Full text |
WOU VE LI, Z B DS LA FROKTIE&Z.
Correspondance particuliere.
Bayonne, 30 décembre.
On ne connaît pas encore parfaitement l'itinairaire suivi par les bataillons
carlistes de l’expédition. Les communications sont rares et difficiles et jus-
qu’au l°r janvier, jour de marché à Bayonne, il n’est pas probable qu’il vienne
«les gens du pays.
Le général Espartero, qui devait partir le 20 pour Madrid et qui avait déjà
remis le commandement au généra! Latre, est tombé malade à Logrono. Cet
accident prolongera l’intérim du baron del Solar au ministère de la guerre. 11
est à craindre que la nouvelle, qui doit être déjà parvenue à Madrid, du dé-
part de l'expédition carliste, n'ajoute aux embarras du nouveau cabinet et ne
suscite des orages dans le sein des cortès.
Si l’on pouvait prévoir quelque chose en Espagne, il serait permis de croire
que le général Buerens qui commande à Vittoria et dans les environs un corps
de 9 mille hommes, ne s'est point opposé au mouvement des carlistes, dans le
dessein de les laisser s’interner en Castille , ou en combinant scs opérations
avec la colonne du brigadier Aspiroz, il pourrait leur faire un mauvais parti.
FRANCE. — Paris , 8 janvier.
CHROniQPS ET BRUITS DE SALON.
projet »e mariage pocR le dcc dB nemours. — Les journaux français
et étrangers se sont occupés déjà à différentes reprises, d’un projet de
mariage entre le duc de Nemours et une princesse allemande. La Ga-
zette d'Augsbourg reproduit aujourd’hui cette nouvelle dansles termes
guivans :
On écrit de Paris, que le duc de Nemours partira pour l’Allemagne
aussitôt que sa santé le lui permettra, et se rendra à Cobourg auprès
delà duchessede Wurtemberg, sa sœur; il parait que l’on désire que
Je prince fasse connaissance avec une princesse de Saxe, que l’on vou-
drait lui faire épouser. Si ce projet se réalisait, une princesse protes-
tante entrerait par alliance dans la famille royale de France.
commission de l’adresse. —Hier la commission de l’adresse a entendu
Je president du conseil, le ministre de la guerre et le ministre des fi-
nances.
On assure que les explications données par M. Molé ont été des plus
satisfaisantes, et ont produit sur tous les membres de la commission
une favorable impression.
M. St-Marc-Girardin a été nommé rapporteur de l’adresse ; il a ob-
tenu 6 voix; M. Etienne 5 el M. Dufaure 1.
On croyait que l’adresse serait lue samedi en séance publique,et que
la discussion s’ouvrirait lundi.
déclaration mi nue d'orléans. — Dans la discussion générale qui a
suivi la lecture du rapport, M. de Dreux-Brézé ayant dit qu’il s’affli-
geait comme catholique des alliances de la famille royale, M. le duc
d’Orléans a pris la parole et a dit :
«Je suis heureux de pouvoir saisir cette occasion pour présenter la
question sous son véritable point de vue. La charte ayant proclamé la
liberté des cultes, je ne concevrais pas que la famille royale fut exclue
de ce bienfait qui est accordé à tous les Français ; mais moi aussi je
suis trop bon catholique, je tiens trop à la religion de mes ancêtres
pour ne pas prendre l’engagement de faire élever tous mes descendans
dans celte religion. Je suis prêt à donner cette garanlie. »
mort du tambour d’arcole. — Ce matin, on a vu avec surprise arri-
ver à l’église de St-Thomas d’Aquin,un très modeste corbillard,escorté
par le colonel et tous les officiers de',la 10e légion. Un a su bientôt que
c’était le convoi d’Etienne, le célèbre tambour d’Arcole. A peine âgé
encore de 57 ans ; il était tambour-maitre du 5e bataillon de la 10° lé-
gion, et tous les officiers onlvoulu témoigner, par leur présence, l’in-
térêt que ce brave leur avait inspiré, et leurs regrets de sa mort.
ordre de st.-louis. — A la réception du lr janvier aux Tuileries, un
cfficier-général et plusieurs officiers supérieurs portaient les insignes
de l’ordre de St-Louis. On rappelait à ce sujet le premier ordre du
jour de M. Pajol après 1830, où il était dit textuellement : « Ceux de
MM. les officiers qui portent encore les insignes de la décoration de St-
Louis, les porteront sous l’habit. »
le prince Charles Lucien. — Le prince Charles Lucien Bonaparte, fils
de Lucien Bonaparte et prince de Musignano était présent hier à la
séance de l’académie des sciences.
abd-el-kader. — Nous lisons dans une lettre d’Oran du 17, publiée
par le Toulonnais :
Âbd-el-Kader se montre toujours disposé à maintenirl’étatdcla paix,
quoiqu’il soit évident qu’il se prépare à la guerre pour un tems plus
ou moins éloigné, suivant les circonstances. Il donne tous ses soins à
la formation d’une armée permanente et à la remonte desa cavalerie.
On peut dire qu’il met le terns à profit. Si les hostilités ne recommen-
cent pas, l’organisation de son armée lui permettra de raffermir sa
puissance et d’agrandir le cercle de son influence.
vol véritable ou scpposé. — Dans la nuit du 51 décembre au 1er
janvier, un nommé joanneau, se disant compositeur d’imprimerie, et
demeurant rue Popincourt, 40, rentrait chez lui, vers onze heures et
demie,venant du Palais-Royal, où il s’élail long-temps promené.
Arrivé près du canal Saint-Martin , à la hauteur de la rue Saint-
Sébastien , il est tout à coup saisi par deux individus qui , depuis le
Palais-Royal, le suivaient ou ieprécédaient de quelques pas. L’un des
inconnus lui ferme la bouebe avec son mouchoir , tandis que l’autre
cherche à le terrasser. Une lutte terrible s’engage entre eux, dans la-
quelle Joanneau se voit arracher son portefeuille, contenant centneuf
mille cinq cents francs en billets de banque et 500 francs en or, somme
que , suivant lui, il avait gagnée dans les maisons de jeu, 29 et 113,
pendant les soirées des la, 25 et 27 décembre.
— Bonsoir, eh bien 1 tu ne te couches pas ?
— Ah ! oui, coucher, j’ai bieu autre chose à faire , ma foi ! jo vais courir
toute la nuit.
— On dit qu’ils vont faire la paix, qu’ils ont même signé Y amnistie, et je
le crois, puisque le quartier-maître et les musiciens sont arrivés (1).
— Que l’on fasse la paix ou la guerre , cela n’empêche pas qu’après avoir
marché toute la journée, je n’aie encore une fiére corvée pour cette nuit.
— Parle donc.
— Le colonel m’envoie chercher un moulin qui se trouve à six lieues d’ici,
je n’ai personne pour m’indiquer la route, les villages sont déserts, pas un
paysan pour me servir de guide. Tout ce qu’on a pu me dire, c’est que mon
moulin s’appelle Brünsmiilh. J’ai quatre voilures de grains à faire moudre,
j’emmène des boulangers pour confectionner du pain, et nous le rapporte-
rons ici.
— Bonne nouvelle, mon cher, dépêche-toi, surtout fais en sorte de mettre
de côté quelques belles miches pour moi.
— Cela va sans dire, mais je viens pourvoir ta carte, on m’a dit que tu avais
une carte.
— Oui j'en ai une, et une belle encore,
— Tiouverons-nous le moulin ?
—Pardi ! si nous le trouverons, tout y est sur ma carte.
Or, vous saurez que la carie de Laborie était une mappemonde qu’il avait
ramassée au bivouac, parmi divers objets trouvés (2) par des soldais à la ma-
raude. Pour se donner un air d’importance, Laborie déployait sa carte à tout
moment : nous nous donnions souvent le mot, et à mesure qu i! venait de ta
replier, un survenant la lui faisait déployer encore.
— Tiens, la voilà, ma carte, dit-il en l’étendant par terre, et se couchant à
plat-ventre à côté ; comment l’appelles-tu, ton moulin ?
— Brünsmülh.
— Voyons.... cherchons..,., tiens, voilà Berlin, voici Pétersbourg, ce doit
être entre les deux.
—C’est vrai, tu as raison, tout de même ; cependant, je ne vols pas de mou-
lin, on l’a peut-être oublié.
— Oublié ! je te dis que tout y est sur ma carte.
— Et moi, je te dis que je ue le vois pas.
(!) Le quartier-maître, les musiciens, le maître tailleur, ne suivent leurs
régiments que de loin, en campagne. Quand on les voit paraître, les soidaU
s’éi rient : « La paix est faite, voilà les musiciens. »
(z) Un soldat no y©U jamais rien : il trouve.
lie Pr^ciïpsenr.
Il s’est immédiatement rendu chez le commissaire de police du
quartier Popincourt pour y faire sa déclaration; mais, malgré le signa-
lement qu’il a donné de ses agresseurs , on a’a pu encore les décou-
vrir.
escabre lalande. — Rade de Tunis, 17 décembre 1837. — La
corvette la Diligente, arrivée ce soir à dix heures, nous a apporté l’or-
dre de quitter Tunis. L’expédition de Conslantine terminée, notre
mission devait cesser. L’amitié du nouveau bey de Tunis nous est ac-
quise. Nous devons paut-ctre un peu ce résultat à la présence de nos
vaisseaux.
Nous appareillerons ce soir à dix heures pour Ceuta , Tanger , Gi-
braltar et Cadix; nous relâcherons dans ces différens ports, mais nous
n’y ferons pas un long séjour. Nous longerons ensuite la côte d’Es-
pagne jusqu’à Barcelone , et nous rentrerons en France pour attendre
de nouveaux ordres. Les Marocains convoitent la place de Ceuta. Les
Les Anglais désireraient bien s’y établir aussi, mais ils ne veulent pas
rompre en visière avec nous. S’ils aidaient les Marocains, ce serait une
espèce de déclaration de guerre. Ce port devra peut-être à ces consi-
dérations de rester aux Espagnols.
Ce matin, l’amiral Lalande / accompagné de son état-major et du
consul-général, est allé faire ses adieux au bey , qui lui a exprimé le
regret de le voir partir.
--- m ,nMI 1,1 --
BELGIQUE.
ANVERS , 5 JANVIER.
Le cadavre de la femme Saerens, noyée le 50 novembre dernier, a
enfin été pêché avant-hier aux environs de la Tête-de-Flandre.
Nos abonnés recevront aujourd’hui avec le journal,l’état général de
la marine marchande belge au 51 décembre dernier. Au premier jour
ils recevront également le tableau semestriel des importations, ex-
portations, etc., et enfin l’indicateur d’anvers ou tableau général du
commerce depuis 1829 jusqu’au 1er janvier 1838.
Hier notre melteur en page a transposé par erreur une colonne du
feuilleton. La troisième colonne a été mise à la place de la seconde.
M, de Sydôw a été reçu hier par M. le ministre des affaires étran-
gères et de l’intérieur, et lui a remis les lettres de créance qui l’accré-
ditent auprès du gouvernement de S. M. le Roi des Belges, en qualité
de chargé d’affaires ad intérim du gouvernement de S. M. le Roi de
Prusse.
J/arrivée de M. Sydow a mit fin aux fonctions que reruplisait pro-
visoirement M. Balan.
JWouveiies diverses.
Lundi prochain, 8 courant, M. de Bériolet Mlle Pauline Garcia se
rendront à Bruges pour y donner un concert.
Nous ne pouvons que faire des vœux pour que ces virtuoses veuillent
également se faire entendre à Anvers.
— On a affiché à Bruxelles le tarif des taxes municipales pour 1858.
11 est le même que l’an dernier, à l’exception d’une augmentation de
50 centimes sur 2 fr. auxquels étaient taxés les moutons, agneaux,
chèvres et cabris de 25 k. et au-dessus, et une de 25 centimes sur un
franc que pavaient ceux de 25 k., d’un centime sur 7 que payaient les
viandes de bœufs et vaches, d’un centime sur les 13 que payaient tou-
tes les autres viandes, et une réduction de 40 centimes sur les 2 fr 40
des houilles ou charbons de terre.
— Nous lisons dans l'Echo de la frontière , sous ja date de Valen-
ciennes, 2 janvier :
«Au moment où il nous arrivait de la Belgique des assurances que '
l’affaire delà forêt de Grüneuwald est sans gravité aucune et entière-
ment applauie par la voie diplomatique , nous recevions de Paris la
nouvelle de la formation d’un corps d’armée sur la frontière de Valen-
ciennes et de Maubeuge. Il faut ou que les ordres des mouvements de
troupes aient été donnés avant la connaissance de i'applanissement des
difficultés, ou bien que l’on ail besoin de cette démonstration guerrière
pour servir d’appui à une note diplomatique quelconque.
» Quoi qu’il en soit, voici la note des troupes annoncées à Valencien-
nes : le 5e régiment de dragons, venant d’Arras; le 10° de dragons,
venant de Beauvais ; le 12° d’infanterie légère, venant d’Arras, arrive-
ront. les 5, 6 et 9 janvier. Une batterie d’artillerie venantdeVincennes
se rendra également dans cette ville le 11 janvier. Le 5e régiment de
dragons occupera la caserne laissée vide par les chasseurs, qui, samedi
dernier, se sont réunisaux escadrons de Maubeuge ; unautre régiment
de dragons cantonnera aux environs de Valenciennes, le 12° léger sera
logé à Anzin et villages circonvoisins.
» Une comprgnie de sapeurs venant d’Arras passera à Valenciennes
le 3 pour se rendre à Maubeuge ; une batterie d’artillerie du 4° régi-
ment passera également dans cette ville, le 5, venant de Douai et allant
à Maubeuge.
* Il n'y aura pas de logement militaire en ville que pour quelques
jours seulement et pendant le temps nécessaire pour réunir les fourni-
tares de casernement.
— On lit dans l'Indépendant de la Moselle du 1er janvier:
Arriveront à Metz: le 2 janvier, le 15° de ligne venant de Noncy,
—Le 4, le 2° régiment de carabiniers de Lunevile.— Lc5, le6° chas-
—11 est cependant assez gros tiens , le voilà. Et Laborie montrait à Hémeré
l'étoile des vents placée en marge, et dont les quatre pointes ne ressemblaient
pas mal aux ailes d’un moulin à vent.
— Tiens, c’est vrai, tout de même, dit Hémeré, admirant la supériorité des
connaissances de Laborie. Crois-tu qu’il y ait bien loin ?
— Eh ! non, tu le vois bien.
Et Laborie mesurait, avec sa main, la distance du moulin au point intermé-
diaire de Berlin et de Pétersbourg. Elle était topt au plus d’uu pied.
— Mais quel chemin prendre pour arriver ?
— Il faut avouer que tu es bien bote, la moindre chose t’embarrasse : le
voilà ton chemin, tiens, regarde la carte, le moulin est là, eh bien ! en sortant
d’ici, tu fais par le flanc droit, du files toujours, et si tu marches vite, lu seras
bientôt arrivé.
Ma conscience me reprochait un peu de laisser ce pauvre diable courir toute
la nuit après l’étoile des vents, je fus sur le point de me réveiller, mais M. Hê-
méré é ait un taquin, un peu mauvaise langue, ciabaudant contre les jeunes
gens devenus officiers sans avoir servi comme lui dans l’armée de Sambre-et-
Meuse, et, ma foi, je résolus de l’abandonnera sa destinée, pour le plaisanter
à son retour. Je vous assure qu’il n’y perdit rien, lorsqu’il arriva, trois jours
après, avec sa voiture de blé, sans avoir pu trouver son moulin.
M. Hémeré était un drôle de corps; il avait cinq pieds de haut, toat au
plus; grand amateur de jouissances physiques, je crois qu’il est mort sans se
douter qu’il pût en exister d’autres. Son plus grand.... que d:s-.;e, son unique
plaisir était de boire en fumant ; et pour varier, je me sers de son expression,
il fumait eu buvant. Déplorant un jour devant moi les privations qu’il éprou-
vait en campagne, par le manque de vin, d’eau-de-vie et de tabac, son ima-
gination lui rappela sur-le-champ des souvenirs heureux.
— Oh que nous étions bien, me disait-il, dans les environs d'Anspach et
d’Elwangen, où nous avons été cantonnés pendant six mois! nous avious du
vin à discrétion, le paysan fournissait tout ce qu’on lui demandait.
— S'il ne vous faut que. du vin à discrétion pour vous rendre heureux, lui
dis-je, fi ne vous faut pas grand’ chose.
— Et que diable voulez-vous de plus? me répondit-il ; le matin après l’exer-
cice, je déjeunais eii buvant mes deux bouteilles, ce qui m’endormait tout de
suite. Quand j’avais ronflé deux ou irois heures, je prenais une troisième bou-
teille que j’avalais dans mon lit, et je me rendormais jusqu’au dîner. Le soir
une petite promenade, du vin chaud en rentrant, je me couchais là-dessus, et
je recommençais le lendemain. Jamais je ne me suis tant amusé que dans les
envirous d’Etwangeu. Mais quittons 11. liéméré, nous le retrouverons plus
tard.
seurs de Sarraguemines. — Le 6, le 12’ de ligne de Phalsbourg. —
Le 7, le 5° chasseurs d’Upinal, le 163 et le 46° de ligne venanL de
Strasbourg.
On attend également à Metz le 6° régiment de lanciers venant de
Weisscinbourg. Deux bataillons de guerre du 50° , fort ensemble de
1500 hommes partent aujourd’hui de Metz pour se rendre sur la ligne
de Mezières. Un bataillon du 51° partira demain pour la même desti-
nation.
Partiront en outre de Metz, le 10 janvier, 25 caissons chargés d’ou-
tils du génie pour se rendre à Mezières. Deux compagnies du 5e régi-
ment du génie et deux batteries d’artillerie ont également reçu Tordre
de leur départ.
— On assure que Ton vient de découvrir un filon de charbon de
terre de très bonne qualité, aux fouilles de la demi-route M’Avesnes à
Etrœungt, à quatre kilomètres du chef-lieu. Cette heureuse découverte
devra être d’une grande importance pour le pays, si l’exploitation de
la mine offre les résultats qu’on en attend.
— On écrit de Liège 4 janvier :
M. Ch. de Brouckère, directeur de la Banque de Belgique, est arrivé
hier matin en cette ville; il vient visiter les diverses sociétés fondées
dans notre province sous le patronage de cette banque.
— On écrit d’Arlon, le 5 janvier :
Il règne actuellement partout une température des plus douces dans
la province. La végétation n’est pas arrêtée. Les prairies sont vertes
comme au printemps.
— Le gouvernement anglais doit, dit-on, proposer au gouvernement
français de réduire les droits exorbitants dont sont frappées les eaux-
de-vie en Angleterre à la condition que les droits pour l’importation
des fils de lin en France ne seront pas augmentés.
Les eaux-de-vie payent en ce moment 22 shellings 6 deniers par
gallon de droit d’entrée dans lesiles britanniques, si le droit était ré-
duit à 8 ou 10 shellings par gallon le fisc anglais gagnerait certaine-
ment; car le gouvernement anglais dépense de 4 à 500,000 liv. sterling
pour arrêter la contrebande.
— La semaine dernière, de? marins de Guernesey, étant à la pêche
à quelques milles au nord des Casquets, crurent voir une baleine qui
se dirigeait vers Test; elld,paraissait d’une grandeur considérable. II
est peu probable que cet énorme célacéedes mers polaires fréquente
les eaux de la Manche, et nous sommes portés à croire que le poissoü
aperçu était un souffleur ou quelque gros marsouin. Si Ton a pris plus
d’une fois des baleines sur les côtes d’Angleterre, nous ne sachions pas
qu'on ait jamais harponé un pareil poisson dans la Manche : cela né
serait pourtant pas plus singulier que la baleine de cent pieds de
longueur qu’on pêcha en 1620 près de l’ilc de Corze.
— Des œufs de vers à soie, conservés par différens procédés , sont
arrivés du Bengale au Muséum d’histoire naturelle à Paris parmi les
collections de M. Gaudichaud, l’un des naturalistes de la Bonite dans
son voyage autour du monde. L’examen de ces œufs a été fait le 26
décembre, par le professeur Audouin, en présence de M. Camille Beau-
vais et de plusieurs personnes intéressées aux succès de ces expérien-
ces, et iis ont été trouvés dans un état de parfaite conservation.
Jusqu’ici on avait pensé qu’il était très difficile , pour ne pas dire
impossible, de faire passer la ligne aux œufs des vers à soie, qui éclo-
sent ordinairement à une température de dix degrés. Ainsi se trouve
résolu un problème qui occupe depuis long-tcms tout le commerce
français.
■ ■■■^«•OTttaaBsrwnamapigB^ ... -
m. cornichon. — Nous attendions avec impatience les grandes nou-
velles de Paris, qui ordinairement résument les événements de Tannée.
Or, voici ce que nous lisons dans un des journaux les plus graves, la
Charte de 1830: « M. Cornichon s’est pourvu auprès du garde-des-
sceaux pour substituer à son nom, le nom de Defoix. »
Certes, quand on s’appelle Cornichon, le désir de changer son nom
est une chose bien naturelle. Indépendamment de ce qu’il y a risque
d'ëtreconfondu avecbeaueoup de gens, le nombre des Cornichons était
assez considérable aujourd’hui , on doit présumer que M. le garde-
des-sceaux ne tiendra pas essentiellement à ce qu’il y ait en France un
Cornichon de plus ou de moins.
Si nous nous permettions de railler à ce sujet, M. Cornichon pour-
rait nous répondre un peu aigrement peut-être, nous ne voyons donc
aucune objection à opposer au projet qu’a M. Cornichon Av s’appeller
M. Defoix.
Mais, comme nous connaissons les mœurs du temps, nous osons
prédire que le fiis de M, Def. ix séparant les deux syllabes de son nom,
se nommera M. De Foix\ que le petit-fils se laissera, comme par mé-
gardo, affubler d’un titre de noblesse qu’il prendra ensuite fort volon-
tiers; et voilà comment l’illustre race éteinte des comtes de Foix sera
glorieusement remplacée par la famille de M. Cornichon.
C’est ainsi que se ressuscitent peu à peu en France les grands noms
historiques; et dans cent ans, on verra figurer, dans les salons de la
capitale et de l’Europe, les nobles comies do Foix, devant le nom des
quels les portes s’ouvriront à deux battans, parce que leur grand-pèrô
se sera fatigué de s'entendre appeler yi.Cornichon!... (J. de Francfort, )
VARIÉTÉ»
taevTK vûcusus» a la ugne.
Dans une de ses promenades matinales , car il dormait peu , un jeune pro-
fesseur, suspendu de ses fonctions, suivait tout agité les bords de la Seine, en
bas des quais, sur la grève que la sécheresse laissait à découvert, regardant
Le plus beau de tous les bivouacs passés, présents et futurs, c’est celui du
4 juillet 1809. Jamais une plus grande réunion d'hommes ne se fit sur un aussi
petit point du globe. Toute l’armée française avait passé le Danube sur trois
triples ponts, et se trouvait dans file de Lobau par une pluie qui, pendant six
heures*ne cessa de tomber par torrents. Deux cent mille hommes bivouaquaient
ensemble en colonnes serrées, par régiments. A peine si chacun avait l’espace
nécessaire pour se mouvoir. Il restait un bras de rivière à franchir. Le canon
tonnant toute la nuit, les obus pleuvant pour le défendre; la bataille pour lé
lendemain, la victoire qui devait suivre, tout cela présentait un superbe ta-
bleau. de magnifiques espérances.
Jamais la grande armée ne s’était vu ainsi réunie; chacun reconnaissait nn
ami dans les vieilles bandes arrivées d'Espagne ou d’Italie. NoiHseulement les
individus faisaient éclater leur joie, mais encore les régiments entiers témoi-
gnaient une vive allégresse en rencontrant d’autres régiments dont ilsavaient
partagé la gloire et les dangers au pont d’Arcole, aux Pyramides, à Ma»
rengo, à llohenlinden. Celle fraternité de périls avait augmenté l’ami-
tié chez les uns, l’avait fait naître chez les autres. C’est une amitié de Ion»
gue durée, celle qui se forme sur le champ de bataille. On s'était quitté sur les
bords du Nil ou du Guadalquivir, on se retrouvait avec bonheur dans une Ue
du Danube.
Les tréteaux des eanlinières étaient assiégés par tous ces braves qui, le verre
à la main , se félicitaient de s’être relrouvés. Chacun disait les hauts faits
d'armes, de son régiment, depuis l’époque de la séparation, et la kyrielle élait
longue Chacun, content de soi, fier de sou voisin , ne doutait point de la vic-
toire. Semblables aux soldats de Casimir, tous auraient pu dire à Napoléon :
« Sois tranquille, compte sur nous ; si le ciel tombe, nous le retiendrons sur le
» fer de nos lances,
Un instant après, on se séparait en se serrant la main; pour un grand nom-
bre, hélas ! cet adieu fut éternel, car ce jour là c’était la veille de Wagrar/n
Dans l'ile de Lobau, toutes les nations avaient des députés; on y parlait
lonles les langues de l’Europe. Les Italiens et les Polonais, les Mamelncks et
les Portugais, les Espagnols et lesBavarois, toutes ces bandes étaient étonnées
de se trouver marchant sous l’aigle impériale. On y voyait aussi des Saxons,
des Westpbaliens, des Badois, des Wurtembourgeois....
Qui, depuis. .. mais alors ils étaient nos amis.
Ou courait, on cherchait sans tromer, on parlait sansso faire comprendre-:
c’était uu essaim en mouvement, la tour de Babel, la vallée de Josapbat, où ,
comme chacun sait, nous devons tous nous retTouvser un jour. |