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Vendredi Trente-huitième année. « N° 361 27 Décembre 4871
/Ibimnement « s
Duna p.ns bureaux et chez tous
if a Directeurs de postes [franco de
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L’Angleterre____ » « » 22.—
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ƒ»-. - Bruges, Osiende, 5.55, 9.50. 10.50, 3.45, 4.50 E. 1», 2» et3° cl. - Courtrai, Mous-
Tournai etLlile 5.55, 9.50,12,35, 3.45,4.50 E. 1», 2» et 3' cl. - Calais 5.55,12.35, 3.45 H.
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RESUME POLITIQUE.
La première sous-commission des Trente ira trou-
ver-demain le président de la République française à
LRlysee. Bien que cette sous-commission eût décidé
4 attendre que M. Thiers se présentât devant elle, M.
Thiers ne venant pas, elle est allée au devant de lui.
( est une marque de déférence envers le chef du gou-
vernement qui fera bonne impression, à moins que,
cependant, cette condescendance ne soit encore une
lois cme tentative de la part de la droite pour amener
M. piliers à se départir de l’esprit de son Message,
veut ce que la délibération de demain nous ap-
prendra. 1
, ka nouvelle situation créée en Prusse par l’ordre
impérial relatif au cabinet, ne change rien à l’état des
■choses qui existait déjà. Les éléments disparates dont
,se compose le ministère actuel ne semblent pas lui
présager une longue existence. On est assez d’avis en
Allemagne que la situation présente servira de transi-
tion a la nomination de M. de Bismark aux fonctions
■de chancelier du royaume et, par conséquent, premier
Ministre et chef réel du cabinet.
Ily a deux jours, les Times et plusieurs autres
journaux de 1 Europe publiaient une circulaire du mi-
nistre des affaires étrangères de Turquie, Khalil
Æiiérif pacha, relative à l’unification de la dette otto-
mane Cette circulaire était tout simplement l’œuvre
d un faussaire, car un télégramme de Paris nous an-
nonce que 1 ambassadeur de Turquie en cette ville a
adressé une note au syndic des agents de change,pour
déclarer ce document complètement apocryphe.
Bien qu accepté et applaudi par tous les esprits hu-
manitaires le projet de loi sur l’abolition de l’escla-
vage a Porto-Rico paraît devoir rencontrer une assea
rive oppositon en Espagne. La Iberia et le Tiemno
annoncent en effet qu’une pétition contre le projet va
■etre adressée aux Cortès et qu’elle sera signée par la
plupart des généraux espagnols; il est question aussi
d un manifeste au pays annonçant les conséquences
■désastreuses que 1 abolition de l’esclavage entraînera
infailliblement. II faut espérer que tout cela n’empè-
cuera pas 1 adoption du projet ministériel. Il sera, en
tout cas curieux de savoir quel parti politique osera
assumer la.responsabilité de cette agitation en faveur
du maintien de l’esclavage.
L’élaboration de deux projets de loi de la plus haute
importance a été achevée en Russie la semaine der-
nière. Le premier de ces projets concerne les impôts
et a pour base 1 impôt universel. Les classes privilé-
giées étaient, comme on sait, exemptes jusqu’ici de
toute contribution directe. Le second projet concerné
la reforme militaire, basée sur le service obligatoire
et universel.
(Correspondance particulière du Précurseur.)
Bruxelles, 26 décembre.
L Association libérale de Bruxelles s’est réunie ce
soir à la Nouvelle Cour d'Angleterre. C’était sa
première assemblée générale depuis la scission, sa
réponse aux resolutions prises dans la salle Kevers
L honorable president de l’Association, M. le repré-
sentant Van Humbeeck, développant une proposition
d ordre du jour motive dont vous avez publié le texte,
a.^?r}ne d un remarquable discours qui a ex-
cite dans 1 assemblée — très nombreuse — des trans-
ports d’enthousiasme.
Sur la proposition de M.le sénateur Van Schoor qui
a donne son adhésion pleine et entière au langage de
M. \an Humbeeck, en déplorant la scission de la salle
Revers, il a ete décidé que ce discours-manifeste se-
rait imprime en français et en flamand, et distribué à
tous les électeurs de l’arrondissement de Bruxelles. Il
a ete décidé aussi qu’un exemplaire en serait envoyé
a chacune des Associations libérales du pays.
J® texte de ce discours, un des meilleurs de
sictóToratoireeCk’ QUi nen est paS à son bremier
« Messieurs,
"N. J a quelques jours, dans eette même salle, je vous
wffhàraMvr eiï llnion; je montrais que l’accord de
tous les liberaux était le vœu de 1 opinion publique et que
de HCmèenm.V-tlp0Ter Sr yolonté a ceHX qfli tenteraient
n?o. t nmnt afwàt^'t^eS fai.ts*.<lul S0 sont passés depuis,
a ont point altéré cette conviction. Seulement Quand ie là
croyais partagée par tout le monde, je me fais’ais une Iflu
motion? arrivant ’ °'l -,n9 suPPose Pas facilement que les
mots qui arnvent aux lèvres n expriment point les senti-
craque ^tiufmvnn e co0l,rj t,0?8 parlaient le l'union, j’ai
ci u que tous la voulaient et j ai eu le chagrin de la voir
■ fflrmfrtrTePTlîlfment mt\lïie,où .1° croyais l’avoir encore
® "L UI catholiques ont bien ri de ma dé-
ment Mn,À m, avflen.t e droit,,je le reconnais humble-
?n moi le A Gcl?t? d° leiu'joie n’éveillent pas
doifêtri fl Jîa?» 1 aVolP provoquée, ce remords qui
Don oemière punition des auteurs d’unedéfec-
^e.seral pleinement vengé de quelque»
sion de m^n^,eer ejotur ou le corps électoral aura ôcca-
comnîw'lftononcer, entre ceux qui veulent le parti libéral
fort, et ceux qui vsulent le divise!- en groupes
Btow Æ5p«ur f°rCe 11 se com,)attre au lieu le l’em-
-flLnlltrel ei}ne?‘ commun. (Applaudissements.)
nons ii lenlî!un I’ÔJîar<i en arrière et demandons-
SZe flnni Un nS f°Urm a cotte trist0 «cission quelque
cause dont 1 apparence au moins soit sérieuse. 1
mier Iffrt rnî'f rUe Tlolati°n de notre règlement a été le pré-
test lli La;^!r1proc ialent Geux lui nous ont quittés,
remonter u rll1 de cette a-semblée qu’ils en faisaient
té^n fa riveli1 Sa(blllte; !e remphs un devoir de loyau-
lûirfuef le Tf^diqu,\nt P.011,1: moi sei'l. J’avais mission d’ap-
rit2 ai fait’ sans consulter la majo-
nossii^A ar p, ava,lt m obliger à m’en écarter. Il n’était pas
î’ensAmliie ^l,imettrÇ 'a prétention de faire procéder sur
uar m^inl ii“nô rf,sol>ltion à deux votes successifs, l’un
arrr^ltle fnees’ 1 autl’e Par scrutin secret. Pour s’être
zarre i n t e rmfi*Z+a n certain nombre de membres, cette bi-
une^rrem.^i’jétation du rêglementn’en renfermait pas moins
bientôt'enfe ; ceux m0mes qui la partageaient l’ont
tup-n» - reC:<,nnu. et se sont alors prévalus de leur erreur
‘“e pour modifier leur réclamation et solliciter un nou-
oau vote sur l’article-principe. Si cette ieuxiôme récla-
mation se fut produite, au moment même du premier vote
sur cet article, il eût été possible d’y faire droit. Mais,
après un résultat proclamé sans contestation, un grand
nombre de membres avaient quitté la salle et il eût été in-
juste dès lors de laisser recommencer une épreuve termi-
née par une assemblée qui n’ét.ait plus la même. J’étais
ainsi force d opposer à la demande un refus, dans lequel la
majorité n a point de part et dont j’ai seul à rendre compte.
» Il en est autrement du sort, fait par cette majorité à
une proposition d’ajournement, que j’appuyais. En pré-
sence de 1 émotion inattendue, qui se manifestait, Fassem-
biee n eût point dû, selon moi, se refuser à différer île quel-
ques jours la solution des questions soumises à son appré-
ciation. On pouvait étudier les moyens d’étendre, dans
certaine mesure, aux habitants des faubourgs en général
ia laveur faite seulement à ceux d’entre eux qui appar-
iiennent aux associations cantonales. L’assimilationcora-
pietedesdeux câtégories n’était point possible: elle eût
accorde une prime au dépeuplement de sociétés fondées en
e *all’-e templier le libéralisme dans les élections
i 5?ais ?a Pcuvah chercher un moyen de rappre-
î;. ,?K^?.ntdans la proposition d’accorder aux habitants des
ûnorsî- salement do l’Association centrale,
. , de co*1?atlon moins importante qu’à ceux qui
siiHlt»tnt des saerltlc0s spéciaux par les luttes à soutenir
iièu vie1 a-ncomraunalouProvincial-Ens0ffonnantle temps
un rî', 011 Pouvait espérerarriverainsiàréunirsur
une solution la presque uaaüimité des'guffrag6g. Lô rejet
de la [u-oposition d’ajournement m’a donc causé une vive
contrariété, qui, toutefois, s’est singulièrement amoindrie
depuis, l.e vote émis n’empêchait pas les idées conciliatri-
ces de se traduire encore en propositions complémentai-
res; on eût pu, par exemple, demander sous cette forme
une réduction de la cotisation à huit francs pour les habi-
tants des faubourgs étrangers aux associations cantona-
les. Mais les dissidents ne se sont pas donné la peine d’es-
sayer d’un pareil moyen de transaction. C'est cette circon-
stance qui amoindrit mes regrets, en me misant douter
qu’ii n’y eût pas un parti pris de saisir le premier prétexte
qui se présenterait pour consomme!-la division. {C é.Ü cèlx!
Applaudissements. )
- La polémique soulevée daas la presse par ce pénible
conflit est bientôt sortie des futiles querelles engagées sui-
des questions règlementaires ; on a cherché alors dans le
fond même de la proposition des motifs spécieux de sépa-
ration.
» Je crois devoir à ce propos faire rapidement l’histoire
de la question sur laquelle vous aviez à vous prononcer.
C’est en 1857, au moment du réveil du libéralisme, que des
associations électorales se sont fondées dans les iaubourgs
de Bruxelles Elles ont grandement contribué au résultat
(les élections municipales, qui amenèrent là retraite du mi-
mstère De Decker. Dans les élections pour lacommune et le
canton, leur rôle est tout naturel, leur utilité incontestable.
Leur immixtion dans les élections législatives faisait.au con-
traire, apparaître, comme une menace permanente, l’éven-
tualité d une division entre les libéraux de l'arrondissement.
Pour conjurerCe danger il fallait àchaqtieélect,ion parlemen-
ter avec elles ; il en fut ainsi en 1864, en 1870, en 1872. Elles se
plaignaient constamment de ne pas avoir leur part d’in-
fluence dans le choix des candidats définitifs. Elles émirent
u abord l’idée de Constituer une fédération, dans laquelle
les diverses associations se seraient réservé un certain
nombre de choix; plus tard, il fut question d’un poil com-
mun oû se seraient confondus les suffrages des membres de
toutes les associations. Votre comité ne pouvait évidemment
vous proposer ni de limiter votre choix à une partie des
candidats, ni d’accorder les droits et les prérogatives des
membres de l’Association centrale à des libéraux étrangers
à celle-ci et n’ayant point contribué aux charges qu’elle
s impose, Une nouvelle combinaison fut suggérée par
les associations cantonales à la veille des élections, de
1872: on nous demandait cette fois d’admettre au poil les
membres des Associations cantonales, moyennant une
cotisation payée pour chacun d’eux par les' associations
elles-memes. Ce nouveau système se préoccupait exclusi-
Yement de la question financière, mais, comme les pre-
cedents, il portait une atteinte inacceptable à l’autonomie
de 1 Association centrale, puisque tous les votants n’é-
taienj, pas membres rie celle-cp n’avaient pas été admis
par son comité et n’étaient pas liés par son règlement.
On eut ainsi conféré aux membres des Associations cah-
tonales les avantages attachés à la Qualité de mem-
bre de l’Association centrais et cela sans examen,
sans garantie, sans leuf avoir imposé aucun engagement
sans s être assuré sur eux aucune autorité. Dépareillés
conséquences n’étaient évidemment nas encore admis-
sibles. Votre comité avait d’abord, malgré l’opposition de
M, Orts et la mienne, voulu saisie de ce projet rassemblée
generale ; mais il revint sur eette décision et les associa-
tions cantonales consentirent à ajourner encore leur de-
mande de participer au vote de l’Association centrale. Votre
comité, cependant, convaincu qüe la question, toujours
ajournée depuis huit ans, devait enfin recevoir uhe solu-
tion, s engagea a soumettre une proposition à l’assemblée
génerale avant de déposer son mandat.
” Quelle devait être cette proposition ? C’est lé problè-
me que je me chargeai d’étudier, ci je n’avais eu à consul-
ter que mes désirs, la solution pour laquelle je me serais
prononcé, eût été le maintien dusfafïi quo. J’aurais voulu
pouvoir convaincre les associations cantonales qu’elles
n avaient rien à nous demander, que les portes de l'Asso-
ciation centrale étaient ouvertes à leurs membres, que
ceux-ci b avaient qu’à y entrer aux mêmes conditions que
les membres bruxellois et qu’ainsi la question serait toute
résolue par le fait. Mais jé savais, à n’en pas doute:-, qu’en
essayant de leiir faire partager ces idées, j’aurais en-
trepris une tâche impossible et n’aurais réussi qu’à créer
1 antagonisme entre elles et nous, au grand préjudice des
interets du libéralisme. Ne pouvant faire admettre la so-
lution qui eut été la plus simple et la meilleure, je voulus
au moins m en rapproeher le plus possible en né la modi-
fiant quen un seul point, ôn nous disait: les mem-
bres bruxellois préparent dans l’Association centrale
les eleotions aux trois degrés ; les membres des fau-
bourgs no peuvent s’y occuper qtie des élections légis-
latives et sont obligés dé S'imposer pour les autres,
des sacrifices spéciaux dans leurs associations locales. Le
fait était vrai : pouvait-on en tenir compte? Je l’ai cru et
j ai proposé une réduction de cotisation fondée sur cette
circonstance. Voilà l’innovation terrible que j’ai proposée !
Pour prix de cette concession, exclusivement pecuniaire,
I association centrale s’asstlfe lë concours de toutes les
associations cantonales qui renoncent à soutenir pour les
Chambrés d’autres candidats que les siens. Tel est mon
crime et le vôtre, messieurs (Rires), avons-nous à en
rougir ? Rien ne me le dit, malgré le débordement d’impré-
cations qu’il a soulevé eontre nous. J’eubliais cependant
que votre comité se soumet aussi à une règle de courtoi-
sie : maître absolu du recrutement de l’Association,il garde
le droit de refuser,comme tous autres,les candidats appar
tenant à une société cantonale ; seulement, il consent à
n user de son droit qu’après avoir fourni au comité de cette
société (occasion de s’expliquer : investi d’un pouvoir
absolu, il ne se croit pas obligé de l’employer sans mena-
gement. Cette disposition a été critiquée aussi ; mais ici
encore je ne saurais me reconnaître coupable da vous avoir
entraînes à une concession humiliante. On a reproché
môme à cette disposition d’être impraticable; de pareilles
objections se réfutent seulemefntala façon de ce philo-
sophe, devant qui on niait le mouvement et qui se mit à
marcher. On a enfin manifesté une crainte étrange : le jour,
disait-on, où un dissentiment surgira entre les deux co-
mités, vous aurez créé la division dans le parti ! Oui, cette
objection a été faite, mais on ne peut la rappeler aujour-
d hui sans sourire : c’est sans doHte par peur de cette
division lointa.ine et problématique, qu’on s’est précipité
dans une division immédiate et certaine, à l’exemple de ce
personnage d’une finesse proverbiale, qui se mettait dans
1 eau pour s y garantir de fa pluie. (Rires et bravos).
, ” Les propositions, que je rédigeai et soumis au comité,
n y soulevèrent aucune hostilité. Le comité-consacra deux
séances à leur examen et elles furent adoptées sans oppo-
sition, en l’absence, il est vrai, de M. Orts. J’eus le regret
d’apprendre, par une lettre de ce dernier, trois jours avant
1 assemblee générale,-que l’adoption par celle-ci des projets
du comité l’empêcherait de prendre encore part à la direc-
tion (le l’Association. Quant à la proposition qu’il voulait
substituer a celle du comité, il n’en fut question que le jour
meme de notre'dernière séance.
Le désaccord entre M. Orts et le comité portait unique-
ment sur une question d’organisation, sur fa préférence à
donner à telle disposition des forces libérales sur telle
autre; aucun principe n’était engagé ; nous ne proposions
pas même une solution définitive. Si l’expérience faisait dé-
couvrir des vices dans celle que nous préconisons, nous nous
réservons le droit d’y renoncer d année en année. Et
cependant, c'est à propos de ce dissentiment, qu’on donne
auxcléricaux l’immense bcmheur de voir les libéraux s’enga-
ger dans un guerre intestine dont nul ne pent prévoir la fin,
ni calculer les déplorables effets. (Très-bien.)
>• J’ai beau chercher à découvrir le tort grave que le
Comité peut avoir eu en élaborant son projet, j’ai beau me
demander comment l’assemolée en y adhérant a pu froisser
la .justice ou la raison, je ne trouve' rien, absolument rien,
qui légitimé la rupture dont les adversaires de ce projet se
sont faits les auteurs. (Applaudissements.)
» Serait-ce, comme on l’a dit, une transformation com-
pléte et nuisible de l’organisation du parti?Au lieu d’un
système centralisateur aurions-nous inauguré un système
fédératif? Qu’on ne méconnaisse pas l'évidence en ’appré-
ciant ainsi le nouvel état des choses. La coexistence de
groupes divers a son utilité pour les élections communales
et provinciales, dans lesquelles chacun d’eux a droit à une
entière indéjiendanee; mais, lors des élections législatives,
tons Ces groupes n’en doivent former qu’un seul soumis à
une seule et même discipline. C'est là ce que nous réali-
sorfs. Qn peut appeler cela une Fédération, en prenant le
met, dans le sens étymologique, comme synonyme d’al-
liancef' mais on abuserait au terme, si, pour l’appliquer
notre constitution nouvelle, on y voyait une renonciation
a la prétention légitime de réunir en un même-centre, aux
jours des scrutins pour los Chambres, toutes les forces
actives du parti libéral. Cette prétention reçoit aujourd'hui
la plus eclatante consécration qu’elle ait obtenue depuis
quinze ans. (Approbation générale.)
* Aussi, messieurs, les subtiles critiques, dont on s’effor-
çait d exagérer l’importance, paraissent-elles, comme les
questions règlementaires, avoir à leur tour disparu du
débat. Coniment, en effet, passionner le public avec des
questions do cotisation et d'organisation intérieurs ? Pour I
populariser la scission, il fallait lui assigner d’autres
motifs : il n’en existait point, on en a inventé. C’est alors
qii’on a publié que nous représentons ici les idées répu-
blicaines, les doctrines de l'Internationale et que les bons
citoyens doivent se séparer de nous, s'ibs ne veulent pas
voir se lever sur la Belgique l’aurore sinistre d'un 18 mars.
(Rire prolongé.)
»Je ferai à ces ridicules imputations l’honneur d'une ré-
ponse sérieuse. Le public en rit aujourd’hui ; mais en pro-
longeant trdp le silenée d'un- juste mépris, ndusnous expo-
serons à voir un jour notre dédain mal interprété. A force
d’entendre répéter sans contradiction le» mêmes prepos,
on finit par y attacher de l’importance. Ilest bon d’arrêter
dès ses débuts un système de dénigrement calculé, (Vifs
applaudissements.)
On nous accuse d'être une association républicaine ; on
constate cependant que le prograrame.de juin 1848 n’a
point cessé de figurer en tête de notre règlement ; mais
c’est avec ce programme même qu’on veut nous embarras-
ser. On en extrait quelques phrases ; les voici :
•> ... Nul régime, pQürcünsefvei'sa pureté et ses bienfaits,
» n'a plus besôin de franchise que le régime représentatif.
» Nous ne nous bornerons donc pas, dans les graves eir-
« constances où le pays est placé, à reproduire cette pro-
« fession de foi : La Constitution, toute la Constitution,
» rien que la Constitution. Nous irons plus loin; nous
» dirons nettement le sens que nous donnons à eette for-
» mule.
" Nôus. voulons le maintien do la monarchie constitu*
» tiorinelle que la plus libre des assemblées constituantes,
» notre immortel Congrès national, a fondée.
» Nous repoussons formellement toute idée de modifier,
« sous ce rapport, la jCônstitution. Nous refuserons nos
» suffrages à tout caAçudat dont l’opinion n’est pas con-
» forme à cette profession de foi.
» Pas de république !
» Qui craint de s’engager à la combattre ne saurait
>» marcher avec nous. »
On arrête ici la citatiôn et on demande si tous les mem-
bres de l’Association libérale sent prêts à signer publique-
ment cette profession de foi ? Messieurs, en mutilant ainsi
le programme de 1848, on empêcherait même les admira-
teurs les plus fervents de cette œuvre politique d’y donner
leur adhésion, sans l’accompagner de quelques explica-
tions ou de quelques réserves. Le passage cité,, lorsqu’on
l’isole ainsi, semble attribuer au mot de monarchie consti-
tutionnelle une portée fatidique, en dirait que toute com-
binaison d’institutions revêtue do ce nom doit être excel-
lente, que toute organisation qualifiée de république sera
au contraire détestable.
Le programme est trop beau pour le dépouiller ainsi de
parties essentielles, de phrasés indispensables, pour en
faire saisir toute l’élévation. Qu’on se donne la peine de
poursuivre la lecture :
» Nous voulons la monarchie constitutionnelle parce
» qu’elle est la Sauvegarde certaine de notre nationalité,
» parce qu’elle assure l’indépendance au dehors, l’ordre
" au dedans ; parce qu’elle garantit, seule, l’unité de nos
» provinces.
” Disons clairement ce que nous entendons par monar-
» chie constitutionnelle.
» Nous entendons par là un gouvernement aussi libre,
» aussi moral, aussi progressif, aussi équitable, aussi dé-
» mocratique que la république la mieux o'rganisée.(Triple
» salve d'applaudissements).
» Une royauté constitutionnelle est pour nous une pré-
» sidence héréditaire, rien de plus, rien de moins.
» La monarchie constitutionnelle, c’est pour nous le
» gouvernement du pays par le pays; c’est la république
- avec un principe d’ordre et de stabilité de plus. » (Bravos
répétés).
» Après avoir ainsi complété la citation, j’affirme sans
crainte d’être démenti, que tout le monde ici adhère à la
monarchie constitutionnelle définie de cette façon. (Bravos).
Cbmnie le dit le programme lui-même : » A qui la monar-
chie belge ainsi Comprise pourrait-elle porter ombrage ? „
Et j’ajoute: qui, dans ces conditions, pourrait songer à la
menacer, si ce n’est quelque sectateur d’un républicanisme
idiot, qui mettrait l’importance des mots au-dessus de
celle des choses ? (Applaudissements).
» Ce n’est pas assez d’accuser l’Association libérale de
travailler au renversement delà monarchie ; il faut terri-
fier le public : on lui montre l'Association peuplée d’adhé-
rents ae l'Internationale, se préparant à bouleverser les
institutions fondamentales de la société et ne reculant ni
devant le pillage, ni devant l'incendie, ni devant les mas-
sacres.
» Messieurs, s’il y a parmi nous un membre de l’Interna-
tionale. qu’on nous le signale et qu’on nous apporte la
preuve de l’accusation. Nous saurons faire alors notre de-
voir : les fauteurs du désordre et de l'anarchie ne sauraient
trouver leur place ici ; s’il en était, au sein de l’Association
libérale, ils s y seraient glissés à notre insu et par fraude ;
dès qu’ils seraient connus, nous les obligerionsase'retirer.
Mais jusqu’à ce qu’on nous ait apporté des noms et des
preuves, nous sommes en droit de proclamer que de pareils
hommes n’ont pas souillé nos rangs ; si ceux qui nous com-
battent, prétendent le contraire, qu’ils nous mettent à même
de tenir l’engagement que nous venons de prendre. S’ils ne
le font pas, et qu’ils persistent néanmoins à tenter de nous
discréditer par de vagues et misérables inculpations, nous
aurons le droit de sigRaler le procédé au libéralisme et au
pays comme la plus infàme des calomnies. (Applaudisse-
ments chaleureux.)
» Les scissionnaires ont cherché à justifier leur retraite
en invoquant le souvenir d’un acte accompli en 1846 par
l’éminent fondateur de l’Association libérale, par l’homme
dont le nom ne doit être prononcé ici qu’avec gratitude et
respect,par le regretté M. Verhaegen.Si notre illustre pré-
sident a été un jour le chef d’une scission, il n’a pas voulu
qu’il en figurât une seconde dans l’histoire de sa vie; et,
quand celle-cj s’est produite, il l’a énergiquement com-
battue et lui a fait expier par des défaites successives et
marquantes, à tous les degrés de l’élection, le triomphe
d’un jour, par lequel elle s’ôtait imaginé avoir pris pos-
session de la faveur. N’oublions pas non plus que, malgré
le prestige du nom de M. Verhacgen, malgré son infati-
gable activité, malgré le concours que lui donnait alors la
députation de Bruxelles tout entière, l’Alliance, dont il
s’était séparé, a conservé la suprématie sur l’Association
dissidente dans toutes les luttes électorales jusqu’aux évé-
nements de 1848. A la suite de eeux-ci,le mot de république
a exercé sur certains membres de l’Alliance, je ne sais
quelle séduction fatale; un des vice-présidents, M. Dindal,
y fut éliminé du comité pour avoir fait au Sénat l’éloge delà
monarchie constitutionnelle. Cet incident amena la démis-
sion du président, M. Deiacqz, et la retraite de MM. Van
Schoor, Fontainas et autres membre influents,qui allèrent
fonder une troisième société politique,l’Union constitution-
nelle. Les extravagances républicaines, en chassant de
TAU'ance les libéraux modérés, lui enlevèrent aussi la
confiance du corps électoral, qui lui était restée
jusqu’alors. Entre l’Union constitutionnelle et l’Association
libérale s’opéra une fusion et celle-ci recueillit l’héritage
d’influence que l'Alliance par ses imprudences n’avait, pas
su conserver. Nous ne craignons point que l’Association
d’aujourd’hui se mette en révolte contre le sentiment public
et alarme les hommes d’ordre par des exagérations, qui
ne sont ici dans la pensée de personne. S’il plaît aux dis-
sidents de 1872 de se comparer à l’Association libérale de
1846, nous ne refusons pas à notre tour d’être assimilés à
l’Alliance de cette époquè ; nous aussi, nous gardons
avec nous l’Union constitutionnelle et nous aurons assez
de sagesse et de prudence pour ne pas l'éloigner de nous
par des résolutions inquiétantes. Nous écouterons avec
attention ceux qui se feront ici les organes de la modération
et nous discuterons leurs opinions avec une déférence
d’autant plus facile, que la modération, dont les représen-
tants sont restés avec nous, s’inspire d’un sentiment de
confiance et de bienveillance mutuelle, tandis que chez un
trop grand nombre de ceux, qui nous ont quittés, la modé-
ration se manifestait dans un langage empreint presque
toujours d’une colère et d'une défiance , que rien ne
justifiait.
» U reste aujourd’hui à l'Association 1,250 membres, dont
les quatre cinquièmes sont électeurs. Toutes les nuances y
sont représentées et y gardent leur part d’influence ; au-
cune, quoique on se plaise à en dire, n’est exposée à y être
écrasée par les autres et traînée à laremorquede celles-ci.
On s’imagine trop taeilementavoir analysé tous leséléments
du libéralisme, lorsque on en a classé les membres en
modérés et avancés ou en doctrinaires et progressistes.
Parmi les progressistes, beaucoup sont disposés à arrêter
leur groupe, chaque fois qu’il se montrera impétueux,pas-
sionné, exagéré ; parmi les doctrinaires beaucoup deman-
dent à leurs amis de mêler plus souvent un peu de har-
diesse à leur prudence. L’influence rte tels esprits qui sont
nombreux dans les deux nuances, sert à maintenir l’union
des libéraux dans une même association. Ce sont ces
mômes esprits qui suivent le mieux los fluctuations du corps
électoral, toujours un peu mobile, et qui en partagent la
plus complètement les impressions qu'il est si utile de ne
amais froisser’. Par eux, un équilibre pondérateur s’éta-
! jjiReôU’e-les.q*pu;4tiôû6 diverses, partagent aéces-
sairement un parti fondé sur la liberté d’examen. Cet équi-
libre se maintient chez nous et nous le retrouvons aussi
dans Ces associations cantonales, avec lesquelles notre al-
liance va se resserrer et Jqu’on a, comme la nôtre, faus-
sement accusées d’être des repaires de conspirateurs et
d’anarchistes. Dans cette situation, la division en deux
camps du libéralisme bruxellois n'a pas de raison d’être.
Le principe de l’union de tous les liberaux dans une asso-
ciation d’arrondissement, ce principe proclamé par le
Congrès de 1846, doit continuer à nous régir. Affirmons-] e
solennellement dans un moment,où l’on pousse le sophisme
jusqu’à représenter la përibanenCe des divisions comme
un element de force et de suecùs. L’ordre du jour motivé,
que nous vous soumettons, vous fournit l’occasion d9voüs
associer tous à cette manifestation salutaire. Votez-le, en
témoignage de notre confiance dans la justice de notre
cause, dans le bon sens public et dans la sagesse du corps
électoral. »
Les applaudissements éclatent de nouveau à la fin de ce
discours et se prolongent plusieurs minutes. Un véritable
enthousiasme anime l'assemblée, et le président lai ayant
demandé si ses applaudissements pouvaient être considé-
rés comme emportant le vote de la proposition d’ordre du
jour, la salle entière répond oui tout (l’une voix. L’ordre
dujour motivé est voté par acclamations.
Le calme se rétablit. La parole est donnée à M. Van
Schoor, sénateur, un des signataires de la proposition.
m. van schoor déclare qu'il déplore profondément la
scission qui s’est produite à Bruxelles, et qu’il approuve
complètement les paroles de l'honorable president de l'As-
sociation. Il propose à l’assemblée de décider que le dis-
cours de M. Vanhumbéeck sera imprimé, et envoyé à tous
les électeurs de l’arrondissemànt de Bruxelles. ((Marques
unanimes d’approbation.) Si Tés ressources financières de
l’Asseciation sont insuffisantes, l’orateur propose une
souscription, et s’engage à s’inscrire entèteaes souscrip-
teurs . (Applaudissement.) '
m. sLössE propose d’envoyer le discours de M. Van
Humbeek à toutes les association libérales du pays.
plusieurs memrres. En français eten flamand.
Ces trois propositions sont adoptées par acclamations.
m. le président. Il me reste, messieurs, à vous remer-
cier de la bienveillance avec laquelle vous avez accueilli
mes paroles, et à exprimer l’espoir que la communauté de
vues qui se manifeste ici nous permettra de triompher
d’une scission qui ne pourra pas être un obstacle sérieux
aux progrès du liberalisme dans l’arrondissement. (Ap-
plaudissements).
A neuf heures et demie, le poli est ouvert pour la nomi-
nation du comité. Il restera ouvert demain vendredi, de
trois à cinq heures de relevée, et de huit à dix heures du
soir, au local ordinaire de l’Association (Maison des Bras-
seurs).
(Autre correspondance).
Bruxelles, 26 décembre.
Nous avons ua uouveau ministre de la guerre et un
gouverneur de l'Académie militaire ! Tous les bon-
heurs à la lois. M. Malou, ministre à tout faire, était
naturellement désigné pour recueillir la succession
du général G-uillaume ; M. d’Aspremont n’était que
son prête-nom. Ce brave homme, qui s’entend, parait-
il, fort bien en agriculture, mais qui est aussi étran-
ger aux choses de son département qu’à celles de la
guerre, n’est pas en état de soutenir les discussions
qui s’annoncent à l’horizon. Sa maladie ie sauve d’une
position ridicule. A chaque instant M. Malou eût été
obligé de venir à son secours. Quand l’orage sera pas-
sé M. d’Aspremont reprendra la signature des pièces
du département de la guerre ; son rôle n’ira jamais
au delà. M. d’Aspremont n’est point ambitieux. Il est
ministre malgré lui. Jamais il ne lui était venu à l’es-
prit qu’un jour il pourrait avoir un portefeuille mi-
nistériel ; il eût été bien surpris si on lui eût dit qu’un
jour il serait chargé de deux portefeuilles à la fois.
Mais M. Malou lui' a persuadé qu’il devait être mi-
nistre et M. d’Aspremont s’est laissé faire.Aujourd’hui
M. Malou lui reprend un de ses portefeuilles. M. d’As-
premont se laisse également faire. Malou dédit,
Malou abstulit ; nomen sit benedictum ! M. le
comte est de bonne composition. Mais en réalité le
département de la guerre n’a plus qu’un ministre no-
minalement responsable, qu'il s’appelle d’Aspremont
ou Malou, la direction du ministère de la guerre ne
lui appartient pas. Les bureaux de la guerre seront les
seuls maîtres du ministère jusqu’à ce qu’un ministre
en titre soit nommé. On le cherche, et s'il faut croire
certains indices, ou le cherchera longtemps avant de
le trouver. Il ne me parait pas du reste que le-ca-
binet tienne beaucoup à avoir en ce moment un
ministre de la guerre. Les militaires n’apprécieraient
sans doute pas le mérite de grandes manœuvres qui
vont se faire sous le commandement de M. Malou; ils
ne l’aideraient peut-être pas suffisamment. La straté-
gie cléricale comporte une foule de ruses et de petits
moyens qui répugnent à l’esprit des militaires. Un
général quel qu’il soit, entrant dans le ministère Ma-
lou, exigerait de ses collègues des explications fran-
ches et nettes ; il voudrait des déclarations et des
engagements catégoriques. Or, rien ne répugne tant
à M. Malou. Il veut se réserver les moyens de plier sa
politique militaire aux exigences de la politique lihé-
rale.Ilneeonsidère pas les intérêts de l’armée au point
de vue de l’armée elle-même ; il se laisse dominer par
des préoccupations électorales. On admire beaucoup
sa tactique. On la trouve habile et ingénieuse. Je suis
d’un tout autre avis; avec sa prétendue habileté, M.
Malou compromet toutes les causes qu’il sert,et l’armée
soutenue par M. Malou est plus à plaindre que si elle
était attaquée par lui.
Que dire de la nomination du général Guillaume ?
Bans les conditions oû elle se fait n’est-elle pas un
défi! Quoi! Le gouvernement se prononce pour le
maintien du remplacement.Le dissentiment qui existe
à propos du service personnel est si grave que M.
Guillaume se retire du ministère de la guerre. Le
gouvernement accuse ouvertement son hostilité pour
Te système que le général Guillaume a essayé de
faire prévaloir. Si ie gouvernement est sincère il choi-
sira pour le général Guillaume une position où cet
officier ne puisse, à titre de ses fonctions, faire de la
propagande en faveur d’idées que le gouvernement
repousse commejcontraires à l’intérêt de la nation et à
celui de l’armée. C’est précisément tout l’opposé. Le
cabinet accorde au général Guillaume la seule posi-
tion où ilpuisse travailler au succès du service per-
sonnel. Tous les officiers et sous-officiers qui pas-
seront par l’académie militaire deviendront autant
d’adversaires du remplacement. Quelques centaines
de jeunes officiers sortiront tous les ans de l’académie
militaire ; M. le général Guillaume a sous ses ordres
l’école militaire, l’école dé guerre, l’école de cavalerie
et l’école des sous-officiers. Tous ceux qui fréquente-
ront les cours de ces diverses écoles, gràçe à la direc-
tion des études, deviendront autant de partisans de la
suppression du remplacement. Est-ce que ce résultat
est dans les vues du gouvernement, et s’il l’est réelle-
ment, pourquoi le gouvernement se prononce-t-il pour
le maintien de la loi de 1870. ,
On se demande ensuite si la carrière militaire du
général Guillaume justifie la haute faveur dont il est
l’objet. Tout le monde sait que le général Guillaume a
gagné ses grades dans les bureaux du ministère de la
guerre; il y est arrivé comme lieutenant ou capitaine,
et il y est resté jusqu’à la nomination du général Re-
nard en qualité de ministre de la guerre. Il n’a jamais
exercé un commandement quelconque. Général de
brigade, il dirigeait au département de la guerre le
bureau du personnel. Mis à la disposition du Roi, il
profite de ses loisirs pour apprendre à monter à che-
val, et à la manière dont il se tenait en selle on pou-
vait juger de la répugnance que ce genre d’exercice
lui inspirait. A la suite de la mobilisation de l’armée
en 1870, le général Guillaume provoqua la mise à la
retraite de quelques lieutenants-généraux ; un arrêté
royal contresigné d'Anethan, lui conféra l’une des
places de lieutenant-général devenues vacantes. Le
général Guillaume est l'auteur deTijififoire des gardes
Wallonnes ; il fait partie de l’Académie royale de Bel -
gique, section des lettres. Voilà tous ses titres aux
fonctions de gouverneur de l’Académie militaire.
Aussi sa nomination, quoique prévue et annoncée
aussi souvent que le lut sa démission de ministre de la
guerre, produira-t-elle dans l’armée une fâcheuse im-
pression car elle constitue un acte de pur favoritisme.
Avant d’être nommé ministre des finances M.Jacobs
votait régulièrement contre la loi du contingent.
Pendant qu’il était ministre il votait en sens con-
traire.
Il s’apprête maintenant à revenir à ses premières
amours. Pour ménager la transition il a assisté à une
partie de la séance ae samedi dernier ; il s’est esquivé
au moment du vote.
MM. d’Hane, Belaet et Gerrits ne sont pas venus à
la Chambre. Ils pratiquent platoniquement l’anti-miti-
tarisme. „ Z.
Nous avons annoncé Iïier qcic, sur l’ordre for-
mel du ministre de 1’intérieur,. la réunion des
commandants des gardes-uiviques du royaum®
n’aura pas lieu dimanche à Anvers.
Voici la dépêche adressée parTinspecteurgéné-
ral au commandant David :
Monsieur le Colonel.
Vous avez adressé à tous vos collègues du royaume un»
circulaire au nom du corps d’officiers de la garde-civique-
d’Anvers.
Le Gouvernement voit dans la réunion que vous projetez
une violation manifeste des articles 2, 4 et 5 de la loi du 8
mai 1848. En conséquence, monsieur le ministre de l’Inté-
rieur me charge de vous donner l’ordre de retirer les
invitations que vous avez faites. _
Je ne doute pas que le corps d’officiers que vous com-
mandez ne défère au commandement du cuee suprême de
LA GARDE.
Dans un corps arrpé comme celui auquel nous avons
l’honneur d’appartenir tous les deux, notre premier devoir
est d’obéir d’abord aux injonctions de nos supérieurs; c’est
le moyen le plus certain d attirer sur l'institution ie respect
de tous et de prouver qu’elle est digne de la sollicitude et
de la confiance du pays.
Veuillez m’accuser réception de la présente dépêche et
me faire connaître la suite qui lui sera donnée:
Le lieutenant-général, inspecteur des.gardes
civique du royaume, aide-de-camjr du Roi,
(Signé) renard.
L’accusé de réception est ainsi conçu ;
Anvers, le 25 décembre 1872.
Mon Général,
Nous avons l’honneur de vous accuser récept ion de votre
dépêche du 24 de ce mois, par laquelle au nom de Monsieur
le ministre de l’Intérieur, agissant comme chef suprême
de la garde civique, vous nous donnez I’ordre de retirer
les invitations que nous avions adressées au nom du corps
d’officiers de la légion d’Anvers aux commandants des
gardes-civiques de Belgique.
Voulant, donner Texemple-de la discipline et du respect a
la loi, nous avons l’honneur de vous informer que nous
obtempérons à 1'ordre qui nous est prescrit.
Seulement nous croyons de notre devoir de protester
énergiquement contre la mesure violente qui est prise à
notre égard. Nous attestons que la réunion qui devait
avoir lieu dimanche prochain n’était inspirée que par l’in-
térêt que nous portons à notre institution et par le pa-
triotique désir Jelui voir occuper sérieusement le rang que
la Constitution et l’esprit do nos lois lui confèrent incon-
testablement.
Veuillez agréer, mon général, l’assurance de ma haute
considération.
Pour le corps d'officiers de la garde civique d'Anvers :
Le colonel-commandant,
(Signe) Joseph david.
L’ordre du ministre a été notifié, par la lettre
suivante, aux chefs de corps invités .-
Anvers, le 26 décembre 1872.
Monsieur et cher collègue.
Le corps d’officiers de la garde-civique d'Anvers vous a
invité, par circulaire du 20 décembre, à vous rendre à
1 assemblée générale, et au banquetdu 29 décembre.
Monsieur le lieutenant-général, aide-de-camp du Roi,
inspecteur-général des gardes-civiques du royaume, nous
intime l’ordre ci-dessous, au nom du ministre de l’inté-
rieur, AGISSANT COMME CHEF SUPRÊME DE LA GARDE-CIVIQUE
DE BELGIQUE.
Nous avons l'honneur de vous le communiquer ainsi que
notre réponse et de vous prévenir en conséquence que la
réunion de dimanche n’aura pas lieu.
Si, pour le moment, nous devons renoncer bien à regret
à cette convocation, soyez convaincus que nous ne renon-
çons pas à poursuivre énergiquement le redressement de
nos légitimes griefs, et que nous aviserons aux mesures à
prendre pour y arriver efficacement.
Recevez, monsieur et cher collègue, l’assurance de toute
notre considération.
Au nom du corps d'officiers de la garde-civique d'Anvers.
Le colonel-commandant,
JOSEPH DAVID.
La garde civique est place'e dans les attributions
du ministre de l’intérieur. Celui-ci avait donc le
droit d’intervenir, sans avoir à se draper dans le
titre de chef suprême qui ne lui appartient pas.
A-t-il tait de son autorité un usage opportun et de
la loi une application juridique, telle est la ques-
tion qui se pose.
M. Delcour invoque les articles 2,4 et 5 de la loi
du 8 mai 1818.
Art. 2. — La garde-civique est organisée par commune
Art. 4. — U est interdit à la garde-civique de délibérer
sur les affaires de l’Etat, de la province on de lacommune
et sur les réquisitions de l’autorité compétente.
Les chefs peuvent cependant, sans réquisition particu-
lière, faire toutes les dispositions et donner tous les ordres
relatifs au service ordinaire.
Art. 5. — Les gardes-civiques ne peuvent se réunir, en
eette qualité, ni prendre les armes sans l’ordre de leurs
chefs légalement requis.
Il est donc interdit aux gardes-civiques de se
réunir en corps et comme force publique saris
l’ordre de leurs chefs. Mais les commentateurs ad-
mettent parfaitement qu’ils peuvent se réunir,
même comme gardes-civiques et pour un objet qui
les intéresse comme tels, pourvu qu’ils ne se con-
stituent pas en état de gardes-civiques. Ainsi ils
peuvent former des sociétés d’exercices, organiser
des tirs, donner des fêtes, assister à des ban-
quéts,- etc. î - .
Il serait dangereux de voir un corps d’armé •
délibérer sur les affaires de l’Etat et s’immiscer
dans la gestion de ces affaires. Ce serait, comme
le disait le législateur de 1801 « une atteinte à la
liberté publique. » Mais ii ne faut pas exagérer
l’application de ce principe. La garde-civique s’esi
trouvée dans une position exceptionnelle. Elle a
été violemment attaquée. Le ministre de rintê-
rieur démit la défendre; il ne l’a pas fait, lia
laissé croire que le gouvernement voyait d’un oui
indifférent travailler à la démolition de cette in-
stitution nationale. La garde-civique, ainsi aban-
donnée à elle-même et ne trouvant pas chez celui
qui s’intitule son chef suprême, l’appui dont elle
avait besoin, a élevé la voix ; de toutes parts la
brochure de M, Brialmont a provoqué des protes-
tations. De tous, les corps d’officiers s’est élevé ce
même vœu : « il faut à'ia garde civique une orga-
nisation qui la mette à labri du, ridicule et lui
permefte de remplir avec honneur le rôle que ta
Constitution lui attribue, voeu, le gouverne -
ment parait peu enclin à le réaliser et, a peine
est-il lormulê que H- le colonel- pcend |