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Trente-septième année. -* lü° ÎU
21 Aoûl 1872.
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3«cl.,3.45,4.50,5.50.7 E. 1« 2» et 3« cl.,8.25,8.45, 'P* E. 1», 2« et 3» cl., p. Brux.i - Lierre 5.55,
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1» 2* et 3« cl.,8.45. — Alost 5.55,9.50,1.18,3. .45.- Lokeren5.55,9.50, 12.35.4.50 E. 1«, 2«et 3«
cl., >*.25. — Ninove, Gramm., Lessines, Ath (par Brux. 5.55,9.50, 1.18, 3.45,7 E. 1«, 2» et 3e
cl. (Ninove).— Bruges, Ostende,5.55,9.50,10.50,3.45, 4.50 E. Ie, 2" et> cl. — Courtrai,Mous-
croc. Tournai et Lille 5.55, 9.50,12.35, 3.45,4.50 E. 1«, 2» et 3»cl. — Calais 5.55, 12.35, 3.45S.
1* et 2«Cl., 4.50E. 1« et 2°cl.-Louvaiu5.55,9.15 E. 1«, 2* et 3° cl., 9.50.12.35,1.18, 4.50, 7 E. 1«
2*et 3« cl., 8.25,10-E. 1* et2« cl. — Tirlemont, Liège et Verviers 5.55, 9-15 E. 1° cl., 9.50,
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ô’Anvers pour Lierre, Herenthals et.J.'ufutiout ft.05, 11.03 et. 5.45 soir.
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BATEAUX A VAPEUR. - Départs d’ANVERS (Veerdam) pour Boom 7, 9, 11, 3, 5.30;
pour Hamme, 8h. matin; pour Rupelmomle 7, 8. 11, 3, 5.30,7; pour Fort Frederick 6 h.
soir. — De Boom pour Anvers 6, 9, 11, 2.5. — De Hamme pour Anvers 1 h. après-midi. — De
RrPELMONOE pour Anvers 5:30,6:30,9.30,11.30. 1.45, 2.30. 5.3Ó. — De Fort Frederick
pour Anvers 6 h. matin.
Bruxelles,Office de Publicité, ru»
de la Madeleine, 46.
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mav, â Rrfterdam, et tous les Di-
recteurs de postes du royaume.
paris, Havas, Lafitte, Bullikr
et Cle, Place de la Bourse, 8.
Londres, Dblizy Davies et Cle, 1,
Cecil Street, Strand, et A. Maurice
13, Tavistock Rovr, Covent Gar
den.
Annonces la petite ligne" de vingt
cinq lettres..............fr.O.&i
Réclames (flndujourn.) lalig.» 0.75
Faits divers.......... » • 1.5Ô
Rubrique Anvers....... • • 2.50
Les annonces sont mesurées
au iiguomètre. Les titres se paient
d’après l’espace qu’ils occupent.
RESUME POLITIQUE.
La session des conseils généraux s'est ouverte en
France avant-hity. Cette première séance a été prin-
cipalement consacrée à l’élection des présidents, vice-
is4sidaâl3-2t secrétaires. D'après l'agence Havas, la
cêm'nïisition des bureaux est généralement la meme
nue l'an dernier ; il y a cependant lieu de signaler dès
r présent quelques exceptions, notamment dans le
Cher et dans la Seine-Inférieure. Les dépêches con-
statent que les ministres,membres des assemblées dé-
partementales ont tous été portés à la présidence.
Les troubles de Belfast ne sont pas encore terminés* i
d’après les nouvelles qui nous arrivent d'Irlande, ils*
se sont même aggraves. Depuis le 15, catholiques et
protestants demeurent en présence et se livrent des
combats acharnés, malgré tous les efforts de la police
et de l'autorité municipale. Les pierres et les briques
volent de toutes parts ; les gourdins fout.leur office ;
les armes à feu se mettent elles-mêmes de la partie.
Dimanche, 5 personnes ont été tuées; oïl peut juger
par là du nombre des blessures et, des contusions. On
continue des deux parts à casser les vitres et a sac-
cager les maisons du parti adverse. Les boutiques
sont fermées, et les affaires sont momentanément sus-
pendues dans cette industrieuse cité. Il n’;v a certai-
nement aucune conséquence générale à t irer de ces
désordres fout locaux, mais il est cependant temps
que cette affligeante situation cesse et que ces vio-
lences sauvages prennent lin. Les autorités de Belfast
sont., du reste, parait-il, en voie de prendre les me-
sures les plus vigoureuses. Des agents de police et
des troupes ont été mandés de tous les points du pays ;
on s'apprête à enrégimenter des constables spéciaux;
on parle de proclamer le Riol act, une sorte <réquiva-
lent de la loi martiale, et le maire de la ville a lancé une
proclamation ordonnant aux soldats qui occupent les
rues et qui ont déjà reçu plus d’un mauvais coup en s’in-
terposant entre lès combat! ants de faire usage de leurs
armes. Le Times, en racontantes faits,prend textede
là pour exprimer le regret, qu’on ait abrogé dans la.der-
niôre session la loi qui interdisait les processions de
parti. » Le gouvernement, dit-il.croyait pouvoircomp-
ter sur l’esprit d’ordre et le paix de toutes les classes ;
cette confiance n’a pas été justifiée par la conduite
d’au moins une des deux factions entre lesquelles la
pomiiation est partagée.» Cette faction est celle des
Orangist es. C'est sur les Orangemen que le journal de
là Cité'rejette la responsabilité des désordres actuels.
1! rappelle que naguère les catholiques avaient pai-
siblement laissé leurs adversaires célébrer leurs an-
niversaires par des manifestations publiques , et
qu'on était en droit de s'attendre à ce que ces der-
niers fisssent de leur côté preuve de la même tolér
rance : •• Le fait patent, déclare-t-il,c’est que le 12 juil-
let et le 12 août, le parti orangiste a pu faire ses dé-
monstrations sans obstacle, et, que le 15 août le parti
catholique romain a été empêché et attaqué.» On voit
que pour n’avoir aucune sympathie pour les parti-
sans de Rome et du home riile, le Times n’en fait pas
moins preuve d’impartialité.
Le correspondant de Paris du Standard affirme,
qu’à la conférence des trois empereurs, l'Allemagne et
la Russie proposeront un congrès européen pour sanc-
tionner les changements territoriaux issus de la der-
nière guerre. Cette idée aurait, été verbalement com-
muniquée au Danemark, à la Belgique, à l'Italie, à
l'Espagne et à la France.
Une feuille légitimiste nous annonce une bonne nou-
velle, la fin de l’insurrection dans la Navarre. » Les
volontaires royaux, dit-elle, ont déposé les armes en
Navarre; mais ils ne sont pas vaincus. Le bruit des
batailles a cessé; mais la révolution n’a pas conquis lés
âmes. » Soit; les carlistes sont vainqueurs à ce point
qu’ils sont obligés de rentrer chez eux. Que serait-ce
donc s'ils étaient vaincus? Mais il ne faut pas les chica-
ner sur la question des lauriers. Le prétendant est ren-
tréà Genève, et les volontaires royaux mettent bas les
armes parce qu’ils sont, vainqueurs.Tout est donc pour
le mieux. Ne leur en demandons pas davantage et
souhaitons, dans l’intérêt de l’Espagne, nue la victoire
qu'ils viennent de remporter leur suffise pour long-
temps.
Le Daily Telegraph affirme derechef que toutes
les questions principales ont été résolues par la cour
arbitrale de Genève et que le seul objet en discussion
aujourd'hui est, la question financière.
La décision finale est attendue dans quelques jours.
Le miuistê -e espagnol entend jouer franc jeu vis-à-
vis de la nation et marquer, dès l’abord,son programme
politique par un ensemble de lois destinées à assurer
au pays toutes les conquêtes de la révolution. M. Zo-
riila a déclaré dans une réunion d'électeurs, que ces
projets de loi seraient présentés aux Cortès au com-
mencement de la session Sur deux questions capita-
les. la question religieuse et celle des finances,
le ministre s’est exprimé d’une manière ua peu vague,
sans préciser comment il entend résoudre ces grands
problèmes. Quant aux partis qui agitent la Péninsule,
le ministre a désigné celui des alplidnsisr.es' comme lo
plus disposé en ce moment, à troubler l’ordre public.
I)u reste, le gouvernement est. décidé à réprimer sévè-
rement toutes les tentatives de désordres, de quelque
part qu’elles viennent.
Pourquoi donc? Quarante, c’est un très-beau com-
mencement, surtout si l’on considère que l’œuvre du
Concile ne date que de deux ans. 11 a fallu plus de
temps que cela après la mort de Jésus-Christ pour
qu’on commençât à se déclarer chrétien.
Nos ultramontains, qui rappellent, avec orgueil qu’il
n’a fallu que douze apôtres pour christianiser lemonde,
ne devraient pas rire de ces quarante prêtres qui en-
treprendront de rendre à la religion sa pureté pri-
mitive..
Au bout de deux ans, quarante prêtres, (fui ont déjà
des lidèlesFtàes églises, une université et l’appui de
plus d’un gouvernement, c’est quelque chose et c’est
un mouvement qui n’est point à dédaigner.
Du reste, s'il ne s’agissait que d’un dedans sincère,
le silence suffirait ; or, il u’est guère de jour que les
feuilles ultramontaines ne consacrent* une colonne ou
deux à ce mouvement vieux-catholique qu’elles affec-
tent de dédaigner. Ce sont elles qui nous renseignent,
et c’est précisément par elles que nous voyons que les
vieux catholiques font des progrès.
Aujourd’hui même, le bulletin que donne le Uien pu-
blie de ce mouvement en Autriche n'est pas dénué d’in-
térêt. On lui écrit de Vienne, le 13 août .-
» Nous risquons de voir se reproduire en Autriche
» le scandale donné en Bavière par le docteur Loos, le
» trop fameux archevêque d’Utrecht.
» Le docteur doit se rendre à Cologne au congrès
» des Vieux catholiques, et vers le 6 septembre il
» viendra, dit-on, ici, appelé par nos sectaires anti-
» in fai 11 foi listes, pour confirmer leurs enfants. On
» ajoute même qu’il serait invité à sacrer un évêque
» parmi les quelques prêtres apostats, comme Peder-
» zani, qui servent de pasteurs â nos vieux catholi-
» nues. On dit que le choix tombera sur l’abbé Anton,
» de Vienne, devenu déjà tristement fameux par ses
» sermons indécents, où il n’attaque plus seulement
» l’infaillibilité, mais d’autres dogmes et institutions
» de l’Eglise catholique. »
On ne dira pas que nous empruntons nos nouvelles
à des sources suspectes. Ecartons de celles-ci les in-
jures.qui sont la marque de fabrique; elles se résument
en ceci, que les Vieux catholiques vont tenir un con-
grès à Cologne, que l’évèque d’Utrecht a déjà des
confirmations à faire, et qu’en Autriche le mouvement
est assez développé pour qu’un évêque y soit néces-
saire.
Il n’y a pas de raison pour que les vieux catholiques
n’arrivent à avoir un pape, tout au moins un primat,
et qu’ils ne constituent pas bientôt en Allemagne une
grande église nationale. En deux ans, ce n’est pas trop
mal. (Journal de Gand). :
Nous recevons de M. F. Vandertaelen la lettre
suivante qui, nar ses brèves affirmations, stigma-
tise une fois ae plus les vilénies de la presse clé-
ricale de notre ville, que nous avons flétries hier
comme elles le méritent ;
Anvers,, le 21 août 1872.
M. lêfédacteur en chef du journal le Précurseur,
Les feuilles cléricales de notre ville font chorusdans
leurs numéros respectifs du 19 et, et cela sans doute
sur un mot d’ordre des jéâüites, — leurs seigneurs et
maîtres — pour maintenir ma solidarité dans la rédac-
tion du journal le Vooruit et me désigner comme un
des fondateurs de ce journal, malgré le démenti caté-
gorique que j’ai donné à ce sujet au Journal de
Bruxelles. Comme il me répugne d’entrer en corres-
pondance avec des journaux qui mentent avec tant de
cynisme et de malveillance, je me permets de recou-
rir à vos colonnes pour affirmer aine fois "de plus :
1° Que je ne compte pas au nombre des fondateurs
du Vooruit ;
2° Que je n’ai jamais collaboré à sa rédaction ;
3° Que le Vooruit existait bien avant la création de
de la Ligue des Gueux ;
4° Que le Vooruit n’est pas et n’a jamais été l’organe
de la Ligue des Gueux.
Je vous prie,Monsieur, de donn er l’hospitalité àces
lignes dans votre numéro de ce jour et vous présente
l’assurance de ma considération distinguée.
Ferd. Vandertaelen.
Le Bien public est un journal bien fait. Il sait qu’il
écrit pour des gens qui, à défaut de la foi-du charbon-
nier, ont celle du crétin dans toute sa plénitude. Le
Bien public, connaît ses lecteurs à fond et s’entend à
leur administrer de temps en temps des pilules dans le
goût de celle-ci :
C’est, domain 21 août l’anniversaire du pillage de l’é-
glise Notre-Dame d'Anvers parles Gueux du X\ F siècle.
La magnifique basilique fut littéralement mise à feu et à
?a,,g par les sectaires, tes autels brisés, le taber nacle pro-
lane, les statues des saints .jetés en mille pièces, le grand
Oiimt qui surmontait le jubé fut arraché à l’aide de cordes
et tire sur les dalles où on lui prodigua les plus infâmes
outrages. Plusieurs prêtres furent massacrés.
Après ces scènes de pillage, les Gueux se livrèrent dans
te temple même à tous les excès de l’ivrognerie et de la dé-
bauche.
• Les historiens du temps nous ont conservé le récit
uetaiilo de ees scènes dont le souvenir plein d’horreur s'est
perpétué jusqu’à nos jours dans le peuple anversois.
Nous sommes curieux de voir si Vandertaelen et sa bande
aenerguraènes auront l’audace d ; célébrer le souvenir de
ces crimes commis en 1566 par les scélérat? qu’ils vénèrent
comme leurs devancier* et leurs modèles.
Après cela, les lecteurs du Bien public ne peuvent
manquer d’éprouver Une sainte horreur pour » Van-
dertaelen et sa bande », dele considérer,. lui et les
siens, comme un ramassis de gens de la pire espèee,
ne se signer à leur vue, de les'fuir comme des nesti-
ieres, et surtout, s’ils sont électeurs à Anvers, (Se ne
pas... voter pour leurs candidats.
Lest de bonus guerre, disent, ces feuilles-là, en ré-
pandant leurs mensonges ; soit, nous n’en sommes pas
L jP tnecontenis. Plus un .journal clérical déverse son
au et ses injures sur un honnête homme, plus celui-ci
en sympathie et en considération. L * Bien pu. -
lie ne nous le contestera pas.
Les feuilles ultramontaines se moquent agréable-
«letmT* Vieux catholiques d'Allemagne. Elles savent
M„rr?e CôTlahie qu'ils h’oiit, y compris les quatre
,p" ^ e». théologie à qui l'archevêque janséniste
C lt v,ent de conférer la prêtrise, eue quarante
Pêtres eu tout.
.. s’écrient, : » Quarante prêtre?, sur vingt
,1."t,®-Patres allemands ! Dans i'intèrêr du mouve-
- -,vitiux catholique, la Gazette d'Atrçsbourg
■■ ÔV,„ , bj1 ,se dispenser d’attirer l’attention publique
’■ Sl‘c des faits tellement significatifs. »
Le ministre de l'interieur vient de se signaler dame
manière peu flatteuse dans l’affaire des élections com-
munales de Tongres. Nos lecteurs ont appris que, dans
l’espoir d’évincer un libéral, la députation permanente
deLirnbourg avait annulé le scrutin de ballottage du lr
juillet. Le ministre de l’intérieur a confirmé cette déci-
sion et, à cette fin, a soumis au Roi un rapport dans
lequel il cachait l’existence d’une réclamation des
nouveaux Conseillers communaux, et déclarait que
•• en fait, la décision de la députation n’avait soulevé
aucune'objection. »
Une pareille audace de mensonge dans un document
officiel ne pouvait manquer de provoquer une protesta-
tion de la part des intéressés, comme elle ne pourra
manquer d exciter à Tongres, au nouveau scrutin, un
redoublement de sympathies en faveur du candidat
qu’on a voulu éliminer.
La protestation émane des signataires de la pièce
passée sous silence par M. Delcour. Elle est adressée
au Roi et conçue eu ces termes :
» Tongres, le 12 août 1872.
» A Sa Majesté le lloi des Belges,
» Sire,
- Les soussignés, conseillers communaux nouvellement
élus à Tongres, viennent de prendre connaissance du Rap-
port que M. le ministro de l’intérieur a adressé à Votre
Majesté le 6 de ce mois, et à la suite duquel est intervenu
l'arrêté royal du 9 août, qui confirme là décision de la dé-
putation permanente du Limbourg, en date du 23 juillet
dernier (Moniteur du 11 août, 1S72, n° 224.1
» Après avoir traité la question de légalité, M. le minis-
tre ajoute: « En fait, cette décision n*à point soulevé
» d'objections, et je me suis assuré, etc. »
» Les exposants se permettent de faire observer respec
tueusement à Votre Majesté que cette affirmation est er-
ronée, puisqu’ils ont en l'honneur d’adresser, le 1er août., à
Votre Majesté, un mémoire motivé réfutant, les faits et, les
arguments dont la députation s’est prévalu pour parvenir
à l’annulation du scrutin de ballottage qui a eu lieù'ici ie
]«• juillet.
- Ce mémoire ne se bornait pas à donner des explications
détaillées sur les bulletins nM 3, 4 et 6, joints au procès
verbal de l’élection, il appelait de plus l’attention de Votre
Majesté sur les bulletins nos 8 et 9, qui ont été indûment
validés par le bureau et par la députation.
» Le département de l’intérieur connaît, ce mémoire,
puisqu'il lui a été transmis !e‘3*aôfit, n°'65 !
» ("est donc évidemment, par erreur que M. le ministre a
déclaré à Votre Majesté qu’en fait il u’a pas été soulèvé
d’objection contre la décision de ia députation permanente,
, t cVst, sans doute, à cette erreur aussi qu’il faut attribuer
l'absence de décision de Votre Majesté sur les bulletins
n°»8 et 9, dont les soussignés demandaient l’annulation.
» Cette déclaration erronée de M. le ministre a eu une
attire conséquence non moins fâcheuse ; car si Votre Majesté
avait connu les motifs que nous avons allégués en faveur
de la validité du bulletin n° 3, nous avions le droit, d'espérer
que ce bulletin n’aurait pas été annulé, et que par consé-
quent la ville de Tongres n’aurait pas été exposée à subir
1 agitation d’une nouvelle lutte électorale:
» Dans cet état de choses il ne reste aux soussignés qu'à
supplier Sa Majesté de bien vouloir examiner dans sa
haute sagesse, s’il n’y a pas lieu de revenir sur l’arrêté du
9 août, intervenu à là suite d’on Rapport incomplet et
inexact.
» Les soussignés ont, l'honneur, ete.
» L. de Tieoken deTerhove ; — H. VanHerckenrode :
— A. François ; — A. Harpt ; — P. Ltcops F.Bailly.»
La Vedette, de Tongres, après avoir longuement
analysé et détaillé les faits de la cause et reproduit les
documents enjeu, termine en disant :
Nous ignorons quelle mesure Sa Majesté peut en-
core prendre légalement pour réparer l'injustice sur-
prise à.sa religion; mais nous espérons bien que nos
amis politiques en feront l’objet d’une interpellation
législative lors de la rentrée des Chambres.
» En attendant la ville de Tongres accepte le défi
que vient de lui jeter le. gouvernement clérical ; elle
prouvera que ce h’est, pasûmpunément. que pour plaire
à M. Oscar Schaetzen, un ministre du Roi n’a pas re-
culé devant des faits indignes d’un pays connu pour
son honnêteté et pour sa .loyauté. »
On écrit de Warnach à l'F.àko du Luxembourg :
• Il a été-procédé à de nouvelles élections communales
ensuite de l’annulation diuscrutin par la députation per-
manente.
» Ce qui restait encore de cléricaux a été expulsé du
conseil à commencer pat le plus huppé de nos noirs, M.
Leroy, de Warnach.
» C’est le gps de dire qu’à quelque éhôse malheur est
bon. /?.
•> La députation permanente croyait qu’un nouveau
scrutin ramènerait, au conseil les cléricaux qui en avaient
été expulsés. C’est, le contraire qui est arrivé.
» L’opinion puftliqueen a fait complète justice, et ce qui
n’a pas peu contribué à ce résultat, c’est lé sentiment que
la majorité de la députation n’avait été guidée dans la
mesure qu’elle adoptait que par un aveugle esprit de parti,
sans souci des premières notions de 'convenance et de
justice. »
Commerce, marine, etc.
Le Times dit que les prix élovés des produits anglais
menace de causer un temps d’arrêt dans les affaires. U v a
peu de jours à peine, le gouvernement italien transmit à
Londres des ordres d’achat, de fer pour la marine, mais
en apprenant les prix il les a retirés et fait sa commande
en France.
Des ordres venus d’Amérique pour la confection d’un
vaste théâtre en fer ont été également retirés et. la com-
mande a été faite en France.
Le Journal officiel français publie la loi portant fixation
des tarifs spécifiques sur les matières brutes, textiles et au-
tres.
Une disposition de cette toi porte que des arrêtés prési-
dentiels détermineront pour chaque catégorie de marchan-
dises dénommées dans la loi les dates d’application.
En vertu de cette disposition, un décret de M. Tlriers dé-
clare immédiatement applicables les dispositions ci-après
de la susdite loi : *
(Art. 1er.) Le tarif des douanes à l’Importation est. modifié
ainsi qu’il suit, décimes compris :
Pelleteries brutes, apprêtées ou en morceaux cousus, de
lièvre, de lapin.de blaireau, queues de petits-gris ut d’écu-
reuils, 5 p. c. de la valeur.
Autres pelleteries, 5 p. c.ÿe la .valeur.
Poils de porc et de sanglier, en bottes de longueurs as-
s orties, 50 fr. les lOOkilog.
' Plumes de parure : de coq et de vautour, 1 fr. 50 lo kil.
» » autres, blanches, 10 fr. le kil.
» » noires, 4 fr. le kil.
» •• de toute autre couleur, 1 fr. 50 le kil.
Poisson de mer frais, de pèche étrangère, 15 fr. les 100 kil.
Naissain ayant moins de Scentimèt. de diamètre, o fr. r.O
le mille en nombre;
Seigle, orge, maïs, sarrasin, avoine (grains), 0 fr. 25 les
100 kil.
Seigle, orge, maïs, sarrasin, avoine (farines), 0 fr. 50 les
100 kil.
Alpiste et, millet (grains et farines), 0 50 les 100 kil.
Sagou,salep et fécules exotiques, 15 fr. les 100 kil.
Fruits detable frais, à l’exception des earrobes ou carou-
ges et des oranges, citrons et leurs variétés, 10 fr.le* 100 k.
Résineux exotiques : seammonée, 1 fr. 50 le kil.
•• laque naturelle, 20 fr. les 100 kil.
» eopal et dammar, 30 fr. les 100 kil.
» autres, 25 fr. les 100 kil.
Baumes, sauf le benjoin : storax et styrax, 10 fr. les 100 kil.
» copahu, 20 fr. les 100 kil.
» antres, 50 fr, les 100 kil.
Aloës, 10 fr. les 100 kil.
Opium, 5 fr. le kil.
Racines médicinales exotiques : jalap, 20 fr. les 100 kil.
» ipécacuanha, 100 fr.les 100 kil.
» rhubarbe, 25 fr. les 100 kil.
» salsepareille, 8 fr. les 100 kil.
» gingembre, 3 fr. les 100 kil.
Feuilles de séné, 10 fr. les 100 kil.
Fruits médicinaux exotiques : casse sans apprêt, 5 fr. les
100 kil.
» tamarins (gousses et pulpes),
5 fr. les 100 kil.
» badiane, 60 fr. les 100 kil.
» follicules de séné, 25 fr. les
100 kil.
Lichens médicinaux, 1 fr. les 100 kilog.
Autres racines, herbes, feuilles, fleurs, écorces (sauf
celles de quinquina),graines çt fruits médicinaux exotiques,
25 fr. les 100 kilog.
Bois d'ébénisterie en billes bu sciés, 30 fr. le mètre cube.
— de placage, 0 fr. r>0 le mètrecarre.
— odorants, 15 fr. les 100 kilog.
Légumes verts, 0 fr. 25 les 100 kilog.
Fourrages, son et jarrosse, 0 fr. 25 les 100 kilog.
Mottes à brûler et tourbe crue ou carbonisée o fr. 02 les
100 kilog.
Chiques en marbre, 50 fr. les 100 kilog.
» en pierre, 12 fr. les 100 kilog.
Jais, 0 fr. 50 le kilog.
Succin, 0 fr. 50 le kiiog.
Minerai d’or et de platine, droit du métal brut.
Minerai d’argent, droit du métal brut.
Cendres d’orfèvre, droir déi’argent brut.
Noir d’imprimeur en taille douce, 7 francs les 100 kilog.
>• d’Espagne ou de fumée, 1 fr. fos 100 kilog.
» minerai naturel, 0 (b. 50 les 100 kilog'.
Pain d'épice, 20 fr. les 100 kilog.
Capsules de poudre fulminante de chasse ; cartouches de
chasse vides ou enveloppes de cartouches amorcées ou non,
20 fr. p. c. de la valeur.
Tuyaux et conduits en papier et bitume, 3 fr. les 100 kil.
Pelleteries ouvrées. 20 fr. p. c. de la valeur. ^
(Art. 6.) Les chocolats et cacaos broyés de provenance
étrangère importés en Algérie paveront les droits dtUsSrif'
métropolitain.
Les chocolats et les cacaos broyés importés d’Aîgéfàè eh'
France seront soumis au droit d'importation ci-après :
Chocolats, 89 ir. 25 les 100,kil.
Cacao broyé, 116fr. 66 les 100 kil.
Art. 8. Seront passibles d’une surtaxe de 1 fr. par 100
kil., lorsqu’elles ne seront pas importées en droiture dés
lieux de provenance, les marchandises désignées ci-apreS;
Métaux de toute sorte autres que l’or et l’argent.
Grains et farines, à l’exception du riz, dont la surtaxe
actuelle est maintenue.
Légumes secs.
Lins et chanvres.
Bois communs.
Administration des chemins de fer.
et télégraphes.
Il résulte d’une communication de la Compagnie de l’Est
que la circulation est rétablie entre Sàirtt-Jéàn-de-
Maurienne et Saint-Michel.
En conséquence, le chemin de 1er de Paris-Lyon-Médi
terranée accepte, comme par le passé, les transports de
voyageurs, bagages et marchandises, aussi bien à grande
qu'à petite vitesse, pour au delà de Saint.-Jean-de-Mau
rien ne. (Communiqué.)
Actes officiels.
Par arrêtés royaux du 17 août,
MM. Loumier, chef de division au
Bruxelles. — Bourgmestre : M. J. Anspach. — Eehevins :
MM. J. Funck, A. Orts, C. Lemaieur, C. Fontainas, L. Coû-
teaux.
Gand. — Bourgmestre : M. le comte de Kerchove de
Denterghem. — Eehevins : MM. A. Wagener, D. Levisoii,
L. Vermandel, C. Pickaert.
Mons. — Bourgmestre : M. F. Dolez. — Eehevins : MM.
A. Masquelier, A. Pecher, C. Sainctelette, J. Dastot.
Liège. — Bourgmestre : M. F. Piereot. — Eehevins : MM.
J. Bourdon, J. Gillon, M. Mottart-Bayet, L, Yerdin.
lîasselt. — Bourgmestre: M. L. Roelants.— Pïchevins:
MM. P. Nagels, H. Istaz.
Arlon. — Bourgmestre: M. P. Hellenfeltz. — Eehevins:
MM. ■!. Netzer, A. Sonnetty.
Ordre de Léopold.
sont nommés officiers
département des affaires étrangères,et Oscar de T’Serciae:
conseiller de légation ordinaire, tons deux membres dû
conseiihéraldiqne.
—' Par arrêtés royaux du 18 août, M De Keyser; direc-
teur de l'Académie royale des beaux-arts d’Anvers, a été
nommé commandeur, et M. Sehadde, architecte, a été
nommé chevalier.
— administrations communales. — Par suite du renou-
vellement intégral des conseils communaux, le Roi, par
arrétéf daJ9 ,aoùt, 'a nommé bourgmestres et éc-hevins dans
les villes désignées ci-après :
NOUVELLESJTRANGÈRES
JAPON.
(Correspondance particulière du Précurseur).
Yokohama, 6 juillet 1872.
Il n’est plus question que du voyage de Sa Majesté Im-
périale, le Tenno ou Mikado dans, les provinces du Sud.
C’est le 28 juin dernier que l’Empereur s’est embarqué à
Yeddo, à bord dn vapeur de guerre le Joshin Maru, salué
par la cannoniùre anglaise lé Rinaldo, qui avait reçu des
ordres à cet effet. Huit navires de guerre de là marine ja-
ponaise accompagnent le Joshin Maru et le bateau-phare
te Thubor, a.précédé l'escadrille pour donner des ordres
dans les différents ports. Voici l’itinéraire du voyage : Ou
s’arrêtera dans le port de Toba.dans la province ae Shima,
puis dans File d’Oshima à l’extrémité méridionale de l’ile
cieKin-sin,puisàKioto,par Qsacaet Fushimi pour aller visi-
ter le tombeau.de i’empereurKomei, père du Mikado actuel.
On se réembarquera à Osaea, pour aller visiter le port de
Kobe ettraverser la mer intérieure pour passer par l’ile
d’Himeshima parle détroit de Simonoseki a Nagasaki, Ku-
manoto et Kagosima ; puis au retouron s'arrêtera à Atami.
L’absence sera de six semaines. On parle aussi d’un pro-
chain voyage de Sa Majesté en Europe et en Amérique et
l’on attribue à cette visite prochaine les nominations de M.
Terraschima, ancien vice-ministre des affaires étrangères,
au poste d’ambassadeur à Londres. Le Mikado s’embarque-
rait. à bord d’une frégate japonaise et passerait par le canal
de Suez pour aller à Marseille et de là à Paris d'où il se di-
rigerait vers Bruxelles et Londres. Il retournerait dans ses
Etats parles Etats-Unis.
Si notre gouvernement comprend toute l’importance de
ees visites officielles du Jiapon, la Belgique gagnera énor-
mément à la présence de l’ambassade extraordinaire en Eu-
ope. Avant son départ pour l’Europe, notre consul, M. L.
Strauss, avait réussi à fairè'eomprendre au cabinet dô-Yedo
tous les bénéfices à retirer pour les deux pays des rela-
tions amicales et suivies entre les gouvernements et les
peuples japonais et belges. A Yedo il avait été décidé que
ia mission s’arrêterait pendant une quinzaine de jours à
Bruxelles, que l’on y engagerait quelques officiers instruc-
teurs pour l’armée du Mikado et des professsurs pour les
colléges de l’Empire et que Ton augmenterait le nombredes
élèves japonais étudiant en Belgique. Enfin on^ avait
promis à M. Strauss de passer des commandes impor-
tantes à l’industrie de Liège et du Hainaut. Nous
avons donc tout à gagner à cette visite de l’ambas-
sade et nous Belges, séparés de la mère-patrie par
une distance de 5000 lieues, nous attendons avec impatience
les résultats de cette visite. Partout en Europe on ouvre
des crédits extraordinaires pour préparer une réception
magnifique à Son Excellence le Prince Iwakura et à sa
suite. Le cabinet de Bruxelles comprendra-t-il qu’il est de
son devoir d’en faire autant, de recevoir royalement la
mission et de lui faire montrer les centres industriels du
pays, notre force productive, pour préparer ainsi le déve-
loppement des relations entre les deux contrées l
C est pour faciliter la visite de la Belgique à l'ambassade
que M. Strauss est rentré en Europe, sur la demande de
quelques membres de la mission. Connaissant le Japon et
ses habitants, il pourra être d’une grande utilité au cabinet
de Bruxelles et à l’industrie belge. Dans la fête intime que
nous lui avons offert avant son départ et dans l’adresse
que les Belges lui ont remise nous avons exprimé le désir
ae le voir réussir en Europe et de nous revenir bientôt
pour continuer à protéger ici les intérêts de nos nationaux.
Nous avons fait la même demande à Bruxelles et nous es-
pérons donc revoir bientôt notre jeune mais intelligent
consul.
M. de Long, le ministre des Etats-Unis et l’ami de la
Belgique qui, a été en congé, est attendu ici par la malle
de San-Franciseo, dans les premiers jours du mois d'août.
Pour terminer, une nouvelle affaire s’est' présentée de-
vant le tribunal consulaire belge. Deux nationaux B. De
Houck de Termonde et Dricot de Liernu (Namur) étaient
accusés d’avoir volé des notes acquittés chez un Français
et d’avoir encaissé le montant de ces comptes. De Houck
a été reeénnu coupable et condamné à un mois de prison
et 30 fr. d’amende ; Dricot a été acquitté faute cle preuves
suffisantes.
PEROU.
Le Tinies consacre aux affaires du Pérou une inté-
ressante étude dont voici la traduction ;
Depuis un demi-siècle la situation de l’Amérique du Sud
reste l’énigme et l’opprobre de la civilisation politique.
La nature a été prodigue de ses dons envers le continent
sud-américain, et si parfois elle l'éprouve par des tremble-
ments de terre, des ouragans et des inondations, elle lùi
donne ordinairement de larges compensations.
Mais nulle part dans l’Amerique du Sud, depuis que le
continent tomba au pouvoir des Européens, l’on n’a su dé-
velopper sagement les bienfaits de la nature.
La splendide civilisation qui s’était formée au Pérou
sous le règne despotique des Incas, fournit un exemple de
ce que peut un effort organisé et résolu, même sous une
tyrannie théocratique renforcée par un socialisme primi-
tif ; et bien qu'il ne fut pas surprenant que le pays tom-
bât au plus bas de la dégradation sous la cruauté et la
corruption des vice-royatués d’Espagne, des jours meil-
leurs semblaient certains lorsque le règne de l’Espagne se
brisa dans le nouveau monde, à la bataille d’Ayacueiio.
Cette belle victoire émancipa le Pérou comme ses colo-
nies-sœurs et lui donna le champ libre dans la carrière
politique.
Malheureusement, ses efforts pour combiner l’ordre et
la liberté ont été spasmodiques et stériles. Possédant des
institution^ républicaines d’un libéralisme qu’enviraient
les plus grands démocrates de l’Europe, n’ayant pas de poli-
tique étrangère, n’encourant, aucun danger intérieur, le
Pérou n’a fait cependant que passer d’une révolution à l’au-
tre. La dernière s’eiff effectuée à Lima vers latin de juillet
êt, dramatique dans ses formes,typique dans son caractère,
elle mérite plus d’attention qu’elle ne semblerait devoir
en provoquei’, en présence de son défaut apparent d’im-
portance politique.
Après une succession de conflits entre diverses fractions,
un ordre approximatif fut rétabli en 1845 par le générai
Ramon Castilla, le seulprésident du Pérou qui se soit mon-
tré homme d’Etat depuis l’émancipation.
Doué d’une énergie parfois excessive, à cause de son
ignorance du monde extérieur, mais en même temps doué
ePune sagacité pratique, qui trancha bien des difficultés ,
Castilla était un gouvernant ferme et résolu. Sa première
présidence sa termina en 1851, mais son successeur Eche-
nique devint si impopulaire, qu’en 1855 son prédécesseur
réussit à faire un pronundamiento qui le ramena au pou-
voir suprême.
Les successeurs de Castilla furent des hommes peu mar
quants.
Le général Pezet, élu en 1863 pour six ans, fut renversé
par une révolution qui trouva un prétexte dans son atti-
tude vis-à-vis de l’Espagne dans le conflit pendant lequel
l’amiral Pinson occupa les îles Chinchas. Cette révolution
fut l’une des plus démoralisantes qui troublèrent la vie
publique de l’Espagne, mais elle amena ce fait encoura-
geant,que le colonel Balta fut élu sans la moindre effusion
de sang.
Balta, qui fut ainsi élu en 1868, avait encore deux ans a
régner; mais il y a un mois son ministre'de la guerre, le
colonel Gutierrèz, ayant corrompu l’armée, tenta un coup
d’Etat. Le président fut arrêté et jeté en prison, le congrès
suspendu et Gutierrez s’adjugea la dictature.
Sa puissance toutefois fut de courte durée. Quatre jours
après la révolte, le peuple de Lima battait les troupes de
l’usurpateur, et restaurait les pouvoirs constitutionnels de
la présidence et du congrès. .
Mais cette réaction venait trop tard pour sauver la vie
du président Balta, qui avait été fusillé en prison par ordre
de Gutierrez, lequel fut puni par la justice populaire et
pendu à une lanterne.
Le colonel Zeballos, vice-président, qui succédait consti-
tutionnellement à;Balta,a convoqué le Congrès et organisé
un nouveau ministère. Malheureusement le premier tra-
vail du congrès sera la nomination d'un président pour six
ans, et à en juger par le passé, il faut s’attendre à un re-
nouvellement ae jalousies, de désordres et de crimes, qui
excitent les passions politiques d’un peuple turbulent et
rendent tout, progrès, moral et matériel, impossible.
Il est assez difficile de suivre le labyrinthe des factions
péruviennes, mais l’expérience a appris que le président
est aussi souvent attaqué et déposé par un ambitieux de
ses amis que par un chefdn parti opposé.
Dans la récente révolutionne succès de Gutierrez était
rendu possible par le fait qu’il était ministre de la guerre
et disposait des forces militaires. Une révolution pareille
evt une conflit de personnes, non de principes. Un soldat
sans foi ni loi en dépose on en tue un autre, qui est peut-
être arrivé au pouvoir par les mêmes moyens, et ce misé-
rable jeu des factions draine la sève nationale et paralyse
sa force pour tout effort utile. Et il n’y a pas même l’obsta-
cle qui, dans un système cohérent, pareil à celui de l’Eu-
rope, pourrait refréner de tels désordres. Un pays comme
le Pérou n’apas de puissants voisins àredouter et'il n’a non
plus guère d’exemple de meilleur gouvernement devant
les yeux.
Séparé, par la largeur d’un sentiment, du Brésil, la seule
monarchie et peut-être l’Etat le mieux gouverné de l’Amé-
rique du Sud, le Pérou voit dans le Chili, la Bolivie et
•l’Equateur des voisinsqili lui ressemblent parla turbulence,
la faiblesse et l’absence d’esprit public. Il n’a ni à le3 crain-
dre, ni à tenir compte de leurs censures.
L’absence d’une grande puissance militaire coïncide dans
toutes ces républiques avec la présence de petites armées,
la surabondance d’officier3 de tout rang sans occupation
légitime, et une disposition générale de la population de
courir aux armes à la première occasion.
Lesdisputes de libéral à clérical, quoique contribuant
peu aux conflits des partis, empoisonne la vie sociale et
rend impossible une politique de conciliation. Le clergé et
l’armée du Pérou sont les vampires de la vie du pays et
à moins que leur influence soit sensiblement réduite, c’est
en vain qu’on espérera dans ces malheureux pays le res-
pect de la loi qui est l’indispensable condition de la propé-
rité nationale.
Une correspondance de Lima, de la Gazette de Cologne,
antérieure d’une quinzaine de jours à la révolte de Gutier-
rez contient ces détails, expliquant la situation qui s’est
produite :
» La préoccupation, à la veille des élections présiden-
tielles, estde savoir si le chef de l’Etat continuera de sortir
des rangs d’officiers ambitieux ou de ceux delà bourgeoisie
intelligente. .
» Depuis l’émancipation, le pays a été le champ clos de
ces hommes d’épée, qui ne songent qu’à s’engraisser. La
découverte du guano a été un bienfait immense, mais au
lieu de faire des routes, des écoles et des chemins de fer,
les gouvernants ont rempli leurs poches. On a concédé des
chemins de fer aux plus hauts soumissionnaires, en trafi-
quant de l’entreprise, sans se préoccuper de savoir com-
mentl’Etat paierait le minimum d’intérêt.
» Les produits du guano sont insuffisants à payer le dé-
ficit, et le dernier emprunt n’a pu trouver preneur à 77 0/0.
» Lo président Balta verra le 2 août ses pouvoirs termi-
nés. Parvenu par la violence, on le croit détenteur d’une
jolie fortune amassée pendant sa présidence ; il est l’instru-
ment d’une Camarilla militaire, alliée aux ultramontains.
•; La bourgeoisie veut un président intelligent, honnête,
qui étudie les besoins du pays et le sauve par sa prudence.
Les partis commencent à s’agiter.
» Le congrès doit s’assembler fin juillet, pour vérifier le
résultat des élections et nommer le président. On croit sa-
voir que Balta dissoudra l’assemblée et ordonnera de nou-
vel les élections, afin, dans l’intervalle, de régner eomme
président intérimaire ou dictateur et de faire élire une
majorité prête à satisfaire ses caprices, ijj
ESPAGNE.
Le Daily Telegraph nous fait connaître exactement la
situation des affaires de Cuba. L’insurrection, dit-il, n’est
que la lutte de la liberté contre l’esclavage. Malgré les sol-
dats et l’or, le mouvement continue et il reste invincible.
Voici dans quelles conditions la lutte s’opère.
A l’extrémité orientale de Cuba, les montagnes forment
un plateau ou forteresse naturelle, immense,bien approvi-
sionné d’eau et de produits naturels.
C’est là que, sous le commandement des généraux Perez
et Gomez, sont réunis 6000 blancs et noirs, ces derniers
esclaves fugitifs. Us sont bien armés de fusils se chargeant
par la calasse et défient tous les efforts de la soldatesque
espagnole. Leur haine pour les esclavagistes de la plame
fait de ia lutte une guerre â outrance, et leurs ressources
sont telles que les soumettre est impossible.
Environ deux mille fugitifs non armés cultivent le sol
dans cette forteresse naturelle, et pourvoient aux besoins
des abolitionnistes.
La viande est rare, il est vrai, mais il y a abondance de
jutras on rats indiens; dont la chair est excellente et dont
la peau fournit des souliers aux combattants.
L’huile de coco remplace le beurre et le lard, et le lait de
coco se met dans le café; les cocotiers croissent en abon-
dance dans les anciennes plantations de café.
Us fabriquent leurs sucres avec les cannes des planta-
tions abandonnées et tissent leurs vêtements des feuilles
du para et de l’écorce du majagua. Ils ont érigé un arse-
nal et une fabrique d’armes, et ils confectionnent des car-
touches métalliques pour leurs fusils.
Une position et une résolution pareilles font prévoir que
le conflit n’est palà la veille de se terminer.
Ces hommes libres combattent pour la vie et la liberté,
et pour les vaincre il faudait les anéantir.Dans cette lutte,
l’Espagne n’a pas les sympathies du monde civilisé ; ce
qu’elle pourrait faire de mieux, ce serait de vendre Cuba
à la libre Amériaue et avec le produit de l’opération re-
faire ses finances.
FRANCE.
Un grand nombre de souscripteurs d’emprunt nous de-
mandent, dit le Siège,si le Trésor rembourse les sommes qui
n’ont pas pu être utilisées dans la souscription.
Ce remboursement a commencé, peu de jours après l’é-
mission, pour les souscriptions superieures à 5,000 fr., et
depuis hier, 19 août, il est étendu à toutes les souscriptions
indistinctement.
On nous permettra d’exprimer notre surprise de ce que,
contrairement aux déclarations ministérielles aucun avis
du Journal officiel n’ait annoncé les remboursements.
Les souscripteurs sont admis à se libérer en totalité de-
puis le jour delà fixation de la répartition, et on reçoit en
représentation des quantités d’emprunt libérées des bons
de couleur rouge négociables à la Bourse. La bonification
actuelle de libération est d’environ 3 fr. 47 parófr. de rente.
Quant aux porteurs de rentes non libérées, ils devront
attendre, pour avoir un titre négociable, la délivrance des
certificats. Au ministère, on pense que cette opération
pourra commencer dans les derniers jours d’août.
L’instruction de l’affaire Bazaine continue, et tout permet
d’espérer qu’elle sera terminée vers le milieu d’octobre et
que les débats publics commenceront dans la première
quinzaine du mois de novembre. Les notables de Metz, en-
tendus par le conseil d’enquête qu'a présidé, le maréchal
Baraguey-d’Hilliers, ont, dit-on, été appelés par le général
instructeur, auquel ils auraient remis un mémoire conte-
nant l’énonciation de faits nouveaux. Cette pièce aété mise »
au dossier et sera communiquée à l’accusé et à ses. défen-
deurs.
On assure que, par suite de la direction que l’instruction
a prise, on ajngé nécessaire de faire exécuter sur le ter-
rain do nouveaux levés topographiques pour indiquer les
mouvements des armées belligérantes à certains jours du
mois d’août et du mois de septembre 1870, mouvements
qu’il est très important d’établir heure par heure. Lorsque
l'information sera terminée, on signifiera au maréchal les
noms des membres du conseil, qui seront ensuite livrés à
publicité.
On écrit de Strasbourg que la commission militaire char-
gée de la direction des fortifications de dette place vient de
partir pour le grand-duché de Bade avec son président, le
colonel du génie Klotz. Cette commission a l’ecu la mission
d’arrêter sur le terrain le tracé des trois forts et des autres
ouvrages secondaires qui feront partie du système général
de défense de Strasbourg, défense qui sera poussée jusque
dans le grand-duché et augmentera son imnortance mili-
taire.
Dimanche, par un temps splendide, pendant que tous les
Parisiens s’envolaient à la campagne, s’est terminée obscu-
rément une des plus lamentables existences qu’on puisse
!
l'f
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