CHAPITRE IX. « L’Escaut aime à rouler ses ondes sous la protection de celui qui commande au Tage, au Gange, au Rhin et à l’In- dus ; et ces mêmes vaisseaux, que jadis il portait sous le pa- tronage de votre grand-père César, il est prêt à les porter sous vos auspices, Ô grand Philippe ! « Le sénat et le peuple d'Anvers ont inauguré ce monu- ment le 17 mai 1624. » 49. Le marché du Vendredi. Dans presque toutes les villes de Belgique, on trouve, sous cette rubrique, une place affectée à la criée des marchan- dises d'occasion, qui a lieu tous les vendredis matins. Mis- tress Trolloppe en fait cette description, qui a de la vérité et du piquant : « Ces marchés, dit le spirituel b/ue-stocking, valent la peine d’être vus. Ils se tiennent sur quelque place de la ville et offrent un très-singulier spectacle. Des lits et d'anciennes peintures, des chaudrons et de vieux habits, des pincettes et des bouquins, y sont étalés pêle-mêle. On n’ima- gine pas d’où peut sortir tout cet hebdomaire amas de vieilleries ; mais ce que l’on conçoit moins encore, c’est la quantité de personnes respectables, dont quelques-unes du plus haut rang, qui se figurent tous les sept jours qu’elles ont besoin d’un tas de pareilles guenilles ; cependant je dois dire que je n’ai jamais vu un marché du vendredi qui ne füt pas encombré. » À Anvers, le marché du vendredi a cela de particulier, qu'il est situé devant la belle maison de M. Moretus, que décore une belle sculpture de Quellyn, placée au-dessus de la porte. Ce haut-relief a pour prétexte un Hercule et une déesse qui, de sa main, déroule un papier où l’on voit, avec une paire de compas, cette devise : Labore et constantia, de- vise qui fut celle du fameux imprimeur Christophe Plantin, né Français, naturalisé Anversois , mort en 1610, laissant une immense fortune , plus heureux en ceci que ses devan-