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1S47. M. 4L.
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seur , Bourse Anglaise , N» 1040 ,
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ANVERS, fiimdl 4L Janvier.
(Douzième Aimée.)
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4 Junvlcr.
Election d’un Représentant à St-Nicolas.
La mort de M. Verwilghen a laissé une place vacante à la
Chambre et ie college électoral de St-Nicolas est convoqué,
pour l’élection d’un représentant. Cette élection aura lieu le
18 de ce mois.
Le bruit circulait, depuis quelques jours, que M. Edouard
Cogels, ex-député d’Anvers, éliminé au mois de juin 1845, pour
s’être compromis, en s’associant à la politique corrompue et
corruptrice de M. Nothomb, s’était décidé à briguer les suf-
frages des électeurs de St-Nicolas et la succession de M. Ver-
wilghen.
Ce bruit, nous n’y ajoutions pas foi, parce que nous savions
que, le lendemain de sa défaite, M. Ed. Cogels s’était coura-
geusement drapé d’un manteau philosophique, avait pris les
choses avec bravoure, et déclaré que, frappé d’ostracisme par
les électeurs d’Anvers, il ne rentrerait à la Chambre que quand
ces mêmes électeurs lui en ouvriraient de nouveau la grande
porte à deux battants. Nous comprenions cette résolution , et
nous ne pouvions que l’approuver, parce qu’elle indique du
caractère et de l’énergie; et cependant, ö fragilité des in-
tentions humaines , si la nouvelle est vraie , M. Edouard
Cogels aurait senti s’amollir la fermeté de ses desseins; il aurait
fait le sacrifice de son héroïque fierté ; de peur que la grande
porte lhi soit à jamais fermée, il se serait soumis à entrer par
une petite Le large chemin lui étant interdit, il aurait pris
une voie étroite et détournée.
Maintenant, ambitionne-t-il ou n’ambitionne-t-il pas l’hon-
neur de représenter à la Chambre St-Nicolas, faute de mieux ?
Nous ne prendrons pas sur nous de l’affirmer, pour le motif
que nous venons de dire, mais Y Indépendance Belge , qui est
généralement bien informée, parle de cette candidature
comme d’une chose sérieuse.
S’il en est ainsi, soit, et nous ajouterons même que nous
n’en sommes nullement fâchés, dut M. Cogels être élu à une
très grande majorité.
Ce fait, en lui-même, pousséjusqu’à ses dernières conséquen-
ces, ne prouve, en effet, qu’une chose : que le parti théocrati-
que a le sentiment de sa faiblesse.
On ne refusera certainement pas à M. Cogels beaucoup de
perspicacité. C’est surtout par cette qualité qu’il se distingue.
Or, dès l’instant qu’il s’est,de lui même,condamné à rechercher
les faveurs d’un bourg à peu près pourri, c’est qu’il a bien
compris que les suffrages des villes importantes et éclairées lui
seraient désormais refusés. Le résultat des élections de Tour-
nai lui a sans aucun doute servi d’enseignement. Il a trop d’in-
telligence, pour ne pas en avoir compris la véritable significa-
tion, et il n’est pas homme à se laisser aller aux illusions dont
les feuilles ministérielles bercent leurs crédules lecteurs. S’il
s’est décidé à se porter candidat à St-Nicolas , c’est uni-
quement parce que, pesant bien la situation actuelle, et les
chances de l’avenir, il s’est dit : Si je n’entre à la Chambre,
par cette petite porte, je n’y entrerai jamais. Imitant le renard
de la fable, il a sacrifié la queue pendante de son ambition,
pour sauver le corps et la tête.
Quelle que soit donc l’issue de cette élection ; que M. Cogels
se présente et qu’il soitélu, il n’en demeurera pas moins établi
que le parti théocratique en est maintenant réduit à chercher,
oour ses candidats les plus capables un refuge dans quelques
etites villes, et, comme les petites villes tendent, chaque jour,
s’émanciper, à secouer un joug qui leur pèse, il est à croire
que le temps n’est pas éloigné où nous serons enfin délivrés de
sa présence au pouvoir.
Transit de marchandises, par le chemin de fer
Dans notre numéro du 26 novembre, nous avons parlé de
prétentions élevées par l’administration des douanes, au sujet
ie marchandises, déclarées en transit, confiées au chemin de
fer, pour être transportées en Allemagne, réellement transpor-
tées et pour lesquelles cependant on réclame le paiement des
jlroits de consommation, augmentés d’une amende.
Voici l’exemple que nous citions :
Un négociant doit expédier, en transit, pour l’Allemagne, une quan-
tité quelconque de marchandises. Il choisit le chemin de fer pour les
transporter. Pour que l'administration de celui-ci s'en charge, il faut
ju'elle soit nantie de tous les documents de douane nécessaires.
» Si donc le négociant a remis ses marchandises et si le transport
;n a été accepté et effectué, c’est la preuve que les acquits de transit
mt été fournis à l’administration du chemin de fer, qui est devenue
linsi gardienne responsable et delà marchandise et des documents,
lont les expéditeurs se trouvaient complètement dessaisis, à tel point
pie la disposition de rien ne leur appartenait plus, mais était la pro-
iriété du destinataire, sous la conduite et la sauve-garde d’une admi-
îistration dépendant de l’Etat
«Cependant la marchandise franchit la frontière, comme peuvent le
irouver au besoin les registres du chemin de fer belge et ceux du che-
nin de fer rhénan. Elle arrive réellement en Allemagne, mais, par la
légligence des employés de l’administration qui ont égaré où perdu
ss documents dont-ils étaient chargés, les acquits de transit, levés au
jureau d’Anvers, ne sont pas représentés au bureau de décharge. De
i procès-verbaux, condamnation par le fisc à une amende et au paie-
aentdes droits de consommation, en vertu de l’art. 4 delà loi générale.
Nous trouvions cette prétention injuste, et nous disions qu’il
erait équitable que la responsabilité de l’expéditeur et du
légociant cessât, dès l’instant qu’il est reconnu que la marchan-
dise et tous les documents dont elle doit être nécessairement
xcompagnée, ont été remis à l’administration du chemin de
er de 1 Etat, qui seule en a eu la libre disposition, qui seule, par
onséquent doit, vis-à-vis du fisc, demeurer responsable des
ontraventions que la négligence ou l’oubli de ses employés
ieut entraîner.
Gela était de stricte justice,et nous ne comprenons pas même
u’on ait pu le contester. M. le ministre des finances en a jugé
utrement, dans son zèle fiscal. Pour lui, l’administration du
nemin de fer de l’Etat, n’est qu’une entreprise ordinaire de
oulage, de laquelle le gouvernement lui-même doit se défier.
On lui prouve par des certificats, émanant et de la douane
tussienre et de l’administration du chemin de fer rhénan, que
2s marchandises déclarées en transit à Anvers et transportées
ar le chemin de fer belge, sous la garde et la garantie des
éployés du gouvernement, sont bien arrivées et entrées en
Uemagne.
Ces documents authentiques ne sont d’aucune valeur aux
yeux de M. le ministre des finances. Rien ne prouve, dit-il,
qu’il n’y ait pas eu substitution de marchandises. Les certifi-
cats ne le constatent pas.— Ne sont-ce pas là de belles raisons !
Comment les administrations prussiennes pourraient-elles cer-
tifier qu’il n’y a pas eu substitution, lorsque cette substitution
est impossible, puisque, on ne saurait trop le répéter, la mar-
chandise, en partant d’Anvers, n’a pu être à la disposition de
personne, les employés de l’administration en ayant été les
gardiens et les maîtres absolus, jusqu’à l’extrémité de la
frontière belge, où elle est passée aux mains des agents de
l’autorité allemande ?
Ce ne sont que de mauvais prétextes, inspirés par l’esprit
fiscal qui domine au ministère des finances. 11 y a là quel-
ques hommes qui ne cherchent dans la loi rien autre chose
que des armes contre le commerce. Ils s’imaginent avoir bien
mérité du pays, ils chantent victoire et réclament la décora-
tion, lorsqu'ils ont trouvé quelque moyen subtile de l’attaquer
à l’improviste et de lui faire payer ce qu’il ne doit pas.
C’est le cas dans la question qui nous occupe, question plus
importante d'ailleurs qu’on ne le pense et sur laquelle nous n’a-
vons pas dit notre dernier mot.
On lit dans l’Indépendance :
Des personnes à même assurément d’ètrebien informées, affirmaient
ces jours derniers, que M. Mosselman-Duchesnois. candidat présenté
par l’opinion libérale aux suffrages des électeurs de l’arrondissement
de Nivelles, ne rencontrerait pas de concurrent. On disait générale-
ment que le ministère croyaitsage et prudent de décliner la lutte, pre-
nant pour prétexte qu’il s’agit seulement d’une élection à refaire au
mois de juin prochain, mais plutôt, croyons-nous, afin d’éviter un
échec dans un arrondissement où il a eu jusqu’ici la majorité.
Il parait que cette résolution est changée ; le ministère a repris cou-
Eage, et. nous apprenons aujourd’hui de différents côtés qu’il a fait
choix de M. de Gillès-Roose, pour l’opposer à M. Mosselman dans l’élec-
tion du 11 de ce mois. Ainsi il va y avoir lutte, et tout annonce, en ou-
tre, que cette lutte sera très animée, qu’elle ne le cédera guère à celle
qui vient de se terminer à Tournay. Nous en sommes enchantés, d’au-
tant plus qu’à Nivelles aussi, et peut-être mieux encore qu’à Tournay,
les deux grandes opinions qui divisent le pays seront en présence, sans
aucune confusion, sans que rien vienne modifier ou altérer le résultat
et la signification de la lutte.
Les deux candidats sont également honorables.
Tous deux sont grands propriétaires dans l’arrondissement.
Tous deux sont estimés de ceux qui les connaissent, aimés de ceux
avec lesquels ils ont des rapports d’intérêt, notamment de leurs nom-
breux fermiers.
Mgr. l’évêque de Gand a publié un mandement, pour faire
un appel charitable, en faveur des classes nécessiteuses de la
Flandre-Orientale :
La misère est grande dans les villes de notre diocèse, dit le prélat,
mais à la campagne elle est extrême La dépeindre est chose impossible,
car il n’y a point d’expressions assez énergiques, de couleurs assez
sombres, pour exprimer la désolation qui règne partout. Nourriture,
vêtements, chauffage, tout manque à plus de 150,000 pauvres de la cam-
pagne, dans la Flandre-Orientale seulement; et l’hiver dernier a épuisé
toutes ressources.
Nous regrettons que l’espace nous manque pour reproduire
en entier ce document, qui témoigne, chez le respectable
prélat, des sentiments d’une charité vraiment angélique.
Nous avons cru, dit-il, qu’il était de notre devoir d’imiter les évê-
ques de la malheureuse Irlande, en faisant un appel à toutes les fortu-
nes, à toutes les influences de ootre ville épiscopale et des autres ville*
de notre diocèse, pour procurer à nos pauvres curés les ressources
dont ils ont impérieusement besoin, pour pouvoir arracher à la mort
leurs malheureux paroissiens. Si nous pouvions seulement parvenir à
leurfournir les moyens de secourir leurs nombreux infirmes et malades
et d’adoucir le sort des mourants, nous nous compterions heureux !
Nous ne doutons pas que cet appel touchant ne soit entendu.
Les dons seront répartis par les soins d’un comité, composé
de trois membres laïques, et de trois ecclésiastiques.
Le prélat fait un appel à la capitale :
Si Bruxelles ferme ses portes à nos pauvres, qu’elle nous ouvre du
moins les cœurs de ses habitants Jamais le clergé et le peuple flamand
n’ont refusé de secourir leurs voisins, lorsqu’ils étaient dans la dé-
tresse, jamais ils n’ont insulté à leur malheur !
De la prochaine session en France.
Un grand intérêt s’attache à la prochaine session des cham-
bres en France. Le Journal des Débats a déjà dit qu’en raison
des questions extérieures qui vont y être traitées, cette session
serait la plus grande de celles qui auront signalé le règne du
roi des Français. Sur ce point, l’auteur de la chronique politi-
que de la Revue nouvelle, auquel on ne peut contester le mérite
d'ôtre bien informé, se trouve en désaccord avec le Journal des
Débats. Voici de quelle manière il redresse les idées émises par
ce journal.
« Il faut, en vérilé, nourrir un sentiment bien incorrect des vérita-
bles intérêts des peuples constitutionnels, pour s’imaginer que leurs
parlements mettront toute leur gloire à approfondir les difficultés di-
plomatiques qui ont pu survenir dans l’intervalle des sessions, quand
te pays sait d’avance que ces difficultés ne sont point de nature à lui
créer une position plus grave, à exiger de lui une option solennelle
entre la paix et la guerre. Les éclaircissements au sujet des mariages
espagnols et de l’incorporation de Cracovie seront donnés à la cham-
bre élective, et à l’aide de la publicité à l’Europe, par M. le ministre
des affaires étrangères dès le début de la session. C’est dire qu’il justi-
fiera en deux ou trois discours empreints de l’admirable éloquence
de parole et de conviction dont son âme est douée, toute la conduite
juste, élevée et droite du gouvernement de la France dans ces deux
mémorables circonstances.
» Mais s’imagine-t-on,par hasard,qu’un tçl compte-rendu,si considé-
rable qu’il soit, donne lieu à des débats capables d’occuper et de carac-
tériser la session ? S’imagine-t-on que les parlements des deux empi-
res constitutionnels de l’Occident vont perdre leurs précieuses jour-
nées dans des récriminations de pays à pays pareilles à celles qui ont
rempli le vide des gigantesques journaux de Londres et de Paris ? La
question du mariage, celle de Cracovie seront vile épuisées, parce que,
actuellement du moins, elles ne dojvent aboutir à aucun fait. Les
chambres de France et d’Angleterre passeront vite aux affaires qui né-
cessitent surtout leur rassemblement annuel ; elles s’occuperont sé-
rieusement de régler le ménage national pour l’année courante. Or, le
grand journal dont nous parlons en a singulièrement diminué les ob-
jets nécessaires. Il a dit longuement tout ce qui ne se ferait pas, et a
oublié ce qu’il y aurait surtout à faire.
» Ainsi on ne touchera aux finances par aucune réforme admise; la
disette et la fuite du numéraire ont mis le trésor dans une position
trop délicate. Des soulagements seront accordés aux concessions trop
nombreuses de chemins de fer. Voilà ce que fera.en fait d’affaires.cette
grande session? Et la loi sur l’enseignement moyen,que M. de Salvandy
en ce moment, prépare et qu’il va présenter à ses collègues réunies en
conseil? Cette législation délicate de l’instruction nationale, qui doit
toucher à la fois à la société morale et à la société politique, ce journal
considérable oublie d’en parler ! Et les modifications de tarifs réclamés
dans les élections-mêmes ? Il n’en dit mot non plus. Notez qn’après
avoir fait profession de foi en faveur du libre échange, il commence à
en avoir peur lui-même.
« Presque toute la haute presse parisienne en est là : de* esprits
généreux posent les éléments d’une réforme économique, les parties
intéressées s’alarment et crient à la révolution. Il y aurait un rôle de
modérateur et de guide à prendre. La haute presse perd elle-mêmp la
tête et ne voit plus de milieu entre les extrêmes. Voici qu’il ne s’agit
plus même d’un examen du tarif, de la loi qu’on dit libérale et prudente,
qu’apprête M. le ministre des finances. L’absence et l’oubli des ques-
tions intérieures que le pays discute, depuis la dissolution de l’ancienne
chambre, distingueraient donc surtout la grande session.
» Répétons-le encore, puisque nous ne saurions le répéter à satiété :
nos chambres pourvoiront avant tout aux nécessités intérieures du
pays. >
GRECE.
On écrit de Munich, le 29 décembre :
Le prince Luitpold de Bavière a été on ne peut mieux accueilli à
Athènes, ce qui dément suffisamment certains bruits relatifs aux pré-
tentions du prince Wasa, ce bruit, du reste, n’est pas nouveau. Les
journaux grecs s’en sont souvent occupés et souvent amusés. Ce qui
est plus important, c'est l'allure brusque et décidée que Coletti semble
vouloir adopter vis-à-vis du cabinet anglais. Cette nouvelle attitude a
produit le meilleur effet. Sir Edmund Lyous devient plus poli et il pa-
rait souvent à la cour. Ce qui encourage Coletti , c’est la politique du
ministre russe qui ne soutient plus comme par le passé l’ambassadeur
anglais. Celui-ci, pour ne pas se trouver isolé, a dàse montrer plusac-
comodant. (Gazette de Cologne.)
N® U VE IL S. ES SUT S»® RTBJCÏAL.
On écrit de Lisbonne au Clamor Publico du 27 déeembre :
A Oporto, il y a abondance de vivres et de tout ce qui est nécessaire,
La monnaie anglaise dite souverains n’est qu’à 4,000 reis, lorsqu’à Lis
bonne elle vaut 4.400 reis; c’est la même chose à Santarem, où le comte
Das Antas ne manque de rien. On y voit des onces d’or doubles que
l’on ne voyait pas en Portugal depuis longues années.
On a voulu Caire sortir de Lisbonne le Ir bataillon provisoire sous les
ordres de Falcao : tes soldats ont résisté en criant : Mort à l’adju-
dant, qui a dû quitter à la hâte la caserne. Plusieurs fois la population
de Lisbonne a manifesté sa sympathie pour les révoltés. Des rassem-
blements ont crié : Vive la Constitution de 1820 (qui équivaut à celle
de 1812 d’Espagne.)
La garde principale de la place Majeure a été assaillie à coups de pier-
re, des fusées ont été tirés en l’air. Les rebelles sur l'autre rive du fleu-
ve, ont répondu par des feux semblables. Toute annonce que nous
touchons à une crise épouvantable de sang et de mort.
La reine n’a pas été à l’église le jourdela fête de la Conception. C’est
la première fois que pareille chose a lieu depuis des siècles.
La pénurie du trésor est telle, que les joyaux delà couronne eux
mêmes ont été engagés. Il a été fait un arrangement avec un négo-
ciant de Londres qui doit envoyer par chaque paquebot 5000 liv. d’ar-
gent destinée à battre monnaie ici. Il sera remboursé sur ces joyaux.
Il est déjà arrivé 15.000 liv. d’argent.
Le gouvernement va mettre la main sur l’argenterie des églises
pour se faire de l’argent. Tout ce qui est venu d’Espagne a été donné
à la troupe. Tous les bataillons créés par le gouvernement ont été en-
voyés aux fortifications de la ville. Le bataillon du commerce seul est
resté chargé de maintenir la tranquillité de la capitale. Ce mouvement
a eu lieu par suite de la nouvelle que la division de Bomfin et celle de
Das Antas se trouvaient à Torres Vedras, à 6 lieues d’ici, se disposant
à marcher sur la capitale.
Le maréchal Saldanha a quitté Cartaxo, marchant à la rencontre de
l’ennemi : il a dirigé une colonne sur Villanova pour empêcher Bom-
fim d’arriver à marches forcées à Lisbonne. Il parait que cette colonne
a été dirigée de Villanova contre l’avant-garde des forces libérales.
On croit que Das Antas pourra arriver à Lisbonne, ayant des forces
supérieures. Il esta désirer que tout finisse, fût-ce même par une
transaction.
ITALIE.
On écrit de Rome, le 19 : On croit que les espérances conçues en
vue d’un changement complet de l’administration se réaliseront pour
la nouvelle année.
— La collecte ouverte pour les inondés, présente déjà des sommes
considérables. Les employés du palais du pape ont seuls souscrit pour
1000 scudi. (Gaz. d'Juysburg.)
FRANCE.
Paris. 2 janvier. — Nous avons reproduit hier le discours prononcé
par M. le nonce apostolique, au nom du corps diplomatique, à l’occa-
sion du jour de l’an.Nous donnons aujourd’hui ceux de M. l’archevêque
de Paris et du président de la Chambre des Députés :
Discours de M. L'archevêque de Paris.
« SIRE ,
t> Leclergé et l’archevêque deParis viennent déposer aux pieds du
Trône leur respectueux hommage et les vœux sincères qu’ils forment
pour Votre Majesté, pour son auguste famille, pour l'illustre princesse
qui, en faisant le bonheur de l’un de vos nobles fils, apporte des joies
nouvelles à votre cœur paternel. Nous prions Dieu d’exaucer ce vœux
et de répandre sur la France ses bénédictions les plus abondantes. »
Le roi a répondu :
« Fort sensible à l’expression de ces vœux, c’est avec plaisir que je
» vous en remercie, ainsi que le clergé de Paris dont vous êtes en-
» touré. J’aime à reconnaître le zèle qu’il apporte dans l’exercice de
» ses importantes fonctions, et les efforts qu’il fait sans cesse pour en-
« tretenir dans la population parisienne ces sentiments de religion et
» ces principes de morale chrétienne qu’il est si essentiel de tlévelop-
» perparmi elle. Vous devez toujours compter sur mon concours pour
» atteindre un but aussi désirable. Je suis fort touché de ce que vous
» témoignez au sujet du mariage d’un de mes (ils, et des vœux que
» vous formez pour la France, pour ma famille et pour moi. »
Discours de M. Suusel, président de la Chambre des Députés.
« SIRE,
» Les députés présents à Paris s’empressent de devancer par leurs
vœux ceux de la Chambre entière.
» En saluant cette royale famille si noblement groupée aulour de
votre trône, nos yeux se fixent sur une jeune princesse qui est venue
récemment partager et accroître tant de bonheur et d’éclat. Nièce de
notre reine, elle en aura les vertus. Elle sort d’un sang et d’un pays
qui donnèrent dans tous les temps d'illustres princesses à la France.
Elle apporte parmi nous une grâce vive et naturelle qui rappelle à la
fois ses deux patries, comme son époux charmait naguère l'autre côlé
des Pyrénées par ce caractère affable et généreux également digue de
deux grandes nations, qui. sans altérer leur indépendance, resserrent
aussi librement les nœuds de leur antique et salutaire amitié.
• Sire, bénissons la double faveur de la Providence qui, en dotant la
France de lant de princes, si bien faits pour la servir dans toutes ses
fortunes, a voulu que le bonheur de vos alliances répondit à la gran-
deur des présents qu’elle vous a faits ; et, si parmi tous les couples
heureux et brillants, dont votre dernier fils vient de fermer si digne-
ment la magnifique chaîne, nos pieux souvenirs ne peuvent oublier le
vide du passé, nous aimons du moins à contempler tout ce qu’il laisse
pour notre respectueuse admiration et nos plus chères espérances sous
la noble et fraternelle garde du premier appui de votre couronne.
» Puisse. Sire, cette double pensée d’avoir accompli si grandement
votre lâche paternelle, récompenser les travaux de celle autre tâche
royale et non moins paternelle, que vous poursuivez appuyé sur le
concours du pays avec ce courage calme et confiant qui sied aux sa-
ges rois et aox grands peuples, car il est le sentiment de leur force et
la garantie de leur avenir.
» Bientôt, Sire, à votre appel, les représentants de ta France vont
s’assembler. La Chambre portera à la Couronne l’expression librement
délibérée de sa pensée politique ; mais en attendant celte manifesta-
tion solennelle qui n’appartient qu’à elle seule, nous ne craignons pas
d’être démentis en affirmant que V. M. la trouvera toujours fidèle aux |