CHAPITRE VII. des Belges, qui n’avait pu se décider, ces jours-là même, à déserter son séjour de prédilection. Cette absence produisait une impression assez fâcheuse, et on entendait dire très-haut que le souverain élu par la volonté nationale ne prenait qu'un mince intérêt et apportait peu de concours aux affaires de son royaume, en un motne gouvernait pas. L'événement s’est chargé depuis de justifier Léopold : vrais ou feints, son dé- tachement du pouvoir et son abstention de politique person- nelle l’ont sauvé après Février. Mieux que son habile beau- père, 1l a compris sa mission de roi constitutionnel. Au lieu de diriger, au lieu de comprimer, il a suivi le mouvement ; il a cédé aux vœux du peuple. Aussi est-il resté sur son trône plus paisible, plus apprécié que jamais. La Belgique lui sait gré d’avoir laissé s’accomplir sans résistance, et même en s'y associant , des réformes indispensables, et lui doit d’être aujourd’hui plus avancée que nous dans les voies d’associa- tion et d’assistance mutuelle. Léopold tiendra une place ho- norable dans l’histoire de ce temps-ci. 3. Willechrock.— Le prince d'Orange et Egmont.— Vilvorde — Souvenir de Mme Deshoulières. La plaine que nous découvrons dans la direction de Lae- ken est Mon-Plaisir : c'était jadis le turf belge. Elle est bor- née par le vénérable canal de Willebroek ou de Bruxelles, qui, entrepris en 1350 pour relier Bruxelles et Anvers, a aujourd’hui trois cent trois ans. Il unit la Senne à l'Escaut. Willebroek, la commune qui lui donne son nom, est une petite ville de la province d'Anvers. On la cite comme ayant été le théâtre de la dernière entrevue du malheureux Egmont et du prince d'Orange. Le prince, passant en Allemagne , engageait Egmont à le suivre. Ce dernier refusa et lui dit en partant : «Adieu , prince sans terre !