Full text |
I.e IPrécyrseair
M
FRAKCE. ]
Paris 22 janvier. — La Pairie de samedi soir, contient Ia notesuivan-
te, qui lui a été communiqué:
<, Hier 21, pendant la séance, des explications ont eu lieu entre MM.
Garnier-Pagès et Richond des Brus, en présence de MM. I.arabil, Car-
nol, Liadières et Lasnayer. Après l’examen des pièces, et juin des som-
mations de la tribune, i’honorable M. Garnier-Pagès a retiré spontané-
ment et loyalement l’expression dont il s’était servi , en même temps,
l’honorable M. Richond des Brus s’est empressé de reconaltre qu’une
confusion de noms,reproduite par le Moniteur lui-même, avait pu être
la cause d’une erreur qui n’implique en aucun cas la bonne foi de per-
sonne. »
— Le Droit annonce qu’une visite domiciliaire a été faite chez M.
Langlois, l’auteur du mémoire dans lequel se trouve la lettre de M.
Royer-Collard, doyen de la faculté de droit de Paris, reproduite par le
National, et relative à ce magistrat qui consentait à se charger de la
formation du conseil d’administration d’une société industrielle
moyennant un certain nombre d’actions libérées. Le but de cette visite
domiciliaire était précisément de saisir l’original de la lettre. Cet ori-
ginal a été trouvé en effet et est devenu la base d’une instruction judi-
ciaire qui se poursuit activement.
Le Droit ajoute que le magistrat désigné, quoique membre, en effet,
d’une Haulè-Cour. n’appartient pas à la magistrature judiciaire.
— On Ut dans l'Echo d'Oran du 7 janvier : ^
« Les populations arabes sont encore plongées dans la stupeur où
les a jetées la nouvelle de la soumission de l’émir. Cette nouvelle, pro-
pagée rapidement jusque dans le désert, a particulièrement impres-
sionné la grande tribu des Hamianes-Garabes, la seule qui eût per-
sisté jusqu’à ce jour à se tenir en dehors de notre obéissance, et qui
avait encore des cavaliers à la deïra le jour du dernier combat livré par
l’émir. Ainsi qu’on devait s’y attendre, la soumission d’Ab-el-Kader a
fixé les irrésolutions- Les trois principales fractions de eetle tribu ont
envoyé une députation au commandant de la subdivision de Mascara,
pour demander l’amon. Les conditions de la soumission ont été arrê-
tées. En ce moment, les lentes des Hamianes sont en roule pour se
rapprocher du Tell. Elles avaient atteint, ces jours derniers, le bord
méridional du Chott. Elles doivent venir passer l’hiver sur la lisière du
Tell, au sud de la subdivision d'Oran. Ainsi se trouve complétée la pa-
cification de la province.
La déïra, composée d’environ 5 à 6.000 individus, est arrivée avant-
hier dans la plaine de Meleta, épuisée de fatigues et (de privations. M.
le lieutenant-général de Lamoricière, accompagné de tous les chefs de
bureaux arabes et de tous les agas, s’est rendu à Meleta pour la licen-
cier lui-même. Les familles dont elle se composait ont été remises im-
médiatement aux chefs des tribus auxquelles elles appartenaient et
dirigées sur leurs territoires. Des mesures ont été prises pour que leur
subsistance y fût assurée, afln d’éviter que l’extrême misère à laquelle
la plupart sont réduits ne devint une cause de vols et de brigandages.
JLa police des bureaux arabes et celle de nos chefs indigènes s’exerce-
ront d’ailleurs, à l’égard de cette population,jde façon que la sécurité
de nos routes n’ait pas à souffrir du retour de ces émigrés.
Chambre des Députés.
Fin de la séance du 21 janvier— (Présidence de m. sauzet )
u. de peyramont. On ne me supposera pas la moindre des choses
pour des faits de la nature de ceux qui font l’objet du débat. (Rires à
gauche.) De tels expédients nous sembleraient plus périllieux encore
#u point de vue politique que condamnables au point de vue moral.
Mais je ne veux pas que ces susceptibilités enlèvent à ma raison sarec-
titude ; je ne puis accepter pour preuves toutes ces allégations qui
sont une tactique de parti. (Rumeurs diverses.) On a mis en avant de
bien grands mots, de grands sentiments j on en a fait ici un étalage
bien tardif (Oh ! Oh !)
Il vous sera facile de troubler ma pensée par vos murmures; mais
vous ne lui ôterez pas le degré d’énergie que je veux lui donner (A gau-
che : Très bien, assez !) Oui, cet étalage est tardif ; car vos principes
vous auriez pu en faire l’application à vous-mêmes et a ceux qui vous
ont représentés au pouvoir.
A CACJCHE. Assez.
m. thiers. Je demande la parole.
m. peyramont. Je ne vous la céderai que quand j’aurai Uni.
M. de girardin. Assez ! assez donc !
au centre. A l’ordre ! à l’ordre l’interrupteur.
tu. peyramont. Sous tous nos ministères qui se sont succédé, sauf
une exception dont je fais honneur au caractère d’un ministre qui n’a
pas du reste, été exposé longtemps à la tentation. (Hilarité) Je veux
parler de M. Passy. Sous tous les ministères, des laits de même nature
se sont accomplis.
M. DEMARM1ER Non !
M. BILLAULT. Non.
m. de girardin. Citez (Agitation prolongée )
m. peyramost.Je préfère à ces dénégations les preuves officielles qui
Sont dans les archives politiques. (Bruit.)
m. de girardin Citez les noms ! citez les faits.
aux oestres. A l’ordre :
m. peyramost. Je dis, à l’honneur de mon pays et de tous les hom-
mes honorables qui ont pris part aux affaires.que le mot de corruption
ne peut s’appliquer à ces faits, qui se sont accomplis au grand jour
(Bruit ) ‘
plusieurs voix a GAUCHE C’est une infamie!
m. peyramost. Ces faits, dénaturés par l’entrainement des passions,
ils ont été soumis aux magistrats, qui ont déclaré qu’ils n’avaient rien
de contraire à l’ordre, aux lois. (Explosion de murmures.) Je n’invente
rien. (Citez ! citez !)
m. de girardis. Mais, citez des faits.
m peyramost. Je vous disais quelles sont les juridictions qui ont
sanctionné les faits... les arrêts qui les ont sanctionnés...
use voix. Citez les faits et non pas les arrêts.
m. f. barrot. Mais la cour royale de Paris a déclaré...
use autre voix Pas d’interruptions ! Assez !
m. peyramost. Je citerais les arrêts de plus de dix cours du royaume
a gauche. Mais les faits ! les faits !
m. de peyramost. Oui, la transmission des charges de finances en
verlu de traités, a été reconnue par les tribunaux. ’
use voix. Et les places à la cour des comptes !
m. de peyramost. Et M. Odilon Barrot doit le savoir mieux que per-
sonne, car la cour de cassation l’a déclaré solennellement contre sa
plaidoirie. (On rit au centre ) M Dupin a assimilé tous les gens qui
transmettent des charges aux voleurs et aux escrocs. Il est fâcheux que
M. Dupin n’ait pas pu faire partager sa conviction à la Haute-Cour
dont il fait partie.
m. dupis, vivement. Ce n’est pas de votre temps... ce n’est pas de
mon temps... (Hilarité aux centres.)
m i.e g arde-dès-sceaux se lève vivement et dit : Je n’accuse personne
je ne fais de reproches à personne... Je constate un Tait, un droit’
chacun verra s’il ne doit pas aussi y avoir un devoir... (A gauche-
Parlez plus clairement ) En 1845. une Cour royale a déclaré que ces
transactions étaient, licites... (Une voix : Môme celle de M. Génie.) Je
parle ici le langage des principes : on me répond par celui des pas-
sions (Murmures à gauche.)-
Je reprends En 1845. une Cour royale a déclaré de la manière la plus
complète et la plus solennelle que ces transactions étaient licites. Je
n’approuve pas. je m’empresse de le dire, je n’ai jamais approuvé ces
principes et cette doctrine; mais je déclare que, n’approuvant pas cette
doctrine, si elle s’était produite au moment où j’avais le droit et le pou-
voir de la faire infirmer, j’aurais pris, pour arriver à ce but, les moyens
qui m’auraient été indiqués par la loi et par mon ministère (Au centre •
Très bien !) ’
m. dupis. On a parlé d'un arrêt de 1845, c’était un arrêt de rejet ; ja-
mais il ne m’en a été parlé Si je l’avais connu, je n’aurais pas hési té à
prendre la parole pour le combattre. J’ai eu raison de dire que l’arrêt
de 18-45 n’était pas de mon fait, et, d’après ce que je viens d’entendre
je crois que si M. le garde des sceaux et moi eussions été à la place que
nous occupons, nous aurions fait autre chose que ce qui a été fait. (Ri-
res aux extrémités.)
m hébert, garde des sceaux. Je n’accuse personne ; je n’accuserai
jamais personne , même pour défendre un droit; mais je dis que ce
n’est pas au garde des sceaux à prendre l’initiative en pareil cas, puis-
qu’il y a un magistrat supérieur chargé de la répression de ces faits
L’arrêt dont j’ai parlé n'a pas été seulement publié dans les journaux
il a été inséré dans les recueils. ’
m is.AMBERT prononce quelques mots que nous ne pouvons pas en-
tendre au milieu du bruit.
m. iiébert. Il n’y a rien dans ce que je dis qui puisse blesser un ho-
norable magistrat ; mais je dis que ces actes, sinon autorisés au moins
tolérés... (Murmures aux extrémités) depuis longtemps.se sont re-
nouvelés et ont été publiés ; et aujourd’hui on vient, après trois ans
rappeler un fait quand on pourrait en citer d’autres (Bruit.)
m. dupin. Dans l’arrêtdonl on a paclé, il ne s’agissait pas d’une place
de magistrature, mais d’une perception, et je dis à l’honneur de la
Cour de cassation qu’elle l’a ignoré (Murmures aux centres ) Je venge
ma Cour qu’on veut associer à de pareils faits (Très bien ! Très bien I)
Je ne veux pas qu’on l’accuse de se mêler à de semblables abus.
Dans les procès qui ont eu lieu dans des cas à peu près analogues,on
a toujours dit : Je ne savais pas que je Taisais mal ; si je l’avais su je ne
1 aurais pas fait. C’est en considération de ces dénégations que des ar-
rêts ont été rendus. Je n’ai jamais fait défaut à la discussion; mes sen-
timents comme ceux de la magistrature ont éclaté dans tous les temps.
(Très bien !)
Quant au fait particulier qui occupe la chambre, il n’appartient pas
à la politique, mais il appartient à la moralité, et c’est le sentiment de
la moralité et de la dignité de la magistrature qui m’excitent en ce
moment. (Très bien ! très bien !)
m de peyramont, qui n’a pas quitté la tribune pendant tout ce dé-
bat, reprend en ces termes : J’ai exprimé le regret que M. Dupin n’ait
pas ramené la Cour de cassation à sa conviction, et ce regret est sincere
de ma part, car, au fond, la conviction de M Dupin est la mienne. Je
trouve seulement qu’il en pousse trop loin les conséquences. Il ne faut
pas confondre avec les voleurs des gens qui fout des traités reconnus
licites par nos Cours royales Je ne veux pas non plus, qu’à propos de
faits qui ont eu lieu sous tous les ministères, on fasse retentir lesgrands
mots de probilé et de moralité publiques.
m. dufaure Jed mande la parole. _ _
ai. peyramost Dites qu’il y a eu très mauvaise pratique adminis-
trative. Dans ces termes, je m’associerais à vos reproches. (Ab ! ah !)
Mais n’allez pas jusqu’à parler de vol et de ministère ! ne traduisez pas
devant les tribunaux correctionnels les faits qui se passent dans le ca-
binet d’on ministre C’est un déplacement de responsabilité. Du reste,
vous le savez aussi bien que moi ; mais nous connaissons votre tacti-
que. L’opposition a besoin de diversion. (Agitation à gauche.) Elle sait
bipn qu’elle a tout à redouter quand viendra la discussion des grands
intérêts du pays. (Oh I oh ! Allons donc !) L’opposition sait qn’alors elle
trouvera sur nos bancs non des accusés, mais des accusateurs.
m. de mai.leville. Vous êtes coupables... c’est à vous de répondre.
m. de peyramont. L’honorable membre qui m’interrompt sait que
nous aurons des comptes à demander à l’opposition. (Vive agitation )
Vous n’avez introduit cette misérable question qui nous occupe, que
parce que vous voulez éloigner le jour où nous vous demanderons des
comptes.
use voix. Mais rendez donc d’abord les vôtres !
si. de girardin Oui, rendez vos comptes.
m. peyramoivt Vous voulez éloigner ce débat solennel que vous re-
doutez... I,es applaudissements qui ont accueilli dans une autre en-
ceinte la voix courageuse qui a revendiqué les droits de la pudeur pu-
blique et de l’ordre social, vous ont appris ce que vous aviez à atten-
dre (Bruit.)
Vous avez vu la conscience publique faisant explosion, heureuse de
trouver un aussi éloquent interprète que M. de Monlalembert. Vous
avez compris qu’il serait sévère pour vous, ce pays pour lequel vous
avez élé sans pitié ! ce pays qui avait traversé une crise horrible avec
bonheur, ce pays reprenait de la force.
Il était tranquille... vous l’avez troublé ! Vous avez jeté sur lui toutes
les fureurs de l’anarchie. (Allons donc ! allons donc ! assez !)
si. d’haussonville. Persistez donc.
m. sauzet. La chambre n’est pas présidée. (Agitation prolongée )
si. i.e président. J’accomplis un devoir pénible.
au centre Non ! non ! (Hilarité à gauche )
m. le président Un devoir pénible, qui est de régenter unanime-
ment et de rappeler à l’ordre les interrupteurs. Mon droit est d’agir
ainsi; je continuerai à le remplir, en dépit de ceux qui s’y opposeraient
comme en dépit de ceux qui me reprocheraient mal à propos de ne
pas l’exercer.
si peïrasiont. Je continue. (On rit.) Vous avez cru, hommes de l’op-
position, que nous vous sacrifierons, sur cette question spéciale, le
chef éprouvé qui guide le parti conservateur ; mais ., mais... mais...
(Rires à gauche.) Mais il me semble que depuis sept ans que nous mar-
chons ensemble, lui à notre tête, nous dernière lui... (hilarité à gau-
che.) rien ne vous a autorisé à croire que nous abondonnerions cet
illustre chef(Bruit ) Non . vous n’avez pu compter sur une défec-
tion de noire part.. Vous n’avez voulu qu’ajourner d’un jour des dé-
bats que vous redoutez ? (Rires et bruit.)
si. thiers. Messieurs, l’honorable préopinant verra bientôt que nous
ne redoutons pas les graves débats auxquels il vient de faire allusion.
Quant à celui qui nous occupe en ce moment, un sentiment de conve-
nance que la Chambre comprendra, me faisait une loi de garder le si-
lence, les paroles du préopinant me font un devoir de le rompre lia
reproché à l’opposition de ménager les hommes qu’elle a soutenus au
pouvoir, je n’ai demandé des ménagements à personne, je n’en ai pas
besoin.
Je ne nie pas que l’abus dont on parle ne se soit reproduit sous plu-
sieurs administrations ; je le reconnais. (Rumeurs ) Ce que je nie, c’est
que, ni mes collègues ni moi ayons jamais eu part dans aucuns faits de
cette nature, soit en les connaissant, soit en nous y mêlant. Et si quel-
qu’un prétendait que j’aie été mêléàces négociations, je lui répondrais
par un démenti, comme à un indigne calomniateur.
si. de peyrasiont. Je n’entends pas faire retomber sur M Thiers la
responsabilité des faits qui se sont passés sous les deux ministères qu’il
a présidés ; mais si j’ai supposée qu’il ne les avait pas ignorés.c’est que
M. Thiers est un de ces hommes qui prennent au sérieux la présidence
du conseil. Or, sous ses deux ministères, des démissions de conseillers
à la Cour des comptes ont été données et acceptées.
L’orateur propose l’ordre du jour suivant : La chambre des députés,
se confiant à la volonté exprimée par le gouvernement et dans l’effica-
cité des moyens proposés pour prévenir ie retour de ce qui c’est passsé
à l’ordre du jour.
si. lherbette propose un autre ordre du jour. Il demande que la
chambre, sans approuver les raisons données par le président du con-
seil et réservant la responsabilité ministérielle, passe à l’ordre du jour.
m. darblay, 3e amendement
La chambre, affligée et mécontente, clôt les débats et passe à l’ordre
du jour.
m. lherbette se réunit à l’amendement de M. Darblay.
si Guizot déclare qu’il les repousse tous les deux. "
La chambre passe au scrutin sur ce dernier amandement.
Volanls.............................371
Majorité absolue.......................486
Pour..................................116
Conlre.................................225
La chambre rejette. (Il est 6 heures i/2 )
L’ordre du jour de M. de Peyramont a élé adopté par assis et levé , à
la même majorité.
Séance du 22,
A une heure, la séance est ouverte.
Le procès verbal est adopté
L’ordre.du jour appelle diverses demandes en reprises de projets de
loi.
Sur la demande de M. Ducos, la chambre reprend le projet de loi re-
latif au régime des douanes à l'île Bourbon et aux Antilles.
Sur la demande de M. Schneider, la chambre reprend le projet de
loi leridanL à modifier les circonscriptions électorales du département
de Saône-et-Loire.
M. Bernard (du Morbihan) écrit à M. le président pour s’excuser sur
l’étal de sa santé de ne pouvoir prendre part en ce moment aux tra-
vaux législatifs.
m. le garde-des-sceaux dépose un projet de loi relatifà la venteaux
enchères publiques des rruits et récoltes pendants par racines.
Ce projet sera imprimé et distribué.
Plusieurs membres déposent des pétitions.
L’ordre du jour appelle la discussion générale du projet d’adresse.
La parole est à M. Berville contre ce projet.
m. berville. Le sentiment d’un devoir à remplir m’a fait monter à
la tribune ; la chambre, dans sa sagesse, jugera delà valeur des choses
que j’ai à lui dire.
Dix-huit ans se sont écoulés depuis qu’une révolution a placé à la tête
des affaires un pouvoir nouveau. J’examinerai cequ’il a fait.etjla cham-
bre jugera si ce pouvoir a fait tout se qu’il devait faire, si nous sommes
suffisamment respectés à l'étranger ; si nous sommes bien gouvernés
à i’inlérieur.
Je l’avoue, ma pensée est en proie à quelques alarmes ; il est deux
symptômes surtout qui m’effraient : l’un, est cette sorte de malaise, ce
désillusionnement queje vois se manifester même dans de bons esprits;
l’autre, c’est l’attitude non pas triomphante, mais satisfaite, des partis
hostiles.
Si la révolution s’est faite en France avec l'assentiment de 50 millions
d'hommes,ce n’a pas -.'né pour changer quelques noms, mais pour don-
ner à l’opinion publique les satisfactions légitimes qu’elle réclamait.
Les hommes qui nous gouvernent ont pensé, au contraire, qu’un
gouvernement issu d’une révolution était, à bon droit, suspect à l’é-
tranger, et ils se sont attachés à dissimuler leur origine ; ils ont voulu
ch inger le gouvernement de la démocratie.
L’honorable membre fait ici une revue rétrospective de la politique
suivie par le gouvernement, et s’attache à démonlrer que cette politi-
que n’a donné satisfaction à aucun des intérêts dont le pouvoir doit
prendre soin, en un mot, suivant.l’honorable membre, depuis bien
longtemps, c’est malheureusement le.pouvoir qui a tort, et t’opposition
qui a raison.
Conservateur sincère, l’honorable membre soutient que la politique
du cabinet actuel, au lieu de conserver, a eu pour résultat de tout dés-
organiser. En terminant, il engage la majorité à sortir de la voie où
elle a marché jusqu’à ce jour.
m. le président. La parole est à M Darblay.
m darblay, de sa place. Je demande à dire un seul mot.
Voix nombreuses ! A la tribune ! à la tribune !
m. dabblay, à la tribune. Je veux dire seulement pourquoi je n’use
pas aujourd’hui de l’autorisalionque me donne mon tour d’inscription
Mon intention, en me faisant inscrire pour parler dans§ la discussion
générale, était de rechercher avec la chambre toute entière, sans haine
ni passion, si Ip gouvernement était bien dans une position à continuer
de gérer les affaires du pays... (Bruit.) Si le gouvernement, attaqué et
inculpé tout les jours, ne se défendant pas et arrivant à des abus, ne
laissait pas infiltrer dans l’esprit des masses qu’il pouvait n’être pas
exempt de reproches... (Rumeurs).
Je regrette que le gouvernement se laisse ainsi traiter comme un
coupable... (Exclamation), sans se défendre.
Je ne crois pas que les hommes investis de la confiance de la royauté
des chambres et du pays, puissent, doivent se laisser traiter comme
ils le font depuis longtemps, car ils laissent ainsi affaiblir dans leurs
mains le pouvoir qui leur est confié pour le maintenir fort.
C’était une des choses dont je voulais entreleuir la chambre.
Il y a un autre point capital sur lequel je voulais aussi appeler son
attention
Je voulais demander si la chambre ne pensait pas que par une obsti-
nation absolue à ne faire droit à aucune des réformes demandées, le
gouvernement compromettait la situation du pouvoir.
Qu’on ne s’y méprenne pas : je spécifie les réformes dont j’entends
parler... (Ah ! ah ! écoutez !) C’est le réforme parlementaire ; celle-là,
on la refuse comme les autres; eh bien, elle passera malgré ie gouver-
nement qui s’y refuse, malgré la chambre tout entière : c’est là un be-
soin reconnu; ce n’est pas une vaine démonstration, et quelque résis-
tance qu’on y mette, le pays la fera prévaloir... (Adhésion à gauche )
Voici les pprincipaux points dont je voulais entretenir la chambre.
Quant à la réforme parlementaire, si l’on écoutait les adversaires, ce
n’est ni au commencemenl, ni au milieu, ni à ia fin d’une législature
qu’on peut la réaliser.
Nous ne connaissons ni le commencement, ni le milieu, ni la fin
d’une législature; la fin d’une législature c’est, suivant la prérogative
royale, le jour où il convient au roi de dissoudre la chambre; qui nous
dit qu’il ne conviendra pas au roi de dissoudre la chambre avant l’ex-
piration de notre mandat?
Je n’entrerai dans aucune autre considération j’ai déposé un amen-
dement sur le sixième paragraphe de l’adresse ; comme on nous laisse
tous parler sans nous répondre, il est inutile de soulever en commen-
çant un débat pendant lesquel nos adversaires se croiseraient les bras;
quand la discussion du sixième paragraphe arrivera, il faudrabien que
l’on s’explique.
m le ministre de i,'intérieur. Le gouvernement n’a jamais reculé
devant aucun débat ni devant aucune question ce qu’il n’a pas fait
dans le passé il ne le fera pas aujourd'hui, mais il est juge du moment
où il doit entrer dans le débat et je crois qu’il vaut mieux discuter les
questions dans leur ordre naturel que de les confondre dans le pêle-
mêle d’une discussion générale. (Tr-ès-bien !)
si. desmousseaux de givré a la parole contre le projet Je tiens à ex-
primer au cabinet que j’ai soutenu pendant six ans, mes sentimens
au moment où par mon vote, je vais me séparer de lui.
La chambre se rappelle que les chambres ont accueilli avec bien
veillance la protection du gouvernement contre l’occupation de Cra
covie
Au commencemenl de la session dernière, le gouvernement avait à
choisir entre deux voies : marcher ou s’arrêter ; il a choisi cette der-
nière voie. Pour moi. dont les conseils n’ont pas élé écoutés, je tiens à
dire du moins ce que je veux.
L’honorable orateur examinant les conditions qui ont présidé à
l’existence de la majorité depuis quinze ans. présente à cette occasion
l’historique des sessions précédentes, depuis 4837.
Après s’être expliqué sur les affaires de la Suisse, et avoir reproché
au gouvernement d’avoir tendu la main aux puissances européennes
pour régler les affaires de la Suisse, l’orateur passe à la question
des jésuites et aux affaires de l’Italie ; il donne des éloges aux sages
réformes introduites par plusieurs des souverains de ce pays, et
appelle la réprobation du pays sur les scènes qui se sont passées à
Milan dans ces derniers temps.
Selon lui, le radicalisme existe en Suisse et en Italie, mais les opini-
ons du juste-milieu dominent en réalité dans ces deux pays, le gou-
vernement veut faire peur à la France de ce fantôme du radicalisme.
Ainsi, dit-il, quand il s’agit des banquets, on feint de ne pas voir la
part qu’y a prise l’opinion sincèrement constitutionnelle pour présen-
ter ces réunions comme d<s foyers de radicalisme.
Cependant, ces banquets que le gouvernement signale aujourd’hui
comme un danger public, il ne les a pas poursuivis, il ne les a pas em-
pêchés, comme il prétend en avoir le droit.
Sans doute, il y a eu dans quelques-uns de ces banquets des mani-
festations répréhensibles, des discours qu’on ne saurait approuver;
mais cela doit-il étonner, quand on réfléchit que les banquets réunis-
saient des hommes d’opinions bien diverses? Le gouvernement, au
lieu de chercher à calomnier tous ceux qui avaient pris part aux ban-
quets, aurait mieux fait de combattre les mauvaises doctrines qui ont
pu y être soutenus.
L’honorable député rappelle que dans notre révolution les divers
partis se sont calomniés à l’envi. Les jacobins, dit-il, prétendaient que
les girondins étaient corrompus par l’or de l’itt, et n’avons-nous pas
l’honneur de voir siéger sur nos bancs le fils de celui qu’on a osé ap-
peler le traître Lafayclte ; n'est-ce pas là une leçon qui devrait nous
empêcher de nous adresser des épithètes flétrissantes.
Dans le paragraphe relatif aux banquets, l’orateur ne voit que l’in-
tention d’effrayer la chambre et de faire disparaître de plus en plus le
juste milieu. Il termine en signalant dans le chiffre des partisans du
cabinet une diminution progressive; il adjure la majorité d’être atten-
tive à ce grave symptôme ; le gouvernement a contre lui, dit-il, les ra-
dicaux, les dynastiques, les membres de la majorité découragés, et
chaque jour le nombre de ces derniers s’accroit, parce qu’on veut les
rendre solidaires d’actes qui leur répugnent. ( Allons donc I)
m. ducos En l’absence de toute contradiction de la part des défen-
seurs de la politique ministérielle, je crois qu’il sera bon, après les ob-
servalions générales que vous venez d’entendre, de préciser quelques
questions de notre politique intérieure.
Sans doute, il est bon de prouver par des actes que la France n’a
pas abdiqué le rôle actif qui lui appartient en Europe, mais quelque
soit l’importance des questions étrangères, elles ne doivent pas détour-
ner notre attention de ce qui se passe au milieu de nous. NVst-ce pas,
d’ailleurs, la bonne direction de la politique intérieure qui peut nous
donner la force dont nous avons besoin vis à-vis de l’étranger.
D’après ce qui s’est passé hier, la majorité résolue à soutenir le gou-
vernement est considérable ; elle est résolue à faire tout ce qui dépen-
dra d’elle pour ne pas se laisser étrangler, je ne me dissimule donc pas
combien nous avons à craindre nous tous, membres de l’opposition,
de nous voir imprimer sur le front ces mois du discours de la cou-
ronne qui nous désignent comme animés de passions ennemies ou
aveugles.
L’orateur soutient que le pire des aveuglements n’est pas celui qu’on
reproche à l’opposition. Selon lui, la phrase (pie le cabinet a placée
dans la bouche auguste de la Couronne esi la plus grave de toutes les
inconvenances,puisque,si le cabinet actuel tombait,la Couronne pour-
rait être forcée de choisir les ministres parmi ces hommes qu’elle ap-
pelle aujourd'hui ennemis ou aveugles.
L’honorable membre soutient qu’une certaine fermentation se pro-
duit dans les rangs de la majorité, et que beaucoup de ses membres
sont prêts à se détacher des rangs ministériels, les majorités ne se
croient jamais plus fortes que quand elies sont près de se dissoudre;
j’ai connu, dit-il, dans ma jeunesse, une majorité qui n’élait ni moins
confiante, ni moins présomptueuse, qui avait horreur de tout ce qui
ne portail pas des ailes de pigeon, qui appelait toute tendance au pro-
grès, faction et passion turbulente, et qui s’adjugeait un milliard d'in-
demnité, une majorité qui répondait fièrement à l’opposition : Nous
sommes 300 ! Vous savez ce que cette majorité est devenue.
Aujourd’hui, je n’ose pas dire qu’il y a encore parmi nous des ailes
de pigeon, mais j’affirme qu’il y a des semblans de talons rouges. (Al-
lons doue !) _ .
Après ces préliminaires, l’orateur s’attache à grand renfort d'épi-
grammes qui excitent l’approbation de la gauehe et les murmures de
! la majorité, l’orateur s’attache à tracer, à sa manière, le portrait poli-
tique de M. le président du conseil et celui de M. le ministre de
l’intérieur. _
L’honorable député soutient qnp les membres de l’opposition, même
ceux qui n’ont jamais voulu attaquer un pouvoir faible et encore uial
i assuré, sont aujourd’hui en droit de rappeler à un pouvoir fortement
| établi, la stricte exécution de la charte et l’application des principes
de la révolution. .
m. le président. Aucun orateur n’étant inscrit pour parler dans la
: discussion générale, je propose à la chambre de fermer cette discus-
j siun et de renvoyer la discussion du premier paragraphe à lundi,
j De toutes parts : Oui ! oui !
\ La séance est levée à six heures.
Ordre du jour du lundi 24 janvier.
I A une heure précise, séance publique.
Suite de la discussion du projet d’adresse.
ISOBjBjAKDE.
j Amsterdam, 23 janvier.— Société des effet» jinlsiics. — Les Inté"
> prales, avec beaucoup d’affaires, restent au cours d’hier. En fonds es-
I pagnols. la tendance était un peu plus favorable ; il se présentait su -
1 tout des acheteurs pour des coupons d’Ardoins Les fonds portug ■
étaient demandés et en hausse. Les obligations Péruviennes et de
nade de nouveau en hausse. |