants. Celui qui a reçu de bonne
foi des marchandises en gage, qui a prêté de l’argent sur ces
marchandises, les croyant fermement la propriété du débiteur,
peut-il après un laps de temps considérable, et alors qu’il a dû
faire vendre le warrant pour se couvrir de ses avances, être
forcé de payer à un tiers se disant trompé par celui qui
a fourni le warrant, la somme qu’il avait récupéré par la
vente du gage. La^raison dit non, ainsi que la loi ; mais le juge
dit parfois oui, même lorsqu’il est convaincu de la bonne foi du
préteur, comme le prouve l’exemple en question* dont nous
traduisons la relation sommaire du Times. Voici comment le
fait est raconté par ce journal :
« A la fin de 18L3, une personne du nom de Anderson, regardée géné-
ralement comme un homme respectable, obtint de M. Kingsfort un ordre
de lui délivrer une certaine quantité d’acide tartarique, sur la quelle il em-
prunte plus tard de MM. Merry et (ils une somme de 2009 livres, éiî leur
donnaru un warrant pour leur sûreté. Anderson avant failli peu de temps
après, et avant été convaincu de fraude, l’acide lut vendu par MM. Merry,
qui se payèrent des 2009 livres avancées, et remirent le surplus aux
créanciers assignés. Entretemps on découvrit qu’Anderson avait obtenu
l’acide par des moyens peu honnêtes et après une année emtere, pendan.
laquelle aucune démarche ne fut faite, M. Kingsford porta plainte contre
MM. Merry et fils popr le produit de la vente. MM. Merry repondirent qu ils
avaient prêté les 2000-livreâ sur le warrant bond fide et sans connaisbance
aucune des moyens qu’Anderson avait employés pour se procurer’ 1 acti .,
ce qui fut admis. Ils objectèrent que si on les eut avertis , lor- ffu -
fraudes d’Anderson furent découvertes, les deux parties auraif.nt ^
faites, puisqu’ils n’avâlêîii pas en ce cas payé lé surplus aux '
signés. Là dessus une action fut intentée pi* M. Ku)«»f°rû contre il... 1 - y
devant le lord chef baron Pollock el un jury spécial. ; „
» Le juge décida que Merry devait être renvoyé de laplairi.f- cl s « *
quer que « si une transaction bond fide comme celle-ci pouvait être . '
mée , personne r.e serait plus couvert par un warrant, et les affaires de-
viendraient impossible» dans une grande ville comme Londres. » Cette
décision fut prisé du consentement unanime du jury et Kingsford étant
allé en appel contre elle, le jugeibefit du premier juge fut continué. Mais
alors il en appela à la cour de la chambre de l’échiquier,- et cette cour an-
nulia la décision. Ce résultat a produit une grande sensation parmi tous les
négociants et MM. Merry ont senti la nécessité de porter les faits à la con-
naissance du public, se contenlant de faire la remarque suivante : (
» Toutes observations dans ce cas sonl jugées inutiles. Comme il n’a
pas été publié de compte rendu régulier du procès dans les journaux, cette
relation sommaire a pour but de mettre les faits sou s les yeux du com-
merce, pour démontrer le manque de fùrelé qui menace toutes les transac-
tions par suite du jugement delà cour de la chambre de l’échiquier; de
faire voir qye les Warrants et les ordres de livraison que l’on a regardés
jusqu’ici comme des garanties valables et des sûretés peuvent devenir très
dangereux; et enfla dans l’espoir que tout cela engagera les marchands et
les négociants à faire les démarches nécessaires pour obtenir du Parlement
un acte, qui puisse remédier aux défauts de la loi existante. »
Il est de fait qu’une loi, que fon peut expliquer de deux ma-
nières aussi différentes, laisse quelque chose à désirer. Cepen-
dant, qu’on ne s’y trompe point, avec la loi la plus complète, la
plus explicite du monde, des cas de ce genre peuvent se pré-
senter et se présenteront chaque fois que l’on perdra de vue la
considération, dont nous parlions plus haut, la considération
de bonne foi. Un proverbe dit que c’est souvent le juge qui fait
la loi. Ce proverbe est fort juste dans l’espèce, puisqu’efi'ective-
ment il a dépendu du juge de donner une application bonne ou
mauvaise aux termes deTa loi.
Ea attendant que l’on obtienne du parlement anglais un acte
qui remédie aux défauts de la loi existante, voilà les warrants
frappés de discrédit à Londres et peut-être dans toute l’Angle-
terre. En rendant le prêteur sur warrant responsable du man-
que de prudence, de la trop grande facilité, de la négligence du
négociant donnant un ordre de livrer ou vendant sa marchan-
dise sans avoir pris ses précautions, on lui enlève toute con-
fiance dans ce gage, on tue ce gage, dont l’emploi est souvent
si utile. Il serait fortement à désirer que le parlement anglais
s’occupât bientôt de cette grave question, et qu’il prit les me-
sures nécessaires pour rendre aux warrants toute leur valeur,
et pour faire disparaître le discrédit dont la décision du dernier
juge vient de les frapper.
On écrit d’Alli, le 6 janvier à l’Observateur : .
« Monsieur le Rédacteur, ,
L’élection d’un conseiller communal qui a eu lieu hier, n’a pas élé aussi
favorable au parti libéral que nous aurions pu l’espérer. M. Lor, le commis-
saire du gouvernement, a ob'enu 241 voix ; M. Desmedt, le candidat libé-
ral, en a réuni 133.
» Rapproché des circonsiances dans lesquelles l’élection s’est faite, ce ré-
sultat n’est cependant qu’un succès bien insignifiant pour le bourgmestre
nommé hors du conseil. Chargé par M. le ministre de l’intérieur de remplir
une mission de paix. 11. l.Sr a disposé pendant seize mois de toutes les
influences. En l’absence de tout eonirôle, do toute action d’un conseil
communal dispersé, conservant un pouvoir de dictateur, prodiguant à plei-
nes mains les menaces et les promesses, il a disposé de tous les moyens
possibles de faire des créatures, de recruter des suffrages. _
» Décidéà se mettre sur les rangs pour le conseil communal, il a choisi
une date qui fui permît de préparer sa candidature sans aucun embarras,
sans difficulté, en dehors de l'influence légitime des chefs du parti libéral
d’Alh, qui, le lendemain seulement de l’élection, devaient être rendus à la
liberté. Maître du lerraiù électoral, M. Lor a mis en campagne tous ses
agens, a fait intervenir des fonctionnaires, entre autres le directeur de
l’école moyenne, qui jusqu'alors s'étalent toujours abstenus. Eh bien !
malgré tous ses moyens d’action , malgré l’animosité de ses cour-
tiers, M. Lor-le-paciflcateur a vu 133 protestations se dresser eonlre
lui. C’est ainsi que s’accomplissent les prophéties de M. De Decker qui
disait à la Chambre, il y a seize mois, qu’il suffirait que M. Lor administrât
la ville d’Alh pendant une courte période, pour rallier tous les opposans. »
Manifeste des protectionnistes.
Comme, à l’envers, de nos adversaires, nous tenons à éclai-
rer l’opinion publique, à ne rien lui laisser ignorer , dans la
grande question de la réforme douanière, qui se débat mainte-
nant même, nous reproduisons à titre de renseignement, le
document qui suit. Nous aurons à l’examiner:
Adrestte au ItoS.
Sire,
L’industrie, inquiète, met toute sa confiance dans les lumières et la haute
prudence du Roi.
Le souverain, dont l’un des plus beaux litres, en face de la postérité,
sera d’avoir su développer dans le pays qu’il gouverne tous les germes d’une
prospérité jusqu’alors inconnue, saura défendre sa politique commerciale
imprudemment attaquée : le commué central de l’Association pour la dé-
fense du travail national éprouve tout d’abord le besoin d’exprimer cette
pensée qui le rassure.
Depuis 1830, si l’industrie a réalisé des progrès, si le commerce exté-
rieur a grandi dans d’immenses proportions, si les produits de l’agriculture
ont compté d’année en année des acheteurs plus nombreux et pourvus de
ressources plus grandes,si les propriétaires ont vendu ou loué leurs immeu-
bles à des prix plus élevés, il serait injuste de le méconnaître, la politique
commerciale imprimée au gouvernement, cette politique qui a couvert d’une
protection sage et modérée toutes les branches d’industrie, suivant que les
circonstances l’exigeaient, a exercé la plus heureuse influence.
Cette politique a encouragé les industriels, rassuré les travailleurs natio-
naux, donné aux capitaux la hardiesse qui leur manque presque toujours.
Le gouvernement a trouvé à plusieurs reprises, dans le tarif de douane
due nos législatures successives ont contribué à compléter et souvent à
affermir,, les moyens d’obtenir des Etats voisins des concessions dont le
travail national a su tirer un parti avantageux.
Le tarif dans son état actuel n’a rien d’excessif, il ne prohibe à l’entrée
aucun produit manufacturé de provenance étrangère ; il laisse entrer libre-
ment tous les produits, toutes les matières premières de grande consomma-
tion et de grand commerce qui ne sont pas les produits de notre sol.
Sons un pareil régime, aucun monopole à l’intérieur n’est possible.
Aucun consommateur ne peut dire qu’il est entravé dans sa liberté
d’action.
Cela eslsi vrai que l’on pourrait hardiment demander aujourd'hui où sonl
ceux qui se plaignent du tarif et répondre qu’ils n’existent nulle part ni en
nombre ni en importance.
Le pays était dans une situation paisible; aucune branche d’industrie
manufacturière ne venait assiéger ni le gouvernement ni les chambres de
ses doléances. *
L’amour du pays grandissait avec l’estime que la Belgique, grâce à la
sagesse du Roi, conquérait au dehors.
Nos classes ouvrières obtenaient un travail facile et des salaires qui s’é-
levaient depuis quelques années d’une manière continue.
Rappeler que c’est le travail, que ce sont les salaires élevés qui atté-
nuent les crises alimentaires ou les éloignent, ce serait redire du roi ce
qu’il a dit avant le comité, en plus d'une circonstance solennelle.
L’agriculture ne songeait pas à provoquer des changements,car elle pros-
pérait.
Le commerce, à son tour, dont les spéculations peuvent atteindre sans
obstacle et sans entrave toutes les denrées, toutes les marchandises d’un
grand usage, se déclarait satisfait.
Des transports plus accélérés, plus économiques, des moyens plus nom-
breux de se mettre en rapport avec les pays d’outre-mer, d'une part, avec
les consommateurs, d’autre part ; des formalités administratives moins len-
tes et moins Iracassières : voilà quel était le but de ses réclamations, voilà
où tendaient tous ses efforts.
Depuis que les docteurs du Libre-Echange ont rencontré quelques adeptes
dans trois ou quatre de nos villes, qu'arrive-t-il ? Le tableau de noire
situation se rembrunit, les passions s’éveillent et la vérité va bientôt dis-
paraître au mili.eu des allégations et des accusations qui se croisent.
Un résultat certain, inévitable d’une application intempestive du Libre-
Echange serait de compromettre nos relations avec les gouvernements
votsitu, car il rendrait désormais impossible tout traité de commerce, il
paralyserait le gouvernement dans les concessions qu'il peut aujourd’hui
encore réclamer en échange de concessions équivalentes qu’il peut offrir. Il
amènerait des crises locales et infailliblement des réductions de salaire.
l.e pays, sous le rapport industriel, se verrait livré au hasard d’expé-
riences incertaines. ■ <
Qui donc peut nous pousser dans de pareilles aventures 'I
Tant que les Etals qui avoisinent la Belgique maintiendront leurs barriè-
res, il y a nécessité de maintenir les nôtres. Il y aurait un immense danger
à les supprimer. '
Sire, puisqu’après vingt-cinq ans de "règne, Votre Majesté a eu le rare
bopheur d’entendre tout un peuplé déclarer qu’il était heureux de sa situa-
tion, quel besoin y a-t-il de c-Qurir dans des voies nouvelles et inconnues,
quand Voire Majesté a su si bien conduire le pays par des voies que le Roï
connaît? . .
Réciprocité, concession contre concession, ponr étendre nos relations de
plus en plus avec tous les états voisins : telles sont les seules bases de la
politique commerciale pratique qu’un peuple industriel puisse adopter.
Cette politique a été la vôtre, Sire, depuis 4830 ; le cdœité central,ea re--
mereîant respectueusement le Roi des inappréciables tf-rvices qu'il en a
reçus, lui demande avec instance la continuation de son ^Beetqeuse et
prévoyante sollicitude.
Les vœux des industriels et de tous les travailleurs, dont le comité cen-
iral est le fidèle inlerprête, ne vont pas au-delà du statu quo actuel dans
notre régime de douane.
Ce régime n’est pas un obstacle, mais une arme défensive ; il réserve, il
assure tous les progrès de l’avenir ; en attendant, il opère comme un bou-
clier derrière lequel le Roi peut contempler avec bonheur toutes les mer-
veilles qu’enfante cette armée patriotique de travailleurs, pour la gloire et
la richesse du pays, pour l’affermissemenl de sa nationalité,
Les membres du comité central ont l’honneur d’être,
Sire,
De Votre Majesté,
Les très-humbles et très-obéissants
. serviteurs,
Le Président : Rey ; . . . . . , . , . . „ ,
Les vice-président : Fritz Behr, administrateur-général ds la Société des
hauts-tourneaux de l'-Espérance, à Seramg ; Maniliüs, de Gand ; Dupont,
du Fayt ; F. Scheppers et Tournay-Sîevens.
Les membres ; Vander Elst ; de Grand’Ry ; Berle.hSNt-Rey ; Parmentier;
Beruemont-Delvâux : De Burces-Rey; Jules Leclère ; Rd. Wauckiers;
Ferdinand Van de Vin ; Ch. Verhulst ; G. De Decker ; Cit De Rongé;
Deyries ; desmet, directeur de la société la Gantoise pour la Filature de
lin ; Van Acker (Gand) ; Voortman (Gand) ; Sacré (Saint-Giiles) ; Rops
(Namur) ; Hendrickx-Demaer.(Saint-Nicolas); Lâchez (Tournay); üemoor-
Meeus (Lokeren).
le steamer CoBstilulion.
Les lignes suivantes du Moniteur confirment entièrement ce
que nous disions avant-hier:
« Les nouvelles de New-York annoncent l'heureuse arrivée en ce port du
steamer belge Constitution, capitaine Pougm.
» Ce steamer, parti de Sfouthampton, le 23 novembre à midi, est entré
dans la baie de New-York le 20 décembre à une heure du matin, après une
navigation de vingt et un jours et demi.
» Sur ces vingt et un jours, il n'y a eu que quatre jours de beau temps
avec vent favorable, et cinq jours de temps maniable ; tout le reste du
voyage n’a été qu’une sucéession de vents contraires, de bourrasques, de
rafales, de houles , de coups de mer et môme de tempêtes, avec pluies,
neiges et fortes gelées.
» Le navire s’est généralement bien comporté ; les mâts en 'er n’ont pas
travaillé. L’une des machines a élé endommagée, Quelques dispositions
intérieures onl aussi laissé à désirer.
» La cargaison paraît être parfaitement intacte. L’état sanitaire de
l’équipage et des passagers était excellent. _
» La réparation des avaries peu graves du navire et celle des machines
auront lieu pendant le temps que le capitaine comptait passer ici en tout
état de eau,e, pour n'avoir pas à attendre à l’entrée de l’Escaut.
» Celte traversée dè 21 jours, qui peut sembler longue au premier abord,
se irouve être cependant à peu près dans les conditions de la saison. Le
Hermann de Blême, dans son 22e jour depuis son départ de Soulhampton,
n’est pas encore signalé ; le Borrussia de Hambourg, qui a si bien débuté,
vient de mettre 20 jours à la traversée qu’il accomplissait jusqu’ici en 14.
On sait d’ailleurs que plusieurs des steamers partis d’Angleterre vers la
même époque que ia Constitution ont rebroussé chemin avec de grave»
avaries tandis que le vapeur belge à hardiment continué sa route.
» Les marins que la Constitution avait à bord ont admiré la maniéré
dont le navire s’est comporté, et leur opinion, partagée par les passagers,
s’est répandue dans le public.
» Ainsi cette seconde épreuve doit être considérée comme satisfaisante,
et on pense qu’il ne manque plus, pour établir la réussite définitive de la
ligne, que de continuer un service aussi régulier que possible ; car ce que
demande le public pat dessus tout, ce sont des résultats durables, c’est une
exploitation permanente et suivie sur la quelle il. puisse foncier des calculs,
et des opérations commerciales. »
-----------—s—» ■---------------------- ---------
Commerce de ia Belgique avec les pays étrangers.
Du 1er janvier au 31 décembre 1836, en ce qui concerne
les principales denrées alimentaires.
IMPORTATIONS
en consommation.
du 16 au
31 déc.
du 1er
janv. au
51 déc.
EXPORTATIONS
BELGES.
du ltr
du 16 au 'janv. au
31 déc. I 31 déc.
GRAINS.
Froment...................
Seigle....................
Avoine.....................
Blé noir ou sarrasin......
Fèves, féverolles et vesces ..
Orge et escourgeon.........
Farines...................
Fécules ...................
Pommes de terre............
Riz .......................
kil.
kil.
kil.
»
»
449520
»
132181
176173
«
837431
kil.
»
»
2196727
»
1321491
2858004
»
17921691
3045827 99707336
492890 11629840
607499 11647!52
2611 3327031
504832 3939620
1713201 26470958
63018 5280663
5859 92996
51264 4092672
1783230 35429214 ,
Situation de l’Entrepôt d’Anvers à la dale du 31 décembre.
Froment, 5,151,017 kil, ; seigle, 497,214; blé noir ou sarrasin et maïs,
154,719 ; fèves, fév. et vesces, 792 ; farines, 354,866; riz, 311.
Situation dans les autres Entrepôts à la même date.
Froment, 68,072 kil. ; farines, 51,28t.
Transit.—l&s quantités exportées en transit, depuis le 1" janvier jusqu'au
31 déc. 1856, sonl : 26,195,822 kilogram, froment; 21,179,916 kilogrammes
seigle ; 2,328,583 k'tiogr. blé noir ou sarrasin el maïs.
Enlèvements pour la distillation. — Les quantités enlevées d’enlrepôt
pour la distillation sont comprises parmi les mises en consommation.
Elles se sont élevées pour la période du lr janvier au 51 déc. 1830, savoir
seigle, 4,196,359 kil.; sarrasin et maïs, 645,269 kil.; farines 140,255 kil.
CHINE.
Nous recevons de la Chine, dit le Moniteur de la Flotte, des
nouvelles qui empruntent aux circonstances actuelles un grand
intérêt, et présentent sous un nouveau jour l’insurrection qui,
depuis sept ans, parcourt les provinces du Céleste-Empire.
L’armée insurrectionnelle a livré le 6 novembre une nouvelle bataille
aux troupes du gouvernement, et jiour la première fois les autorités impé-
riales ont évacué complètement la ville de Shang-Haï et se sont retirées sur
les bâtiments fie l’escadre chinoise.
Le chef des révoltés, pour exciter le zèle des ennemis si nombreux de la
dynastie régnante» se fait passer aujourd hui pour le dernier descendant
direct des Ming. Oasaitquela dynastie des Ming a été renversée paries
Tarlares Manlchoux, et que le premier empereur de cette nation a com-
mencé son règne en 1644. L’empereur actuel est son héritier, et c’est pour
celte raison que ses ennemis considèrent sa famille comme une race
étrangère imposée à la Chine.
Aussitôt qu’il a été installé de nouveau dans Shang-Haï, le
chef Tien-Te a fait publier par son chef d’état-major général la
proclamation suivante, qui n’a pas encore été imprimée en
Europe et qui est très curieuse :
« See-Too, premier aide généralissime, ayant au nom> de mon chef su-
prême la conduite des affaires militaires et ayant été nommé à la date
d’hier orand magistrat de Shang-Haï, en remplacement du magistrat, qui à
pris laPfuite, parce qu’il n’osait soutenir nos regards, publions cette récla-
mation dans le but d’annoncer le renversement définitif des Tarlares el la
restauration de la glorieuse dynastie des Ming,qui a donné au pays dix-sept
règnes immortels. En agissant comme nous le faisons, nous obéissons aussi
?ux désirs du peuple assemblé autour de nous pour exterminer ies Tarlares
Manlchoux et ies faire disparaitre à jamais de la teriwLorsque nous étu-
dions avec soin les empereurs, de la grande dynastie des Ming, nous voyons
que leur extérieur et leurs vêtemens étaient beaux el imposant de façon à
pouvoir transmettre leurs traits et leur mémoire à cent générations, tandis
que ces hideux Tarlares, aussi peu élégans qu’ignorans des principes de la
justice sont cause que maintenant nous ressemblons à des animaux, ce cjui
prouve qu’eux-mêmes ne sont pas des hommes. . .
Ces obstinés Tarlares ont jeté sur notre nation un cachet de malheur qui
dure encore Nous avons levé l’étendard et le glaive de la justice pour les
exterminer;’ dans quelques jours, ayant pris les rênes suprêmes ; nous
viendrons dire au peuple de quelle mauière il doit s habiller ; en attendant,
soignens nos troupes victorieuses afin qu’elles puissent se livrer avec joie
et bonheur à l’accomplissement de leurs grands travaux.
Maintenant, Shang-Haï n’est qu’une ville en décadence : ce qu cile pro-
duilestinsuffisant. Notre devoir est done de veiller non seulement à ce qu’il
soit pourvu aux besoins des soldats, mais encore à ce que le peuple ait son
nécessaire. Antérieurement quand un navire arrivait dans leport,iiappor-
tait beaucoup de riz. Pourquoi en est-il autrement ? ...
Donc, moi, aide généralissime cl depuis peu magistrat supérieur de
Shang-Haï, j*1 crains que le riz ne devienne aussi rare que les perles et le
bois de cbauflage,que la cannelle, et qu’on ne soit pas un jour suffisamment
approvisionné : c’est pourquoi je publie celle proclamation qui sera aussi
répandue que les feuilles des arbres, pour engager la noblesse et le peuple à
annorter le plus de vivres possibleà Shang-Haï et inviter les marchands de
tous les endroits à venir commercer ici. ce qui, d’un côté sera bon pour le
gouvernement des Ming et de l’autre allégera avec juste raison, les anxiétés
du peuple. — Ne faites pas d’opposition ! — vous entendez ?
Communication spéciale. |