y 154 LA BELGIQUE. à bon droit considérer comme une des œuvres capitales du grand Jean de Bruges, mais auquel je préfère encore un très- singulier petit tableau en grisaille , représentant une Vierge ou une Sainte assise au milieu d’une église gothique qu'en- combre une fourmilière d'hommes, et dont l'extraordinaire perfection décèlerait l’auteur, quand on ne lirait pas au com du petit cadre, sous verre, la significative et célèbre devise des Van Eyck : 4/s Ich kann. Ü y a de plus, de Hubert Van Eyck, une Vierge allaitant, et de Marguerite Van Eyck, sœur de ces deux grands artistes, un Repos en Égypte, paysage fla- mand, orientalisé, sinon par la nature du site, du moins par le galbe et le costume des personnages. Quant à Hemmling, l’antagoniste et le précurseur de Van Eyck, il figure au musée d'Anvers par une Annonciation , une Crèche , une Vierge et un Ævéque en prière. Tous ces ta- bleaux, sans rappeler peut-être le fini de la Chdsse de sainte Ursule , sont certainement bien de lui , et c’est un éloge que nous ne ferons pas de tant de tableaux sur bois ou sur toile qui figurent dans toutes les collections du monde comme émanés de ce grand peintre. Il y a peu de modernes au musée d'Anvers ; les meilleurs sont un Braeckelaer représentant le Pillage d'Anvers par les troupes espagnoles, en 1576, et un tableau où M. Van Brée, ex-président de l'académie de peinture d’Anvers, a entrepris de rendre les derniers moments de Rubens. Cette toile est assez savamment composée, et elle ne manque pas d’eflet; mais l’auteur s’est mépris en un point important : il a re- présenté l'illustre mourant hâve et décharné, et il lui a prêté, ou à peu près, le masque de Géricault après la mort. Or, la fin de Rubens, qui suecomba à une attaque de goutte, exclut absolument l’idée d'une émaciation si mélodramatique. C’est de pléthore que meurent les goutteux, et non d’épuisement, comme le malheureux et grand peintre de la Wéduse. M. Van Brée s’est trompé pathologiquement.