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Le National, et Libpi Bagnano.
Le gouvernement, forcé de lutter contre l'infjuence toujours
croissante de ces écrits, fonda, de son côté, des journaux, dont
le plus connu est le National, confié l'ltalien Libri Bagnano
Florentin de naissance, le comte Libri Bagnano, proscrit
d'Italie, s'était réfugié en France, où il avait été condamné,
en 1816, par la cour d'assises du Rhone, dix ans de travaux
forcés et la marque, pour saux en écriture de commerce.
Gracié sous Louis XVIIl, il vint s'établir en Belgique et
entra on relations avec le gouvernement hollandais. La
umière n'a pas encore été faite our la nature exacte de ces
relations. Quoi qu'il en soit, le National, dirigé par Libri
Bagnano, était un journal officieux et subsidié.
Au Surplus, voici ce que dit de cette Singulière personnalité
le livre Si intéressant de Bartels Documents hisloviques sux la
révolution belge:
Personne ne connaissait ses antécédents. si ce n'était De Potter qui par égard pour
son sils mathématicien de premier ordre, le mit en rapport avec plusieurs personne
influentes et lui procura les moyens de vivre l'abri du besoin M. Van Gobbelschroy
ministre de l'intérieur, fournit Libri, sur les fonds de l'industrie nationale, l'argent
nécessaire un établissement de librairie, et lui ménagea plusieurs entrevues avec le
roi, qui le rappela plusieurs sois ses audiences, et lui accorda enfin l'entrée des palais
et des châteaux toute heure du jour et de la nuit
1 Un crédit aussi extraordinaire alarma le ministre de l'intérieur, qui commencait
raindre pour le sien propre, et s'apercevait que les affaires les plus importantes de
l'Etat ne se débattaient plus en conseil des ministres, mais en petit comité du roi, de
Van Maanen et de Libri, M. Van Gobbelschroy prit donc des informations, découvrit
la vérité, et mit Sous les yeux du roi le procès-verbal de l'exécution que le comte Libri
le Bagnano avait subie sur la place de Lyon, destinée aux hautes ceuvres. Guillaume
envoya aussitôt un chambellan collationner les épaules de son favori. Il n'y avait pas
moyen de se refuser l'évidence: mais Libri était devenu l’homme indispensable.
Après un moment de réflexion: 1 Ma saveur efface tout répartit le r0i, et M. Var
Gobbelschroy s'inclina.
1 Le sanatisme de Libri, c'était le pouvoir absolu, son système gouvernemental, le
aton et le souet. Comme le chien. il mordait Sans regarder qui ni quoi ni qu'est-ce
lés que son maître lui disait de mordre
4 Nommé directeur de l’lmprimerie normale. Libri reçut différentes reprises, par
les arrêtés royaux qui surent successivement consignés dans le Couvvier des Pays-Bus
usqu' concurrence de trois cent mille florins, dont la plus grande partie, prise sur les
fonds de l'industrie nationale, ser virent acheter presses et caractères Paris
Le National. fondé vers cette époque, par Libri, absorbait lui seul les contributions
de quarante communes rurales.
1 Cest le Nutional qui disait aux approches de la session de la Haye et du pétitionne
nent: il soul muscler les Belges comme des chiens
1 Une Semblable polémique avanca d'ailleurs Singulièrement l'opposition révolu
ionnaire
A titre de curiosité historique, nous reproduisons ici quel-
quos-unes des conclusions d'une espèce de réquisitoire publié
plus tard par Libri Bagnano contre la Révolution belge;
1 Que le roi Guillaume, dit cet extraordinaire publiciste, dispose comme il l'enten-
dra d'un peuple indigne de vivre Sous ses lois, rien de mieux. Qu'il fasse de la Belgique
une monnaie d'échange, pour reconstruire son royaume d'éléments homogénes. cela se
conçoit parfaitement
1 Mais, nvont tout l’honneur de la couronne et l’honneur du nom hollandais exigent
que les Belges Soient soumnis par la force des armes: qu'ils le soient d'une soumission
leine, entière, absolue. sans conditions d'aucune éspèce, et de plus Sans promesses
ni exprèsses ni implicites, qui puissent leur faire entrevoir des concessions pour une
poque plus éloignée.
1 L'exécrable scélérat qui, après avoir hautement appelé sur la Hollande le ser et le
seu des tructeurs, a osé prononcer un tissu de calomnies les plus atroces, dans son
insolente parodie des attributions royales lors de Touverture du prétendu congrés
national. s'il vous tombe entre les mains, au nom de l’humanité et dans l'intérêt du
genre humain, faites le pendy.
1 Que Si la cité qui a offert l'indignation et au mépris des ames honnêtes et ver-
tueuses de toute l'Éurope le dégoutant assemblage de tant de turpitudes, d'aveuglement
et de forfaits, pouvait résister de nouveau aux sommations de ce prince qui, pendant
quinxe années. fut le bienfaiteur et le père de ses habitants. cernex aussitôt la ville
incorrigible, brulex-la jusqu' la base de ses fondements et qu'une pyramide en bronxe
éternel, pleine d'ossements et de cendres. s'élève la place même du palais des Etat
généraux, pour apprendre aux générations venir où sul Bruxelles.
Ces amabilités parurent dans un factum intitulé: Lo Ville
vebelle, ou les Belges au tvibumal de l'Euvobe, et imprimé
La Haye en 1881,
L'union une sois fondée, les polémiques de prèsse ne tar
dèrent pas prendre une grande violence. Comme on le con
çoit, les procès se multiplièrent et beaucoup de journalistes
urent condamnés.
Le pétitionnement.
Le mossage du roi aux Htats
généraux
Cependant, les chefs de l'Union des catholiques et des libé-
raux songèrent fairé intervenir le gros de la nation dans la
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lutte pour le redressement des griess. Un pétitionnement
s'organisa dans les Flandres et de la gagna le reste du pays
Les promoteurs de ce pétitionnement surent les prêtres, les
nobles et les journalistes qui entrainèrent la population des
campagnes et celle des villes. Le mouvement fut général et
irrésistible. Bourgeois,
artisans, marchands,
nobles, paysans et pré
tres, tous Signaient ces
pétitions ou se lisaient
les noms des de Mé-
rode, de Robiano, Vi-
sain XIIII. Rodriguex.
des d'Oultremont, Ro
gier, Lebeau et de tant
d'autres. Le premier
signal fut donné par
De Potter, qui publia
un mani feste dans le-
juel il demandait
la
liberté de la presse, la
responsabilité des mi
nistres, l'organisation
prompte et déterminée
du pouvoir judiciaire
en concluant qu'il était
LE COMTE FÉLIX DE MÉRODE.
désirable que les amis
de la liberté adressassent d'un commun accord au chef de
l'Etat et aux représentants du peuple des pétitions loyales et
res pectueuses pour exprimer les voeux unanimes de la nation.
Le gouvernement fit alors de tardives concessions: il abolit
certains impôts et abrogea l'arrêté relatif l'usage de la langue
hollandaise
Le tort du roi fut de resuser la révocation des ministres
irresponsables, et spécialement celle de Van Maanen, qui
avait excité contre lui la haine de la population tout entière et
était considéré comme
le mauvais génie de
la Couronne, l'inoar.
nation de toutes les
maladresses et de tou-
tes les injustices gou
vernementales. Cette
mésure oût apaisé les
csprits, mais le roi s'y
resuSa abSolument.
De plus, il adressa
aux Etats généraux un
méssage, dans le
quel Ses plaintes au
sSujet de l’opposition
revétaiont une forme
hautaine et blessante
Le roi Se posait
on soigneur Suxérain
du moyen age, dit
LE VICOMTE CHARLES VILAIN XIIIL
M. Hymans; en oc-
troyant la charte
il
prétendait s'être borné céder des droits qu'il pouvait re
prendre, affirmation d'autant plus téméraire que le traité
de Londres lui avait imposé l'octroi de la loi fondamentale.
Il ajoutait que les pétitionnaires étaient des factieux, la presse
un instrument de haine, les mécontents en général des ingrats
et des indignes. Une circulaire ministérielle complétait le
méssage royal, en décrétant de nouvelles rigueurs contre la
r6SS0.
Les procès de prèsse devinrent encore plus fréquents. Le
ministère public, peu de temps après, poursuivait la sois lvemte
articles: douxe du Couvvier des Pays-Bas, trois du Belge, quatre
du Politique, quatre du Couvvier de la Meuse, trois du Cotholique,
trois du Couvvier de la Sambre, et un du Touvnal de Verviers.
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