HS DRE ENS TERRES TRE mr md 2 sn ME Ts he 3 hé 280 LA BELGIQUE. aboutissait à cette autre fumée, celle de nos activités sans trêve, prédestinée comme l'épopée des grands barons à se dissoudre dans le Temps. Une piété tardive a rendu à la maison illustre ses apparences historiques. Les industries qui faisaient craquer sous leur poussée lente l'immémorial donjon, colosse étranglé par une armée de pygmées, ont été délogées; on a déblayé le porche, resserré entre des maisons odieusement vulgaires et qui avait l'air d'une bouche tordue par la compression des joues sous un gantelet d'acier. Pénétrez dans les enceintes : la restauration à fait fleurir à travers l'appareil guerrier, des architectures fleuries. Des escaliers, des balcons, des salles, des oratoires, des tours à échanguettes et à machecoules, des courtines, tout l'infini outillage de la demeure féodale, avec ses quartiers réservés aux hommes d'armes et ses logis orfévris qui abritaient les intimités familiales, parent d'une illusion de vie lointaine le grand organisme mort. Il ne nous déplaisait pas, quant à nous, que la gloire se fût démocratisée, que les termites se fussent mis dans les poumons du géant et que la féodalité, comme un corps pourri, eût été restituée à la cireu- lation de la vie universelle, mais la grande cité gantoise, en conformant à un plan général les transformations de ses places et de ses rues, manifeste à la fois un respect fier de son passé et un désir d'être à la hauteur de sa fortune actuelle, qu'il convient également de considérer. Du «Prinsenhof», berceau de Charles-Quint et qui avait trois cents salles, six entrées fortifiées, autant de ponts et des jardins merveilleux où les ducs de Bourgogne faisaient battre ensemble des lions et des taureaux, il ne demeure que des ruines utilisées pour des fabriques, des métiers, des logis d'ouvriers; tout le reste a été dispersé au vent. Et, quand ce n'est pas la démolition, l'effondrement aveugle à coups de pioche, ou, ce qui revient au même, la transformation pour les nécessités de la vie moderne, c’est l'embourgeoisement de la destina- tion, une mélancolie de palais historiques et d'églises finissant par caserner des corps de garde ou des commissariats de police. Un boulanger occupe le « Collaciezolder » du Marché du Vendredi, avec sa jolie tourelle d'angle et sa galerie circulaire, et l’«Utenhovesteen », qui leur faisait vis-à-vis, profilant dans le ciel son toit aiguillé, a été rasé par un marchand de bière. Du «Gerard Duivelsteen », le légendaire château de Gérard le Diable, on a fait un dépôt d'archives; le Sint-Jorishof ou cour Saint-Georges, ancien local des arbalétiers, dans les salles duquel, en 1477, furent décrétés par les états généraux des Pays-Bas les articles du Grand-Privilège de Marie de Bourgogne, enferma longtemps une auberge; partout des boutiquiers, bernard-l'ermite de l’épicerie et du poisson sec, se sont installés dans les débris des palais du quinzième siècle. Et le démarquage continue du côté des maisons religieuses la grande abbaye de la Biloque, aujourd'hui hôpital et hospice; le couvent de Saint-Pierre, commué en caserne du génie ; le couvent des Dominicains, investi par un phalanstère d'ouvriers ; le couvent des Frères Mineurs, dégénéré en magasin de coton, avant d'être affecté aux collections intéressantes du musée d'archéologie. C’est la revanche de ce temps, en attendant qu'un autre balaye à son tour les usurpateurs. Quelquefois, comme un nid d'oisillons dans la gueule d'un canon désemparé, toute cette irréparable déchéance aboutit à cette chose charmante et imprévue, la rumeur d'une école abritée dans une maison féodale ou dans un asile religieux. Le besoin de s'élargir, de se tailler des habitations dans les vieux murs, de se loger, soi et ses petits, parmi les décombres du passé, a fini par étouffer la cité ancienne. Ce n'est plus ici, comme dans les villes endormies, croupissantes sur leur fumier de grands hommes et de choses abolies, un musée mangé des larves, avec ses atmosphères pneumatiques gardant rigidement la forme décomposée du cadavre de ce qui fut de la substance animée. Une sève effervescente a poussé par-dessus les cimetières, d'un jet ininterrompu qui à la longue a | | | |