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(ST.*!*.)
INVERS , Vendredi I? JANVIER 1838.
(Troisième Année)
OH S’ABONNE
& Anvers, au bureau du ^
Pièiiurscur, rue des Fagots,
n. jü93, où se trouve une
boite aux lettres et où doi-
»ent s’adresser tousles avis.
Ka Belgique et à Vetran-
ger, ches tous les directeurs
des .postes.
Pour toute la Hollande ■
elirz 1 h. Lejeune Libraire
Editeur à laHaye.
a Paris , à l’office-Cor-
[eepondance de Lepelletier-
Bourg^in et compag» , rue
Solre-Dame des Victoires,
N. IÖ, ou ou reçoit aussi les
mnoncea.
PAIX.
LE PRECURSEU
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
IiIBEBTÉ.
ABOKTÏIZZEEJSÎT.
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AW£JC3ffC3SS.
25 centimes la ligna.
La quatrième page con-
sacrée aux annonce. , e»
affichée à la bourse d'Anver
et à la bourse des princi
pales ville* de cticmeis
PEoaaÈs.
12 Janvier.
DES CANDIDATS AUX ÉLECTIONS COMMUNALES.
Nous disions dans notre numéro d’avant-hier : « C’est parmi les
hommes de commerce qu’il faut chercher et choisir les candidats,
parce qu’eux surtout seront aptes à connaître les besoins communs,
à apprécier l’efficacité des moyens présentés pour y faire face. Ils
auront d’ailleurs, plus que d’autres, intérêt à ce que l’administration
de la ville prenne enfin des mesures libérales, propres à attirer ie
commerce étranger et à développer ainsi la fortune matérielle d An-
Cette opinion, par cela même qu’elle était en harmonie avec les
intérêts et les besoins de la ville, a été généralement partagée; et les
hommes qui prennent souci delà chose publique, inspirés par la
même pensée, ont cherché entre les négociants ceux qui étaient capa-
bles de remplir le plus utilement la place de conseiller communal.
■Différents choix heureux ont été faits, malheureusement ceux qui en
étaient l’objet n’ont pas tous répondu à l’appel qui leur était adressé.
Nous en connaissons plusieurs qui, sous divers prétextes, ontjdé-
cliné la proposition qui leur était faite. Nous le regrettons bien sin-
cèrement, parce que leur présence au conseil communal, corrobo-
rant celle de plusieurs autres personnes capables, eût contribué à
amener enfin les résultats après lesquels on aspire depuis si
long-tems. Si leur résolution à cet égard pouvait être ébranlée,
nous désirerions vivement que, faisant abnégation de quelques tra-
vaux particuliers ou de quelques loisirs, ils consentissent à accepter
les fonctions publiques qui leur ont été offertes par la partie la plus
influente de la population.
S’ils étaient hommes à se laisser entraîner par des considérations
d’intérêt purement privé, nous leur dirions qu'il est de leur intérêt
même, de leur intérêt uniquement personnel, de faire partie de l’au-
torité communale, et de ne pas livrer à de moins capables qu’eux,
des fonctions qui, dans les circonstances actuelles, ont plus d'impor-
tance qu’on ne l’imagine peut-être. Us ont trop d’intelligence pour
ne pas le comprendre, et pour qu’il soit besoin d’en expliquer les
motifs. Aussi les considérations que nous voudrions faire valoir sur
leur esprit, ne sont elles pas de cette nature. C’est au nom de l'intérêt
général, c’est au nom de l’intérêt du commerce, parmi les sommi-
tés duquel ilssont placés, que, si nous en avions Je pouvoir, nous
les déterminerions à accepter le mandat que la confiance publique
leur a proposé et leur propose encore. ...
Nous n'ignorons pas que ce mandat, s’il constitue une distinction
honorifique, constitue en mêmetems une chargent qu'il entraîne
le sacrifice d’un tems qui parfois pourrait être employé d’une ma-
nière ou plus lucrative ou plus agréable ; mais ces considérations
d’égoïsme, faites pour certains esprits, ne le sont pas pour les
hommes que nous voudrions voir entrer dans le sein des assemblées
électives, et nous avons une assez haute opinion de ceux à qui nous
faisons allusion en cette circonstance, pour .être persuadés qu elles
n’ont aucune influence sur leur détermination. Mais alors à quel
motif attribuer celte détermination? Peut-être à cette indifférence
en matière d'élections et de fonctions électives , dont nous parlions,
il y a deux jours, et que nous blâmions sévèrement. Ce que nous
disions relativement aux électeurs, s’applique avec bien plus de raison
■encore aux éligibles, et nous croyons qu il faudrait désespérer du
développement commercial (}’Anvers,si parmi ceux qui sont placés
à la tête du commerce, on né trouvait pas aujourd'hui trois hom-
mes assez dévoués pour sacrifier un peu de tems et de travail, en
faveur de la fortune publique.
RUSSIE.—St.-Petersbourg , 25 décembre.
LL. MM. l’empereur et l’impératrice sont arrivés hier au soir en
parfaite santé dans celte capitale.
— Un écrit d’Udessa, 14 décembre.
Aujourd’hui , l’état sanitaire delà ville et de la Motdavanka a été
satisfaisant. Dans le quartier des pestiférés, où l’on a transféré encore
trois malades de la section suspecte, il est mort une femme ; reste dix
pestiférés. Le cordon militaire, qui entourait la Motdavanka, a été levé,
et la communication de ce faubourg avec la ville , rétablie.
ROYAUME DES DEUX-SICILES. —Naples, 23 décembre.
Les frégates royales Parthenope et IJrania vont et viennent conti-
nuellement de Naples à Païenne ; mais le gouvernement ne laisse rien
FciaiHeiosa daa Préerarsessa*.
REVUE THÉATRALE.
C'est une histoire bien triste que je veux vous conter, une misère saignante
que je veux étaler sous vos yeux. La soirée sera longue et froide, la neige s’a-
masse sur nos toits, le vent du nord vient à nous comme une plainte et vous
êtes rêveuse et le recueillement a mis un plis sévère à votre bouche, écoulez
moi, car votre coeur n’est point ouvert au plaisir. C’est aujourd’hui le lende-
main du bal ! Hier, oublieuse et folle, laissant votre imagination errer avec
la walse, on dit que jamais vous ne Tûtes si heureuse et si belle, et le vent gé-
missait pourtant et la neige tombait à flocons,comme ce soir !... Et vous, vous
êtes endormie av ec les fleurs dans lescheveux. des fleurs de bal moites encore
de la tiède haleine du salon ! et de douces paroles bruissaient à votre oreille et
sous votre alcôve vous entendiez comme une lointaine harmonie !.. Votre som-
meil s'est peuplé des fantaisies de votre désir, vous avez eu de ces songes qui
rendent si amères les réalités de la vie, et voilà que vous êtes devenue pensive,
que tout votre bonheur n'est plus qu’un son évanoui... Oh! mystères du cœur
qui saurait vous comprendre? qui m’expliquera les transformations de notre
être, la variété de nos sentimens, notre aptitude à toutes les émotions de plai-
sir et de peine ?... Sommes nous sous l’empire d'une capricieuse fatalité ? ou
bien notre âme n’esl-elle que l’écho qui redit les sons gais ou tristes du monde
extérieur ?
Bien, vous êtes attentive comme l’enfant qui se blottit sous un manteau de
cheminée et qui attend l’histoire de sa nourrice. Moi, je ne veux pas vous
faire peur, je veux seulement vous attendrir par le récit d’un draine dont les
auteurs sonl d’un autre temps, mais dont les types appartiennent à notre so-
ciété si unie à la surface, si houleuse au fond.
Nous sommes au siècle de Raphaël et de Michel-Ange, sous la papauté de
transpirer de-ce qui se passe en Sicile. Cependant, d’après les bruits
qui courent ici, la fermentation des esprits continuerait dans l’Ile, et
menacerait même de devenir plus grave à cause des mesures prises
par le gouvernement, relativement à l’administration de la Sicile. La
cour de Naples parait vouloir pousser son œuvre à bout, car elle a
résolu de profiter de i’état de terreur où se trouvent en ce moment
ces populations que le choléra et les persécutions politiques ont pour
ainsi dire décimées pour mettre à exécution les lois sur les tabacs, le
sel, le timbre, et la conscription dont les Siciliens avaient toujours
été exemptés. On sait que toutes les fois que l’on a voulu leur imposer
ces lois, de très vives manifestations de mécontentement ont eu lieu,
et cette fois encore malgré toutes les mesures prises à cet égard, ou
est dans la crainte que les mêmes manifestations ne se renouvellent,
toutes les classes de la population étant indignées contre le gouverne-
ment.
ALLEMAGNE. — Hambourg R janvier.
La souscription pouf les sept prolesseurs s’élève déjà à 90.000
marcs; elleserait encore plus forte si tous les dons anonymes n’étaient
pas refusés ; on ne veut pas seulement en faire une affaire d’argent,
mais aussi une question d’opinion pour approuver la conduite de ces
hommes cosmopolites.
La souscription à Leipsic s’élevait à 5,S00 rixthalers (on avait an-
noncé tout récemment par erreur 20,000 au lieu de 2,000 rixthalers.)
— On écrit de Hanovre, !5 janvier :
Le prince de Masa est arrivé ici; il revient d’Oldembourg.
— Les étudiants de St-Ga!l et de Berne ont expédié, chacun de leur
côté, une adressede félicitation aux sept professeurs de Gœttingue qui
ont été destitués, et leur annoncent le meilleur accueil, dans le cas où
ils se décideraient à visiter le sol helvétique.
— On écrit de Hildesheim, 1er janvier:
Comme dans d’autres villes, notre chancellerie de justice n’a envoyé
scs lettres reversales de foi et hommage qu’avec les réserves sur la
constitution; deux conseillers seulement n’ont mis aucune réserve.
ESPAGNE. — Mabrid , 1er janvier.
M. Calatrava et M. Martinez de la Rosa ont eu une entrevue chez le géné-
ral Castanos ; mais au lieu de s’entendre sur la question de l'intervention de
la conduite de la France, ils se sont séparés très animés l’un Cuntre l’autre.
Tous les deux vont livrer à la publicité uu mémoire. Nous pourrons donc ainsi
connaître l’état des choses.
L'imprimerie royale est gardée par des factionnaires depuis hier matin ;
personne ne peut entrer ni sortir.
On dit que les ouvriers sont occupés à imprimer un long manifeste de M.
Ofalia. relatif à un nouvel ordre de choses qu’on voudrait imposer à l’Espa-
gne. D’autnuspersounes assurent qu’on imprime un projet d’une convention
que donTâftosrs'uTvîfit lés conseils de la France et de l’Angleterre, serait dis-
posé à signer. Un des articles de paix serait le mariage du fils de don Carlos
avec Isabelle.
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FRANCE. — Paris, 10 janvier.
CHRONIQBB EX BRUITS SSE SALON.
bal des tuileries. — Les invitations pour le bal des Tuileries , ce
soir, vont au-delà de cinq mille. Sur ce nombre, il faut compter envi-
ron sept cents invitations militaires, tant dans l’armée que dans la
garde nationale.
La fièvre du costume, dit le Constitutionnel, se fait sentir principa-
lement parmi les individus qui n’ont pas encore été invités aux bals
de la cour, et qui ambitionnent cet honneur. On ajoute que, dans leurs
demandes, pour obtenir une invitation , la plupart ne manquent pas
de mentionner qu’ils ont un habit de cour, et celte recommandation
singulière est produite le plus souvent à défaut de toute autre.De telle
sorte que ces messieurs demandent beaucoup moins l’invitation pour
eux-mèmes que pour leur habit. Il est à craindre que, si toutes ces re-
quêtes, assez adroites d'ailleurs, sont agréées, il n’en résulte un en-
combrement de courtisans improvisés , et que les derniers venus
n’éclipsent totalement les premiers. C’est un avis que nous donnons à
ceux-ci, afin qu’ils considèrent un peu s’ils ne seraient pas par hasard
les victimes de leur enthousiasme pour les costumes.
offre d’une députation a m. laffitte. — Hier au soir, une députation
nombreuse des électeurs du 6° arrondissement de la Seine, parmi les-
quels on comptait les membres des bureaux définitifs de la dernière
élection, s’est présentée chez M. Laffitte, ayant à sa tête M. Arago.
Ces électeurs ont offert à M. Laffitte la députation de leur arrondisse-
ment. Us tiennent à honneur, ont-ils dit, de prouver que Paris n’a
pas oublié les services rendus au pays par son ancien député. M. Laf-
fitte a accepté avec reconnaissance la candidature qui lui était offerte.
Et maintenant il est stlr que cet illustre citoyen sera nommé dans
le 6° arrondissement à une grande majorité.
affaire d’baïti. — L’ordonnance du 17 avril 1823, qui a reconnu
l’indépendance de la république d’Haïti, avait mis à cette reconnais-
Léon X, ce somptueux Médicis qui brille dans l’histoire d’un aussi vif éclat
que François I" et Charles-Quint. Le grand duc Cônie règne à Florence, la
ville du bruit, des fêtes ctd la jeunesse, comme Rome est la ville des médi-
tations, des ruines et des vieillards; Florence centralise le génie et la gloire;
l'avenir de l’Italie fermante dans son sein et cet avenir se prépare sous lu pro-
tection d'un Médicis,sous l’égide de Michel-Ange.Et pourtant suivez moi dans
cet atelier, ouvrons doucement la porte, Rolla dort. Le sommeil l’a surpris
sur l’estrade, le ciseau et le mailletont fui sa main fatiguée, quelle pâleur sur
ses traits ! Voyez, une ride légère a plissé ce front de vingt ans... Eh bien,
quelque part, à cette heure, un artiste s'abat sous la même misère, le froid et
la faim sont assis autour de la toile qu’il ne fera point vivre parce qu’il n’a ni
couleurs, ni pinceaux... triste dénùment ! qui assiégea Gérard à l’entrée de
la carrière, qui prit Sigalon dans ses langes et l'accompagna jusqu’à la tombe
ouverte sitôt !...
Rolla naquit à Gênes de parens pauvres qu’il ne connut peut-être jamais.
C’est une existence sans cause que la sienne, et le ciel qui donne toujours au
malheureux quelque compensation, lui refusa même toutes les joies de la fa-
mille. Sa famille à lui c’est ce jeune homme que vous verrez bientôt, vif,
alerte, à l’expensive gaîté, fraiche création mise auprès de la nature calciDéc
de son frère. Tous deux furent recueillis par le noble Génois Andrea Costa.
Sous cette bienveillante protection ils passèrent quelques années à Gênes.
C’est là que se développa la constitution mélancolique de Rolla. C'est là qu’il
eut pour compagne de sa jeunesse la fille de sou protecteur, Léonor, auge
pour son ame. Madone pour sa beauté !
Aussi les soirées qu’ils passèrent l’un prés de l'autre sur la terrasse d'où la
mer se découvrait au loin, ne s'effaceront jamais du souvenir du poète... vien-
nent les tempêtes politiques qui dispersent et le protecteur et le protégé ;
vienne le vent de l’exil qui confond les rangs et nivelle les tètes, amour et re-
connaissance seront les deux moitiés du cœur de Rolla, l’une toute de dévoû-
ment au vieux sénateur Andrea Costa quêtant un asile è Florence, l’autre
toute d’exaltation, de génie et de poésie à Léonor, rêve ta jt caressé, forme
sance deux conditions : l’une, que les Haïtiens paieraient en cinq an-
nées une somme de cent cinquante millions pour indemniserles anciens
colons de la perte de leurs propriétés; l’autre, que les navires français
et les marchandises chargées à bord ne paieraient à l’entrée et à la
sortie que la moitié des droits perçus en Haïti sur les navires de la na-
tion la plus favorisée.
Lorsque le gouvernement de la restauration fit entamer par M. Es-
mangart, en 1817, ses premières négociations avec notre ancienne
colonie, le général Pétion, président de la république'd’Haïti, offrit
cent initiions pour achat de i’indépendance de cette république. Alors
comme aujourd’hui , les produits de la république consistaient en
80,000,000 de livres de café; mais alors cette denrée valait 2 fr. la
livre, tandis qu’en 1828, à l’époque où le gouvernement français exi-
gea un paiement de 150 millions, le café ne valait plus que 60 centi-
mes : les produits cependant n’ayant pas augmenté, Findemnité qu’on
stipulait cessait d’être en rapport avec les ressources du pays.
Dès les premiers mois qui suivirent l’ordonnance de 1825, le gou-
vernement haïtien reconnut que les avantages stipulés en faveur du
commerce français éloigneraient infailliblement des ports de la répu-
blique les navires anglais et américains: dés lors il n’eut qu’une pen-
sée, celle de se soustraire à la clause de l’ordonnance qui avait établi
ce privilège onéreux. Il commença par supprimer le droit d'exporta-
tion dont toutes les denrées étaient frappées à la sortie des ports de
la république, aimant mieux se priver momentanément d’un revenu
nécessaire que d’en conserver une partie qui eût été exclusivement à
la charge des nations étrangères autres que la France.
Ainsi nous furent enlevés les premiers et les plus réels de ces avan-
tages garantis au commerce français par l’ordonnance d’émancipation.
Restait le bénéfice des droits d’entrée, qui ne pouvait manquer à la
longue d’attirer dans nos mains le monopole du commerce avec Haïti.
Le gouvernement haïtien n’osant pas toul-à-fait ie supprimer, arriva
au même but par une voie détournée, c’est-à-dire eu établissant un
nouveau tarif qui porta à des évaluations spéciales et exagérées pres-
que toutes les marchandises de provenance française.
Il nous semble que, pour faciliter la libération d’Haïti envers la
France, il faudrait attirer par un dégrèvement de droits les produits
de celte république dans nos ports au lieu de les repousser comme on
l’a fait en accordant aux cafés de l’Inde une prime d’importation exa-
gérée au moment même (1835) où le tarif spécial dont on avait chargé
le commerce français en Haïti, venait d’être remplacé par un tarif
uniforme et égal pour toutes le nations.
Encore une fois, si l’on veut que la république d’Haïti puisse se libé-
rer envers la France, il ne faut point repousser de nos ports les pro-
duits de son sol, et surtout le café, qui est sa seule richesse. (Siècle.)
provocation. — Au moment où nous sortions de la chambre, nous
avons appris que M. de Sivry venait d’être abordé dans le couloir même
par M. Leroy, préfet du Morbihan. Celui-ci aurait demandé au dépu-
té de Ploërmel raison des paroles qu’il venait de prononcer à la tribu-
ne, et l’un et l’autre seraient convenus de se rencontrer demain matin.
Il n’est peut-être pas sans intérêt de faire remarquer, après l’arrêt que
vient de rendre la cour de cassation, que M. le préfet du Morbihan est
le troisième administrateur départemental qui se soit porté depuis
quelque temps à ce genre de provocation. (National.)
rencontre — Une rencontre a eu lieu aujourd’hui entre M. Loeve
Weymar et Dufougnay rédacteur delà Mode, M. Loeve Weymar a été
blessé.
arrivée d’en courrier de Berlin. — Il est arrivé ce matin un cour-
rier de Berlin, au ministère des affaires étrangères.
maladie de l’ambassadeur de TOSCANE. — M. le commandeur Berling-
hieri, ministre résident du grand duc de Toscane, à Paris, est à toute
extrémité. Le grand âge de ce diplomate (82 ans) ne lui laisse pas assex
de force pour résister à l’asthme qui le suffoque. (Messager)
enrôlement rouR le canada. — On nous assure que des souscrip-
tions s’organisent dans plusieurs villages de France dans le but d’en-
rôler et d’envoyer des volontaires français dans le Canada.
température. — Le froid a pris depuis deux jours à Paris avec une
rigueur d’autant plus extraordinaire que l’hiver s’était annoncé d’une
manière peu rigoureuse. Il y a eu ce matin jusqu’à 9 dègrès au des-
sous de zéro.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
Dans la séance du 9 il n'a été question que des dernières élections. Celle de
M. Billaudel, ingénieur à Bordeaux, que le gouvernement menaçait de priver
de son emploi s’il se mettait sur les rangs pour la députation, a donné lieu à
une longue discussion.
M. Sivry s’est écrié dans le feu de l'improvisation, lorsqu'il expliquait
les manœuvres employées lors des élections de Ploërmel : « Après avoir eu
l’infâmie d’employer de pareils moyens, on a eu la lâcheté de les démentir à la
tribune» .
Une grande partie de la séance du 10 a encore roulé sur les élections. M.
Gauguier a proposé au paragraphe 2, d’ajouter l'amendement suivant :
—aeaamtmawaMMjjgaMM—mriWMMii——MaMB—OTr—^
divine que Rolla a vivifiée dans le marbre.... Voyez-vous ce rideau fermé à
tous les yeux ? c’est le sanctuaire de l'artiste ; ce rideau c'est le voile rie son
génie. Génie obscur, méconnu, caché dans la foule. P.olla vit à Florence où
parfois il endure la faim. 11 travaille pour avoir son pain , le pain de Stefauo
son frère. Ses journées se passent à faire des statuettes, futiles productions,
qui gaspillent son temps et son génie; heureux est-il d’avoir un frère qui
les vende et un juif qui les achète. Cependant un crieur annonce au peuple
que ie concours créé pour l’exécution d'une statue de Sainte-Cécile, destinée
au maître-autel de la chapelle du palais Pitti, sera fermé aujourd’hui à quatre
heures. Côme de Médicis a conyié Michel-Ange Buonarotti à venir pren-
dre place parmi les juges. Que fera Rolla? sa Sainte-Cécile est là sous ce
rideau ; l’enverra-t-il au concours? la fièvre de gloire le tourmente ! le lau-
rier d'or du vainqueur ombragerail| peut-être son jeune front et tout Flo-
rence et l’Italie entière proclamerait son nom! mais, hélas! la Sainte-
Cécile , c’est Léonor, la fille de son bienfaiteur qu’il exposerait aux regard»
ot aux sarcasmes de la foule ! oh ! non cette œuvre ne lui appartient pas...
Et puis la statue n’a-t-elle pas un défaut au bras qui tient la lyre ? et ce
défaut i! n’ose le corriger; l’insensé ! il aime sa sainte comme Pygmatiott
aimait sa Vénus ! quand il approche le ciseau du marbre ne craint-il pas
que le sang ne jaillisse de cette chair palpitante? et parfois, oh ! délire de
l’amour I dans le silence des nuits une poétique fascination ne lui a-t-elle
pas fait entendre les sons de cette lyre ? ne lui a-t-elle pas fait voir sa statue
s'animer et descendre de son piédestal !— Maisquand il redevient câline, le
malheureux doute de lui-même, la confiance en son génie l'abandonne et le
voilà condamné à se débattre contre ses désirs de gloire, fautômes toujours
dressés dans son imagination !...
Enfin une porte s'ouvre, c’est Léonor, Léonor qui a partagé sa vie entre lui
et son père, Léonor qui n’est pas venue visiter le pauvre artiste depuis un
long mois ! sainte fille ! elle veillait au chevet de son père, du proscrit Andrea
Costa !. . Léonor vous êtes la bienvenue 1 vous allez rouvrir cette âme qui se
fermait à l’espérance ! oh ! Rolla écoute tou amante, c'est elle qui vient t’ap-
ygmui.i'yrm—n-r - |