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celles du crédit mobilier, de 752.50 à 755; celles du crédit foncier
de 610 à 655 et ses obligations (500 fr.) de 440 à 442.50 ; celles de
1000 fr. à 950, n'ont pas varié.
Chemins de fer: Rouen a reperdu 40 fr., Sl-Germain 5 fr., le
Havre 5 75 et Bâle, l’Ouest, Pans à Caen et Dijon à Besançon de
2.50 c. ; Lyon à la Méditerranée, au contraire, a haussé de 40 fr.,
Lyon de 8.75, le nord de 5 fr., le Midi et le grand central de 2.50.
Les autres lignes n’ohl pas varié.
Valeurs industrielles. On a négocié les mines de la Vieille-
Montagne de 500 à 502.50 ; celles de la Silésie à 372 50 ; celles
de la Loire à 627.50 et celles de Mouzaïasà45; les hauts four-
neaux d’Herserange, de 220 à 222.50, les Docks-Napoléon, de 220
h 220.50 et le palais de l'industrie de 110 à 111.25.
Fonds étrangers. Le 5 O/o piémonlais reste stationnaire à 88,
ainsi que le 3 0/0 à 56 ; le 5 0/q autrichien à 82 et le 5 O/o romain
à 84 1/2 ; le 4 1/2 O/o belge a fléchi de 90 1/4 à 90 ; le 5 O/o intérieur
d’Espagne était, au contraire, demandé, il a haussé dé 34 1/2 à 55.
HOLLAKDE.
La Haye, 7 juillet.
On lit dans le Handelsblad d’Amsterdam :
On se rappelle qu’on nous écrivait,il y a quelquesjours,de Steen-
wyck, au sujet d’un navire hollandais, capturé par les anglais,
mais qui était parvenu ü se réfugier le 30 Juin à Harlingen. Nous
apprenons aujourd’hui que cette affaire n’est pas considérée
comme terminée. Si nos informations sont exactes, le gouverne-
ment anglais a immédiatement sommé le nôtre, par télégraphe,
de lui remettre le navire et la cargaison ; le premier fesànt eau
doit réparer et la seconde est déjà débarquée ; le gouvernement
anglais exige également l’extradition du capitaine, qui a été arrêté
en effet à Harlingen, mais relâché ensuite sur parole Le vice-
consul anglais à Harlingen a immédiatement informé le gouver-
neur de la Frise et un échange de correspondances assez animé a
lèu en ce moment entre ce haut fonctionnaire et le ministère.
BOURSE D’AMSTERDAM, DU 7 JUILLET.
La tendance était généralement défavorable aujourd’hui, par
suite de l’exécution de quelques petits ordres de ventes. Les affai-
res, cependant, n’ont pas eu beaucoup d’animation.
5 heures : Intég. 58 1/2 ; Esp. 1 0/0 18 3/4 à 13/16 ; 3 0/0 int. 55
3/16; Métall. 5 0/0 62 9/16 à 5/8.
BELGIQUE,
Bruxelles, 7 juillet.
Hier à trois heures, Don Pedro et le duc d’Oporto se sont rendus
au Musée, où ils ont été reçus par M. le bourgmestre. Après avoir
visité le Musée, S M. et S. A. R. sont allées au Palais de l’Indus-
trie, à la Bibliothèque de Bourgogne et ensuite au marché delà
Madelaine.
Ce matin, à dix heures et demie, le roi de Portugal et le duc
d’Oporto ont visité les ateliers de M. Guillaume Geefs, siainairé.
S. A. R. le comte de Flandre accompagnait S. M. et son frère.
En passant devant la statue en marbre du.roi des beiges,destinée
au palais de la Représentation nationale, elles ont exprimé à M.
Geels leurs félicitations sur la parfaite ressemblance des traits
ainsi que sur le fini et la beauté du travail. S. M. et S. A. R. ont
également accordé des éloges au groupe du Lion amoureux, et aux
nombreux ouvrages qu’ils avaient sous les yeux.
Dans l’atelier de Mrac Geefs se trouvaient plusieurs tableaux de
celte artiste qui ont été fort remarqués par les augustes Visiteurs,
ainsi que des pastels de Mm' Lagache.
Don Pedro V, roi de Portugal, étant né le 16 septembre 1837,
aura accompli sa 17e année au mois de septembre prochain. Son
frère, le duc d’Oporto, étant né le 31 oétobre 1838, accomplira à
la fin d’octobre sa 16' année.
C’estdimanche que doit avoir lieu la grande revue que nous
avons déjà annoncée, en i’honneur du roi de Portugal.
Le roi de Portugal et le duc d’Oporto, assisteront lundi, à ce
qu’on nous assure à l’instant, à la cavalcade de Malines.
Le roi de Portugal, accompagné de son auguste frère, des per-
sonnages qui l’accompagnent et des officiers de la maison du roi,
se propose de visiter plusieurs de nos provinces. On assure que
don Pedro se rendra tour à tour à Bruges , Gand, Anvers, Liège,
Namur, etc.
Le départ pour cette excursion est, dit-on, très prochain.
Au marché aux grains de Bruxelles, il y avait aujourd’hui envi-
ron 900 sacs de froment. Les prix élevés se sont soutenus avec
fermeté. Les transactions d’abord languissantes, sont devenues
très animées vers la clôture du marché.
Nous apprenons qu’un projet auquel on ne peut contester un
véritable caractère de grandeur, et qui, en raison même de son
importance, réclame le plus sérieux examen, vient d’étre soumis
à l’administration communale de Bruxelles. Il ne s’agirait de rien
moins que du nivellement des quartiers de la Montagne de la
Cour et de la rue de la Madeleine et de la construction, Sur Rem-
placement de la première de ces rues, d’un vaste palais destiné
au commerce. Ce projet a pour auteurs MM. C.-F. De La Roche,
ingénieur, etArveuf, architecte, et serait réalisé dans le délai de
trois années, dont une serait employée au percement des rues
nouvelles et deux à la construction de i’édifice.
La pente de 0ra07 à 9mll par mètre qui unit aujourd’hui la
Place Royale à la place de l’Hôtel de Ville serait remplacée par
une pente insensible et régulière de0ra04 par mètre. Vis-à-vis de
la façade principale du Palais du commerce une rue de 20 mètres
de large irait aboutir directement à l’Hôtel de Ville, et une autre
rue, faisant pendant à la rue Saint-Jean, traverserait les rues de
la Putterie et de la Montagne pour aller aboutir à la rue d’Arèn-
berg, à l’entrée du passage Saint-Hubert.
Quant au Palais du commerce, il formerait un parallélogramme
de 200 mètres de long sur 90 de large ; il renfermerait une prome-
nade publique plantée d’arbres, à l’inslarde celle du Palais-Royal,
des magasins spacieux, un local pour le tribunal de commerce,
une bourse et un théâtre.
C’est là, comme on le voit, un projet grandiose, l’exécution en
aurait lieu au moyen de la constitution d’une société anonyme,
dont le capital serait serait divisé en actions de cent francs. Sâfts
nous prononcer dès aujourd’hui sur ce projet et ses chances de
succès, nous avons cru devoir le signaler à l’attention publique,
car il s’agit de relever eneore la splendeur et fa prospérité delà
capitale. {Ind.)
ANVERS, 8 JI ILLET
Parmi les personnages distingués arrivés ce jour et
descendus à l’hôtel St-Antoine,on remarque Mrae la princesse
de Trubetzroy, de Moscou, venant de Paris, et retournant
en Russie.
— Une jeune tille qui avait quitté hier soir le toit mater-
nel et s’était rendue à bord d’un navire sur rade, dans l’in-
tention d’émigrer à New-York avec un matelot, a été arrêtée
ce matin à bord, par la police, et rendue k sa mère.
— M. T’Kint Van der Kim, consul des Pays-Bas à
Bruxelles, s’est embarqué ce matin sur le bateau Amicitia
avec des dépêches pour le gouvernement hollandais.
— On a arrêté à Borgerhout deux jeunes filles,l’une pour
vol domestique, l’autre pour vol de pommes de terre sur
champ ; cette dernière a été surprise en flagrant délit; elle
avait déjà arraché environ un sceau de pommes de terre,
qui ont été saisies et déposées a1^ greffe.'
— Deux grands concours dè pigeons avec prix d’hon-
neur, ont lieu demain, à la Pomme de Grenade. L’un de
lliberac, département de la Dordogne pour lequel 449
pigeons ont été expédiés; l’autre de Chàlons-suv-Sâone,
auquel 176 pigeons prennent part.
Tous ces pigeons seront lâchés demain dimanche, à 4
heures du matin.
Il y a quatre prix d’honneur, consistant en 4 pendules,
do la valeur de fr. 400, offerts par la société; ilya, en outre,
pour le concours de Ribérac, 24 prix en argenterie, et pour
celui de Chàlons, 25.
— La société colombophile de Onafhanglykheid, établie
à l’estaminet Le Coq, Canal St-Pierre, rappelle aux amateurs
qui désirent prendre part au grand concours de Clermont-
Ferrand, que l’inscription des pigeons aura lieu dimanche
prochain, au local de la société,de 2 heures de l’après-midi
jusqu’à minuit.
— Nous avons eu, vers la fin de l’année dernière, occa-
sion de montrer, au sujet des brasseries, jusqu’à quel point
l’esprit fiscal était développé à St-Nicolas. Voici un petit fait
indiquant qu’il y est en progrès.
On en est venu, dans cette ville, jusqu’à considérer un
arc comme meuble, et à exiger, pour en permettre l’entrée,
un droit d’octroi s’élevant à un franc vingt centimes. Un de
nos concitoyens qui arrivait par le chemin de fer, a dû en
passer par là, et prendre un acquit de transit !
N’est-ce pas le comble ?
— La morue provenant de la pêche d’une chaloupe belge,
a été vendue ce matin de fr. 45 1/2 à 48 par tonne.
— Aujourd’hui, à midi, il a été procédé à l’hôtel du gou-
vernement provincial, àTadjudication publique des travaux
et fournitures à faire pour la construction d’un presbytère à
Borgerhout. Il y avait 4 soumissionnaires. M. Verlinden, de
Borgerhout, a été déclaré adjudicataire pour la somme de
fr. 9,400. L’estimation était de fr. 10,000.
— Par arrêté ministériel du 7 juillet, la monte des éta-
lons du haras de l’Etat,placés en station dans les provinces,
sera fermée le 46 du mois de juillet courant.
La monte restera encore ouverte au dépôt central de Ter-
vueren, jusqu’au 20 août suivant.
— Un arrêté ministériel du 5 juillet décide qu’un atelier
d’apprentissage, pour la fabrication d’êloffes diverses en lin,
laine et coton, sera établi, avec le concours de l’Etat, dans
la ville d’Ÿpres.
— La commission centrale des inspecteurs provinciaux
de l’enseignement primaire est convoquée en session ordi-
naire pour le 18 juillet courant.
— On écrit de Thielt, 6 juillet :
Notre marché aux toiles de ce jour était bien fourni, mais
nous avions peu d’acheteurs; l’achat ne s’est fait que lente-
ment et à des prix plus faibles que la semaine passée. Sur
505 pièces, 315 ont été vendues.
Il y avait bon nombre de têtes de bétail en vente à notre
marché mensuel. Les prix étaient en baisse.
— Hier matin on a retiré du canal, près du pont des Au-
gustins, à Bruges, le cadavre de la femme B....... bouchère
en cette ville. Elle avait quitté son domicile dès 4 heures du
matin, pour accomplir son funeste projet, -r- On ignore la
cause de ce suicide.
— Le conseil communal de Tournai, d’accord avec la
commission directrice de l’exposition du mois de septembre
prochain, a décidé que celle-ci serait artistique et indus-
trielle,
— La maladie de la vigne a reparu dans les provinces du
littoral de l’Autriche, et particulièrement dans les territoires
d’Udine et de Trévise. Par suite, le prix du vinaigre et de
l’alcool a subi une forte hausse à Trieste. D’après des nou-
velles de Livourne, la maladie se manifeste également dans
toute l’Italie centrale.
— M. Ch- Merian Burckhardt, de Bâle, vient de remettre
à la chancellerie d’Etat la somme de 400,000 fr., en la des-
tinant à procurer aux habitants le pain à meilleur marché.
Horticulture.
exposition df. mai.ines du a au 6 juillet mai.
Le Précurseur, dans son numéro d’avant-bier,disait que l’ftbrti-
culture belge se fait remarquer à l’étranger et qu’Anvers avait une
bonne part dans ces distinctions. C’est une vérité que l’exposition
de Malines vient de mettre encore plus en relief.
La bonne ville de Malines, dans sa sollicitude, pour rendre la
visite-de la famille royale aussi agréable que possible et attirer
encore davantage les étrangers dans ses murs, avait organisé,
par les soins de la société royale d’Horticulture de Malines, une
grande et belle exposition de fleurs dans le magnifique jardin de
Pitzenbourg, plus connu sous le nom de Jardin botanique.
Cette exposition a dignement couronné les efforts et a dépassé
même les plus vives espérances de la commission directrice.
En effet,le nombre et la beauté des plantes envoyées de tous les
points de la Belgique,le temps superbe qui a présidé à l’ouverture,
mais plus encore la satisfaction que Sa Majesté, en connaissance
de cause, ainsi que la famille royale ont bien voulu exprimer,
sur le choix des plantes et le bel arrangement de l’ensemble,
étaient pour cette société d’hommes honorables et désintéressés
la plus belle récompense qu’ils pouvaient désirer.
Voici le tableau alphabétique des villes et communes qui ont
pris part à celte fêle horticole et le nombre des prix qui leur ont
été décernés :
Anvers
Bornhem
Bruxelles
Ga,nd
Liège
Louvain
Malines
Waelhem
Willebroeck
4 méd. en vermeil, il en argent et 3 en bronze.
Voici le résultat des
0
» 3
» 4
» 8
» 7
» ii
» 4
» 0
concours pour ce
qui
0
1
5
Ö
1
41
0
1
regarde
ville
»
»
»
»
d’Anvers :
1' Concours, le plus bel envoi : lr prix à Mm' Le Grelle-Dhams ;
3' Concours, Pelargomums anglais : 2' prix à M. Ch. Van Geert ;
4» Concours, Pelargomums de fantaisie : 2' prix à M. Ch.Van Geerl;
10e Concours, Erica et Epacris : lr prix à M. Ch. Van Geert ;
11' Concours, Begonia : 1' prix à M Janssens-De Harven ;
30'Concours, la plus belle Orchidée : lr prix à M™'Le Grelle-
Dhanis ;
31'Concours, collection de Palmiers : 2' prixà Mm« Le Grelle-
Dhanis ;
37e Concours, collection de Fougères : 3« prix à M. René Dellafaille;
41' Concours, Plantes à beaux feuillages : 1' prix à M1»» Le Grelle-
Dhams ;
42' Concours, Plantes d’ornement : l'prix à Mm« Le Grelle-Dhanis;
45' Concours, collection d’Agavées : 1' prix à M. l’avoué Dillen;
46' Concours, collection de Yucca : 4' prix à M. Van Honsem-
Lunden;
47' Concours, collection de Houx : 1' prix à M. Ch. Van Geert.
Concours non prévus ■
Médaille en vermeil à Mmc Le Grelle-Dhanis pour le Theophras-
la species, plante unique en Europe;
Médaille en argent à M"*' Le Grelle-Dhanis pour un superbe en-
voi d’Aûànas et de Pêches;
Médaille en argent à M. Ch. Van Geert pour une nombreuse et
intéressante collection de Conifères;
Médaille en argent à M. Ch. Van Geert pour une collection dis-
tinguée de plantes à feuilles panachées;
Médaille en argent à M. Ch. Van Geert pour une collection
unique d’arbustes à feuilles persistantes.
Indépendamment de tous les prix, il y a une médaille d’hon-
neur offerte par M. le bourgmestre de ta ville de Malines à celui
qui aura le plus contribué à la richesse de l’exposition.
Ce prix ne put être décerné par le jury, parce que celui-ci
ignorait les noms des exposants. Ce sera donc la commission di-
rectrice qui en décidera,lorsque le relevé exact de tous les envois
sera fait, et nous pensons qu’Anvers peut y avoir quelques pré-
tentions.
En récapitulant les prix obtenus par les différentes localités et
en tenant compte des points de mérite de chaque prix, la médaille
en vermeil comptant pour trois points, celle dàargent pour deux et
celle de bronze pour un, nous trouvons que les récompenses ob-
tenues par chaque ville ou commune sé présentent dans l’ordre
suivant :
Malines a eu 25 médailles valant 42 points.
Anvers » 18
Gand » 15
Bruxelles » 9
Louvain » 9
Liège » 9
Waelhem » 5
Bornhem » 1
Willebroek » 4
Anvers, 7 juillet 1854.
» » 37 »
» » 31 »
» » 22 »
» » 20 »
» » 19 »
» » 11 »
» » 3 »
» » i »
C. V. G.
Membre du jury.
Victoria Régla.
La Victoria Regia, cette plante aquatique si prodigieuse de gran-
deur et de beauté, dont ou a tant parlé lorsqu’elle fleurit pour la
première fois dans les terres de Ghalswort sous la direction du |
Paxlon , plus tard, successivement en Belgique, chez M. Van I
Boutie el M. Doukelaar tous deux à Gand, va bientôt s’épanouir
dans nos faubourgs. Anvers sera donc la seconde ville de la Bel-
gique où cette plante merveilleuse aura fleuri.
C’est le sieur De Beucker,jardinier,rue Garnot n° 212 à Sl-Wille
brord, quia entrepris la lâche difficile de cultiver la Victoria Regia;
par un procédé fort simple et des soins assidus ; il y a complète-
ment réussi et la plante porte aujourd’hui 7 grandes feuilles dont
quelques-unes ont une circonférence de 4 mètres, 13 centimètres.
Au coeur de la plante on voit se développer cinq boulons de fleurs
parfaitement sainés; l’un de ces boutons est â la veille de s’épanouir.
Il sera du plus haut intérêt pour tous les amateurs de fleurs de
suivre la croissance et la floraison de celle production gigantesque
de la nature et tous sauront gré au sieur De Beucker de sa coura-
geuse entreprise, si bien réussie et qui nous place avant Bruxelles
et Liège, vjlles si renommées pourtant dans le monde hortieul-
tural, pour la floraison de la Victoria Regia,
Nous nous empresserons de prévenir les amateurs, dès qu’un
des boutons se sera ouvert.
COUR D’ASSISES RU BRABANT.
Affaire du notaire Schoeters et de la douairière Robyns. — Accusation de faui
en écriture authentique et publique. — Complicité.
(Prés. M.Van den Eynde, conseillera la cour d’appel de Bruxelles).
Audience du 7 juillet.
L’audience est ouverte à neuf heures trois quarts.
m* moreau, avoué de la partie civile, dépose les pièces dont la
cour a ordonné la production à l’ouverture de l’audience d’hier.
Elles sont accompagnées d’un inventaire dont M. le président fait
donner lecture. Ces pièces constatent que Mme Robyns a déclaré
vouloir faire usage du testament du 21 février et qu’Edouard Ro-
byns s’est inscrit en faux contre ce testament.
m. le président. La cour ordonne que ces pièces seront com-
muniquées à M. le procureur général et aux accusés.
M' vanderton. Hier, messieurs, je vous ai dit que la transac-
tion intervenue entre Edouard Robyns et Mm' Robyus géne consi-
dérablement Schoeters. En effet, cette transaction est intervenue
après que la justice avait autorisé Edouard Robyns à prouver les
faits articulés à l’appui de l'inscription de faux. Celle transaction
a été faite à l’insu de Schoeters et dans le cabinet de l’un
des conseils de la partie civile. L’article!" porte que le testament
du 24 février sortira ses pleins et entiers effets. Ainsi, on transige
sur le faux ; on reconnaît la vérité du testament ; on déclare qu’il
sùrlira ses pleins et entiers effets à l'exclusion de tous autres. |
Ainsi, le testament Eliat est exclu, alors qu'on le présente, aur
jourd’hui, comme un lies faits au moyen desquels on veut nous
accabler, tous ces faits vous les connaissiez, tous ces faits vous
lus aviez appréciés.
L’art. 2 du : pour prix de la confirmation donnée au testament
(ainsi pour prix du faux, pour prix du faux criminel), et pour prix
de leur renonciation à leur qualité d'héritiers légaux, (vous re-
noncez même à votre quajité d’héritiers du sang 1) M™« Robyns
paiera à Edouard Robyns la somme de deux ceul mille francs.
On reçoit une somme de deux cent mille francs; mais ce n’est
pas assez, mais le legs de Martin Robyns de 100,000 fr. doit être
maintenu. Ainsi les enfants de Jean-Baptiste Robyns obtiennent
beaucoup’ plus que ce qu’ils auraient obtenu s’ils avaient été in-
stitués en 1852 avec Martin Robyns.Etvous voulez plus encore,vous
ne voulez pas vous borner à faire disparaître cette transaction ;
vous altaquez la modeste fortune d’un père de famille qui est
complètement étranger à celle transaction ; vous voulez obtenir
dos dommages-lntéréis du notaire Schoeters ! Et vous dites que
vous n’attaquez pas le père de famille, que vous n’attaquez que le
notaire, le fonctionnaire public.
Ce n’est pas tout : On commence par le notaire Schoeters et
l’on fait des réserves contre Mm* Robyns; quand ou aura obtenu
des dommages-intérêts du notaire Schoeters, on fera annuler la
transaction. C’est la part du lion.
Je pense, messieurs, vous avoir démontré hier que les trois
testaments de 1846, de 4849 et de 1850 étaient l’expression libre
de la volonté de Martin Robyns. Arrive la première attaque et
tout change. Eh bien, j’admets que le testament Eliat, fait à lu
süilede cetle première atiaque, soit aussi l’expression libre de la
volonté du testateur, mais alors vous admettrez aussi qu’après
avoir ainsi changé de volonté en 1851, Martin Robyns a pu de
nouveau changer de volonté qn 1852. Si vous dites que le testa-
ment de 1852 est le résultat de la captation, la même objection
pourra être faite au testament de 1851. Mais qu’est-ce que tout cela
fait au notaire Schoeters? Schoeters est apperé chez Robyns n’uh-
porte par qui; Robyns vient de passer un acte devant le notaire
üolporte. On prétend que ce moment avait été choisi à dessein,
mais il a été d'une maladresse par trop grossière de choisir le
moment où tout le monde était réuni là pour constater la pré-
tendue incapacité mentale et physique de Robyns! Schoeters
est appelé en plein jour, à la face du soleil, à la face de tout
le monde Maire va dire à Robyns que Schoeters est là et Robyns
dit : « Il faut le faire monter. » Schoeters monte, Madame était
là, Robyns lui communique ses intentions. Rien n’était préparé :
Schoeters retourne chez lui et il faut faire venir les témoins !
Est-ce ainsi, Messieurs, qu’on prépare le crime? Schoeters re-
vient avec ses témoins, et ici je dois appeler votre attention sur
l’extrême défaut d'étendue delà chambre; tous les témoins
vous ont dit combien elle est petite. Robyns s’entretient avec le
notaire, ce n’est pas encore la dictée , c’est une conversation
préliminaire dans laquelle Robyns fait connaître à Schoeters la
substance du testament. Schoeters fait entrer les témoins dans
cette chambre si étroite. L’un d’eux était à côté de Robyns, c’est
Delans.
Après avoir causé avec Robyns, Schoeters se met à rédiger le
testament, et à chaque clause, remarquez le bien, à chaque clause
il demande au testateur : est-ce là votre volonté, is dat uwen toit,
et le testateur répond/». Schoeters transcrille testament, demande
de nouveau à Robyns : est-ce là votre volonté, et le testateur ré-
pond encore/». Le notaire dit au testateur : « Signez lentement. »
Le testateur signe lentement et jette même les yeux sur le testa-
ment; le notaire et les témoins signent ensuite.
Voilà, messieurs, ce qui résulte de la déposition des témoins
instrumentaires.
Voyons la question de l’intelligence de Robyns. Vous reconnais-
sez que Robyns était en état de manifester une volonté, et vous
deviez le reconnaître, puisque Robyns venait de passer un acte.
Le notaire Delporte a constaté, d’ailleurs, que Robyns étai( sain
d’esprit. La preuve, selon moi, la plus évidente de l’intelligence de
Robyns, c’est qu’il ne savait pas parler.
En effet, la langue ne peut pas fonctionner, et l’homme mani-
feste par des gestes l’impatience qu’il éprouve de ne pouvoir cau-
ser avec M. Delporte. N’est-ce point là une preuve incontestable
d’intelligence? Une autre preuve de l’intelligence de Robyns, un
moment avant la passation du testament, c’est ce fait-ci : M. Del-
porte lui donne lecture de l’aeto de remboursement, il signe. Mais
M Dubois avait uu petit compte à régler avec lui, et Robyns com-
prend si bien l'importance de l’acte qu’on lui demande, qu’il fait
dés efforts pour parler, et qu’il parvient à prononcer d’une ma-
nière plus ou moins imparfaite ce mot : « J’écrirai, » c'est-à-dire :
Vous avez besoin d’une quittance qui ne laisse aucun doute : Je
l’écrirai moi-môme.
Ainsi, messieurs, quant à l’intelligence, il n’y a pas de doute.
Mais celui qu’on a suspecté no devait pas être suspecté, car s’il
avait voulu être favorable aux accusés, au lieu de dire que son
maître lui a parlé de l’acte de Delporte, il aurait dit qu’il avait
parlé du testament. Maire dit à Robyns qu’il doit faire des com-
missions, Robyns lui dit de revenir de bonne heure; Maire revient,
Robyns lui dit'de lui donner son meilleur pantalon et sa plus belle
perruque ; Maire le conduit devant la glace et le replace ensuite
dans son fauteuil.
Il est très important, messieurs, de vous fixer sur l’heure où
l’acte Delporte a été passé. C’est entre midi et une heure, puisque
deux témoms,en rentrant chez Delporte.ont vu les ouvriers retour-
ner à leur besogne. Schoeters est entré avec ses témoins à 3 heu-
res. Ainsi Robyns a en un repos do deux heures entre l’acte de
Delporte et l’acte de Schoeters. C’est là un point de la plus haute
importance.
Maintenant il est hors de toute espèce de doute que le mot oui
a été prononcé sept fois el qu’il était chaque fois accompagné d’un
signe de tête affirmatif de Robyns. On demande à Delans : Etes-
vous bien sûr que le motya n’ait pas pu être prononcé par une
autre personne que Robyns; il répond; «Alors, il faudrait que
que quelqu’un se fût caché. » On lui demande ultérieurement :
« Est-ce que M®'Robyns n’aurait pas prononcé ce mot?» Il répond:
« Non, la voix était trop lorte. »
D’ailleurs, messieurs Robyns, qui, une heure auparavant, avait
donné des preuves si éclatautes de son mietiigeuce, Robyns signe
le testament, il le signe après avoir regardé le testament. On se
relire, et il salue tout lemende.
Cela se passe 40 jours avant sa mort. Depuis lors Robyns a vu
Van Cutsem, l’ami d’Eliat, il a vu le curé du Finistère, il a vu Le-
quime tous les jours; et H n’aurail fait comprendre à personne
que sa voionlé avait été violentée le 21 février.
Je ne m'attache pas, Messieurs, aux témoignages des gens de
la maison, bien que j’aie toujours cru que quand on pénètre dans
l’intérieur d’une famille, il faut bienjaccorder quelque importance
aux déclarations de ceux qui sont attachés à la maison. On a
trouvé étrange que Robyns pariât avec ses serviteurs et qu’il ne
parlât point avec des étrangers. Mais, Messieurs, rien n’est plus
ordinaire; H existe à cet égard de nombreux exemples; ou parle
bien plus facilement avec les gens que l’on voit à chaque heure
du jour, et eela depuis un grand nombre d’années.
Je m’empare de la déposition des témoins à charge, je u’en
récuse qu’un seul, qui m’est suspect, o’eal le notaire Eliat.
A la fin de décembrejRobyns s'informe à Van Hoorde de Joseph,
il lui demande si Joseph joue toujours à la bourse, ce qui pronvo
qu’il pensait à Joseph.
Van Cutsem se trouve chez Robyns je 21 ou le 22 février ; il
apprend qu’un testament a été passé: il demande : « Est-ce Eliat if »
Il croyait donc qu’un testament pût être valablement passé à cette
époque. Van Cutsem ne se rappelle pas que RôbÿnS n'a pas parlé.
Robyns s’est fait raser jusqu’à 15 jours avant son décès et le
testament a été passé 40 jours avant le décès et jusqu’à 19 jours
avant sa mort Robyns a répondu à son barbier :« Meester » —
« Slillekens. »
Viennent les4« et 5' témoins : M.fiecuré.de Finisterre eljle clerc
ecclésiastique. M. Van Genechten déciàrè que Rôbyris s’est confessé,
cela prouve tout au moins de l’intelligence, car on ne confesse
pas un homme qui n’a plus l’intellrgence de ce qu’il fait. Deux
choses m’ont frappé, ajoute le respectable ecclésiastique : Robyns
avait la langue embarrassée ; j’avais de la peine à le comprendre ;
ensuite il avait l’air fâché (preuve d’intelligence). Il montra le
poing vers madame (preuve d'intelligence).
Quand est-ce que M. Vangenechten commence à signaler l’im-
possibilité de parler chez Robyns ? Le 27 mars, 38 joürs après le
testament !
Dans là pensée de M. le curé, Robyns avait la langue embar-
rassée et, ajout-t-il, il voulait trop parier; ainsi il pouvait dirô
quelque Chose, mais il voulait trop parler, c’esi-â-diré que son
intelligence était active et que la langue ne servait pas son intelli-
gence, aussi sa bouche parlait-elle par signes
J’accepte de la manière la plus absolue la déposition de M.
Lequime ; c’est mon médecin personnel , je lui Confierais Ce que
j’aide plus cher au monde. Mais M. Lequime s’est trompé sur
trois circonstances : il s’est trompé sur la date de la première
attaque, et il s’est empressé de rectifier sa première déclaration.
M.Lequime s’est trompé enjdisant qu’après là 5« attaque Robyns ne
quittait plus sôn lit. Tout le monde a vu Robyns dans son canapé
ou dans son fauteuil ; mais M. Lequime voyait le malade le malin
avant son lever Dans l’instiuction M. Lequime a dit que M. Ro-
byns était paralysé du côté droit. Sur mon interpellation il a dé-
claré ne plus savoir de quel côté le malade était paralysé.
Vous voyez, messieurs, que tout le monde peut se tromper ; ne _
mettez donc pas Maire en suspicion parce qu’il a commis quel-
ques erreurs.
M. Lequime était dans une position exceptionnelle auprès de
M. Robyns II n’avait jamais vu Robyns avant sa maladie et en
général-les vieillards n’aiment pas leur médecin. Robyns devait
donc avoir la langue beaucoup plus embarrassée devant Lequime
que devant toute autre personne et, de son côté, Lequime, qui ne
savait rien de l’embarras que Robyns avait toujours éprouvé à
parler, a dû être frappé plus que tout autre de l’embarras de là
IaDgue, que la maladie avait nécessairement augmenté.
On ne peut, messieurs, soutenir l’accusation qu’à ce point de
vue que Robyns n’a pas dicté le testament tel qu’il est écrit, mais
je soutiens qu’il en a indiqué la substance el cela suffit. Cela, il
a pu le faire tout comme il pouvait dire à Lequime : « Haut... et
puis... sant... Sei... gneur. » tout comme il pouvait dire à
Pulseys : « Cher ! »
Que dit M. Lequime en se reportant à la date du 21 février ? « Il
ne pariait pas ou il parlait très difficilement ; il ne pouvait dire
que deux mots ou quelques mots tout au plus. » Eh bien ! voilà
tout ce qu’il fallait pour exprimer sa voionlé.
L’audience est suspendue à midi.
Elle est reprise à midi et demi.
m. le président. La parole est continuée à M' Vanderton.
M' vanderton. Messieurs les jurés, je continue l’examen des
dépositions des témoins à charge. Pour ne pas vous fatiguer, je
me restreindrai dans des bornes extrêmement étroites.
Il ne nous reste plus h examiner que la déposition d’un témoin
du ministère public; c’est M. Pulseys. Dans la pensée du minis-
tère public, cette déposition devait favoriser l’accusation ; d’api és
moi, elle la détruit.
Ce témoin ne peut exciter vos soupçons à cause de sa position
spéciale ; d’abord M. Putseys n’est pas un homme ordinaire; c’est
un directeur au ministère de la justice.
Or, que dit M. Putseys? Robyns avait confiance en lui ; il le con-
sultait. En 1851, Robyns fut atteint d’une attaque d’apoplexie ou
de quelque chose dans ce genre-, M. Pulseys alla le voir; Robyns
parlait difficilement ; mais ses idées étaient très claires. «Au bout
de dix minutes, je remarquais que son intelligence était troublée.
Il passa dans la salle à manger et il proféra, ati bout de quelques
instants, des paroles tellement incohérentes que j’en fus vivement
frappé, »
Au mois de janvier 1852, M. Robyns fut atteint d’une nouvelle
attaque, j’avais; ajoute M Putseys, entepdu parler de captation.
Cpmlhç pii m’avait dit qu’on ne irouvait pas voir Robyus, je me
bornais à faire prendre de ses nouvelles, le 47 février je rencon-
trai Théodore Maire, je' lui demandai comment allait son maitre.
Il me répondit ; « Pourquoi ne venez vous pas le voir? Je répondis
avec une certaine ironie : « Mais on ne peut le voir. » Il me dit :
« Vous, vous pouvez le voir. » Voilà, messieurs, l’homme qui re-
fuse l’enlrëe de la maison de son maître à M. Blaes; il engage M.
Putseys à y venir.
« Je m’y rendis le lendemain, dit M. Putseys. Je me rappelle très
bien le jour, parce que j’entrai chez Robyns en revenant de la
Banque de Belgique où j’avais payé un petit billet, et j’ai été re-
voir la date. » Ah ! sans celte preuve, on serait venu vous dire que
M. Putseys se trompait de date; on lui aurait fait le même Com-
pliment qu’à M. Faider i c’est un vieillard, ou qu’à M. Prévinaire :
C’est un homme presque tombé dans l’enfance.
M. Putseys s’adresse à M‘»« Robyns qui l’introduit auprès de
Martin Robyns, il trouve celui-ci sur un canapé; il avait près de lut
des livres, des papiers, des journaux. « U me parla d’abord, dit
M. Pulseys, de manière à ce que rien ne me surprît dans son lan-
gage. » Voilà l’homme qui, trois jours plus tard, est complètement
paralysé de la langue. « Parmi les livres se trouvait une livraison
de botanique. Robyns me dit : Peut-on avoir cela ? A mes obser-
vations, il ajouta : « Cher? » Voilà l’homme qui ne parle plus trois
jours après.
Je dis, messieurs, que nous avons là non seulement la preuve
que la parole existait, mais la preuve que l’intelligence existait
dans toute sa force. Cet homme qui n’a vécu qu’au milieu de ses
livres et de ses papillons, continue à manifester ses goûts pour
les ouvrages d’histoire naturelle. Et c’est lui qui n’a pu dire: Ja,
dut breken, trois jours après.
Ou vous auriez dû faire enregistrer la déposition de M. Putseys
au plumitif, ou elle existe dans toute sa force Mais on a fait des
catégories. Cette déposition, on ne l’a pas révoquée en doute, et
on ne pouvait la révoquer en doute.Or, je dis que Robyns devait se
trouver mieux le 21 février que le 18. j’ai pour eela un thermo-
mètre certain : c’est l’état des visites du médecin. Or, il y a deux
visiles jusqu’au 18 février, el du 18 février au 9 mars, il n’y a plus
eu qu’une visite. Donc à partir du 18, et pour quelque temps, Ro-
byns a été mieux.
Je le voyais soigné avec de telles prévenances, dit M. Putseys,
que je me suis dit : « Le testament n’est pas fait. » M. Putseys
croyait donc que le testament pouvait encore être fait ; lui homme
d’inielligeuce, lui directeur au miuistère de la justice,il avait cette
croyance, Robyns, dit M. Putseys, pouvait, selon moi, exprimer
encore des idées simples ; mais des idées combinées, non. Or,
quelle est l’idée qui domine dans le testament du 23 février ? c’est
la substitution de la nue-propriété,abandonnée d’abord|à Edouard,
au profit de Madame. Voilà le seul but, la seule combinaison qui
ressort du testament; c’est là une idée très simple.
« Quant au testament, dit encore M. Putseys, je crois que dans
la première demi-heure, il était capable de le concevoir; mais
plus tard, il m’a paru que son intelligence tombait dans un état
de torpeur, bien qu’il se soit levé pour me reconduire. » Voilà,
messieurs, l’homme qui ne quitte plus le lit que pour changer de
position; il se lève de son fauteuil el reconduit ses amis jusqu’à
la porie de sa Chambre.
Messieurs, si je voulais me rendre compte de ce qui s’est passé
le 21 février, je prendrais la déposition de M. Putseys, et le doute
ne serait plus possible, je me dirais : Robyns a pu faire son testa-
ment le 21 février.
11 ne me reste plas qu’à analyser quelques dépositions de té-
moins à décharge.
M. Sacré, le dentiste, s’est rendu chez M. Robyns au mois de
mars; il lui a ôté son râtelier et l’a nettoyé ; Robyns lui a parlé.
M. Marlens, professeur à l’université de Louvain, est allé chez
Robyns,pas un mois avant sa mort ; il l’a trouvé dans son fauteuil,
il ne bavait pas ; il n’avait pas la lèvre pendante ; il avait toute
son intelligence.
M"* Duquesnoy vous a dit qu’elle avait eu une conversation
avec Robyns dans le mois de mars.
Esmans, fermier à Verae, et ThérèseDehaen ont eu également
des conversations avec Robyns.
M. le eomte de Rouvroy a été chez Robyns au mois de janvier ;
M. Robyns lui a demandé des nouvelles de sa famille ; «je le
comprenais parfaitement bien, » dit le témoin.
Le témoin Leemans se rend chez Robyus le 40 du mois de mars,
el vingt jours après la passation du testament, Robyns soigne
encore ses intérêts ; il signe la quittance de Leemans.
M. le Baron dfiSnoy a vu Robyns peu|do temps avant sa «mm.
Voilà l’homme qui est séquestré et qui reçoit ses amis jusqu’au
dernier moment. M.de Snoy n’est resté chez Robyns que quelques
minutes ; mais quand il a demandé à Robyns comment il allait,
celui-ci a répondu : fVel, et quand 41. de Snoy est sorti, Robyns
lui a dit ; Dag, baron.
M. Previnaire a vu aussi Robyns au mois de mars, et quand il
lui a demandé commeni il allait, Robyns lui a dit : Slecht (mal). Il
est facile de se débarrasser,comme l’a fait M. le procureur général,
de la déposition d’un témoin, en invoquant sou âge. Singulière
position que l’on nous fait : Il n’y a plus, pour M. le procureur
général, que les hommes d’une constitution robuste qui puissent
dite la vérité. Je vous avoue que, quant à moi, j’ai toujours plus
de confiance dans la déposition des hommes d’un certain âge,
qui, en générât, sont plus religieux à mesure qu’ils s’approchent
davantage du moment suprême, que dans la déposition des hom-
mes qui sont dans là force de l’âge et de la passion.
M. Faider va aussi che2 M. Robyns, 5 la tin dé février ou au
commencement de mars ; et Hobyns qui voit sa fin approcher, dit
en sa présence : Ah ! mes pauvres fleurs ; mes pauvres papillons
sont bien négligés ! Messieurs, celle déposition est accablante
pour l’accusation, parce que c’est encore la reproduction de la
même pensée de la part de Robyns, qui portait toute son âffeCUdn
sur son jardin et sur ses collections.
M.tje Peelaert est aussi venu vous dire: j’ai eu une conversation
avec Robyns ; il avait toute son intelligence. M. de Peelaert,
est-ce encore un vieillard ? Non, c’est un homme dans la force
de l’âgé.
M. Crousse a fait trois partiesdedamesavec Robyns au carnaval.
M. Crôusse est également slispeet, d’abord à cause de sou âge,
ensuite pour la manière dont il a rendu sa déposition devant vous.
Mais jë dis quë cette déposition condamne votre accusation.
Messieurs, je me résume.
J’abandonne les dépositions des témoins à décharge; je ne
prends que celles des témoins à charge, et en présence des dépo-
sitions de ces témoins je vous demande si vous pouvez dire que
le notaire Schoeters est coupable.
Je n’ai plus que quelques mots à dire sur la question de crimi-
nalité.
On a cherché à prouver qu’il y avait faux matériel, qu’il y avait
préjudice, el qu’il y avait intention frauduleuse.
Le faux matériel, on le trouve dans celte circonstance que le
notaire Sèhoeters n’aurait pas rendu mot à mot l’expression de la
pensée du testateur. J’ai déjà répondu à cela ; je vous ai démontré
que le notaire ne devait pas rendre mot à mol les idées du testa-
teur. Mais je suppose que le notaire Schoeters se serait borné à
interroger le testateur. Nous aurions ce qüe nous appelons tin
testament par ititèrrogat, qui pent être critiqué en vue des intérêts
civils, mais qui ne touche en rien à la matière criminelle, qui
n’est rien en vue de la criminalité-
Le second élément caractéristique du faux, c’est le préjudice
causé. D’après M. le procureur-général ce préjudice est immense;
d’après la partie eiviie, ce préjudice est immense. D’après nous,
il y a spéculation de la part do la partie civile vis-à-vis de nous.
Vous choisirez. Du reste il faut que vous soyez convaincus que
c’ést frauduleusement que le notaire Schoeters a agi. Et s’il
en avait été ainsi, il faut avouer que le notaire Schoeters eut été
I bien maladroit. II pouvait par bien des moyens mettre sa respon-
sabilité à couvert ; il pouvait faire faire à Robyns un testament
mystique ; il pouvait même l’écrire Im-même. Le premier élément
du crime en ce qui concerne l’instruction manque donc complète-
ment.
Voyons maintenant si Schoeters a pu être guidé par l’intérêt. Si
Schoeters avait eu en vue l’intérêt, il n’aurait pas fait faire à Ro-
byns un testament dans la forme authentique. Schoeters savait
que, dans un acte public testamentaire, il ne pouvait se faire
délivrer une saisine ; s’il avait été guidé par l’intérêt, encore une
fois, il aurait fait faire un testament mystique et se serait lâit
nommer exécuteur testamentaire.
Mais, dit M. le procureur général, tl y avait une succession con-
sidérable à liquider. Mais celte supposition est encore boiteuse.
Car avec le testament du 21 février il n’y avait plus de succession
à liquider ; Mm' Robyns était mise en possession de toute la for-
tune de Robyns.
Voulez-vous avoir une autre preuve de l’absence d’intention
fraudnleuse de la part du notaire, comme de la part de la seconde
accusée; d’après le testament de 1849, M”' Robyns avait toute la
fortune. D’après le testament argué, Madame est déclarée légataire
universelle, mais pas du tout,comme en 1849 ? Non ! il y a un legs
au profil de Moriau el de M™' Van Toers,un legs en faveur des
enfants de Joseph, enfin un legs en faveur de Théodore Maire. Et
ce dernier legs est important. Si Th. Maire est l’homme de M1»'
Robyns, on va le favoriser dans le nouveau testament. Nullement;
Théodore Maire reçoit par le testament argué la même somme que
par le testament Eliat.
Je dis donc qu’il a pu y avoir delà part du notaire Schoeters
légèreté; mais crime, mais intention frauduleuse, non.
Enfin on a reproché au notaire Schoeters la somme de 500 fr.
qu’il avait reçue pour la passation du testament. Messieurs, le
tarif de Besançon, vous le savez, sert ordinairement de guide aux
notaires pour le taux de ce qu’ils peuvent demander pour leurs
actes ; or, si vous fixez la hauteur de la suocession de M. Robvns
non pas à 800,000 fr., comme l’a fait le ministère public, mais à
500,000 fr., le notaire Schoeters est encore resté au-dessous du
tarif de Besançon.
Je pense, messieurs, avoir détruit tous les points de l’accusation. |