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1844. — M.° 18.
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A Anvers au bureau du Précur-
seur, Bourse Anglaise, N» 1040;
en Belgique et h l’étranger chez
tous les Directeurs des Postes.
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AWVffiRS, Jeudi 18 Janvier.
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JOURNAL P0LITI0U1, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. — Ï.ÏBKRTÏÉ. — JPïeOGÜtÈS.
Abonnement patk trimestre :
Pour Anvers, Ib li\ pour la p>o-
Vince 18 fr.; pour l’érrçangerSO fr.
Insertions 25 cenliinbs ta ligne.
Réclames 50
«8 janvier.
QUESTION DU TABAC. — MONOPOLE.
i M. le ministre des finances présente un projet de loi ten-
dant à établir un droit de fabrication et de débit sur le tabac. »
Ces deux lignes ont suffi pour faire vibrer la corde la plus sen-
sible d'intérêts immenses et dignes de toute la sollicitude du
gouvernement et de la législature. On ne connaît pas encore
définitivement la teneur du projet de loi ministériel, et cepen-
dant la simple annonce de la présentation de ce projet aux
mandataires de la nation, a jeté le commerce et l’industrie des
tabacs dans un douloureux étonnement, a réveillé au cœur de
celte branche de la fortune publique une légitime indignation.
On a compris immédiatement la portée de l’œuvre gouverne-
mentale : dépression violente d’un commerce considérable;
destruction capitaled’une industriejeuneencore mais puissante,
mais douée de la sève qui prend racine. L’instinct de la conser-
vation est allé au-devant de la pensée qui ne peut plus réfléchir
que la ruine et la mort !
En effet, l’établissement d'un droit de fabrication et de débit
sur le tabac, projeté par le gouvernement, est-il autre chose
que l’introduction parmi nous de la régie française, de ce mo-
nopole odieux qui, avec les droits réunis, fut l’impôt que la
Belgique impériale ne supporta jamais volontairement ? Des
lois de monopole, et d’un monopole de cette espèce, dans la
Belgique libérale de 1830! Y pense-t-on! Et pourquoi donc ces
propositions insolilesqui ne seraient que risibles, si l’arbitraire,
si la spoliation ne s’y montraient à découvert ? Quel est leur
but? Nous ne le savons que trop, malheureusement.
La Belgique en est arrivée, aujourd’hui, à voir ses gouver-
nants imbus de ce principe faux, contraire à toutes les idées
reçues d’une saine économie politique, que les besoins du trésor
doivent se prélever sur le travail véritablement national, c’est-
à-dire le commerce et l’industrie. Dès-lors, on restait on ne peut
plus logique en disant : « L impôt sur le tabac, au moyen de la
mise en régie, a paru le plus propre à combler le déficit des fi-
nances. » Mais quel sera le résultat immanquable de ce sys-
tème ? Que nous finirons par disparaître du rang des nations
industrielles et commerciales de quelque valeur. L’optimisme
dont on fait preuve en ce moment, portera des coups bien
funestes au pays.
Nous venons de parler d’arbitraire et de spoliation. Et y a-t-il
autre chose dans une mesure qui, contrairement à la Constitu-
tion, organise des privilèges en matière d’impôts et chasse
toute une catégorie d’industriels du siège de leur exploitation ?
Comment! il serait permis à un gouvernement constitutionnel,
à un gouvernement sorti des commotions révolutionnaires,
d’arracher violemment le commerçant, l’industriel à une posi-
tion acquise, dele condamner à l’inaction,le tout parce qu’on se
sera avisé de faire combler le déficit des finances au moyen d’un
impôt sur le tabac ! Mais cela est de la dernière absurdité, et en
couvant des lois aussi immorales, d'une injustice aussi criante,
nos ministres renient hautement l'origine de leur élévation,tour-
nent un regard de dédain vers la crise d’où ils sont sortis, eux
et leur grandeur. Bien plus : l’établissement de la régie, c’est-
à-dire du monopole du tabac au profil du gouvernement, blesse
toutes les lois divines et humaines; car il est inoui qu’un pouvoir
vienne ainsi déposséder brutalement une partie de la popula-
tion deson avoir, etarracher sans raison apparente le pain à des
mdliers d’ouvriers en fermant de force les fabriques qui les
emploient.
On indemniserait les propriétaires des magasins et fabricants
de tabac, dit-on. Mais quelle sera cette indemnité? Sur quoi se
portera-t-elle? Et si, contre toute attente, on parvenait à rem-
bourser la valeur intrinsèque de la possession matérielle, que
fera-t-on pour l’avenir? Rien, absolument rien, si ce n’est qu’on
laissera la ruine à la porte de l’industriel, du commerçant dé-
FEUILLÜTOTN.
AESTSSAEIE.
Colonies pennies anglaises. —< Ktnblissements «le eorrcction.
— Ile de Morfolk. — IPoet-Arthue.
Les Anglais ont, à côtéel indépendamment de leurs colonies pénales,
des établissements de correction où sont envoyés les condamnés les
plus opiniâtres et les plus endurcis, ceux que n’a pu dompter le régime
de fer des colonies pénales
Les deux principaux établissements de ce genre sont ceux de l’ile de
Norfolk eide Porl-Arthur.Le premierest un lieu de correction pour les
déportés de la nouvelle condamnation, le second a la même destination
pour les condamnés de l’île de Van-Diemen.
L’ilede Norfolk, rétablissement le plus éloigné delà Grande-Breta-
ne, l’ultima thulé de son étrange système de discipline pénale, est une
es contrées que la nature a le plus favorisées.Sa situation est détermi-
née par le point où le 168e degré de longitude orientale traverse le 29°
parallèle de latitude méridionale, sa distance de la pointe du port Jack-
son est d’environ cent milles.
Cette ville si remarquable a environ vingt milles de circonférence. Un
rivage escarpé la défend des flots de la grande mer.
Les montagnes dont elle est couverte s’enveloppent en quelque sorte
les unes les autres, et allongent leurs sommets comme pour atteindre la
base verdoyante du mont Pitt. Placé au centre de l’ile, ce mont géant
semble commander par dessus les autres sommets au vaste Océan, et
complète, pour ainsi dire, le paysage si bizarre, si varié, si brillant de
couleurs dont s’enchantent les regards.
La forme et la matière de pierre précieuse de l'Océan ne permettent
pas de croire qu’elle ait fait partie du monde primitif. Les naturalistes
qui l’ont visitée s'accordent à dire que ce qui est aujourd’hui une île en-
chantée n’était dans le principe qu’un amas de laves lancées à travers
l’abîme par quelque immense foyer sous-marin.
Toutefois, la file des volcans a revêtu, avec le temps, des formes plus
gracieuses. Depuis le sommet du mont Pitt jusqu’au fond des vallées,
une couche épaisse de terre végétale nourrit des arbres de toute espèce.
Les crevasses même des rochers étalent une végétation vigoureuse,
aussi agréable à l’œil que le sourire qui vient révéler un heureux natu-
rel caché sous un front sourcilleux. Le plus élevé des arbrisseaux enra-
cinés ainsi au fond des précipices est le phormium Umax (lin de la Nou-
velle-Hollande). qui balance ses touffes ondoyantes dans les fentes des
masses de basalte placées autour de l’île comme un rempart inexpugna-
ble.
Du côté du sud-ouest, le sol s’abaisse et forme un terre-plein parfai-
tement uni. dont le bord sablonneux est protégé contre les empiéte-
ments de la mer par un banc de corail qui entoure l’île tout enlière-
quoiqu’il ne soit visible que dans cet endroit. Vis-à-vis et à peu de dis-
tance, esl un îlot appelé l’ile Philippe, où la végétation est moins belle
qu’à Norfolk. Cet îlot sert d’abri aux vaisseaux qui stationnent dans ces
parages, eL qui, étant exposés, du côté de l’est et de l’ouest, aux coups
de mer, sont forcés de rester sous voiles et même de s'éloigner pendant
possédé. Après cela, on a le courage de dire que et par l’indem-
nité, on éviterait tout l'odieux de la loi française de 1811 ! »
Belle raison qui n'empêchera pas la plus profonde des pertur-
bations de se manifester dans le pays, la plus profonde des mi-
sères de s’attaquer instantanément à une partie notable de nos
travailleurs.
Que le gouvernement, que la législature y songent bien : le
projet présenté par M. Mercier est des plus graves et son adop-
tion plongerait le commerce et l’industrie dans la stupéfaction
et l’inquiétude Le monopole introduit, malgré les lois constitu-
tives du pays.il n’y aurait pas de raisons pour que l’on bornâtson
application à l’article des tabacs. Chaque commerçant, chaque
industriel pourrait craindre sa dépossession prochaine Ce qu’on
a commencé à l’égard des uns, on peut le poursuivre demain à
l’égard des autres. Après cela, nous doutons que les fabricants,
que les débitants de tabacs, du pays, se laissent dépouiller avec
une grande résignation, et voient tranquillement se consommer
leur ruine d’une manière aussi scandaleuse. Que dirait-on si
de formidables efforts s’organisaient pour résister à une expro-
priation qu'on peut qualifier de barbare ? Le gouvernement au-
rait-il le droit de se plaindre ? Evidemment, non, car lui seul
aurait servi d’agent provocateur. Encore une fois, que le gou-
vernement et la législature songent bien à l’œuvre qu’ils vont
préparer. Des regrets tardifs ne serviraient pas a grand’chose :
le mal fait, il faudrait en subir les conséquences.
PROJET DE LOI SUR LES TABACS.
L’article qui précède était écrit quand nous avons reçu le
texte du projet de loi sur les tabacs, tel que M. Mercier l’a dé-
posé sur le bureau de la Chambre dans la séance du 16 de ce
mois.
Nous nous contenterons pour le moment de publier ce pro-
jet de loi, purement et simplement, sans le faire accompagner
de commentaires. Seulement, nous dirons que si la proposition
ministérielle ne résume pas précisément, comme tout le faisait
pressentir, la question de monopole au profit du gouvernement,
elle n’en est pas moins un acheminement fatal vers yn état de
choses incompatible avec nos lois libérales et antipathique à
la nation belge.
Eu second lieu, nous ferons remarquer que la question de
recensement soulevée par le gouvernement, constitue une at-
teinte profonde aux intérêts, non-seulement des fabricants de
tabacs, mais du commerce en général. Les conséquences de
cette partie du projet de loi seront parfaitement saisies par
les Chambres de Commerce du pays, qui certes ne manqueront
pas de protester énergiquement contre l’introduction d’un ré-
gime arbitraire et préjudiciable au commerce et à l’industrie.
Il est de l’intérêt de tous de s’élever contre des mesures inqua-
lifiables dans l’état présent de nos besoins matériels.
Voici maintenant le projet de loi de M. le ministre des finan-
ces; demain nous publierons l’exposé des motifs qui est très
étendu et que le défaut de place ne nous a pas permis d’insérer
aujourd’hui.
Projet de loi.
nature et qualité de l’impôt. — Droit de fabrication. Les tabacs
étrangers et les tabacs indigènes, non fabriquées, sont quelle que soit
leur espèce ou qualité, assujettis à un droit de fabrication de 55 fr, par
100 kilog., et ce indépendamment des droits de douane établis par les ta-
rifs en vigueur sur les tabacs étrangers. Sont considérés comme tabacs
non fabriqués, pour l’application des dispositions de la présente loi, les
tabacs en feuilles, en rouleaux ou en côtes.
Les tabacs non fabriqués, importés en quantités de 1,000 kilog. au
moins, pourront être emmagasinés: A. Sous terme decrédit pour le
droit de fabrication au compte d’un fabricant, B. Par dépôt dans les
entrepôts. Tou te quantité inférieure sera soumise au paiement des droits
au comptant et devra être expédiée à un fabricant par acquit à caution.
Droit de débit. — 11 est établi sur le débit des tabacs un droit : A. de
00 c. par kilog. de cigares; B. de 10 c. par kilog. de tous autres tabacs
fabriqués. Le paiement aura lieu au moment de l’emmagasinage.—Le
minimum du droit de débit est, toutefois, fixé à 15 fr. payables par moi-
la nuit pour plus de sûreté.
On débarque à Norfolk sur des bateaux assez légers pour s’engager
dans un étroit chenal, à travers le rescif qui présente en tout temps une
barre dangereuse, et qui, lorsque la mer est agitée, devient un obsta-
cle insurmontable. Alors, le seul endroit où l’on puisse aborder est sur
la côte opposée à la baie de Cascade, formée par une petite échancrure
dans les rochers, et presque fermée par un banc de pierres volcaniques
qui ne livre qu’un passage dangereux à la chaloupe la mieux pilotée.
L île de Norfolk est donc parfaitement disposée par la nature pour ser-
vir de prison.De plus, il n’est permis qu’aux surveillants des prisons de
l’habiter, et tous les vaisseaux, excepté ceux de l’Etat, ont défense d’en
approcher, sauf le cas de détresse.
Cependant malgré ces précautions, malgré la distance immense qui
sépare l’ile de toute autre terre, les prisonniers ont été souvent assez
hardis pour s’aventurer sur les radeaux ou sur des canots qu’ils con-
struisent à la dérobée, dans le court espace de temps qui s'écoule entre
leur fuite de la prison et leur fuite à travers l’Océan Durant ce temps,
ils se tiennent cachés dans les cavernes ou dans les bois, où on les a
quelquefois surpris prêts à mettre leurs projets à exécution, et ayant à
côté d’eux un petit magasin de provisions et quelques vases pour tenir
de l’eau. Ils se confient aussi aux plus frêles embarcations, poussés par
le désir de recouvrer la liberté.
Ce désir est si vif, que le moindre rayon d’espérance qui vient luire
dansles ténèbres où ils sont plongés leur ferait affronter mille morts.Ils
ont réussi plus d’une fois à s’emparer des barques du gouvernement et
à gagner le large; mais presque toujours les bâtiments envoyés à leur
poursuite les ont forcés à virer de bord.Unefois,cependant, la poursuite
ne réussit pas, et ce qui se passa dans celle circonstance montre avec
quelle dextérité les prisonniers savent tout mettre à profit.
M.Cuninham, botaniste de la Nouvelle-Galles, avait dressé pour quel-
ques jours sa tente dans l’île Philippe, où il voulait se livrer à ses inves-
tigations scientifiques.Quelques prisonniers, instruilsde cefait, gagné- *
rent l’île en toute hâte, s'emparèrent des provisions du botaniste, le dé-
pouillèrent de ses vêtements, et firent de sa tente une voile qu’ils dé-
ployèrentsur leur chaloupe. Les soldats envoyés pour les arrêter ne
trouvèrent que le pauvre botaniste, errant çà et là dans le costume de
l’homme de la nature, tandis que la tente qui" lui servait naguère d’abri
paraissait encoreà l’horizon, s’acquittantà merveille des nouvelles fonc-
tions qu’on lui faisait remplir.
Sur le terre-plein de l’île de Norfolk, qui regarde l’île Philippe, est
placé l’établissement pénal. 11 se compose de deux lignes parallèles de
bâtiments : la plus rapprochée de la mer consiste en une caserne ou dé-
pôt pour les prisonniers, un hangar, de forme carrée, qui tient lieu de
cuisine et de salle à manger, une prison, un corps-de-garde, et quel-
ques autres bâtiments plus petits. Au pied des montagnes, sur la ligne
opposée, s’élèvent la caserne militaire, les magasins du commissariat
et plusieurs petites cabanes, le tout construit avec un tuf fort tendre,
auquel la chaux de corail sert de ciment. Entre les deux lignes de bâti-
ments s’étend un terrain fertile, continuellement rafraîchi par un cou-
rant d’eau, et partagé en une multitude de petits jardins que l’on distri-
bue aux prisonniers les plus dociles. La culture de ces plates-bandes
leur sert de passe-temps, et leur donne le moyen d’ajouter quelques lé-
gumes à leur portion de bœuf salé et à leur morceau de pain de maïs.
tié au D janvier et au l*r juillet.—L’acquittement de chaque terme au-
torisera la vente d’une quantité de tabacs proportionnelle selon l’espèce,
à la somme de 7 fr. 50.
Aucun centime additionnel ne sera perçu au profit de l’Etat sur le
droitde fabrication et le droit de débit; toutefois, chaque quittance sera
frappée d’un droit de timbre de 25 centimes.
Ch. 2. Culture du tabac indigène. Nul ne pourra semer, ni piauler
du tabac, sans en avoir obtenu l’autorisation du directeur des contri-
butions directes, douanes et accises dans la province. Les planteurs de-
vront à cet effet déclarer au plus tard le 1» février au receveur de leur
ressort la contenance superficielle du terrain destiné à la culture du ta-
bac ; ils feront connaître, en même temps, la situation de ce terrain, en
suivant les indications du plan cadastral, ainsi que le nombre, par are,
des pieds de tabacs qu’ils se proposent déplanter. Aucune déclaration
ne sera admise pour moins de 15ares en une seule pièce.
Dans des circonstances particulières et quand le gouvernement le
trouvera opportun, il pourra permettre la culture de 20 pieds de tabac,
au maximum, en exemption de tout droit.
Les dégâts occasionnés par des événements calamiteux aux récoltes
sur pied seront constatés par le contrôleur des contributions directes,
assisté du bourgmestre et de son délégué. La réduction sera évaluée de
gré à gré. En cas de dissentiment, le gouverneur de la province pro-
noncera.
Récolte. — Les planteurs ne pourront procéder à l’arrachage des
feuilles qu’après en avoir fait, la veille, la déclaration au receveur des
accises de leur ressort . Il sera accordé décharge au compte de culture,
des feuilles vertes ou sèches qui seront avariées.
Etablissement des fabriques. — Nul ne pourra ouvrir une nouvelle
fabrique de tabac, ni remettre une ancienne en activité, sans en avoir
fait au moins un mois d’avance, la déclaration, par écrit au receveur de
son ressort.
Un écriteau portanten caractères apparents peints à l’huile, les mots:
fabrique de tabac, sera placé à l’extérieur de toutes les issues de la fa-
brique donnant sur la voie publique.
Les employés chargés de la surveillance des fabriques tiendront un
registre portatif présentant d’une part les quantités de tabac non fa-
briqué qui auront été emmagasinées, et d’autre part les quantités de
tabac fabriqué, exportées ou livrées aux débitants. Les fabriques se-
ront recensées deux fois par an.
Etablissement des débits : Nul ne pourra établir un débit de tabac
sans en avoir fait, au moins huit jours d'avance, la déclaration au rece-
veur de son ressort. Cette déclaration contiendra: A. Les nom, prénoms
et raison de commerce des débitants. B. Les nom et prénoms du gé-
rant, s’il y a lieu. C. La désignation des magasins et du local dans lequel
le débit sera ouvert. Un écriteau portant en caractères apparents, peints
à l’huile, les mots : Débit de tabac, sera placé à l’extérieur de toutes les
issues du local donnant sur la voie publique. Dans le cas où undébitant
ou fabricant voudrait ouvrir plusieurs débits, il sera tenu de remplir,
pour chacun d’eux les obligations imposées par le présent article.
Les débitants, qui déclareront, par écrit, au receveur des accises du
ressort, vouloir cesser leur commerce avant le 1« juillet, seront libérés
du second terme de paiement du droit de débit fixé plus haut.
Quiconque voudra dans le courant del’année commencer undébitou
reprendrecelui d’un autre débitant, sera tenu d’acquitter le droit pour
le trimestre courant, indépendamment du paiement du second terme,
s’il y a lieu.
Il est défendu aux débitants, sauf les cas exceptionnels à mentionner
plus loin de s’approvisionner ailleurs que chez les fabricants. Ils recevront
les tabacs par acquilsà caution et en quantité de 90 kilog. au moins.
Les fabricants de tabac pourront exercer cumulativement la profes-
sion de débitant.
Lesdébilants tiendront dans la forme à prescrire par l’administration,
un registre qui présentera jour par jour, sans interruption ni lacune,
les quantités reçues, les quantités vendues, les quantités restant en
magasin.
Les débits de tabac seront recensés une fois par trimestre. Les em-
ployés pourront, si l’administration le juge utile, y opérer des recense-
ments plus fréquents, mais ils devront, dans ce cas, être munis de l’au-
torisation par écrit de l’employé supérieur dans l’arrondissement.
Entrepots.—Les mouvements à l’entrée et à la sortie des entrepôts,
pour les tabacs non fabriqués, sont réglés de la manière suivante : Ta-
bacs étrangers, entrepôts libres .- Les comptes seront débités des quan-
tités. A. importés directement; fi. Transcrites dans le même entrepôt
du compte d’un autre négociant. Ils seront déchargés des quantités;
^.Transcrites dans le même entrepôt au compte d’un autre négociant;
B. Transférées sur entrepôts publics ou particuliers; C. Déclarées sous
termes de crédit au compte d’un fabricant; D. Déclarées à la réexporta-
tion ou au transit.
Entrepôts publics.— Les comptes seront débités des quantités : A.im-
portées directement; B. transcrites dans le même entrepôt du compte
d’un autre négociant; C. Transférées des entrepôts libres ou publics.
Us seront déchargés des quantités : A transcrites dans le même en-
trepôt au compte d’un autre négociant ; B. Transférées sur d’autres en-
trepôts publics ou particuliers ; C. Déclarées sous termes de crédit au
compte d’un fabricant; D. Déclarées en transit.
La patate douce est la plante qui réussit le mieux, et par conséquent la
plus cultivée.
La plaine est bornée, du côté du levant, par une sorte de rempart se-
mi-circulaire, ouvrage de la nature, et qui domine tous les lieux envi-
ronnants.C’est là qu’est la maison du commandant.spacieuse,bien bâtie,
et entourée d’une forte terrasse,d’où l’on pourrait facilementrepousser
une attaque. — Dans ce gracieux séjour, rien ne rappelle le voisinage
de l’établissement pénal, sinon les barreaux de fer aux fenêtres, les
deux pièces de canon placées sur la pelouse fleurie du rempart, et le
bruit des pas de la sentinelle.
A un tiers de mille de l’établissement, le cimetière occupe une des
extrémités de la plaine, et est entouré de deux côtés par un bois de
mancenilliers si touffu qu’aucun rayon de soleil n’y pénètre. La mer le
borne d’un autre côté.Les malheureux quiy reposent enfin sont arrivés
à cette funèbre demeure à travers une vie d’ignominie, aussi triste,
aussi agitée que les flots qui se brisent près de leurs tombes !
En avançant dans la môme direction, le long d’un sentier taillé sur le
flanc d’un roc que baigne la mer, on parvient au pied de hautes monta-
gnes, dont les premières pentes, tapissées de verdure, forment un vaste
amphithéâtre, et dont les derniers sommets se perdent dans les nues.
Ici, chaque vallée a son ruisseau, bordé de beaux sapins, de fleurs et de
vignes sauvages.
En continuantà monter, on rencontre une petite plaine d'où l’œil sai-
sit un gracieux contraste : ici, un sol uni, couvert d’arbrisseaux des es-
pèces les plus rares s’étend et verdoie; là, une vallée profonde comme
un abîme serpente, s’élargit et perd son aspect sauvage en approchant
de la mer. Le sentier est ombragé par des arbres à fleurs qui semblent
se disputer l’attention du voyageur; des plaintes grimpantes, pareilles
à des serpents géants, s’élancent, se contournent, s’entortillent comme
pour lui barrer le chemin. A son approche, les perruches, les perroquets,
les solitaires, les pigeons et d’autres oiseaux au plumage brillant et va-
rié, s’envolent de tous côtés.
Un peu plus loin s’ouvre une autre vallée non moins sinueuse.Le ruis-
seau qui l’arrose fait mille détours, puisse précipite vers la mer, en ré-
pandant partout une délicieuse fraîcheur. On aperçoit çà et là des trou-
peaux dont la toison est éblouissante de blancheur, et des cabanes de
bergers à moitié cachées sous le feuillage. Au fond de la vallée, dans
l’endroit où le ruisseau se replie tant de fois sur lui-même, ou passe à
côté d’un groupe de fougères arborescentes, dont les troncs, noirs et
contournés, s’élèvent à 25 ou 50 pieds, et sont presque cachés par des
feuilles longues et tombantes comme dévastés parasols.
Un étroit sentier, pratiqué dans un bois, conduit au sommet du mont
Pitt; entre chaque arbre qui borde le sentier, le regard se promène de
la campagne agreste à la mer qui brille au soleil; ces arbres particuliers
à l’Australie ont près de 180 pieds de haut; leurs tiges, droites et mas-
sives, portent à des distances égales une couronne de rameaux ver-
doyants, dont la circonférence diminue d’étagesen étages,el chacun de
ces rameaux a la forme et la grâce d’une longue plume d'autruche.
Quant on atteint le sommet du mont Pitt, on a sous les yeux la plus
belle perspective : des montagnes,des vallées, des torrents,des rochers,
de vastes forêts, des clairières, des prairies, et plus loin l’île Philippe et
l’immense Océan, où se réfléchissent les feux du soleil.
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